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G (Page 7:407)
G, s. m. (Gramm.) c'est la troisieme lettre de l'alphabet des Orientaux & des Grecs, & la septieme de l'alphabet latin que nous avons adopté.
Dans les langues orientales & dans la langue greque, elle représentoit uniquement l'articulation gue, telle que nous la faisons entendre à la fin de nos mots françois, digue, figue; & c'est le nom qu'on auroit dû lui donner dans toutes ces langues: mais les anciens out eu leurs irrégularités & leurs écarts comme les modernes. Cependant les divers noms que ce caractere a reçus dans les différentes langues anciennes, conservoient du - moins l'articulation dont il étoit le type: les Grecs l'appelloient gamma, les Hébreux & les Phéniciens gimel, prononcé comme guimauve; les Syriens gomal, & les Arabes gum, prononcé de la même maniere.
On peut voir (article C & méth. de P. R.) l'origine du caractere g dans la langue latine; & la preuve que les Latins ne lui donnoient que cette valeur, se tire du témoignage de Quintilien, qui dit que le g n'est qu'une diminution du c: or il est prouvé que le c se prononçoit en latin comme le kappa des Grecs, c'est - à - dire qu'il exprimoit l'articulation que, & conséquemment le g n'exprimoit que l'articulation gue. Ainsi les Latins prononçoient cette lettre dans la premiere syllabe de gygas comme dans la seconde; & si nous prononçons autrement, c'est que nous avons transporté mal - à - propos aux mots latins les usages de la prononciation françoise.
Avant l'introduction de cette lettre dans l'alphabet romain, le c représentoit les deux articulations, la forte & la foible, que & gue; & l'usage faisoit connoitre à laquelle de ces deux valeurs il falloit s'en tenir: c'est à - peu - pres ainsi que notre s exprime tantôt l'articulation forte, comme dans la premiere syllabe de Sion, & tantôt la foible, comme dans la seconde de vision. Sous ce point de vûe, la lettre qui désignoit l'articulation gue, étoit la troisieme de l'alphabet latin, comme de celui des Grecs & ces Orientaux. Mais les doutes que cette equivoque pouvoit jetter sur l'exacte prononciation, sit donner à chaque articulation un caractere particulier; & comme ces deux articulations ont beaucoup d'affinité, on prit pour expruner la foible le signe même de la forte C, en ajoûtant seulement sur sa pointe inférieure une petite ligne verticale G, pour avertir le lecteur d'en assoiblir l'expression.
Le rapport d'affinité qui est entre les deux articulations que & gue, est le principe de leur commutabilité, & de celle des deux lettres qui les représentent, du c & du g; observation importante dans l'art étymologique, pour reconnoitre les racines génératrices naturelles ou étrangeres de quantité de mots dérivés: ainsi notre mot françois Cadix vient du latin Gades, par le changement de l'articulation foible en forte; & par le changement contraire de l'articulation forte en foible, nous avons tiré gras du latin crassus; les Romains écrivoient & prononçoient indistmctement l'une ou l'autre articulation dans certains mots, vicesimus ou vigesimus, Cneius ou Gneius. Dans quelques mots de notre langue, nous retenons le caractere de l'articulation forte, pour conserver la trace de leur étymologie; & nous prononçons la foible, pour obéir à notre usage, qui peut être a quelque conformité avec celui de la latine: ainsi nous
Assez communément, la raison de ces irrégularités
apparentes, de ces permutations, se tire de la
conformation de l'organe; on l'a vû au mot
L'euphonie, qui ne s'occupe que de la satisfaction
de l'oreille, en combinant avec facilité les sons &
les articulations, décide souverainement de la proronciation,
& souvent de l'ortographe, qui en est
ou doit en être l'image; elle change non - seulement
g en c, ou c en g; elle va jusqu'à mettre g à la place
de toute autre consonne dans la composition des
mots; c'est ainsi que l'on dit en latin aggredi pour adgredi, suggerere pour sub gerere, ignoscere pour in - noscere; & les Grecs écrivoient
Il ne paroît pas que dans la langue italienne, dans l'espagnole, & dans la françoise, on ait beaucoup raisonné pour nommer ni pour employer la lettre G & sa correspondante C; & ce défaut pourroit bien, malgré toutes les conjectures contraires, leur venir de la langue latine, qui est leur source commune. Dans les trois langues modernes, on employe ces lettres pour représenter différentes articulations; & cela à - peu - près dans les mêmes circonstances: c'est un premier vice. Par un autre écart aussi peu raisonnable, on a donné à l'une & à l'autre une dénomination prise d'ailleurs, que de leur destination naturelle & primitive. On peut consulter les Grammaires italienne & espagnole: nous ne sortirons point > des usages de notre langue.
