ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Fusée (Page 7:393)

Fusée, (Machine à tailler les) Méchanique, Horlogerie, &c. c'est un outil dont se servent les Horlogers pour former les rainures qui sont sur les susées des montres.

On sait par ce qui précede, 1°. que la fusée est une espece de cone tronqué, sur lequel s'enveloppe une chaîne dans une ramure faite en ligne spirale, sur son contour, de la base au sommet. Un bout de la chaîne tient au barillet, & l'autre à la fusée.

2°. Que la propriété de la fusée est de rendre égale l'action du ressort sur le roüage.

3°. Qu'au moyen de la grandeur différente de ses rayons, lorsque le ressort est à son premier tour de bande, & par conséquent lorsque sa force est moindre, la chaîne s'enveloppe sur la plus grande partie de la fusée (ou plus grand rayon), & agit avec la même force sur le roüage, que dans le cas où le ressort étant monté au plus haut, la chaîne s'enveloppe sur le plus petit rayon de la fusée; & de même à tous les autres degrés de tension du ressort; car à mesure qu'on le remonte, sa force augmente: mais en même tems aussi les diametres de la fusée diminuent; de sorte que l'action du ressort sur le roüage est toûjours la même.

4°. Qu'une autre propriété de la fusée, & qui est une suite de cette égalité de force sur le roüage, est de faire marcher plus long - tems une montre, en se servant cependant d'un même ressort; ce qu'il est aisé de concevoir. Le barillet qui contient le ressort & sur lequel s'enveloppe la chaîne, est cylindrique; je le suppose du même diametre que la plus grande partie de la fusée: dans ce cas si toutes les parties du premier tour de bande du ressort étoient égales entr'elles, lorsque la fusée fait un tour, le barillet en feroit aussi un; mais comme cela n'est pas, & qu'à chaque degré de tension du ressort sa force augmente, & que, comme nous l'avons dit, les rayons de la fusée diminuent dans la même proportion, il s'ensuit de - là que pour le développement de la chaîne sur un tour de barillet, la fusée fera plus d'un tour; & elle en fera d'autant plus que le ressort deviendra plus fort, jusqu'au point qu'étant au - haut, & dans ce cas supposant que sa force devînt double de celle de son premier tour, la partie de la fusée sur laquelle la chaîne s'enveloppe, sera de la moitié plus petite qu'au premier tour, & par conséquent un tour de barillet en fera faire deux à la fusée.

5°. Qu'afin que les diametres de la fusée soient moins inégaux entre eux, on n'employe dans les montres qu'environ quatre tour, du ressort, quoiqu'ils en puissent cependant faire davantage: qu'on ne prend que les tours qui ont le plus d'égalité entre eux en ne remontant pas ce ressort jusqu'au - haut, & en ne le laissant pas développer jusqu'au - bas; d'où l'on voit par ce qui vient d'être dit, que les formes des fusées ne sont pas exactement les mêmes, & qu'elles sont relatives aux différentes forces des ressorts. Ainsi on ne les détermine que par l'exécution; car ce qui se feroit par la théorie, quoique satisfaisant, seroit en pure perte. On a acquis par l'habitude une forme approchante de celle qui convient aux fusées; de sorte qu'on les tourne d'abord de cette forme qui approche assez de celle d'une cloche; ensuite on les taille avec les outils que nous allons décrire; enfin on les égalise par le moyen d'un levier qui s'ajuste sur le quarré de la fusée. Ce levier porte un poids mobile, que l'on met d'équilibre avec la moindre force du ressort, & l'on diminue les parties de la fusée qui sont trop grosses. Voyez Levier à égaler les Fusées

Je ne connois ni l'auteur de la fusée, ni celui de la premiere machine pour les tailler. Il y a apparence que comme les premieres montres ont été faites en Angleterre, de même cette partie essentielle pour la justesse des montres y a été trouvée. Au reste ces machines n'ont pas été composées d'abord telles qu'elles sont à - présent. Je donnerai la description des deux constructions de machine à tailler les fusées. La premiere est tirée du traité d'Horlogerie de M. Thiout, pag. 66. Je ne fais que transcrire sa description; sa planche même a servi.

