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GAYAC (Page 7:530)
GAYAC, s. m. gayacum, (Hist. nat. bot.) genre de
plante à fleur en - rose, composée de plusieurs pétales
disposés en rond; il s'éleve du fond du calice un pistil
qui devient dans la suite un fruit charnu & arrondi.
Ce fruit renferme un ou plusieurs noyaux ovoïdes
& revêtus d'une pulpe fort tendre. Piumier, nova
plant. americ. gener. Voyez
Gayac (Page 7:530)
Le P. Plumier ne rapporte que deux especes de gayac, qu'il décrit dans son histoire manuscrite des plantes d'Amérique.
La premiere espece s'appelle gayac à fleurs bleues, dont le fruit est arrondi, guaiacum flore ceruloeo, fructu subrotundo, Plum. nov. gen. 39. ou guaiacum tetraphyllum, fructu singulari, ejusdem histor. mss. 86. pruno vel evonymo affinis arbor, folio alato, buxeo, subrotundo; flore pentapetalo, ceruloeo, racemoso; fructu aceris cordato, cujus cortex luteus, corrugatus, semen unicum, majusculum, nigricans, nullo ossiculo tectum operit. Sloane Cat. pl. Jamaïc.
Cette espece de gayac devient quelquefois un très grand arbre; quelquefois aussi n'est - il que médiocre; différence qui procede de la fertilité du terroir où il croît. Son tronc est le plus souvent cylindrique; mais ceux qui se trouvent dans l'île de Saint - Domingue, du côté du port de paix, ne sont pas tout - à - fait cylindriques; car si on les coupe transversalement, leur section représente la figure d'une poire. Lorsqu'on regarde ces arbres de loin, ils ressemblent à nos chênes; les jeunes sont couverts d'une écorce un peu ridée: ceux qui sont vieux ont l'écorce lisse, un peu
Les fleurs naissent à l'extrémité des rameaux; elles sont en grand nombre, entierement semblables & égales à celles du citronnier; car elles sont composées de cinq feuilles de couleur bleue, disposées en rose sur un calice qui a aussi cinq feuilles verdâtres, du fond duquel s'éleve un pistil dont la figure est celle d'un coeur terminé en pointe, porté sur un pédicule un peu long. Ce pistil est accompagné d'environ vingt étamines bleues, qui ont chacune un petit sommet jaune: ce pistil devient dans la suite un fruit de la grandeur de l'ongle, charnu, qui a la figure d'un coeur, & un peu creusée en maniere de cuillier, d'une couleur de vermillon ou de cire rouge. Ce fruit renferme une seule graine dure, de la forme d'une olive, qui contient une amande plus petite que celle de l'olive, & enveloppée d'une pulpe fort tendre.
On trouve cet arbre à la Jamaïque, dans presque toutes les îles Antilles, & sur - tout dans celles de Saint - Domingue & de Sainte - Croix, & en général dans la partie de l'Amérique qui est située sous la zone torride.
La seconde espece de gayac du P. Plumier, se nomm> gayac à fleurs blanches dentelées, dont le fruit est quadrangulaire, gayacum flore coeruloeo, fimbriato, fructu tetragono, Plumier, nova plant. amer. jx. 39. ou guaiacum polyphyllum, fructu singulari, tetragono, ejusd. hist. mss. 87. hoaxacam seu lignum sanctum, Hernand. Les naturels d'Amérique le nomment hajacan, d'où est venu le nom de gayac qu'on lui donne en Europe.
Cette espece est moins haute que la précédente; son bois est aussi solide & aussi pesant, mais de couleur de boüis: son écorce qui est un peu plus épaisse, est noirâtre en - dehors, parsemée de plusieurs taches grises & sillonnées de rides réticulaires & transversales; elle est pâle au - dedans, & d'un goût legerement amer.
Ses branches sont disposées de la même maniere que dans la premiere espece; elles sont de même noüeuses, & portent quatre ou cinq paires de feuilles plus minces, plus petites, & plus pointues, sur - tout les jeunes, soûtenues sur des côtes très - minces, vertes, & longues d'environ deux pouces.
Les fleurs sont entierement semblables & égales à celles de la premiere espece; mais elles sont bleues & un peu dentelées. Les fruits sont de couleur de cire, quadrangulaires comme ceux de notre fusain, partagés intérieurement en quatre loges, dans chacune desquelles est contenue une seule graine osseuse, rouge, qui a presque la figure d'une olive.
