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Goûter (Page 7:771)
GOUTTE (Page 7:771)
GOUTTE, s. f. (Physiq.) petite portion de fluide détachée du reste.
La forme sphérique que prennent les gouttes des fluides, n'a pas laissé que d'embarrasser les Philosophes. L'explication que l'on en donnoit autrefois, étoit que la pression égale & uniforme du fluide environnant ou de l'atmosphere, obligeoit les gouttes à prendre cette figure; mais cette raison n'est plus recevable depuis que nous savons que le même phénomene a lieu dans le vuide, comme en plein air.
Les philosophes Newtoniens l'attribuent à l'attraction, laquelle étant mutuelle entre les parties du fluide, les concentre, pour ainsi dire, & les rapproche les unes des autres aussi près qu'il est possible; ce qui ne sauroit arriver, sans qu'elles prennent une forme sphérique.
Voici comme s'explique sur ce sujet M. Newton:
Guttoe enim corporis cujusque fluidi, ut figuram globosam
inducere conentur, facit mutua partium suarum attractio;
codem modo quo terra mariaque in rotunditatem
undique conglobantur, partium suarum attractione
mutuâ, quoe est gravitas. Opt. page 338. Voyez
En effet, si on imagine plusieurs corpuscules semblables
qui s'attirent mutuellement, & qui par leur
attraction se joignent les uns aux autres, ils doivent
nécessairement prendre la figure sphérique, puisqu'il
n'y a point de raison pourquoi un de ces corpuscules
sera placé sur la surface de la goucte d'une autre
maniere que tout autre corpuscule, & que la figure
sphérique est la seule que la surface puisse prendre
pour que toutes les parties du fluide soient en équilibre. Quoique cette explication soit plausible, du moins
en admettant le principe de l'attraction, cependant
il ne faut pas abuser de ce principe pour expliquer
le phénomene de l'adhérence des particules
fluides. Voyez
Goutte & Gouttes (Page 7:771)
Le poids d'une goatte est évalué par approximation à un grain. On conçoit que ce peids doit varier selon la pesanteur specisique ou la tenacité de chaque liquide.
On preserit par gouttes les liqueurs qu'on employe à très petite dose pour l'usage intérieur; telles que les baumes, les huiles essentielles, les élixirs, les mixtures, les esprits alkalis volatils, certaines teintures.
Quelques liqueurs composées de cette classe, ont tiré de cet usage d'etre ordonnées par gouttes le nom de gouttes. C'est sous ce nom que les mixtures magistrales qui agissent à très - petite dose, sont ordonnées communement, quoique l'on paisse déterminer par gros, & même par cuillerées, la quantité de ce remede excédent trente ou quaronte gouttes.
C'est cette forme de remede qui est appellée dans Gaubius (method. concinnandi formulas medicament.) mixtura contracta; & dans Juncker, (consp. therap. gen.) mixtura concentrata.
On trouve dans les pharmacopées plusieurs compositions seus le nom de gouttes. Celle de Paris en
Gouttes d'Angleterre anodvnes. Prenez d'écorce dé sassatras, de racine de cabaret, de chacun une once; de bois d'aloës demi - once; d'opium cheisi deux gros; de sels volatils de crane humain & de sang humain, de chacun demi - gros; d'esprit - de - vin rectifié une livre: digérez à une chaleur douce pendant vingt jours, décantez & gardez pour l'usage dans un vaisseau fermé.
L'opium est dans cette préparation environ une quarante - huitieme partie du tout; par conséquent il faut en donner deux scrupules ou environ cinquante gouttes, pour avoir un remede narcotique répondans à un grain d'opium.
Gouttes d'Angleterre céphaliques. Prenez de l'esprit volatil de soie crue avec son sel, quatre onces; d'huile essentielle de lavande un gros; d'esprit - devin rectifié demi - once: faites digérer pendant vingt quatre heures, & distillez doucement au bain marie jusqu'à ce qu'il s'éleve de l'huile; gardez pour l'usage. Voyez à l'art. suivant un procedé un peu différent.
