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Je n'entrerai pas dans un plus grand détail de principes
pour la gravure à l'eau - forte. Les principes du
dessein auxquels on peut recourir au mot
Les pointes dont on se sert & dont j'ai donné le détail,
peuvent être de deux sortes, ou coupantes, ou
émoussées. Celles qui sont coupantes sont particulierement
destinées à graver au vernis dur, parce que ce
vernis resisteroit trop aux pointes qui ne coupent pas.
Lorsqu'on grave sur le vernis mou, on peut se servir
des unes & des autres. L'inconvénient des pointes
coupantes est de faire quelquefois des touches
dures, parce que la pointe qui va en grossissant depuis
le point qui la termine, ouvre le cuivre d'autant
plus qu'elle s'y enfonce davantage; ce qui produit
des tailles trop noires, si elles ne sont pas accompagnées
par d'autres tailles. On doit en général avoir
grand soin dans la Gravure, d'éviter & dans les touches
& dans toutes sortes de travaux, une certaine
maigreur & sécheresse, que la finesse des outils dont
on se sert doit occasionner. Je crois que les planches
qui n'ont qu'une médiocre étendue, peuvent être
gravées avec esprit & à l'aide des pointes coupantes;
qu'en général on doit mêler les pointes des deux especes,
& que le juste emploi qu'on en fera répandra
beaucoup de goût sur les ouvrages auxquels on les
aura employées. L'échope est une pointe coupante
qui, comme je l'ai dit, a une espece de biseau sur
un des côtés de son extrémité, comme vous le verrez
à la
La figure ABCD représente la face ou l'ovale de l'échope: or si l'on pouvoit enfoncer le bout de cet outil dans le cuivre jusqu'à la ligne DB, qui est le
Vous voyez par ces deux exemples, qu'en appuyant fort peu, le trait sera moins profond, & conséquemment plus large, comme font les traits marqués dans la figure aux lettres r n s, où vous voyez qu'il faut commencer legerement par r, qu'il faut appuyer de plus en plus jusqu'a n, enfin qu'ayant rendu la main plus legere jusqu'à s, vous ferez un trait pareil à r n s. Il faut remarquer que pour que la figure soit plus intelligible, on a dessiné l'échope beaucoup plus grosse qu'elle ne doit être en effet.
Lorsque l'on veut rendre le commencement & la sin des hachures plus déliés, il faut avec une pointe reprendre l'extrémité de ces hachures, en appuyant un peu à l'endroit où l'on reprend, & en soulevant doucement la main jusqu'à l'endroit où la hachure doit se perdre. Vous remarquerez qu'en tournant la planche suivant le sens dans lequel on veut travailler, on rendra cette manoeuvre plus facile. Ces remarques sur l'échope sont entierement tirées de l'ouvrage que j'ai cité. J'ai fait l'épreuve des pratiques qu'elles contiennent; & je pense, ainsi que Bosse, qu'on peut en acquérant l'usage de cette espece de pointe, en tirer un très - grand parti pour la variété des traits; puisqu'en se ser vant de cet outil par le côté tranchant, on fera des traits d'une finesse extrème, & que le moindre mouvement des doigts donnera à ces traits une largeur plus ou moins grande: mais je préviendrai en même tems qu'il faut de l'adresse, de l'attention, & beaucoup d'habitude pour y habituer entierement la main: aussi y a t - il peu d'artistes qui s'en servent uniquement. La maniere de gouverner l'échope servira aisément pour le maniement de la pointe; ainsi je n'insisterai point là - dessus. Il faut avoir l'attention de tenir en général les pointes & les échopes le plus à - plomb qu'il est possible, & de les passer souvent sur la pierre à aiguiser, pour que leurs inégalités ne nuisent pas à la propreté du travail. Il est encore nécessaire de nettoyer votre vernis, & de n'y laisser aucune malpropreté: vous vous servirez pour cela ou des barbes d'une plume, ou d'un linge très - fin, ou d'une petite brosse douce qui sera faite exprès.
