ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"406"> parties de cette armée. Le chevalier de Folard en rapporte plusieurs exemples tant anciens que modernes, dans son commentaire sur Polybe, II. vol. pp. 444. & suivantes. On en trouve aussi dans l'art de la Guerre par M. le maréchal de Puysegur, qui observe que les fautes de cette espece sont aussi anciennes que la guerre. « Il est si naturel, dit cet auteur, à des hommes qui combattent de la main pour s'ôter la vie, de ne songer qu'à ce qui se passe où ils sont, & non à ce qui se fait ailleurs, que quand ils ont tant fait que de renverser ceux contre lesquels ils combattoient, il n'est pas surprenant qu'ils cherchent à profiter de l'avantage qu'ils ont pris sur eux au péril de leur vie; & il n'y a que l'art & la science de la Guerre qui puissent mettre de justes bornes à cette poursuite ». Art de la Guerre, liv. II. page 80. (Q)

Fuyard (Page 7:406)

Fuyard, (de milice) art milit. ce mot pris substantivement, signifie un sujet miliciable, qui ayant été averti de se rendre au jour indiqué pardevant le commissaire préposé à la levée de la milice, pour y tirer au sort, & qui ayant négligé ou refusé de s'y trouver, a été déclaré fuyard par le procès - verbal du tirage de la milice, sur la dénonciation du syndic ou des garçons de la communauté.

Les garçons ou hommes mariés miliciables qui tombent dans ce cas, doivent être poursuivis & contraints de servir pendant dix ans, à la décharge de ceux auxquels le sort est échû, & qui les arrêtent, ou des communautés qui ont des miliciens à fournir.

Ceux qui pour raisons légitimes ne peuvent se présenter à la levée, doivent commettre une personne, à l'effet de déclarer les causes de leur absence, & de tirer pour eux, à peine d'être déclarés fuyards.

Ceux qui sont engagés pour entrer par la suite dans un état qui doit les exempter du service de la milice, ne sont pas pour cela exempts de tirer au sort.

Ceux qui se prétendent engagés dans les troupes, doivent en justifier par certificats des officiers qui ont reçû leurs engagemens, & cependant joindre sans délai leurs régimens, sans pouvoir reparoître dans la province, même avec congé, qu'ils ne justifient qu'ils ont joint leurs corps & passé en revûe, à peine d'être arrêtés & mis en prison pour six mois, & con<cb-> damnés de servir dans la milice pendant dix ans; ils encourent la même peine si après avoir joint ils restent plus de six mois dans la province.

Ceux qui ont été déclarés fuyards ne sont plus reçûs à tirer au sort, ni déchargés de cette qualité, au cas que par surprise ou autrement, ils parviennent à s'y faire admettre.

Les fuyards arrêtés sont présentés au commissaire chargé de la levée, & par lui constitués miliciens.

Les fuyards constitués milicens, doivent servir dans la milice pendant dix ans, n'ont pas le droit d'en faire constituer d'autres en leur place, & sont sujets, comme tout autre milicien, aux peines des ordonnances concernant le service de la milice.

Ceux qui pretendent avoir des raisons valables pour se faire décharger de la qualité de fuyard, doivent les exposer à l'intendant de la province, qui y prononce suivant le mérite de la demande.

Tous ces moyens violens employés pour forcer des citoyens à embrasser un état pénible & souvent dangereux, auquel leurs inclinations répugnent, semblent attaquer les droits de la nature & de la société; mais on abandonnera cette opinion, si l'on veut bien considérer que dans tout état l'intérêt général est le fondement & la mesure de ces droits; que l'homme est à la société ce que la société est à lui; qu'il lui doit les mêmes secours relatifs qu'il peut en prétendre pour sa conservation & son bonheur, & que tout individu dans un corps politique ne peut en être regardé que comme ennemi, quand il lui refuse ces secours, & qu'il sacrifie la chose publique à son avantage particulier.

Il y a autant de moyens de servir la patrie, que de classes différentes de citoyens; celui du service de la milice est un des plus nécessaires, & en même tems des plus onéreux aux sujets; le bien général & particulier exigent que la charge en soit répartie sur le plus grand nombre d'hommes possible, préférablement sur ceux qui n'ont pas d'état, d'industrie, ou fonctions essentielles pour la société, & que le législateur sévisse contre ceux qui, sans raisons légitimes, cherchent à s'y soustraire par des moyens frauduleux. Voyez Levée des Troupes. Cet article est de M. Duriv al le jeune. [omission: image; to see, consult fac-similé version] [p. 407] [omission: image; to see, consult fac-similé version]

G (Page 7:407)

G, s. m. (Gramm.) c'est la troisieme lettre de l'alphabet des Orientaux & des Grecs, & la septieme de l'alphabet latin que nous avons adopté.

Dans les langues orientales & dans la langue greque, elle représentoit uniquement l'articulation gue, telle que nous la faisons entendre à la fin de nos mots françois, digue, figue; & c'est le nom qu'on auroit dû lui donner dans toutes ces langues: mais les anciens out eu leurs irrégularités & leurs écarts comme les modernes. Cependant les divers noms que ce caractere a reçus dans les différentes langues anciennes, conservoient du - moins l'articulation dont il étoit le type: les Grecs l'appelloient gamma, les Hébreux & les Phéniciens gimel, prononcé comme guimauve; les Syriens gomal, & les Arabes gum, prononcé de la même maniere.

