ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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GÉNEREUX (Page 7:574)

GÉNEREUX, adj. GÉNÉROSITÉ, s. f. (Mor.) La générosité est un dévoüement aux intérêts des autres, qui porte à leur sacrifier ses avantages personnels. En général, au moment où l'on relâche de ses droits en faveur de quelqu'un, & qu'on lui accorde plus qu'il ne peut exiger, on devient généreux. La nature en produisant l'homme au milieu de ses semblables, lui a prescrit des devoirs à remplir envers eux: c'est dans l'obéissance à ces devoirs que consiste l'honnêteté, & c'est au - delà de ces devoirs que commence la générosité. L'ame généreuse s'éleve donc au - dessus des intentions que la nature sembloit avoir en la formant. Quel bonheur pour l'homme de pouvoir devenir ainsi supérieur à son être, & quel prix ne doit point avoir à ses yeux la vertu qui lui procure cet avantage! On peut donc regarder la générosité comme le plus sublime de tous les sentimens, comme le mobile de toutes les belles actions, & peut - être comme le germe de toutes les vertus; car il y en a peu qui ne soient essentiellement le sacrifice d'un intérêt personnel à un intérêt étranger. Il ne faut pas confondre la grandeur d'ame, la générosité, la bienfaisance & l'humanité: on peut n'avoir de la grandeur d'ame que pour soi, & l'on n'est jamais généreux qu'envers les autres; on peut être bienfaisant sans faire de sacrifices, & la générosité en suppose toûjours; on n'exerce guere l'humanité qu'en vers les malheureux & les inférieurs, & la générosité a lieu envers tout le monde. D'où il suit que la générosité est un sentiment aussi noble que la grandeur d'ame, aussi utile que la bienfaisance, & aussi tendre que l'humanité: elle est le résultat de la combinaison de ces trois vertus; & plus parfaite qu'aucune d'elles, elle peut y suppléer. Le beau plan que celui d'un monde où tout le genre humain seroit généreux! Dans le monde tel qu'il est, la générosité est la vertu des héros; le reste des hommes se borne à l'admirer. La générosité est de tous les états: c'est la vertu dont la pratique satisfait le plus l'amourpropre. Il est un art d'être généreux: cet art n'est pas commun; il consiste à dérober le sacrifice que l'on fait. La générosité ne peut guere avoir de plus beau motif que l'amour de la patrie & le pardon des injures. La libéralité n'est autre chose que la générosité restreinte à un objet pécuniaire: c'est cependant une grande vertu, lorsqu'elle se propose le soulagement des malheureux; mais il y a une économie sage & raisonnée qui devroit toûjours régler les hommes dans la dispensation de leurs bienfaits. Voici un trait de cette économie. Un prince* donne une somme d'argent pour l'entretien des pauvres d'une ville, mais il fait ensorte que cette somme s'accroisse à mesure qu'elle est employée, & que bien - tôt elle puisse servir au soulagement de toute la province. De quel bonheur ne joüroit - on pas sur la terre, si la générosité des souverains avoit toûjours été dirigée par les mêmes vûes! On fait des générosités à ses amis, des libéralitét à ses domestiques, des aumônes aux pauvres**.

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