On dit que la seconde est de la composition de feu M. le Lievre, horloger fort habile. M. Proselle son neveu, a bien voulu me communiquer cette machine.

Description de la machine à tailler les fusées à droite & à gauche, avec la même vis, par M. Regnauld de Chaalons, p. 66. du traité d'Horlogerie de M. Thiout. « Les pieces U & X (voyez nos Planches) marquent le chassis qui porte les pieces depuis Z jusqu'en V. Z V est un arbre, que l'on peut tarauder à droite ou à gauche; cela ne fait rien, quoique celui - ci le soit à gauche, & dans le sens que sont taillées les fusées à l'ordinaire. Cet arbre est sixé sur la piece X par les deux tenons g g, qui sont la même piece que X, en le faisant entrer par g. On passe ensuite une piece en forme de canon, taraudée en - dedans y, sur le même pas que la vis. On place sur la même vis une autre piece taraudée X, qui sert à déterminer le nombre de tours que l'on veut mettre sur la fusée. On passe l'arbre dans le tenon g, & après avoir placé la manivelle T dessus en m, dont le bout est quarré, on le fixe par le moyen de l'écrou n. A la piece y est jointe celle f ou petit bras, par la cheville z qui fait charniere avec elle; & comme cette piece f est fixée au chassis par une autre cheville au point k, ce point lui sert de centre lorsque l'on tourne l'arbre. Par le moyen de la manivelle, la vis fait avancer ou vers g, ou vers X. La piece y ne peut tourner avec la vis, & se promener seulement dessus. Ce mouvement d'aller & de venir est répété sur le grand bras e, par le moyen de la traverse a a, que l'on fixe sur l'un & sur l'autre bras par les chevilles b, que l'on met dans les trous dont on a besoin, à proportion des hauteurs de fusée. Ce grand bras a vers son milieu un emboîtement L percé quarrément, dans lequel passe la piece L, dont une partie de la longueur est limée quarré; elle remplit l'emboîtement L: l'autre partie est taraudée & passée dans un écrou N; elle sert à faire avancer ou reculer la piece L, qui à l'autre extrémité porte une tête fendue, dans laquelle on fixe à charniere la piece H, par la cheville L; laquelle piece H porte à l'autre bout l'échope G, qui passe au - travers de la tête de cette piece, où elle est fixée par la vis 7. L'arbre Z V porte une alonge ou assiette C, percée en canon, laquelle entre dans l'arbre, & y est fixée par une cheville à l'endroit Z. C'est dessus cette assiette que l'on fait porter la base de la fusée A, dont la tige entre dans le canon B du tasseau ou assiette. Cette fusée est fixée à cet endroit par l'autre vis D, pour y être taillée.

Tout étant aiusi disposé, il faut considérer deux mouvemens différens au grand bras e; par exemple, si on le fixe au chassis par une de ses extrémités, & par la cheville R; & que l'on tourne la manivelle T, tellement que la piece y avance vers G, & qu'alors on baisse la barre H qui porte l'échoppe G jusqu'à ce qu'elle touche la superficie de la fusée A; cette fusée se taillera dans le sens que la vis de l'arbre z v est taraudée, qui est à gauche. Si au contraire on ôte la cheville R, qui servoit à fixer le grand bras e; & que l'on donne à [p. 394] ce grand bras pour centre de mouvement le point P, en y plaçant la vis p dont l'assiette O arrête le grand bras: alors, si vous tournez la manivelle dans le même sens que vous avez fait ci - devant, le haut du grand bras e ira vers W; au lieu qu'auparavant il alloit vers d: la piece H, par conséquent, ira aussi dans un sens contraire à celui qu'il avoit auparavant. Ainsi on ne taillera la fusée que lorsque l'on tournera la manivelle de l'autre côté. Il faut observer de retourner le bec de l'échope G de l'autre côté, quand on veut tailler à droite. La portion de cercle Q Q est pour contenir le grand bras par le bout, & passe dans un empatement fait à la piece S qui tient au chassis: On voit que le bout supérieur du bras e est fendu en fourche dans laquelle passe la barre d, pour lui servir de guide, lorsque l'on a ôté la vis p & remis la cheville R, pour tailler à gauche.

