RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
FUSIL (Page 7:395)
FUSIL, s. m. c'est dans l'Art militaire, une arme à seu, qui a succédé à l'arquebuse & au mousquet, montee ainsi que ces deux armes sur un fust de bois qui est ordinairement de noyer.
Outre la monture du fusil dans laquelle on comprend la baguette, on distingue dans cette arme la platine & l'équipage.
La platine est une plaque de fer d'environ cinq pouces de longueur, placce à l'extrémité du canon vers sa culasse, à laquelle sont attachées les différentes pieces qui servent à tirer le fusil.
Ces pieces sont un grand ressort en - dedans de la platine, une noix & bride sur le chien avec sa mâchoire; une vis au - dessus, le bassinet, une batterie qui couvre ce même bassinet, & un petit ressort qui le fait decouvrir & recouvrir.
Le chien tient à la platine par le moyen d'une vis. Son extrémité en - dehors forme une espece de gueule dans laquelle est retenue fixement une pierre à fusil, par le moyen d'une grande vis. La partie supérieure de cette gueule est appellée la machoire du chien. Le bassinet est un petit bassin posé en saillie sur la platine, vis - à - vis la lumiere ou la petite ouverture faite au canon pour mettre le feu à la poudre dont il est chargé. La batterie est disposée en espece d'équerre, dont une branche couvre le hassinet, & l'autre se présente à - peu - près parallelement au chien.
Lorsque le chien est tendu, ou ce qui est la même chose, lorsque le fusil est bandé, & qu'on veut le tirer, on lâche la detente qui est sous la platine, ce qui fait tomber avec force sur la batterie le chien armé de sa pierre. Cet effort fait mouvoir la batterie, & lever sa branche qui couvre le bassinet; & comme la pierre fait feu en même tems sur la partie de la batterie qui lui est opposée, elle allume la poudre du bassinet, laquelle communique le feu à la charge du fusil, & fait ainsi partir le coup.
Les platines du mousqueton, du pistolet, &c. sont composées des mêmes pieces que celles du fusil.
L'équipage du fusil est composé du talon, qui est une espece de plaque de fer qui couvre le bout de la crosse; de l'écusson, qui est une piece de fer qui embrasse la clé des portes - baguette; de la soùgarde avec sa détente, qui sert à lâcher le ressort du chien, &c.
Les fusils ont commencé à être généralement établis dans les troupes vers l'année 1704. Avant cette
époque il n'y avoit que les grenadiers des bataillons
qui en fussent armés, à l'exception néanmoins du
régiment des fusiliers, créé en l'an 1671, qui fut dès
lors attaché au service de l'artillerie. Tous les soldats
eurent des fusils à la place des mousquets, qui étoient
alors en usage dans tous les corps d'infanterie. Les
fusiliers outre l'épée, furent aussi armés d'une bayonnette;
c'est le premier corps dont les soldats ayent
été ainsi armés. Ce régiment est aujourd'hui royal artillerie. Quant aux raisons qui firent quitter les mousquets
pour prendre les fusils, voyez
De la portée du fusil. Pour connoître ce qu'on doit [p. 396]
Fusil (Page 7:396)
Soit supposé le canon d'un fusil épais de quatre
lignes à sa culasse, d'une ligne à sa bouche, qu'il ait
quatre piés de long, que le calibre soit de six lignes,
la ligne de tire & celle de mire se couperont à quatre
piés au - delà de la bouche du fusil, & l'angle que
les lignes de mire & de tire fermeront en se rencontrant,
sera de 0
Soit supposé, que pour parcourir cent toises le
globe soit 0'x''x''', &c. que la ligne de mire (suivant l'angle que nous avons supposé 0
Si à 60 pas, l'on a visé deux piés plus bas que le pié du but O K, c'est - à - dire deux piés plus bas que la ligne horisontale sur laquelle le but seroit planté, on n'atteindra pas encore ce but. Il s'ensuit donc qu'on ne peut jamais avec un fusil atteindre au but quelconque, quand on vise deux piés plus bas que l'extrémité inférieure du but, à quelque éloignement qu'il soit; que si l'on vise au pié du but, on ne peut le frapper que depuis ledit pié ou base, jusqu'à une élévation de deux piés; si dans cette distance de 100 toises un but a d'élévation trois fois deux piés, on le frappera dans la dimension du milieu, si l'on vise à deux piés au - dessus de sa base; & s'il est à 60 toises, on le frappera dans la dimension supérieure; mais si le but est plus éloigné de 100 toises, il faut viser plus haut que lui, pour le frapper dans la dimension du milieu, & de plus en plus s'élever, suivant que le but seroit plus éloigné.
Je viens d'expliquer que ce qui faisoit qu'une balle
ou boulet arrive au but que l'on veut attraper, c'est
certainement à cause qu'on l'a dirigé vers un autre
endroit; car sans s'en appercevoir, on tire avec un
fusil ou canon vers un but, comme les Archers ou
Arbalêtriers tirent vers celui où ils veulent faire arriver
leurs fleches. Il est démontré que la ligne par
laquelle un coup peut être lancé le plus loin possible,
est la parabole qui formeroit à ses extrémités
un angle de 45 degrés avec l'horison, abstraction
faite de l'effet de la pesanteur du coup lancé. C'est
parce qu'ils approchoient davantage de cette projection,
que les Perses de Xenophon lançoient leurs
fleches, qui portoient plus loin que celles de tous
les Grecs, excepté des Archers de Candie. Voyez
Fusil (Page 7:396)
I> doit y avoir une compensation en progression, depuis la plus grande portée jusqu'à la plus courte, rela tivement à la longueur du calibre qui dirige la balle ou boulet dans l'une ou l'autre projection. Les expériences bien faites ne l'ont été qu'avec des bombes ou des jets d'eau, ou l'équivalent; & le calibre plus ou moins long dans ces deux cas, n'a pas dû faire une différence sensible, ni des frottemens à beaucoup près aussi grands que ceux qui se rencontrent par l'effet du calibre du fusil.