Ce n'est ici proprement qu'un esprit volatil aromatique
huileux; il ne differe de celui qu'on trouve
sous ce nom générique dans la pharmacopée de Paris, qu'en ce que sa composition est beaucoup plus
simple que celle de celui - ci, & qu'on y employe un
alkali volatil plus gras, celui de soie, au lieu de celui
de sel ammoniac; mais ces différences ne sont
point essentielles quant aux vertus medecinales.
V.
Gouttes (Page 7:771)
Goddard son inventeur excrçoit la Medecine à Londres avec réputation sous le regne de Charles II. Ce prince eut bien de la peine à obtenir de lui son secret pour vingt - cinq mille écus; mais enfin il le lui vendit cette somme par respect & par égard: c'est ce qui a fait donner à ce remede en France le nom de gouttes d'Angleterre, qu'on appelloit dans le pays gouttes de Goddard.
Charles II. ne tarda pas à communiquer à ses medecins la composition des gouttes de Goddard; cependant elle a été long - tems un mystere, connu seulement de quelques anglois qui le cachoient aux étrangers. Mais Lister célebre par divers ouvrages, persuadé que cette jalousie de nation est ennemie du genre humain, découvrit la préparation à M. de Tournefort, qui l'a rendue publique. La voici.
Prenez de la soie crue, remplissez - en une cornue luttée; donnez - y un feu doux, il en sortira un phlegme, un sel volatil, & une huile qui se fige comme da beurre. Prenez quatre onces de sel volatil, une dragme d'huile de lavande & huit onces d'esprit - devin; mettez le tout dans une petite cornue de verre, adaptez - y un récipient, luttez les jointures; placez - la sur le feu de sable, le sel passera d'abord en forme seche; ensuite viendra l'esprit éthéré de lavande & de vin imprégné du sel volatil: voilà les gouttes de Goddard.
Ces gouttes ne sont donc que l'esprit volatil de soie crue, rectiné avec l'huile essentielle de lavande; & M de Tournefort a trouvé par expérience qu'elles n'ont aucun avantage sur les préparations de la corne de cerf & du sel ammoniac, si ce n'est par une odeur plus supportable.
Cependant leur préparation nous apprend comment il faut faire les sels volatils huileux. En effet, au lieu de sel de la soie, on peut se servir de sel ammoniac & du tartre en parties égales. On met le mélange dans une cucurbite de verre ou de grès, on [p. 772]
Ces sels volatils huileux passerent dans les commencemens pour des panacées, de sorte qu'on les multiplia de tous côtés. De - là vinrent plusieurs sortes de liqueurs ou de teintures qu'on appella indistinctement gouttes d'Angleterre, & que l'on confondit souvent au grand préjudice des malades, puisque les unes étoient de simples mélanges de sels ou esprits volatils & d'essences aromatiques, & les autres étoient des mélanges de teinture d'opium distillé, & de quelques esprits volatils. Or on sent bien que les opérations de ces deux différens remedes, sous le même nom, devoient être très - différentes. Aujourd'hui les gouttes d'Angleterre ou de Goddard ont fait place à d'autres remedes du même genre, sel d'Angleterre, teinture de karabé, esprit - de - sel ammoniac, & plusieurs autres semblables à qui l'on donne tous les jours de nouveaux noms pour renouveller leur débit; & cette ruse ne manquera jamais de succès. (D. J.)
Goutte (Page 7:772)
GOUTTE (Page 7:772)
GOUTTE, s. f. (Medecine.) maladie, douleur des jointures ou articulations.
La goutte signifie en françois ce que les Grecs ont
désigné par le mot
Les auteurs latins, dit Sennert, se sont barbarement servis du mot gutta, goutte, pour nommer quelques maladies aiguës ou chroniques, fort différentes entr'elles. De l'aveu du plus grand nombre, ils ont donné ce nom aux maladies brusques, subites, indépendantes d'aucune cause connue, qui frappent tout - d'un - coup, & qui semblent tomber du ciel comme une goutte de pluie; telles sont l'apoplexie, l'épilepsie, la crampe, &c. Ils l'ont aussi donné aux maladies, pour la production desquelles ils ont cru qu'il suffisoit d'une ou de quelques gouttes de l'humeur propre à les engendrer: telle est la goutte serene, la goutte rose, & la maladie dont il est question, qui s'est acquise le droit & le privilége de porter le nom de goutte, comme par excellence.
