ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"526"> lief, & l'autre le fond mate & pareillement de relief, & imprimer sur du papier ce dessein en or & en argent moulu, avec les balles & le rouleau, comme on imprime les papiers de tapisserie. Voyez Papier de Tapisserie. Ces impressions étant seches, l'on collera le papier sur le carton, & aussitôt on le posera par l'endroit de la dourure & argenture sur une autre planche gravée comme en C, du même dessein que les autres planches, mais les fleurs creusées & en dépouille, & placées dans celle marquée B; puis les langes rabattus sur le tout, on passera sous la presse, & l'on gaufrera le carton, que l'on retirera promptement pour le mettre sécher. Si l'on vouloit épargner, ne point employer d'or, & cependant avoir une gaufrure d'or & d'argent, il ne faudroit que passer sous la presse avec cette troisieme planche sculement, le carton sur lequel l'on auroit collé du papier d'argent fin d'Allemagne, le gaufrer; & lorsqu'il seroit sec, mettre avec le pinceau sur les fleurs ou l'or, le fond qu'on voudroit qui parût or, une couche de vernis fait avec la terra merita, & l'argent paroîtra - là aussi beau & de la même couleur que l'or.

Pour des écrans gaufrés des deux côtés & d'un même tour de presse, voici comment M. Papillon pere s'y prenoit. Il gravoit deux planches en creux & de dépouille de desseins différens, faits néanmoins de façon que ce qui étoit de relief & mate à l'une de ces planches & servoit de fond, étoit opposé aux parties du dessein creusées dans l'autre planche, afin que les planches posées l'une sur l'autre bien juste, gravure contre gravure, & le carton entr'elles, elles pussent sans se nuire le gaufrer des deux côtés. Et sur une planche unie comme en B, fig. 2. il avoit percé des trous chantournés en forme d'écrou. Il plaçoit d'abord dans chaque trou une planche, fig. 6. la gravure en - dessus; il en avoit quatre à cet effet pour creuser avec plus de célérité deux écrans à - la - fois; ses cartons étoient chantournés de même forme, dorés & argentés; il les colloit deux ensemble par l'envers, & tandis qu'ils étoient moites de cette collure, il les portoit sur ces planches gravées, déjà mises dans les trous; & par - dessus il plaçoit les autres planches, la gravure du côté du carton; & ces planches & les autres ne passoient pas la superficie & le plan de la grande planche troüée: alors les langes rabattus, il passoit le tout sous la presse comme ci - dessus, & le carton pressé entre deux planches se trouvoit gaufré des deux côtés; il levoit promptement, crainte que l'or & l'argent ne se détachassent. Il faisoit sécher. Il ne restoit qu'à border au pinceau avec de l'or moulu, & mettre les bâtons. Il prenoit à cet effet des cartons bien minces ou à boutonnieres, afin que deux collés ensemble ne fussent pas trop durs à gaufrer.

Nous avons fait encore des écrans qui n'étoient gaufrés que d'un côté, mais avoient au milieu une estampe qui s'imprimoit du même tour de presse ou de rouleau, en même tems que la gaufrure se faisoit. Pour ce travail, les planches gravées, pour les gaufrer, étoient précisément de l'épaisseur de la grande planche B, fig. 5. & au milieu de ces planches il y avoit un creux fait exprès, à pouvoir mettre la planche de cuivre destinée à imprimer l'estampe ou passe - partout, comme en D, fig. 7. On encroit cette planche de cuivre, on l'essuyoit bien, & on la mettoit dans la planche de bois à gaufrer, placée dans la grande planche B, comme il est représenté en E, fig. 8. puis le carton humecté par l'envers & posé sur le tout; la place de l'estampe non - dorée & laissée blanche, on passoit sous la presse, & la gaufrure & l'impression en taille - douce se faisoient en même tems & du même tour de moulinet ou croisée de la presse.