Cette seconde espece de gayac est très - fréquente dans l'île de Saint - Domingue, aux environs du port de Paix. Ces arbres fleurissent au mois d'Avril, & donnent des fruits mûrs au mois de Juin. [p. 531]
On ne réussit qu'avec bien de la peine & du tems à élever cette plante dans nos climats. Il faut d'abord pour le succès, que sa graine semée sur les lieux dans un petit pot de terre alongé, nous parvienne en été. Il faut éviter soigneusement de les trop arroser en route; à leur arrivée, il faut ôter du petit pot la jeune plante, en conservant un peu de terre autour de ses racines: ensuite on la transportera de cette façon dans un nouveau pot rempli de terre préparée, riche, & fraîche; on plongera ce pot dans un lit de ton propre à faire pousser les petites racines, asin qu'elles puissent subsister & passer l'hyver. Dès le mois de Septembre ou d'Octobre, on mettra la plante dans la serre, & on la placera à une chaleur qui soit de vingt degrés au - dessus du tempéré. Les arrosemens seront fréquens, mais très - legers; on nettoyera les feuilles de tems en tems de la saleté qui se loge sur leur surface. Au commencement de l'été, on donnera de l'air à la plante, en ouvrant les fenêtres de la serre à moitié, & seulement dans le fort de la chaleur: mais on ne sortira point les pots de la serre, à moins que ce ne soit pour peu d'heures; & on n'y manquera pas dans le tems des ondées de pluies chaudes qui la feront prospérer.
Voilà les soins & les précautions avec lesquelles Miller est parvenu à élever des arbres de gayac dans le jardin de medecine de Chelséa: il en avoit déjà quelques - uns assez avancés en 1726. On sait que dans le pays natal même, ils croissent très - lentement; ils ne jettent point de résine dans nos climats.
Personne n'ignore l'usage qu'on fait en Europe du bois, de l'écorce & des larmes résineuses qui découlent des gayacs d'Amérique; lisez à ce sujet les articles suivans. (D. J.)
Gayac (Page 7:531)
Le bois de gayac est très - résineux, & contient une
fort petite quantité d'extrait proprement dit. Voyez
On réduit le bois de gayac en rapure, lorsqu'on veut en faire la décoction, ou en tirer la teinture.
On trouve encore dans les boutiques l'écorce de gayac, que quelques - uns assûrent avoir les mêmes vertus que le bois, & même de plus grandes; nous nous en servons fort peu, quoique vraissemblablement elle puisse tres - bien suppléer au bois.
On nous apporte aussi une résine qui découle de l'arbre de gayac, & que l'on appelle improprement dans les boutiques gomme de gayac; elle est brune en - dehors, quelquefois blanche, tantôt roussâtre & tantôt verdâtre en - dedans, d'un goût un peu acre, d'une odeur très - agréable quand on la brûle; elle est fort analogue avec celle qu'on tire du gayac par le moyen de l'esprit - de - vin.
L'extrait de gayac entre dans les pilules de Bécher, & la résine dans la thériaque céleste.
Le gayac donne dans la distillation à la violence
du feu un phlegme insipide, un esprit qui donne des
marques d'acidité & d'alkalicité, une huile ténue,
limpide, jaune, qui nage sur l'eau; une huile noire,
très - épaisse, plus pesante que l'eau; une grande quantité
d'air, & une quantité considérable d'un charbon
dur & sonnant. Nous ne ferons point ici des observations
sur cette analyse, parce que c'est celle - là même
que nous choisirons au mot
Gayac (Page 7:531)
On peut tirer aussi du gayac une substance gommeuse, en faisant bouillir long - tems dans de l'eau commune, de la rapure de gayac. Alors après avoir fait épaissir cette décoction sur le feu, il reste au fond du vaisseau une résine épaisse, d'une odeur balsamique, & d'un goût legerement acre. Cette substance sechée, pulverisée, & tirée par le nez, irrite vivement la membrane pituitaire, & fait évacuer le phlegme qui est logé dans cet endroit. Hoffmann préféroit ce remede à tous les sternutatoires, & lui at<pb-> [p. 532]
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