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Telle est l'idée générale des objets dont s'occupe
la Géographie physique, & qui seront développés
dans les différens articles. Il est aisé de voir par cet
exposé, qu'un système de Géographie physique n'est
autre chose qu'un plan méthodique où l'on présente
les faits avérés & constans, & où on les rapproche
pour tirer de leur combinaison des résultats généraux: opérations auxquelles préside cette sagesse,
cette bonne foi qui laisse entrevoir les intervalles
où la continuation de l'enchaînement est interrompue,
qui ne se contente pas tellement des observations
déjà faites, qu'elle ne montre le besoin de
nouveaux faits & les moyens de les acquérir. Dans
les théories de la terre on suit d'autres vûes; tous
les faits, toutes les observations sont rappellées à
de certains agens principaux, pour remonter & s'élever
de l'état présent & bien discuté à l'état qui a
précédé; en un mot des effets aux causes. L'objet
des théories de la terre est grand, élevé & pique
davantage la curiosité; mais elles ne doivent être
que les conséquences générales d'un plan de Géographie physique bien complet. Cet article est de M.
GÉOGRAPHIQUE (Page 7:626)
GÉOGRAPHIQUE, adj. se dit de tout ce qui appartient à la Géographie; ainsi on dit mesures géographiques, opérations géographiques, &c.
Comme la Géographie en général, qui est la description
de la terre, a sous elie deux parties qui lui
sont subordónnées, la Chorographie qui est la description
d'un pays de quelqu'étendue comme une province,
& la Topographie qui est la description d'une
partie peu étendue de terrein; il y a aussi différentes
especes d'opérations géographiques: celles qui se
font pour lever la carte d'une partie considérable
de la terre, par exemple, de la France, de l'Angleterre, demandent plus de précision que les autres,
parce que de petites erreurs qui ne sont rien sur une
partie de terrein peu considérable, deviennent trop
sensibles, & s'accumulent sur un grand espace; ainsi
ces cartes se levent pour l'ordinaire en liant les principaux
points par des triangles dont on observe les angles
avec un quart de cercle, & en calculant ensuite
les côtés de ces triangles; en faisant en un mot les mêmes
opérations que pour mesurer un degré de la terre,
opérations qui s'appellent aussi géographiques. V.
Carte géographique se peut dire en général de
toutes les cartes de géographie, puisqu'elles représentent
toûjours quelque partie de la terre; mais on
ne désigne certaines cartes par le mot géographique,
que pour les distinguer des cartes qu'on appelle hydrographiques, & qui servent principalement aux
marins. Dans celle - ci on ne représente guere que
les rivages, le gisement des côtes, les îles; dans
les autres on détaille l'intérieur des terres. Voyez
GEOLAGE (Page 7:626)
GEOLAGE, s. m. (Jurisprud.) ou droit de geole, est un droit en argent qui est dû au geolier ou concierge des prisons par chaque prisonnier, pour le soin qu'il prend de le garder, & ce à raison de tant par jour, suivant la maniere dont le prisonnier est tenu.
Les droits de gîte & geolage sont reglés par chaque parlement dans leur ressort.
Suivant le tarif fait par le parlement de Paris en 1717, les prisonniers à la paille payent un sol par jour pour gîte & geolage, sans aucun droit d'entrée ni de sortie.
Ceux auxquels le geolier fournit un lit payent cinq sols par jour s'ils sont seuls, & trois sols s'ils couchent deux dans un lit.
Les pensionnaires ne doivent payer pour nourriture, gîte & geolage au plus que trois livres par jour, s'ils ont pour eux seuls une chambre, & s'il y a une cheminée, le droit est augmenté à proportion.
Les prisonniers des chambres destinées à la pension, quand il n'y a point de pensionnaires, payent pour un lit où ils couchent seuls pour gîte & geolage quinze sols par jour; & on voit par - là que le droit de geolage est différent de la nourriture & du gîte.
Les geoliers & autres préposés à la garde des prisons ne peuvent recevoir des prisonniers aucune avance pour nourriture, gîte & geolage, ni empêcher l'élargissement des prisonniers pour le payement des mêmes objets, mais doivent se contenter d'une obligation pour se pourvoir sur leurs biens seulement. Voyez l'ordonn. de 1670. tit. xiij. art. 22 & 30. (A)
GEOLE (Page 7:626)
GEOLE, s. f. (Jurisprud.) signifie prison. Voyez
GEOLIER (Page 7:626)
GEOLIER, s. m. (Jurisprud.) celui qui a la garde,
les clés & le soin des prisons & des prisonniers.