Il faut aussi que la piece F soit fendue, afin de servir d'appui à la piece H lorsqu'on la fait descendre, pour que l'échoppe touche à la fusée».

Dans toutes les machines à tailler les fusées, on a toûjours eu en vûe de former des especes de pas de vis sur la fusée, pour contenir la chaîne, ainsi que nous l'avons dit. Or il y avoit deux moyens pour produire cet effet; l'un de faire mouvoir la fusée sur la longueur de son arc, comme on le fait pour former des pas de vis autour; l'autre, qui est la meilleure & la plus simple, c'est de faire mouvoir le burin qui doit former les pas de la fusée: c'est en effet le dernier principe dont on a toûjours fait usage. Pour faire mouvoir le burin ou échope, il y a encore différens moyens; & c'est par - là particulierement que differe la machine de M. le Lievre, dont nous allons parler. On a vû dans la description précédente, que l'arbre qui porte la fusée, ainsi que la manivelle, est une vis qui fait mouvoir un levier qui porte l'échope; & que suivant les différens points d'appui que l'on donne à ce levier, il fait parcourir à l'échope des espaces plus ou moins grands par rapport à un tour de la vis; espaces qui determinent le nombre de tours de vis ou rainures de la fusée, pour les différentes hauteurs de la fusée. Dans cette construction de M. le Lievre, l'axe qui porte la manivelle de la fusée, porte un pignon qui engrene dans une espece de cramaillere ou longue regle: cette regle se meut sur le chassis; elle en porte une seconde de même longueur, qui forme un angle ou plan incliné avec elle: celle - ci agit contre un levier qui porte le burin: ainsi en faisant tourner la maniveile, & par conséquent le pignon & la fusée, la regle qui porte le plan incliné se meut sur la longueur, & fait mouvoir le burin; & suivant que l'on donne plus ou moins d'inclinaison au côté de la regle, le burin fait plus ou moins de chemin pour un tour de manivelle: venons à la description de cet outil de M. le Lievre.

On voit dans nos Planches d'Horlogerie cette machine représentée en entier. A A, B B, est la piece principale ou chassis, lequel est d'une seule piece & de cuivre fondu: il porte un talon T, qui sert à tenir cette machine dans l'étau lorsque l'on veut s'en servir. L'axe V V, qui porte le pignon p de 12, se meut dans les parties saillantes C C du chassis. R R est la regle dentée; elle se meut sur la partie 1, 2, 3, 4, du chassis, creusée de sorte que cette regle y entre juste: son mouvement se fait perpendiculairement à l'axe du pignon p.

L L est une seconde regle attachée après la regle R R; elle est de même longueur que la premiere, & mobile au point m; on la fait mouvoir par son extrémité h, au moyen de la vis Q; ensorte qu'on lui fait faire des angles différens qui servent, comme je l'ai dit, à faire les pas de la fusée plus près ou plus distans; chose relative à la hauteur des montres & au tems qu'on veut les faire marcher. La piece i, g, mobile en g, porte un talon qui appuie continuellement contre la regle L L: un ressort r qui agit sur le levier p p, qui se met au point o, sert à cet effet, & par conséquent à faire parcourir à cette piece i g, & au levier où elle tient, des espaces relatifs aux différens angles, que fait la regle L L avec celle R; c'est ce mouvement qui sert à promener le burin, & à former les pas de la fusée. La piece D D sur laquelle est ajoûté le coulant qui porte le burin, est moblle au point l du levier p; elle se meut donc ainsi que le levier p sur la longueur de l'axe du pignon p (ou de la fusée, ce qui est le même). La piece D se meut encore dans un autre sens, qui est en s'approd & s'éloignant de l'axe de la fusée f; ce mouvement sert pour faire suivre au burin la forme de la fusée déterminée par les courbes faites à la piece H, sur laquelle vient poser la vis U qui tient au coulant qui porte le burin; cela regle la forme de la fusée & la profondeur des pas. Cette piece D D exige un ajustement fait avec soin, une grande solidité; celle - ci passe dans des fentes faites aux pieces K K, comme on le voit dans nos figures; à l'endroit K cette piece est vûe de prosil.