Il faut observer que les différens calibres des armes ne sont pas ensemble en même raison de leur diametre à leur longueur: en général dans l'usage des armes à feu, plus le diametre est petit, plus le cylindre ou calibre est long en proportion; plus le calibre ou cylindre est petit, plus les défauts en sont considérables proportionnellement; plus le calibre a de longueur, plus il tend à donner une direction droite; plus le calibre est petit, plus il y a de différence entre le diametre du boulet & le sien; plus il y a de différence entre le boulet & son calibre, plus les ondulations du boulet dans ce calibre peuvent l'éloigner du but vers lequel il est dirigé.
Seroit - il vrai que tout globe d'une densité capable de résister à la force qui le chasse, dirigé par un calibre ou cylindre en proportion semblable relativement à son volume, poussé par une poudre d'une force proportionnelle à sa masse, lancé dans la même projection, parcourroit des distances égales, & peut - être même dans des tems égaux, & décrira la même courbe? Les preuves pour ou contre ne peuvent être aisément éclaircies; il est difficile de déterminer exactement une force proportionnelle à la masse du boulet dans l'usage de la poudre, non - seulement parce que sa force augmente à - proportion de la promptitude de sa dilatation, & que cette promptitude dépend de sa qualité, de son degré de siccité, de sa disposition dans le calibre, du plus ou moins de pression de ses parties, & de la résistance de la balle, mais encore par la difficulté dont il est de connoître la quantité de poudre qui s'enflamme assez tôt pour donner au boulet toute l'impulsion qu'il acquiert, avant de quitter tel calibre qu'il parcourt.
La théorie peut faire reconnoître que pour que la charge d'un fusil fît tout l'effet que sa dilatation peut produire, il faudroit que la longueur du canon d'un fusil fût de 90 piés; mais l'expérience a prouvé que la balle chassée par la même charge dans un fusil de quatre piés de canon, peut aller à deux mille cent soixante toises: il s'ensuivroit donc, qu'avec cette longueur supposée de 90 piés, la balle seroit portée à 48600 toises; ce qu'il n'est pas possible d'expérimenter, car on ne fera pas un canon de fusil de 90 piés.
Si d'un côté la théorie prouve que la meilleure longueur d'un fusil, pour chasser le plus loin possible la balle, est de 90 piés; que de l'autre, l'expérience prouve que par une longueur de quatre piés de canon, on chasse la balle à 2160 toises: il doit donc s'ensuivre, que chaque pouce de longueur de plus ou de moins au canon, doit donner 45 toises de plus ou de moins de portée, & que le pistolet, qui est de 14 pouces de canon, auroit 630 toises de portée: mais des expériences faites avec des canons, des coulevrines, & autres armes à feu, ont prouvé que ces trois armes portent leurs globes à - peu - près à même distance entre 2000 & 2500 toises: donc on doit conclure qu'il n'y a pas une proportion en progression connue, entre la force qui chasse les balles ou
Pour déterminer quelle est la courbe que décrit la balle d'un fusil de munition, de la dimension fixée par les ordonnances, & dont les troupes sont ou seroient armées; il faudroit fixer un de ces fusils dans la position horisontale qu'on choisira; placer ensuite sur la ligne de mire donnée plusieurs especes de grands tamis placés verticalement entre 300 toises à distance les uns des autres, & faire feu: la balle tirée perceroit les toiles, crins, taffetas, ou papiers dont ces tamis seroient saits; & ces points - là reconnus détermineroient la courbe qu'auroit décrit cette balle. Si l'on ne vouloit que trouver seulement le point le plus haut de cette courbe, on pourroit faire tirer dessous une voûte dont le faîte seroit de niveau, en plaçant la ligne de mire parallelement au - dessous de cette voûte, à un pié, un pié & demi, ou deux piés; & remarquant ensuite l'endroit où la balle ne feroit qu'effleurer le dessous de ladite voûte.
Les epreuves exactes de la plus longue portée possible, ne peuvent se faire sans risque que sur des canaux glacés de deux à trois mille toises de longueur environ, & assez larges pour espérer que la direction de la balle ne sera pas trop détournée par les diverses résistances qu'elle peut éprouver dans les cinq à six mille toises d'atmosphere qu'elle parcourroit. Des hommes placés à distance l'un de l'autre, sous des especes de guérites, le long des bords du canal, remarqueroient où la balle tomberoit.
Toutes ces épreuves pourroient se faire avec les différens calibres, & dans diverses dimensions de culasses. Il est à croire que les expériences, en fixant les idées sur les différentes portées des armes à feu, fourniroient les moyens d'en faire un usage à - peu - près semblable à celui que l'on fait des fleches. La pratique en seroir vraissemblablement beaucoup plus difficile à peresectionner; parce qu'une balle n'étant point visible comme le peut être une fleche, & sa portée étant beaucoup plus étendue, celui qui auroit tiré ne pourroit pas reconnoître aisément quel effet auroit fait sa balle: mais la théorie pourroit faire tirer parti de cette connoissance, pour faire porter des balles à des éloignemens où l'on n'auroit pas lieu d'en craindre sans cela.
Les militaires instruits du résultat de ces expériences sur la partie du but en blanc & la plus longue [p. 398]
Fusil à vent (Page 7:398)
Fusil (Page 7:398)
Le fusil des Luthiers est la même chose, excepté qu'il est poli, & que celui des couteaux est rude; il sert à affiler les gratoires.
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.