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GIUND (Page 7:675)
GIUND, (Géog.) ville d'Asie dans la grande Tartarie au Turquestan, vers le Sihon, qui est le Jaxarre
des anciens: Abulféda lui donne 78
Givre (Page 7:675)
La formation du givre supposant toûjours, comme
nous venons de le dire, la réunion du froid & de l'humidité,
on déterminera sans peine les circonstances
particulieres dans lesquelles cette espece de congelation
doit se manifester. Qu'un grand brouillard soit
répandu dans l'air & sur la surface de la terre, il
mouillera considérablement la plûpart des corps solides
exposés à son action: si l'on suppose en même
tems dans ces corps un refroidissement jusqu'au terme
de la congelation & au - delà, il n'en faudra pas
davantage pour glacer les particules d'eau répandues
sur la surface de ces mêmes corps, & qui y sont adhérentes.
Ces premiers glaçons attireront d'autres
molécules aqueuses qui perdront de même leur liquidité,
& ainsi de suite; tous ces petits corps gelés
constituent le givre. Ce qu'on a dit ailleurs de la gelée
blanche proprement dite, qu'elle est composée de
particules d'eau glacées séparément, unies en un
corps rare & leger, formant des filets oblongs diversement
inclinés; tout cela trouve ici son application.
Voyez
Le givre s'attache aux arbres en très - grande quantité; il y forme souvent des glaçons pendans qui fatiguent beaucoup les branches par leur poids; c'est que les arbres attirent avec beaucoup de force l'humidité de l'air & des brouillards.
Les poils des animaux sont de même très - sujets à s'humecter considérablement à l'air libre: ainsi il n'est pas surprenant qu'en certains pays le givre s'attache fréquemment aux cheveux & au menton des paysans & des voyageurs, aux chapeaux, aux fourrures, aux crins des chevaux, &c. Il faut remarquer au sujet du givre qu'on apperçoit sur les hommes & sur les animaux, que les particules d'eau auxquelles il doit son origine, ne viennent pas toutes de l'atmosphere: les vapeurs aqueuses qu'exhalent les animaux par la respiration, se glacent de la même maniere dans de semblables circonstances; & ce qui le prouve évidemment, c'est que le givre s'amasse autour de la bouche & des narines en plus grande quantité. Dans les villes, quand on voit sur les personnes qui viennent de la campagne l'espece d'eau glacée dont il est ici question, on dit communément qu'il a tombé du givre; expression très - peu exacte, si l'on entend par - là que les particules d'eau qui composent le givre, se sont gelées dans l'air: on dit de la même maniere, il a tombé de la gelée blanche. Il ne faut pas toûjours chercher dans le discours ordinaire la précision des Mathématiciens. [p. 676]
On doit rapporter au givre cette espece de neige qui s'attache aux murailles après de longues & fortes gelées: la raison de cet effet est que les corps solides s'échaussent moins promptement que l'air, & que ces murailles conservent encore quelque tems après le dégel une grande partie de la froideur qui leur a été auparavant imprimée. Si cette froideur va au terme de la glace ou au - delà, les particules d'eau dont l'air est chargé venant s'attacher aux murailles & s'y accumulant, y forment une croûte de glace rare, spongieuse, & dont les parties sont presque disjointes.
Ce seroit une erreur de croire que cette espece de neige vînt de l'humidité qui sort - du mur: comment en sortiroit - elle, puisqu'il est plus froid ou aussi froid que la glace, & que tout ce qu'il a d'humidité au - dedans, n'y peut - être que congelé?
Les réseaux de glace qu'on observe quelquefois aux vitres des fenêtres, sont encore une espece particuliere de givre. Pendant la gelée, l'air de la chambre est chaud ou tempéré; la vitre est froide par l'impression de la gelée extérieure, & lavapeur qui s'y attache du côté de la chambre s'y congele subitement. Pendant le dégel, si l'air de la chambre est encore très - froid, & que l'adoucissement vienne de l'air extérieur, ce sera l'humidité du dehors qui s'attachera aux carreaux & qui s'y gelera. M. de Mairan, diss. sur la glace, part. II. sect. 4. ch. vj. & vij.
