ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

"649"> procédé commun de presque toutes les langues. Cette premiere observation suffiroit peut - être pour établir notre doctrine sur la nature des gérondifs; mais l'usage même de la langue latine en fournit des preuves sans nombre dans mille exemples, où l'infinitif est employé pour les mêmes fins & dans les mêmes circonstances que les gérondifs. On lit dans Plaute (Menech.), dum datur mihi occasio tempusque abire, pour abeundi; dans Cicéron, tempus est nolis de illa vita agere, pour agendi; dans Cesar, consilium coepit omnem à se equitarum dimittere, pour dimittendi; & chez tous les meilleurs écrivains on trouve fréquemment l'infinitif pour le premier gérondif. Il n'est pas moins usité pour le troisieme: c'est ainsi que Virgile a écrit (AEn. j.):

Non nos aut ferro Libycos populare penates Venimus, aut raptas ad littora vertere proedas, où l'on voit populare & vertere, pour ad populandum & ad vertendum. De même Horace dit (od. j. 3.) audax omnia perpeti, pour ad perpetiendum; & (ep. j. 20.), irasci celerem, pour ad irascendum. Il est plus rare de trouver l'infinitif pour le second gérondif; mais on le trouve cependant, & le voici dans un vers de Virgile (ecl. vij.), où deux infinitifs différens sont mis pour deux gérondifs:

Et cantare pares, & respondere parati; ce qui, de l'aveu de tous les Commentateurs, signifie, & in cantando pares, & ad respondendum parati.

Nous concluons donc que les gérondifs ne sont effectivement que les cas de l'infinitif, & qu'ils ont, comme l'infinitif, la nature du verbe & celle du nom. Ils ont la nature du verbe, puisque l'infinitif leur est svnonyme, & que, comme tout verbe, ils expriment l'existence d'une modification dans un sujet; & c'est par conséquent avec raison que, dans le besoin, ils prennent le même régime que le verbe d'où ils derivent. Ils ont aussi la nature du nom, & c'est pour cela que les Latins leur ont donné les terminaisons affectées aux noms, parce qu'ils se construisent dans le discours comme les noms, & qu'ils y font les mêmes fonctions. C'est pour cela aussi que le régime du premier gérondif est souvent le génitif, comme dans ces phrases: aliquod fuit principium generandi animalium (Varr. lib. II. de R. R. 1.); fuit exemplorum legendi potestas (Cic.); vestri adhortandi causa (Tit. Liv. lib. XXI.); generandi animalium, comme generationis animalium; exemplorum legendi, comme lectionis exemplorum; vestri adhortandi, comme adhortationis vestri.

Les Grammairiens trouvent de grandes difficultés sur la nature & l'emploi des gérondifs. La plûpart prétendent qu'ils ne sont que le futur du participe passif en correlation avec un mot supprimé par ellipse. Cette ellipse, on la supplée comme on peut; mais c'est toûjours par un mot qu'on n'a jamais vû exprimé en pareilles circonstances, & qu'on ne peut introduire dans le discours, sans y introduire en même tems l'obscurité & l'absurdité. Les uns sous - entendent l'infinitif actif du même verbe, pour être comme le sujet du gérondif: Sanctius, Scioppius & Vossius sont de cet avis; &, selon eux, c'est cet infinitif sous - entendu qui régit l'accusatif, quand on le trouve avec le gérondif: ainsi, petendum est pacem à rege, signifie dans leur système, petere pacem à rege est petendum; petere pacem à rege, c'est le sujet de la proposition, petendum en est l'attribut: tempus petendi pacem, c'est tempus petere pacem petendi; pre pacem est comme un nom unique au génitif, lequel détermine tempus; petendi est un adjectif en concordance avec ce génitif.

Les autres sous - entendent le nom negotium, & voici comme ils commentent les mêmes expressions: petendum est pacem à rege, c'est - à - dire, negotium petendum à rege est circà pacem; tempus petendi pacem, c'est - à - dire, tempus negotii petendi circà pacem.