On peut voir (article C & méth. de P. R.) l'origine du caractere g dans la langue latine; & la preuve que les Latins ne lui donnoient que cette valeur, se tire du témoignage de Quintilien, qui dit que le g n'est qu'une diminution du c: or il est prouvé que le c se prononçoit en latin comme le kappa des Grecs, c'est - à - dire qu'il exprimoit l'articulation que, & conséquemment le g n'exprimoit que l'articulation gue. Ainsi les Latins prononçoient cette lettre dans la premiere syllabe de gygas comme dans la seconde; & si nous prononçons autrement, c'est que nous avons transporté mal - à - propos aux mots latins les usages de la prononciation françoise.

Avant l'introduction de cette lettre dans l'alphabet romain, le c représentoit les deux articulations, la forte & la foible, que & gue; & l'usage faisoit connoitre à laquelle de ces deux valeurs il falloit s'en tenir: c'est à - peu - pres ainsi que notre s exprime tantôt l'articulation forte, comme dans la premiere syllabe de Sion, & tantôt la foible, comme dans la seconde de vision. Sous ce point de vûe, la lettre qui désignoit l'articulation gue, étoit la troisieme de l'alphabet latin, comme de celui des Grecs & ces Orientaux. Mais les doutes que cette equivoque pouvoit jetter sur l'exacte prononciation, sit donner à chaque articulation un caractere particulier; & comme ces deux articulations ont beaucoup d'affinité, on prit pour expruner la foible le signe même de la forte C, en ajoûtant seulement sur sa pointe inférieure une petite ligne verticale G, pour avertir le lecteur d'en assoiblir l'expression.

Le rapport d'affinité qui est entre les deux articulations que & gue, est le principe de leur commutabilité, & de celle des deux lettres qui les représentent, du c & du g; observation importante dans l'art étymologique, pour reconnoitre les racines génératrices naturelles ou étrangeres de quantité de mots dérivés: ainsi notre mot françois Cadix vient du latin Gades, par le changement de l'articulation foible en forte; & par le changement contraire de l'articulation forte en foible, nous avons tiré gras du latin crassus; les Romains écrivoient & prononçoient indistmctement l'une ou l'autre articulation dans certains mots, vicesimus ou vigesimus, Cneius ou Gneius. Dans quelques mots de notre langue, nous retenons le caractere de l'articulation forte, pour conserver la trace de leur étymologie; & nous prononçons la foible, pour obéir à notre usage, qui peut être a quelque conformité avec celui de la latine: ainsi nous écrivons Claude, cieogne, second, & nous prenonçons Glaude, cigogne, segond. Quelquefois au con traire nous employons le caractere de l'articulation foible, & nous prononçons la forte; ce qui arrive sur tout quand un mot finit par le caractere g, & qu'il est suivi d'un autre mot qui commence par une voyelle ou par un h non aspiré: nous écrivons sang épais, long hyver, & nous prononçons san - k - épais, lon k hyver.

Assez communément, la raison de ces irrégularités apparentes, de ces permutations, se tire de la conformation de l'organe; on l'a vû au mot Fréquentatif, où nous avons montré comment ago & lego ont produit d'abord les supins agitum, legitum, & ensuite, à l'occasion de la syncope, actum, lectum.

L'euphonie, qui ne s'occupe que de la satisfaction de l'oreille, en combinant avec facilité les sons & les articulations, décide souverainement de la proronciation, & souvent de l'ortographe, qui en est ou doit en être l'image; elle change non - seulement g en c, ou c en g; elle va jusqu'à mettre g à la place de toute autre consonne dans la composition des mots; c'est ainsi que l'on dit en latin aggredi pour adgredi, suggerere pour sub gerere, ignoscere pour in - noscere; & les Grecs écrivoient A)GGELOS2, A)GKURA, *A)GKI/<-> SHS2, quoiqu'ils prononçassent comme les Latins ont prononcé les mots angelus, ancora, Anchises, qu'ils en avoient tirés, & dans lesquels ils avoient d'abord conservé l'ortographe greque, aggelus, agcora, Agchises: ils avoient même porté cette pratique, au rapport de Varron, jusque dans des mots purement latins, & ils écrivoient aggulus, agceps, iggero, avant que décrire angulus, anceps, ingero: ceci donne lieu de soupçonner que le g chez les Grecs & chez les Latins dans le commencement, étoit le signe de la nasalité, & que ceux - ci y substituerent la lettre n, ou pour faciliter les liaisons de l'écriture, ou parce qu'ils jugerent que l'articulation qu'elle exprime étoit effectivement plus nasale. Il semble qu'ils ayent aussi fait quelque attention à cette nasalité dans la composition des mots quadringenti, quingenti, où ils ont employé le signe g de l'articulation foible gue, tandis qu'ils ont conservé la lettre c, signe de l'articu lation forte que, dans les mots ducenti, sexcenti, ou la syllabe précédente n'est point nasale.

Il ne paroît pas que dans la langue italienne, dans l'espagnole, & dans la françoise, on ait beaucoup raisonné pour nommer ni pour employer la lettre G & sa correspondante C; & ce défaut pourroit bien, malgré toutes les conjectures contraires, leur venir de la langue latine, qui est leur source commune. Dans les trois langues modernes, on employe ces lettres pour représenter différentes articulations; & cela à - peu - près dans les mêmes circonstances: c'est un premier vice. Par un autre écart aussi peu raisonnable, on a donné à l'une & à l'autre une dénomination prise d'ailleurs, que de leur destination naturelle & primitive. On peut consulter les Grammaires italienne & espagnole: nous ne sortirons point des usages de notre langue.

Les deux lettres C & G y suivent jusqu'à certain point le même systeme, malgré les irregularités de l'usage.

1°. Elles y conservent leur valeur naturelle devant les voyelles a, o, u, & devant les consonnes l, r: on dit, galon, gosier, Gustave, gloire, grace, comme on dit, cabanne, colombe, cuvette, clameur, crédit,

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