Dans toutes ces congelations on voit regner constamment le même principe: des corps solides refroidis à un certain degré, glacent les particules d'eau qui s'attachent à leur surface; & ces particules d'eau, c'est l'air qui les fournit.
Tout corps plus froid que l'air qui l'environne, lui communique en partie son excès de froideur: cet air ainsi refroidi en devient moins propre à soûtenir les vapeurs qui y sont suspendues; il en laissera donc précipiter une partie; & si le corps d'où nait le refroidissement, a la propriété d'attirer l'eau, il se couvrira de molécules aqueuses qui se convertiront en glaçons à un degré de froid suffisant pour produire cet effet.
Ceci s'applique naturellement & aux murs des
maisons & aux carreaux des vitres, qui dans les cas
dont il est ici question, sont toûjours plus froids qu'un
air immédiatement contigu. Si l'on deman de pourquoi
l'air en se refroidissant abandonne une partie
des vapeurs aqueuses qu'il tenoit auparavant suspendues,
nous ferons d'abord remarquer que cette question
n'est point particuliere au sujet que nous traitons,
puisqu'elle se présente nécessairement dans
l'explication de tout météore aqueux. Nous dirons
ensuite, sans entrer dans un grand détail, que les
particules d'eau invisibles dans l'atmosphere y sont
dans l'état d'une véritable dissolution; qu'ainsi l'élévation
& la suspension des vapeurs dépendent presque
entierement de la vertu dissolvante de l'air. Or
cette activité dissolvante est d'autant moindre, que
l'air a moins de chaleur; ou, ce qui est la même
chose, qu'il est plus froid, selon la loi commune à
tous les menstrues: il n'est donc pas étonnant que
l'air refroidi laisse échapper une partie des vapeurs
qu'il soûtenoit auparavant; c'est ici une vraie précipitation
chimique. On dit communément que le
froid en condensant l'air condense aussi les vapeurs
dont l'air est chargé; mais on le dit sans le prouver,
& cette explication est moins naturelle que celle que
nous venons de donner d'après quelques physiciens
modernes. Les observations de M. le Roi, de la société
royale des Sciences de Montpellier, ont répandu
un très - grand jour sur toute cette matiere. Voyez
l'article
Les congelations qui s'attachent aux vitres des fe<cb->
L'industrie des Physiciens s'applique souvent avec succès à imiter la nature: on peut en toute saison faire naître du givre artificiel semblable à celui qui se forme naturellement. On mêle, pour cet effet, de la glace pilée ou de la neige avec du sel dans un vaisseau de verre mince bien essuyé en - dehors, & que l'on tient environ un quart - d'heure dans un lieu frais: ce mélange produit un refroidissement considérable; & on voit bien - tôt tous les dehors du vaisseau se couvrir peu - à - peu d'une espece de frimat ou de neige qui ne differe point du givre ou de la gelée blanche ordinaire. Voyez dans les leçons de Physique de M. Nollet, tome III. p. 362. tout le détail de cette expérience, dont nous avons par avance donné l'explication.
En finissant cet article, je serai observer qu'à
Montpellier où j'écris, & dans la plus grande partie
du bas Languedoc, il est très - rare de voir du givre;
c'est que le froid & la gelée y sont rarement accompagnés
d'humidité & de brouillards: le pays est naturellement
sec, & l'air n'y est humide jusqu'à un
certain degré, que quand les vents de sud & de sudest
chassent vers nous les vapeurs qui s'élevent en
abondance de la Méditerranée: or les vents de sud
donnent en hyver le tems doux. Je n'ai vû à Montpellier qu'une seule fois des réseaux de glace sur les
vitres des fenêtres; c'étoit pendant les fortes gelées
de 1755: le thermometre de M. de Réaumur étoit à
six ou sept degrés au - dessous de la congelation de
l'eau. Article de M.
Givre (Page 7:676)
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