Voyez
GÉOMANTIE (Page 7:626)
GÉOMANTIE, s. f. (Hist. anc.) espece de divination par la terre; de
D'autres prétendent que la géomantie consiste à marqner au hasard sur le papier plusieurs petits points sans les compter, & que les figures qui se rencontrent à l'extrémité des lignes servent à former le jugement qu'on veut porter sur l'avenir, & à décider de l'évenement de toute question proposée. Ils ajoûtent qu'elle a conservé son ancien nom de géomantie qui fait allusion à la terre, parce que dans l'origine on se servoit de petits caillous qu'on jettoit au hasard sur la terre, au lieu que maintenant on se sert de points.
Polydore Virgile définit la géomantie une divination par le moyen des fentes & des crevasses qui se font sur la surface de la terre, & il croit que les mages des Perses en ont été les inventeurs: de invent. rerum. lib. I. cap. xxiij.
Olivier de Malmesbury, Gerard de Cremone, Barthelemy de Parme & Gaspard Peucer ont écrit des traités sur la géomantie. Corneille Agrippa avoit aussi travaillé sur la même matiere; mais il écrivit depuis pour convenir que rien n'étoit plus vain & plus trompeur que cette piétendue science. Delrio, disq. mag. lib. IV. cap. 2. quest. vij sect. 3 p. 562. (G)
GÉOMÉTRAL (Page 7:626)
GÉOMÉTRAL, adj. (Opt.) On appelle ainsi la représentation
d'un objet faite de maniere que les parties
de cet objet y ayent entre elles le même rapport
qu'elles ont réellement dans l'objet tel qu'il est; à la
différence des représentations en perspective, où les parties
de l'objet sont représentées dans le tableau avec
les proportions que la perspective leur donne. Voyez
GÉOMETRE (Page 7:627)
GÉOMETRE, s. m. (Mathématiq.) se dit proprement d'une personne versée dans la Géométrie; mais on appliqué en général ce nom à tout mathématicien, parce que la Géometrie étant une paitie essentielle des Mathématiques, & qui a sur presque toutes les autres une influence nécessaire, il est difficile d'être versé profondément dans quelque partie des Mathématiques que ce soit, sans l'être en même tems dans la Géometrie. Ainsi on dit de Newton qu'il étoit grand géometre, pour dire qu'il étoit grand mathématicien.
Un géometre, quand il ne voudroit que se borner à entendre ce qui a été trouvé par d'autres, doit avoir plusieurs qualités assez rares; la justesse de l'esprit pour saisir les raisonnemens & démêler les paralogismes, la facilité de la conception pour entendre avec promptitude, l'étendue pour embrasser à - la - fois les differentes parties d'une démonstration compliquée, la mémoire pour retenir les propositions principales, leurs demonstrations mêmes, ou du - moins l'esprit de ces démonstrations, & pour pouvoir en cas de besoin se rappeller les unes & les autres, & en faire usage. Mais le géometre qui ne se contentera pas de savoir ce qui a été fait avant lui, & qui veut ajoûter aux découvertes de ses prédécesseurs, doit joindre à ces différentes parties de l'esprit d'autres qualités encore moins communes, la profondeur, l'invention, la force, & la sagacité.
Je ne suis pas éloigné de penser avec quelques
écrivains modernes, que l'on peut apprendre la Géométrie aux enfans, & qu'ils sont capables de s'appliquer
à cette science, pourvû qu'on se borne auxseuls
élémens, qui étant peu compliqués, ne demandent
qu'une conception ordinaire; mais ces qualités
médiocres ne suffisent pas dans l'étude des Mathématiques transcendantes: pour être un savant
géometre, & même pour n'être que cela, il faut un
degré d'esprit beaucoup moins commun; & pour être
un grand géometre (car le nom de grand ne doit être
donné qu'aux inventeurs), il faut plus que de l'esprit,
il faut du génie, le génie n'étant autre chose que le talent
d'inventer. Il est vrai que l'esprit dont nous parlons
est différent de celui qu'il faut pour une épigramme, pour un poëme, pour une piece d'éloquence,
pour écrire l'histoire; mais n'y a - t - il donc d'esprit
que de cette derniere espece? Voyez
Peut - être nous sera - t - il permis derapporter à cette occasion une réponse de feu M. de la Motte. Un géometre de ses amis, apparemment ignorant ou de mauvaise foi, parloit avec mépris du grand Newton, qu'il auroit mieux fait d'étudier; Newton, disoit ce géometre, n'étoit qu'un boeuf; cela se peut, répondit la Motte, mais c'étoit le premier boeuf de son siecle.