Ces manieres de gaufrer le carton sont plus expé<cb-> ditives & beaucoup moins fatigantes que celles de le gaufrer par le frottement avec la dent de loup ou de sanglier, sur le moule de corne, comme se poussent les couvertures d'almanachs dont l'on parlera bientôt. Pour ces couvertures il seroit facile en troüant & creusant à cet effet la planche à queue d'aronde B, d'y mettre demi - douzaine de moules, soit de bois ou de corne, lesquels gaufreroient autant de couvertures d'almanachs ou autre chose, comme boîtes, portefeuilles, &c.

Si l'on vouloit faire des éventails, écrans ou autre chose à fleurs d'or & fond de couleur comme les couvertures de livres, il faudroit que les planches fussent de cuivre jaune, épaisses de demi - pouce au moins, & évidées dans les champs, soit en y laissant mordre l'eau - forte, soit en échopant avec de forts & larges burins; & que les mates de fleurs & de figures en relief fussent gravées & ombrées avec le burin: & pour accélérer l'ouvrage, il seroit à - propos d'en avoir deux, afin que tandis qu'une passeroit sous la presse avec la feuille d'éventail ou d'écran, &c. l'autre pût chauffer. En suivant cette manoeuvre, l'on dore premierement à l'eau froide le papier que l'on veut gaufrer, appliquant les feuilles d'or en plein par tout, par dessus la couleur du papier; & quand le papier est un peu sec ainsi que l'or, la planche de cuivre un peu chaude & placée dans la table entaillée en A, fig. prem. le papier mis sur cette planche du côté de la dorure, les langes rabattus dessus, & le tout passé sous la presse, l'impression de cette dorure est faite. Par - tout où le cuivre aura appuyé & marqué, l'or ou l'argent en feuille seront attachés au papier. Le verre séché peu après, s'épouste avec la patte de lievre, ou avec du coton, & quitte le papier ou le carton, ensorte qu'il ne reste dessus l'un ou l'autre que les fleurs & les figures, comme l'on voit aux papiers dorés d'Allemagne. Si l'on vouloit imprimer en même tems à ces sortes d'ouvrages, des estampes gravées à certains endroits, l'on creuseroit la planche de cuivre jaune, pour y placer celle de cuivre rouge & gravée au burm; on l'encreroit, on l'essuyeroit, on le placeroit comme a été dit plus haut sur semblable opération, & l'on passeroit le tout ensemble sous la presse.

Quant à la maniere de gaufrer le carton avec les moules de corne, l'on fait graver de relief ou plûtôt ciseler le dessein, le plus proprement qu'il est possible: ayant amolli la corne, on tire avec cette corne le creux du dessein qu'on a fait ciseler, donnant environ demi - pouce d'épaisseur à ces moules; puis aux quatre coins l'on met à force des pointes de laiton ou de fer, que l'on rive par dessous, comme il est représente fig. 9. pour servir de repaires ou de guides à tenir en respect le carton que l'on voudra gaufrer. Cela fait, le carton doré ou argenté, coupé & préparé de la grandeur un peu excédante du moule, on le place de maniere que les pointes du moule le fixent en le traversant; l'endroit est tourné sur le moule, & tout de suite avec la dent pointue, emmanchée à pouvoir être commodément remuée, l'on frotte fermement le carton par - tout, appuyant & repassant souvent la dent où l'on voit que le carton fléchit & entre dans les creux du moule; après quoi on le retire d'entre les pointes. Si par hasard l'on remarque quelques endroits de la gaufrure manqués, ou peu marqués, on replace le carton dens les pointes, aux endroits déjà troüés, on le refrotte où il est nécessaire, on le retire, & l'on en pousse un autre si l'on veut. C'est ainsi communément que se font les couvertures d'almanachs de carton doré & argenté, qui se vendent à Paris, que l'on enjolive, qu'on découpe, & auxquels on donne des fonds de couleur: si on les a gaufré en blanc, on peut les peindre à volonté, & les vernir ensuite. Pour faire quelque chose de plus riche, j'a<pb-> [p. 527] vois imaginé des couvertures dont le fond étoit de velours. Voici commeje les exécutois: j'avois un fer de relief demême forme que les masses du dessein des gaufrures de carton découpé dont je me servois; je faisois chauffer ce fer assez pour qu'en le posant sur le velours que j'avois collé auparavant avec de la gomme ou colle - forte sur un carton mince, je brûlasse tout le poil du velours qu'il touchoit; de sorte qu'il m'étoit facile ensuite de placer dessus ma couverture de carton doré, argenté & découpé, & d'y faire entrer &, pour ainsi dire, incruster le dessein. L'effet en étoit très - joli. Cet article est de M. Papillon, graveur en bois.