Une autre figure montre l'ajustement du levier p p vû dans un autre sens, & la façon dont se meuvent les pieces g i & D D, & comment il se meut lui - même sur la piece ou chassis A A B B, aux points o o. La piece D est mobile aux points l l, hauteur de l'axe du pignon & de la fusée; elle tient à celle D D; la piece g i est mobile aux points g g du levier p; q est le prolongement du pignon p; il est quarré & entre dans la manivelle, ensorte que par son moyen on fait tourner la fusée, les regles RR, LL, & par conséquent le burin.

La machine que je viens de décrire ne taille les fusées que du même sens de la base au sommet, & il est cependant nécessaire de pouvoir en tailler de l'autre, pour servir dans le cas où on ajoûte une roue de plus dans une montre, ou dans tout autre qui exige que la montre se remonte du sens contraire, ce qui s'appelle remonter à droite ou à gauche. Pour remédier à cette difficulté, M. Gédeon Dudal horloger, a construit une machine à tailler les fusées, àpeu - près dans les mêmes principes de celle - ci, mais qui en differe par cette propriété de tailler les fusées à droite & à gauche; pour cet effet il a rendu le levier LL mobile au milieu de sa longueur, comme au point x, au lieu de l'être en m; ensorte qu'on fait faire des angles à la regle LL dont les sommets sont situés ou au bout I de la regle R, ou à celui E, suivant le côté que l'on veut tailler sa fusée; pour cet effet il ne faut que faire approcher ou cloigner le point K de I, au moyen de la vis C.

M. Admyrauld a aussi construit un outil qui a les mêmes propriétés de tailler à droite & à gauche; c'est en rendant le levier L L mobile alternativement au point m comme à celle ci, ou à un autre point placé dans l'autre bout I; il s'est aussi servi d'une cramailliere & des autres principes de celle que j'ai décrite. Je ne m'arrête done qu'à ce qui différencie ces trois machines à tailler les fusées. Passons à quelques observations.

Pour tailler une fusée, il faut commencer par la fixer aux pieces t t que porte l'arbre ou pignon p v. ces pieces se rejoignent au centre de cet arbre, & y forment un trou quarré dans lequel on fait entrer la partie quarrée de l'axe de la fusée, & en serrant les visses 6, 6, cela fixe la fusée; l'autre bout de la fusée qui se termine en pointe, pose au centre de la broche E qui passe dans le canon G de la piece G K; il y a une vis de pression 7 qui fixe cette broche. Presentement si on veut tailler une fusée qui puisse contenir six tours de chaîne, je suppose, il faut tourner [p. 395] la manivelle de droite à gauche pour ramoner le point F de la cramaillere pres de l'arbre p V, ensorte que le burin se trouve situe à la base de la fusée, à l'endroit où doit commencer le premier silet ou tainure: alors faisant tourner la manivelle de gauche à droite, on comptera le nombre de tours que fait la manivelle, & par conséquent la fusée, tandis que le burin parcourt la hauteur du cone; s'il fait plus de six tours demandés, il faut, au moyen de la vis Q, eloigner le point h de celui I, ou ce qui est le même, faire que l'angle hIL soit plus ouvert, & au contraire le diminuer si la manivelle ne fait pas six tours pendant que le burin parcourt la fusée de la base au sommet, & ainsi jusqu'à ce que les six tours demandés se fassent exactement. Il faut ensuite retourner la manivelle en ramenant le burin à la base de la fusée, où, comme j'ai dit, doit commencer le premier point de la rainure; faire appuyer le burin en pressant la piece DD au point O, & ainsi tourner la manivelle de gauche à droite jusqu'à ce qu'elle ait fait six tours. Le burin ou échope est sixé sur le coulant W, la vis g v regle sur la couibe H l'enfoncement du burin dans la fusée. 8 est une vis pour fixer le coulant W sur la piece D D; cette rainure de la fusée se fait en ramenant à plusieurs reprises le burin à la base de la fusée, & en continuant à appuyer pour que le burin coupe lorsqu'il va de la base au sommet, &c.

Ce que je viens de dire pour tailler une fusée ordinaire, servira à donner une idée d'opération que la pratique même étendra. Il faut employer les mêmes raisonnemens pour tailler de l'autre côté, & recourir à la description de la machine. Article de M. Ferdinand Birthoud.

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