Nous l'avons déjà dit, on n'a point d'exemples dans les auteurs latins, qui autorisent la prétendue ellipse que l'on trouve ici; & c'est cependant la loi que l'on doit suivre en pareil cas, de ne jamais supposer de mot sous - entendu dans des phrases où ces mots n'ont jamais été exprimés: cette loi est bien plus pressante encore, si on ne peut y déroger sans donner à la construction pleine un tour obscur & forcé.

C'est sans doute la forme matérielle des gérondifs qui aura occasionné l'erreur & les embarras dont il est ici question: ils paroissent tenir de pres à la forme du futur du participe passif, & d'ailleurs on se sert des uns & des autres dans les mêmes occurrences, à quelque changement près dans la syntaxe; on dit également, tempus est scribendi epistolam, & scribendoe epistoloe; on dit de même scribendo epistolam, ou in scribendâ epistolâ; & enfin ad scribendum epistolam, ou ad scribendam epistolam; scribendum est epistolam, ou scribenda est epistola: ce sont probablement ces expressions qui auront fait croire que les gérondifs ne sont que ce participe employé selon les regles d'une syntaxe particuliere.

Mais en premier lieu, on doit voir que la même syntaxe n'est pas observée dans ces deux manieres d'exprimer la même phrase; ce qui doit faire au moins soupçonner que les deux mots verbaux n'y sont pas exactement de même nature, & n'expriment pas précisément les mêmes points de vûe. En second lieu ce n'est jamais par le matériel des mots qu'il faut juger du sens que l'usage y a attaché, c'est par l'emploi qu'en ont fait les meilleurs auteurs. Or dans tous les passages que nous avons cités dans le cours de cet article, nous avons vû que les gérondifs tiennent très - souvent lieu de l'infinitif actif. En conséquence nous concluons qu'ils ont le sens actif, & qu'ils doivent y être ramenés dans les phrases où l'on s'est imaginé voir le sens passif. Cette interprétation est toûjours possible, parce que les verbes au gérondif n'étant déterminés en eux - mêmes par aucun sujet, on peut autant les déterminer par le sujet qui produit l'action, que par celui qui en reçoit l'effet de plus cette interprétation est indispensable pour suivre les erremens indiqués par l'usage; on trouve les gérondifs remplacés par l'infinitif actif; on les trouve avec le régime de l'actif, & nulle part on ne les a vûs avec le régime du passif; cela paroît décider leur véritable état. D'ailleurs les verbes absolus, qu'on nomme communément verbes neutres, ne peuvent jamais avoir le sens passif, & cependant ils ont des gérondifs; dormiendi, dormiendo, dormiendum. Les gérondifs ne sont donc pas des participes passifs, & n'en sont point formés; comme eux, ils viennent immédiatement de l'infinitif actif, ou pour mieux dire, ils ne sont que cet infinitif même sous différentes terminaisons relatives à l'ordre de l'énonciation.

Ceux qui suppléent le nom général negotium, en regardant le gérondif comme adjectif ou comme participe, tombent donc dans une erreur avérée; & ceux qui suppléent l'infinitif même, ajoûtent à cette erreur un véritable pléonasme: ni les uns ni les autres n'expliquent d'une maniere satisfaisante ce qui concerne les gérondifs. Le grammairien philosophe doit constater la nature des mots, par l'analyse raisonnée de leurs usages. (E. R. M.)

GERONTE (Page 7:649)

GERONTE, (Hist. anc.) membre du sénat de Lacédémone. Le sénat de Sparte se nommoit Gerusia, & étoit composé de vingt - huit sénateurs qu'ils [p. 650] appelloient gérontes. Lycurgue créa vingt - huit géronces; ils ne pouvoient être reçûs dans ce corps qu'à l'âge de soixante ans, & qu'ils n'eussent donné toute leur vie des preuves insignes de leur probité. Isocrate compare leur prudence, leur gravité, & leurs fonctions, à celles des Aréopagistes. Voyez Aréopage. Platon dit qu'ils étoient les moderateurs de l'autorité royale; mais Polybe définit leur pouvoir en trois mots, quand il dit, per ipsos, & cum ipsis, omnia administrari. (D. J.)