Il est tems de passer aux préparatifs nécessaires, avant de livrer la planche à l'eau - forte. Je suppose donc qu'on a tracé sur cette planche, en ôtant le vernis avec les pointes & les echopes, tout ce qui peut contribuer à rendre plus exactement le dessein ou le tableau qu'on a entrepris de graver: la planche étant dans cet état, il faut commencer par un examen qui tendra à connoître si le vernis ne se trouve pas égratigné dans des endroits où il ne doit pas l'être, soit par l'effet du hasard, soit parce qu'on a fait quelques faux traits. Lorsque vous aurez remarqué ces petits défauts, vous préparerez un mélange propre à les couvrir. Ce mélange se fait en mettant du noir de fumée en poudre dans du vernis de Venise (c'est celui dont on se sert pour vernir les tableaux); vous employerez ce mélange, après lui avoir donné assez de corps pour qu'il couvre les traits que vous voulez faire disparoître, avec des pinceaux à laver ou à peindre en mignature. Il est une autre mixtion nécessaire pour en enduire le derriere de la planche, qui sans cela seroit exposé sans nécessité à l'effet corrosif de l'eau - forte. En voici la composition.
Prenez une écuelle de terre plombée, mettez - y une portion d'huile d'olive, posez ladite écuelle sur le feu. Lorsque l'huile sera bien chaude, jettez - y du [p. 885]
Ces précautions nécessaires que je viens d'indiquer, sont communes aux ouvrages dans lesquels on s'est servi du vernis dur, & à ceux où le vernis mou a été employé: mais l'eau - forte dont on doit se servir, n'est pas la même pour l'un & l'autre de ces ouvrages. Commençons par l'eau - forte dont on se doit servir pour faire mordre les planches vernies au vernis dur.
Prenez trois pintes de vinaigre blanc, du meilleur & du plus fort; six onces de sel commun, le plus net & le plus pur; six onces de sel ammoniac clair, transparent, & qui soit aussi bien blanc & bien net; quatre onces de verdet, qui soit sec & exempt de raclure de cuivre & de grappes de raisin avec lesquelles on le fabrique. Ces doses serviront de regle pour la quantité d'eau - forte qu'on voudra faire. Mettez le tout (après avoir bien pilé les drogues qui ont besoin de l'être) dans un pot de terre bien vernissé principarement en - dedans, & qui soit assez grand pour que les drogues en bouillant & en s'élevant ne passent pas par - dessus les bords; couvrez le pot de son couvercle, mettez - le sur un grand feu; faites bouillir promptement le tout ensemble deux ou trois gros bouillons, & non davantage. Lorsque vous jugerez àpeu - près que le bouillon est prêt à se faire, découvrez le pot & remuez le mélange avec un petit bâton, en prenant garde que l'eau - forte ne s'éleve trop & ne surmonte les bords, d'autant qu'elle a coûtume en bouillant de s'enfler beaucoup. Lor qu'elle aura bouilli, comme je l'ai dit ci - dessus, deux ou trois bouillons, vous la retirerez du feu, vous la laisserez refroidir en tenant le pot découvert; & lorsqu'elle sera enfin refroidie, vous la verserez dans une bouteille de veire ou de grès, la laissant reposer un jout ou deux avant que de vous en servir; si en vous en servant vous la trouviez trop forte, & qu'elle fît éclater le vernis, vous la pourrez modérer en y mêlant un verre ou deux du même vinaigre dont vous vous serez servi pour la faire.
J'observerai ici que cette composition est assez dangereuse à faire, lorsqu'on ne prend pas l'attention de respirer le moins qu'il est possible la vapeur qui s'exhale, & de renouveller souvent l'air dans l'endroit où on la fait chauffer.
Après avoir composé l'eau - forte dont on se sert pour faire mordre la planche qu'on a vernie au vernis dur, il faut savoir en faire usage. Je vais dire premierement la maniere dont Bosse fait mention; elle est la plus simple, mais non pas la plus commode. Je dirai ensuite comment M. le Clerc avoit commencé de rendre cette operation plus commode; & je finirai par décrire une machine assez simple que j'ai fait exécuter, dont je me sers, & qui tout - à - la - fois ménage le tems de l'artiste, & le met à l'abri du danger qu'on peut courir par l'évaporation de l'eau - forte.
L'ancienne maniere d'employer l'eau - forte dont j'ai parlé, est de la verser sur la planche, de façon
La
C'est cet objet qui m'a déterminé à chercher un
nouveau moyen. J'ai premierement obvié à l'évaporation
de l'eau - forte, dont la vapeur est nuisible à
celui qui fait mordre, en adaptant à la boîte dont je
viens de parler un couvercle qui n'est autre chose
qu'un verre blanc, une vitre ou une glace montée à
jour dans un quadre de fer - blanc ou d'autre métal.
Ce couvercle qui ferme exactement la boîte, empêche
que la vapeur de l'eau - forte mise en mouvement
ne soit à beaucoup près aussi abondante & aussi
nuisible que lorsqu'elle se répand librement. Les boî<pb->
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