GAVITEAU (Page 7:527)

GAVITEAU, s. m. (Mar.) terme dont on se sert sur les côtes de Provence pour dire une bouée; c'est un morceau de bois qu'on attache à l'orin de l'ancre, & qu'on laisse flotter pour faire connoitre l'endroit où elle est mouillée. Voyez Bouée.

GAULAN (Page 7:527)

GAULAN, (Géog. sacrée) Gaulan ou Gaulon, étoit une ville de Judée capitale de la Gaulonitide, petit pays situé vers les montagnes de Galaad, le long du Jourdain, à environ 15 lieues de la mer de Galilée. Voyez Reland de Paloest. tom. I. lib. I. cap. xxiij. (D. J.)

GAULE ou IES GAULES (Page 7:527)

GAULE ou IES GAULES. (Géog.) L'ancienne Gaule a été une des plus célebres regions de l'Europe; elle avoit au levant la Germanie & l'Italie, les Alpes la séparant de celle - ci, & le Rhin de celle - là. La mer d'Allemagne & celle de Bretagne la baignoient au nord, l'océan Aquitanique ou occidental au couchant, & la mer Méditerranée au midi; les montagnes des Pyrénées la séparoient de l'Espagne entre le midi & le couchant.

Cette égion n'étoit pas une monarchie particuliere; elle étoit possedée par un grand nombre de peuples indépendans les uns des autres: ses plus considérables montagnes étoient les Alpes, les Pyrénées, le Mont - Jura & les Cevenes; ses principales rivieres le Rhin, la Meuse, la Seine, la Loire, la Garonne, le Rhone & la Saone. Elle renfermoit le royaume de France, tel qu'il est aujourd'hui, la Savoie, la Suisse, le Piémont, une partie du pays des Grisons, & toute la partie d'Allemagne & des Pays - bas qui sont au couchant du Rhin.

C'étoit - là la vraie Gaule; mais les Gauleis ayant passé les Alpes, & conquis une partie de l'Italie, ils donnerent le nom de Gaule à leurs conquêtes; ce qui fit naître la division de la Gaule en Gaule cisalpine ou citérieure, & en transalpine & ultérieure, dont la premiere fut encore subdivisée en cispadane & en transpadane: la transalpine le fut aussi en Gaule chevelue ou comata, & en Gaule bracatte; & après qu'elle eut été conquise par les Romains, en Gaule naibonnoise, aquitanique, lyonnoise & belgique; ce fut à cause de ces diférentes parties qu'on fit de la Gaule, qu'elle teçut fort souvent le nom de Gaules au pluriel.

Tous ces différens noms viennent des divisions qui s'en firent sous les empereurs romains; divisions qui changerent plusieurs fois, comme changent aujourd'hui nos gouvernemens & nos généralités.

A la mort de César toute la Gaule étoit romaine, & consistoit en quatre parties principales au nord des Alpes; ces quatre parties étoient la Gaule narbonnoise, la Gaule aquitanique, la Gaule celtique, & la Gaule belgique. Auguste devenu arbitre souverain de Rome & de tout l'Empire, continua de partager la Gaule en quatre grandes régions, auxquelles il conserva leurs anciens noms, hormis celui de celtique, qui paroissant appartenir à la Gaule entiere, fut abrogé, & cette partie fut nommée la lyonnoise; & parce que ces parties étoient trop inégales, il ôta à quelques - unes pour donner à d'autres. On peut consulter la table que le P. Briet a dressée des peuples distribués dans ces quatre grandes provinces.