GÉRONTHRÉES (Page 7:650)

GÉRONTHRÉES, s. f. pl. (Littérat.) fêtes greques qui se célébroient tous les ans dans une des îles Sporades en l'honneur de Mars, par les Géronthréens, chez lesquels ce dieu par extraordinaire, avoit un temple celebre, où il n'étoit permis à aucune femme d'entrer pendant la solennité. Pausanias in Lacon. (D. J.)

GEROUIN (Page 7:650)

* GEROUIN, s. m. (Comm.) espece de quintal dont on se sert au Caire pour évaluer le poids des marchandises d'un grand volume. Le gerouin est le plus lourd de tous les quintaux. Il est de deux cents dix - sept rotalis du Caire, dont les cent dix en font cent huit de Marseille. Voyez Quintal. Dict. du Commerce & de Trévoux.

GERSAU (Page 7:650)

GERSAU, s. m. (Marine.) c'est la corde dont le moule de la poulie est entouré, & qui sert à l'amarrer au lieu où elle doit être placée. Voyez Etrope. (Z)

GERSAW (Page 7:650)

GERSAW, (Géog.) bourg de Suisse, près du lac de Lucerne, entre ce canton & celui de Schwitz. C'est une espece de petite république souveraine, qui ne dépend de personne depuis un tems immémorial, privilége trop singulier pour ne pas mériter qu'on transcrive ici le nom du lieu qui est assez heureux pour en joüir. Long. 26. 2. lat. 47. 6. (D. J.)

GERSURE (Page 7:650)

* GERSURE, s. f. (Gramm.) il se dit en Architecture des fentes ou crevasses qui se font dans le plâtre, lorsqu'il a été noyé ou gâché avec trop d'eau; & en Chirurgie, des ouvertures que le froid & d'autres causes occasionnent à la peau, sur - tout aux endroits où elle est délicate, comme au bord des levres. On l'employe aussi en Agriculture; la sécheresse gerse quelquefois la terre; il y a des arbres, des plantes qui se gersent.

GERTRUIDENBERG (Page 7:650)

GERTRUIDENBERG, Gertrudenberga, (Géog.) ancienne & forte ville des pays - bas, au Brabant hollandois, un des principaux boulevards de la Hollande. Les confédérés la prirent en 1573 sur les Espagnols; le Prince de Parme la reprit en 1589; mais le prince Maurice s'en rendit maître en 1593, & depuis ce tems, elle appartient aux Hollandois. Son nom signifie le mont Saint - Gertrude; on pêche aux environs de la côte une quantité étonnante de saumons, d'esturgeons & d'aloses, & Gertruidenberg jouit du droit d'étape pour tous ces poissons. Elle est sur la riviere de Dungen, qui tombe dans le Bies - Bosch, à 4 lieues N. E. de Breda, 5 S. E. de Dordrecht, 3 S. O. de Gorcum. Long. 22d. 24'. lat. 51. 44. (D. J.)

GERYON (Page 7:650)

GERYON, s. m. (Mythologie.) il est fameux dans la Fable; c'étoit le plus fort de tous les hommes, dit Hésiode, v. 98.

Il avoit trois têtes, TRIXA/RENON, & trois corps, à ce que prétend Virgile après Euripide:

. . . . . . . Et forma tricorporis umbroe.

On ne convient pas trop du lieu où il faisoit sa demeure; selon quelques - uns c'étoit en Grece; selon le plus grand nombre, en Espagne; selon d'autres auteurs, dans les iles de Majorque, de Minorque, & d'Ivice: mais selon Hésiode, le plus ancien des écrivains qui ait parlé de Géryon, c'étoit dans l'île d'Enrythie, qu'on appelloit aussi l'île de Gades, aujourd'hui l'île de Cadix.