C'est la douleur des articulations, lorsqu'elle est l'effet d'une cause cachée & ignorée, qui caractérise la goutte. La douleur qui suit les luxations, les entorses, les foulures, les coups, les chûtes, les violens exercices du corps, les grandes fatigues, la fievre, le mauvais régime, &c. qui sont des causes évidentes, ne porte point le nom de goutte; les dou<cb->
Il y a lieu de penser que les anciens n'ont pas fait la différence de ces maladies, comme nous la faisons, & qu'ils ont donné le même nom d'arthritis à toutes les douleurs des articulations, soit goutteuses, rhumatiques ou catarrhales, comme l'observe & le pratique Gainerius, de oegritudine juncturarum, cap. j. Aussi ne trouve - t - on ni nom, ni description de rhumatisme dans les ouvrages des premiers medecins jusqu'au tems de Galien, à qui Cardan ne laisse pas de reprocher qu'il confond l'arthritis avec la podagre.
Description. La goutte est cette douleur vive & presque toûjours brûlante des articulations, qui, à l'âge de 30 à 40 ans, comme l'a si bien décrit Sydenham, commence sans aucune raison & en pleine santé par attaquer la jointure du gros doigt du pié, & du pié gauche le plus souvent, quelquefois le talon ou la cheville, & quelquefois aussi, mais rarement, quelqu'une des articulations des doigts de la main, qui s'annonce ordinairement à la fin de Janvier ou au commencement de Février par un tiraillement & un déchirement à la partie affectée, qui sur les deux heures après minuit éveillent le patient en sursaut, vont en augmentant jusqu'au matin, redoublent encore le soir, & ne se calment que le lendemain vers la pointe du jour, qui au bout des premieres 24 heures produisent un peu de gonflement, de la rougeur à la peau, l'élévation & l'engorgement des veines, une chaleur, & quelquefois un feu semblable à celui d'un tison embrasé qu'on sent avec la main en l'approchant d'assez loin; enfin une impuissance au mouvement & une imbécillité de forces, qui rendent la partie attaquée incapable d'aucun exercice.
La goutte prélude souvent par quelque douleur irréguliere à quelque doigt des piés & des mains, & par la débilité de l'articulation attaquée, qui se dissipe sans qu'on sache pourquoi, comme elle étoit venue: c'est en ce cas qu'elle est méconnue, & qu'on ne manque pas d'en accuser un soulier, un faux - pas, quelque coup, une entorse, &c. Elle ne se fait connoitre qu'en se mettant en regle, lorsque l'excès de la douleur surpasse le pouvoir de la cause qu'on accusoit; & lorsque ses retours, sa durée, son siége, & ses autres accidens viennent à la caractériser, à dissiper un doute dans lequel on se plaisoit, & à manifester une vérité qu'on eût voulu pour son repos ignorer pour jamais.
La douleur qui s'étoit d'abord sixée au gros doigt du pié, qui n'en avoit affligé qu'un, les attaque dans les paroxysmes suivans tous les deux à - la - fois, ou successivement; elle s'étend sur le tarse & le métatarse, monte aux malléoles, aux genoux, aux hanches, aux vertebres, tandis qu'elle fait le même progrès des doigts de la main au métacarpe, au catpe, au coude, au bras, à l'épaule, & grimpe enfin jusqu'à l'articulation de la mâchoire, & même jusqu'aux sutures des os du crane. Elle étend son domaine en vieillissant, & toûjours plus cruelle & plus opiniâtre, sans abandonner les premiers membres qu'elle a perclus & tendus presqu'insensibies à force de souffrances, elle s'empare de ceux où le sentiment est encore dans son entier, les parcourt, les ravage, jusqu'à ce que le corps accablé, vaincu, périt enfia sous la violence du mal.
Il n'est aucune articulation, aucune suture qui ne
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