La division de la Gaule en quatre provinces par Auguste, est attestée par tant d'auteurs qu'il n'est pas possible d'en douter. Dion - Cassius, Ammien - Marcellin, & quantité d'autres anciens en ont parlé; de - plus elle est décrite par Strabon, Mela, Pline & Ptolomée. Il paroît cependant par des monumens incontestables, que dans la Gaule même on persista à ne compter que les trois provinces de Jules César.

Il se fit un nouveau partage des Gaules vers le tems de Constantin, suivant l'opinion générale; toûjours est il sûr que nous en avons une ancienne notice publiée par le P. Sirmond dans les couciles de l'église gallicane, par Duchesne dans ses ecrivains de l'histoire de France, & par Hadrien de Valois dans la préface de sa notice des Gaules. On croit qu'elle a été dressée vers le tems d'Honorius, lorsque c'étoit l'usage de distinguer les Gaules des sept provinces.

Selon cette notice dont on peut tirer de grands avantages pour la connoissance de l'histoire ecclésiastique & politique, il y avoit dix - sept provinces dans la distribution de la Gaule, & cent quinze cités, dont seize jouissoient du rang de métropole; au lieu qu'avant Constantin on ne connoissoit que quatorze provinces & quatre métropoles.

Dans la suite des tems, les papes & les rois ont fait tant de changemens à cette distribution de provinces par l'érection de nouveaux évéchés & archevéchés, outre le changement du gouvernement civil des provinces quiont été unies ou démembrées en introduisant de nouveaux noms, que la géographie de l'ancienne Gaule, pour ne parler ici que de la Gaule françoise, est actuellement un cahos indéchiffrable; c'est peine perdue de chercher à le débrouiller. (D. J.)

Gaule (Page 7:527)

Gaule, s. f. (Manége) On appelle ainsi dans l'école la branche de bouleau mince, legere & effeuillée, dont la main droite de chaque cavalier est armée; de - là la dénomination particuliere de main de la gaule pour designer cette même main.

La gaule doit avoir quatre piés ou environ de longueur; lorsqu'elle en a davantage, on s'en sert moins commodément & avec moins de grace.

Les commençans sont assujettis à la tenir la pointe en l'air à la hauteur de leurs yeux, & au - dessus de l'oreille gauche du cheval; les éleves avancés la tiennent de même, ou la pointe en bas & le long de l'épaule de l'animal, ou la pointe en arriere au - dessus de sa croupe, ou différemment, selon leur volonté, l'usage qu'ils se proposent d'en faire, & la plus grande facilité de leur action, relativement aux effets qu'elle peut produire. L'habitude de la porter de la main droite dispose d'ailleurs le cavalier à se servir ensuite de son épée avec liberté, & à manier, quoique cette main en soit saisie, toûjours son cheval avec aisance.

Par le moyen de la gaule, tantôt nous prévenons les fautes, & tantôt nous les corrigeons; nous l'employons donc ou comme aide ou comme châtiment. Sion en frappe vigoureusement le cheval, on le punit par l'impression douloureuse qui en résulte, tandis que des coups legers ne sont que des moyens de l'inviter avec douceur & sans l'étonner à des mouvemens que l'on derire de lui; c'est dans ce dernier sens que la gaule est véritablement une aide.

Nous touchons de la gaule sur l'épaule d'un cheval que nous voulons lever à courbettes, dont nous souhaitons tirer des pesades, qui dans les sauts se montre trop leger du derriere. Nous aidons le sauteur qui s'accroupit, qui balotte, qui n'épare point, en adressant nos coups sur la place du trousse - queue; nous sollicitons des croupades en les dirigeant au - dessus des jarrets, &c.

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