Quoi qu'il en soit, il avoit de nombreux trou<cb-> peaux gardés par un pâtre appellé Eurythion, & par le chien Orthus, frere de Cerbere, qui par cette raison aura son article dans l'Eneyclopédie.

Hercule, pour obéir aux ordres d'Eurysthée, passa dans les états de Géryon, tua le chien, le pâtre, & le maître, & emmena les troupeaux à Tirynthe.

Plusieurs auteurs prétendent que ce qui a donné lieu aux Poetes d'attribuer trois corps & trois têtes à Géryon, vient de ce que ses états étoient composés de trois provinces & de trois îles; d'autres croyent que ces trois têtes étoient trois vaillans amis qui lui étoient également attachés, & qui s'opposerent à Hercule; d'autres enfin nous disent que c'est parce que Géryon étoit l'ainé de deux freres & que tous trois étoient si unis entre eux, qu'ils sembloient n'avoir qu'une ame, mais qui, malgré leur union, surent tous trois défaits par Hercule.

Si l'on souhaite en savoir davantage sur Géryon, que l'on consulte Hésiode dans sa théogonie, & l'on apprendra que ce roi monstrueux eut pour pere Chrysaor, & pour ayeule la tête de Méduse: voici comme ce poëte conte la chose. Aptès que Persée eut coupé la tête de la Gorgone, il fut tout surpris d'en voir éclorre un géant armé d'une épée, qu'on appella par cette raison Chrysaor, & un cheval aîlé qui fut Pégase. Or dans la suite Chrysaor devint sensible aux charmes de Callirrhoë, fille de l'Océan; & de cet amour naquit Géryon.

Il résulte de - là que Géryon étoit petit - fils de la tête de Méduse, fils de Chrysaor, & neveu de Pégase.

Cette généalogie ouvre un beau champ aux conjectures de ceux qui sont persuadés que les anciens poëtes ont entendu finesse à tout, & que sous leurs sictions les plus absurdes ils ont caché d'importantes vérités: en tout cas, ils les ont si bien cachées, que les plus haoiles mythologues ne les découvriront jamais. Je n'ajoûte plus qu'un mot historique.

Il y avoit autrefois en Italie près de Padoue un oracle de Géryon, dont parle Suétone dans la vie de Tibere; cet empereur le consulta en allant en Illyrie, & Cluvier en conclud que Géryon avoit aussi un temple dans ce lieu - là, par la raison qu'il n'y avoit point d'oracle de quelqu'un sans un temple en son honneur. On peut consulter l'Ital. antiq. de ce savant, lib. II. cap. xviij. (D. J.)

GESNERA (Page 7:650)

GESNERA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Conrad Gesner, fameux naturaliste. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, faite en forme de masque & irréguliere: il s'éleve du fond du calice un pistil qui tient comme un clou à la partie postérieure de la fleur. Le calice devient dans la suite un fruit membraneux, couronné, divisé en deux loges, & rempli de petites semences. Plumier, nova plantar. americ. gen. Voyez Plante. (I)

GESOLE (Page 7:650)

GESOLE, (Marine.) Voyez Habitacle.

GESSATE, ou GELATE (Page 7:650)

* GESSATE, ou GELATE, s. m. (Hist. anc.) c'est ainsi qu'on appelloit chez les Gaulois des hommes braves qui se loüoient à l'étranger, en qualité de gens d'armes, quand leur pays étoit en paix. Ils étoient nommés gessates, du long dard qu'ils portoient, & qu'on appelloit gissum. Il y a plusieurs autres sentimens sur les gessates; mais celui - ci est presque le seul vraissemblable.

GESSE (Page 7:650)

GESSE, s. f. lathyrus, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur légumineuse, dont le pistil est entouré d'une enveloppe membraneuse; il sort du calice & il devient une silique cylindrique dans certaines éspeces & plate dans d'autres: cette silique renferme des semences cylindriques ou anguleuses. Les tiges de la plante sont applaties & ont une côte longitudinale relevée & feuilletée. Les feuilles naissent deux à deux sur un pédicule terminé par une main. Tour<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.