Les deux lettres C & G y suivent jusqu'à certain point le même systeme, malgré les irregularités de l'usage.
1°. Elles y conservent leur valeur naturelle devant les voyelles a, o, u, & devant les consonnes l, r: on dit, galon, gosier, Gustave, gloire, grace, comme on dit, cabanne, colombe, cuvette, clameur, crédit, [p. 408]
2°. Elles perdent l'une & l'autre leur valeur originelle devant les voyelles e, i; celle qu'elles y prennent leur est étrangere, & a d'ailleurs son caractere propre: C représente alors l'articulation se, dont le caractere propre est s; & l'on prononce cité, céleste, comme si l'on écrivoit sité, séleste: de même G représente dans ce cas l'articulation je, dont le caractere propre est j; & l'on prononce génie, gibier, comme s'il y avoit jénie, jibier.
3°. On a inséré un e absolument muet & oiseux après les consonnes C & G, quand on a voulu les dépouiller de leur valeur naturelle devant a, o, u, & leur donner celle qu'elles ont devant e, i. Ainsi on a écrit commencea, perceons, conceu, pour faire prononcer comme s'il y avoit commensa, persons, consu; & de même on a écrit mangea, forgeons, & l'on prononce manja, forjons. Cette pratique cependant n'est plus d'usage aujourd'hui pour la lettre c; on a substitué la cédille à l'e muet, & l'on écrit commença, perçons, conçu.
4°. Pour donner au contraire leur valeur naturelle aux deux lettres C & G devant e, i, & leur ôter celle que l'usage y a attachée dans ces circonstances, on met après ces consonnes un u muet: comme dans cueuillir, guérir, guider, où l'on n'entend aucunement la voyelle u.
5°. La lettre double x, si elle se prononce fortement, réunit la valeur naturelle de c & l'articulation forte s, comme dans axiome, Alexandre, que l'on prononce acsiome, Alecsandre; si la lettre x se prononce foiblement, elle réunit la valeur naturelle de G & l'articulation de ze, foible de se, comme dans exil, exemple, que l'on prononce egzil, egzemple.
6°. Les deux lettres C & G deviennent auxiliaires pour exprimer des articulations auxquelles l'usage à refusé des caracteres propres. C suivi de la lettre h est le type de l'articulation forte, dont la foible est exprimée naturellement par j: ainsi les deux mots Japon, chapon, ne different que parce que l'articulation initiale est plus forte dans le second que dans le premier. G suivi de la lettre n est le symbole de l'articulation que l'on appelle communément n mouillé, & que l'on entend à la fin des mots cocagne, regne, figne.
Pour finir ce qui concerne la lette G, nous ajoûterons une observation. On l'appelle aujourd'hui gé, parce qu'en effet elle exprime souvent l'articulation jé: celle - ci aura été substituée dans la prononciation à l'articulation gue sans aucun changement dans l'ortographe; on peut le conjecturer par les mots jambe, jardin, &c. que l'on ne prononce encore gambe, gardin dans quelques provinces septentrionales de la France, que parce que c'étoit la maniere universelle de prononcer; gambade même & gambader n'ont point de racine plus raisonnable que gambe; de - là l'abus de l'épellation & de l'emploi de cette consonne.
G dans les inscriptions romaines avoit diverses significations. Seule, cette lettre signifioit ou gratis, ou gens, ou gaudium, ou tel autre mot que le sens du reste de l'inscription pouvoit indiquer: accompagnée, elle étoit sujette aux mêmes variations.
G. V. genio urbis, G. P. R. gloria populi romani; Voyez les antiquaires, & particulierement le traité d'Aldus Manucius de veter. not. explanatione.
G chez les anciens a signifié quatre cents suivant ce vers.
G. Quadringentos demonstrativa tenebit. & même quarante mille, mais alors elle étoit chargée d'un tiret G.
G dans le comput ecclésiastique, est la septieme & la derniere lettre dominicale.
Dans les poids elle signifie un gros; dans la Musique elle marque une des clés G - ré - sol; & sur nos monnoies elle indique la ville de Poitiers. (E. R. M.)
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