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M. Varignon a fait aussi un système sur la cause
de la pesanteur, dont on peut voir le précis dans son
éloge par M. de Fontenelle, mém. de l'Acad. 1722.
mais ce système ne portant sur rien, & n'ayant fait
aucune fortune, nous n'en ferons point de mention
ici. M. le Sage, de Geneve, a présenté depuis peu
à l'académie des Sciences un écrit qui contient un
système ingénieux sur cette matiere; mais ce système
n'est pas encore publié, & nous attendrons qu'il
le soit pour en faire mention, afin de ne point trop
surcharger cet article. Nous renvoyons donc sur
cela au mot
Avant que de passer à l'explication Newtonienne
de la gravité, nous ferons une remarque qui ne sera
pas inutile. Quand on dit que les corps pesans ou
graves tendent vers le centre de la terre, on n'entend
pas cela rigoureusement; car il faudroit en ce
cas que la terre fût sphérique, & que les corps pesans
fussent poussés perpendiculairement à cette surface.
Or il est prouvé que la terre n'est pas sphérique,
& il n'est pas bien démontré que la direction
de la pesanteur soit perpendiculaire à la surface de
la terre; sur quoi voyez l'article
Il faut d'ailleurs distinguer deux sortes de gravité:
la gravité primitive, non altérée par la force centrifuge
qui vient de la rotation de la terre & des corps
qu'elle entraîne: & la gravité altérée par cette force;
cette derniere gravité est la seule que nous sentons;
& quand même la premiere auroit sa direction au centre
de la terre, la seconde par une conséquence nécessaire
ne l'auroit pas. Mais il est aisé de s'assûrer que
la gravité primitive elle - même n'a pas sa direction
au centre de la terre; car si cela étoit, le rapport
des axes seroit à très - peu - près de 577 à 578, tel que
M. Huyghens l'a trouvé dans cette hypothèse. Or
les observations donnent le rapport des axes de la
terre beaucoup plus grand. Voyez l'article
Preuves de la gravité universelle. Tout le monde convient que tout mouvement est naturellement rectiligne; de sorte que les corps, qui dans leur mouvement décrivent des lignes courbes, y doivent être forcés par quelque puissance qui agit sur eux continuellement.
D'où il s'ensuit que les planetes faisant leurs révolutions dans des orbites curvilignes, il y a quelque puissance dont l'action continuelle & constante les empêche de se déplacer de leur orbite, & de décrire des lignes droites.
D'ailleurs les Mathématiciens prouvent que tous
les corps qui dans leurs mouvemens décrivent quelque
ligne courbe sur un plan, & qui par des rayons
tirés vers un certain point, décrivent autour de ce
point des aires proportionnelles au tems, sont poussés
par quelque puissance qui tend vers ce même
point; voyez
De tout ce qu'on vient de dire, il s'ensuit que les planetes sont retenues dans leurs orbites par une puissance qui agit continuellement sur elles: que cette puissance a sa direction vers le centre de ces orbites: que l'efficacité de cette puissance augmente à mefure qu'elle approche du centre, & qu'elle diminue à mesure qu'elle s'en éloigne; qu'elle augmente en même proportion que diminue le quarré de la distance, & qu'elle diminue comme le quarré de la distance augmente.
Or en comparant cette force centripete des planetes avec la force de gravité des corps sur la terre, on trouvera qu'elles sont parfaitement semblables.
Pour rendre cette vérité sensible, nous examinerons ce qui se passe dans le mouvement de la Lune, qui est la planete la plus voisine de la terre.
Les espaces rectilignes, décrits dans un tems donné par un corps qui tombe & qui est poussé par quelque puissance, sont proportionnels à ces puissances, à compter depuis le commencement de la chûte. Par conséquent la force centripete de la Lune dans son orbite, sera à la force de la gravité sur la surface de la terre, comme l'espace, que la Lune parcourroit en tombant pendant quelque tems par sa sorce centripete du côté de la terre, supposé qu'elle n'eût aucun mouvement circulaire, est à l'espace que parcouroit dans le même tems quelqu'autre corps en tombant par sa gravité sur la terre.
On sait par expérience que les corps pesans parcourent
ici - bas 15 piés par seconde, voyez
Faisant donc le calcul, on trouve que ce sinus verse est à 15 piés, c'est - à - dire que la force centripete de la Lune dans son orbite, est à la force de la gravité sur la surface de la terre, comme le quarré du demi-diametre de la terre est au quarré du demi - diametre de l'orbite. On peut voir ce calcul tout au long dans le III. livre des principes de Newton, & dans plusieurs autres ouvrages auxquels nous renvoyons.
C'est pourquoi la force centripete de la Lune est la même que la force de la gravité, c'est - à - dire pro<pb-> [p. 875]
Il est donc évident que la force centripete par laquelle la Lune est retenue dans son orbite, n'est autre chose que la force de la gravité qui s'étend jusque - là.
Par conséquent la Lune pese vers la terre; donc
réciproquement celle ci pese vers la Lune: ce qui est
confirmé d'ailleurs par les phénomenes des marées.