On pourroit demander s'il a fallu plus d'esprit pour faire Cinna, Heraclius, Rodogune, Horace, & Polieucte, que pour trouver les lois de la gravitation. Cette question n'est pas susceptible d'être résolue, ces deux genres d'esprit étant trop différens pour être comparés; mais on peut demander s'il n'y a pas autant de mérite à l'un qu'à l'autre; & qui auroit à choisir d'être Newton ou Corneille, feroit bien d'être embarrassé, ou ne mériteroit pas d'avoir à choisir. Au reste cette question est décidée tous les jours par quelques littérateurs obscurs, quelques satyriques subalternes, qui méprisent ce qu'ils ignorent, & qui ignorent ce qu'ils croyent savoir; inca<cb->
Si l'esprit nécessaire au géometre n'est pas le même que celui dont on a besoin pour réussir dans la Littérature, ils ne s'excluent pas l'un l'autre. Néanmoins quand on veut loüer parmi nous un mathématicien, on dit de lui qu'il est grand géometre, & cependant homme d'esprit & de goût; on croit lui faire beaucoup d'honneur, & on se sait quelque gré du bon mot qu'on s'imagine avoir dit. Ces façons de parler si connues, lourd comme un géometre, ignorant comme un poëte, ou comme un prédicateur, sont devenues des especes de proverbes, & presque des phrases de la langue, aussi équitables l'une que l'autre; les exemples qui en prouvent l'injustice ne sont pas rares; & pour ne parler ici que des Mathématiciens, Pascal à qui la Géométrie doit un si bel ouvrage sur la Cycloïde, & qui auroit peut - être été le plus grand géometre de l'univers, si une dévotion assez mal entendue ne lui eût fait abandonner son talent, Pascal étoit en même tems un très - bel esprit. Ses Provinciales sont un chef - d'oeuvre de plaisanterie & d'éloquence, c'est - à - dire un modele dans les deux genres d'écrire qui paroissent les plus opposés. On dira peut - être que Pascal n'est qu'une exception; il est malheureux que l'exception démente si formellement la regle qu'on voudroit établir; mais croit - on que cette exception soit la seule? Nous ne citerons point M. de Fontenelle, qu'on voudra peut - être ne regarder que comme un bel esprit devenu géometre par accident: mais nous renverrons les détracteurs de la Géométrie aux ouvrages philosophiques de Descartes, si bien écrits pour leur tems; à ceux de Malebranche, qui sont des chefs - d'oeuvre de style; aux poésies de Manfredi, que M. de Fontenelle a si justement célebrées; aux vers que M. Halley a mis à la tête des principes de Newton, & à tant d'autres que nous poutrions nommer encore. Si ces géometres n'étoient pas des hommes d'esprit, qu'on nous dise en quoi l'esprit consiste, & à quoi il se borne.
On connoît la ridicule question du P. Bouhours, si un allemand peut avoir de l'esprit? Les Allemands y ont répondu comme ils le devoient, par cette question non moins ridicule, si un françois peut avoir le sens commun? Ceux qui font aux Géometres le même honneur que le P. Bouhours a fait aux Allemands, mériteroient qu'on leur demandât aussi, si on peut ignorer la Géométrie, & raisonner juste? Mais sans répondre aux injures par d'autres, opposons - y des faits. Balzac étoit sans doute un bel esprit, dans le sens où l'on prend ordinairement ce mot; qu'on lise les lettres de Descartes à Balzac, & celles de Balzac à Descartes, & qu'on décide ensuite, si on est de bonne foi, lequel des deux est l'homme d'esprit.
Descartes, dit - on, fit en Suede d'assez mauvais
vers pour un divertissement donné à la reine Christine; mais c'étoit en 1649; & à l'exception de Corneille, qui même ne réussissoit pas toûjours, quelqu'un faisoit - il alors de bons vers en Europe? Les
premiers opéras de l'abbé Perrin ne valoient peut - être
pas mieux que le divertissement de Descartes.
Pascal, ajoûte - t - on, a très - mal raisonné sur la Poésie;
cela est vrai, mais que s'ensuit - il de - là? C'est que
Pascal ne se connoissoit pas en vers, faute peut - être
d'en avoir assez lû, & d'avoir réfléchi sur ce genre;
la Poésie est un art d'institution qui demande quelqu'exercice & quelque habitude pour en bien juger;
or Pascal n'avoit lû que des livres de Géométrie &
de piété, & peut - être de mauvais vers de dévotion
qui l'avoient prévenu contre la Poésie en général;
mais ses provinciales prouvent qu'il avoit d'ailleurs
le tact très - fin & le goût très - juste. On n'y trouve
pas un terme ignoble, un mot qui ait vieilli, une plaisanterie
froide.
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