Voyez
On peut appliquer le même raisonnement aux autres planetes. En effet, comme les révolutions des planetes autour du Soleil, & celles des satellites de Jupiter & de Saturne autour de ces planetes, sont des phénomenes de la même espece que la révolution de la Lune autour de la terre; comme les forces centripetes des planetes ont leur direction vers le centre du Soleil; comme celles des Satellites tendent vers le centre de leur planete; & enfin comme toutes ces forces sont réciproquement comme les quarrés des distances aux centres, on peut conclure que la loi de la gravité & sa cause sont les mêmes dans toutes les planetes & leurs satellites.
C'est pourquoi comme la Lune pese vers la terre,
& celle - ci vers la Lune, de même tous les satellites
pesent vers leurs planetes principales: & les planetes
principales vers leurs satellites; les planetes vers le
Soleil, & le Soleil vers les planetes. Voyez
Il ne reste plus qu'à savoir quelle est la cause de cette gravité universelle, ou tendance mutuelle que les corps ont les uns vers les autres.
Clarke ayant détaillé plusieurs propriétés de la gravité des corps, conciud que ce n'est point un effet accidentel de quelque mouvement ou matiere subtile, mais une force générale que le Tout - puissant a imprimée des le commencement à la matiere, & qu'il y conserve par quelque cause efficiente qui en pénetre la substance.
Gravesande, dans son introduction à la philosophie de Newton, prétend que la cause de la gravité est absolument inconnue, & que nous ne devons la regarder que comme une loi de la nature & comme une tendance que le créateur a imprimée criginairement & immédiatement à la matiere, sans qu'elle depende en aucune façon de quelque loi ou cause seconde. Il croit que les trois réflexions suivantes suffisent pour prouver sa proposition. Savoir:
1°. Que la gravité demande la présence du corps qui pese ou attire: c'est ainsi que les satellites de Jupiter, par exemple, pesent sur cette planete, quelque part qu'elle se trouve.
2°. Que la distance au corps attirant étant supposée la même, la vîtesse avec laquelle les corps se meuvent par la force de la gravité, dépend de la quantité de matiere qui se trouve dans le corps qui attire, & que la vîtesse ne change point, quelle que puisse être la masse du corps pesant.
3°. Que si la gravité ne dépend d'aucune loi connue de mouvement, il faut que ce soit quelqu'impulsion venant d'un corps étranger, de sorte que la gravité étant continuelle, elle demande aussi une impulsion continuelle.
Or s'il y a quelque matiere qui pousse continuellement les corps, il faut que cette matiere soit fluide & assez subtile pour pénétrer la substance de tous les corps: mais comment un corps qui est assez subtil pour pénétrer la substance des corps les plus durs, & assez raréfié pour ne pas s'opposer sensiblement au mouvement des corps, peut - il pousser des corps considérables les uns vers les autres avec tant de for<cb->
M. Cotes, en donnant un plan de la philosophie
de Newton, va encore plus loin, & assûre que la
gravité doit être mise au rang des qualités premieres
de tous les corps, & réputée aussi essentielle à la matiere
que l'étendue, la mobilité, & l'impénétrabilité.
Pref. ad Newt. princip. Sur quoi voyez les articles
Mais Newton, pour nous faire entendre qu'il ne regarde point la gravité comme essentielle aux corps, nous donne son opinion sur la cause, & il prend le parti de la proposer par forme de question, comme n'étant point encore content de tout ce qu'on en a découvert par les expériences.
Nous ajoûterons ici cette question dans les propres termes dont il s'est servi.
Après avoir prouvé qu'il y a dans la nature un
milieu beaucoup plus subtil que l'air; que par les
vibrations de ce milieu, la lumiere communique de
la chaleur aux corps, subit elle - même des accès de
facile réflexicer & de facile transmission; & que les
différentes densités des couches de ce milieu produisent
la réfraction aussi - bien que la réflexion de la lumiere
(voyez
Car si l'on suppose que ce milieu est plus raréfié
dans le corps du soleil que dans sa surface, & plus
à la sur sace qu'à une distance très - petite de cette
même surface, & plus à cette distance que dans
l'orbe de Saturne; je ne vois pas, dit M. Newton,
pourquoi l'accroissement de densité ne seroit pas
continué dans toute la distance qu'il y a du soleil
à Saturne, & au delà.
Et quand même cet accroissement de densité seroit
excessivement lent ou foible à une grande distance,
cependant si la force élastique de ce milieu
est excessivement grande, elle peut être suffisante
pour pousser les corps depuis les parties les plus
denses du milieu, jusqu'à l'extrémité de ses parties
les plus raréfiées, avec toute cette force que nous
appellons gravité.
La force élastique de ce milieu est excessivement
grande, comme on en peut juger par la vîtesse de
ses vibrations: car d'un côté les sons se répandent
environ à 180 toises dans une seconde de tems: de
l'autre la lumiere vient du soleil jusqu'à nous dans
l'espace de sept ou huit minutes, & cette distance
est environ de 33000000 lieues; & pour que les
vibrations ou impulsions de ce milieu puissent produire
les secousses alternatives de facile transmission
& de facile réflexion, il faut qu'elles se fassent
plus promptement que celles de la lumiere, & par
conséquent environ 700000 fois plus vîte que cel<pb->
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