ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"367"> tes anodynes, que les Medecins conseillent de recevoir sur une chaise de commodité, pour appaiser les douleurs hémorrhoïdales. Telles sont encore les vapeurs du vinaigre que l'on tient sur le feu, & qui se répandent dans l'air, pour en purifier l'atmosphere dans les maladies contagieuses & pestilentielles.

On conçoit déjà que la matiere des fumigations humides est toute liqueur qui peut par l'action du feu se résoudre en vapeurs; par exemple, l'eau, le lait, le petit - lait, le vin, le vinaigre, l'esprit - de - vin, l'urine, les préparations officinales, comme les eaux distillées, les teintures, les essences, les esprits, les infusions, les décoctions, &c. Les vapeurs humides se tirent de toutes ces choses, ou en les enflammant, ou ce qui est le plus ordinaire, en les faisant bouillir sur le feu. Ce seroit sans doute une chose ridicule, que d'employer pour fumigations humides, des mixtes dont la vertu ne pourroit se volatiliser par la chaleur de la liqueur bouillante. Par conséquent, les astringens, les extraits épaissis par la coction, les parties fixes des animaux & des fossiles, ne sauroient convenir.

S'il faut appliquer de fort près la vapeur humide sur le corps, on a inventé pour y parvenir des loges, des siéges, des coffres, des machines voûtées, ou le malade debout, assis, couché, ayant la tête en - dehors, étant nud, ou simplement couvert d'un linge fin, reçoit la vapeur qui s'éleve de la liqueur bouillante ou enflammée. S'il s'agit de diriger les vapeurs dans quelque cavité du corps, par exemple, dans l'oreille, les narines, le pharynx, les bronches, le vagin. l'uterus, le fondement; on se sert d'entonnoirs faits exprès.

Enfin, comme les vapeurs élevées par le feu sont d'une extrème pénétrabilité, & que le medecin n'a d'autre but que le soulagement & la guérison de son malade; c'est à lui bien instruit, qu'il appartient dans chaque cas particulier de prescrire combien de tems doit durer la fumigation humide, combien de fois il faut la répéter, ce qu'il convient de faire avant, pendant, & après le remede.

Les fumigations seches, connues par quelques - uns sous le nom de parfums, se pratiquent en exposant la partie malade à la fumée de quelque médicament externe sec, inflammable, ou volatil, qu'on brûle sur des charbons ardens, & dont on introduit la fumée par artifice dans les ouvertures extérieures du corps humain. C'est ainsi qu'on employe la fumigation de l'ambre, du castoréum, du jayet, dans les suffocations de matrice; la fumigation du soufre dans les maladies cutanées, & quelquefois les fumigations mercurielles dans les maux vénériens. Voyez Fumigation mer curielle.

On employe les fumigations seches dans la cure prophylactique & thérapeutique, pour fortifier, échauffer, résoudre, dessécher: en conséquence, on expose aux fumigations seches des morceaux de flanelle ou de toile, avec lesquels on peut frotter les parties malades, & de telles frictions méritent de n'être pas négligées. Voyez Friction.

Mais il faut remarquer que dans les fumigations seches, ainsi que dans les fumigations humides, le medecin doit toûjours faire attention à la porosité de toute l'habitude du corps, à la sensibilité, à la délicatesse des parties internes, enfin à cette force étonnante du feu, qui sépare le principe des corps concrets, & qui les change entierement. Ces sortes d'attentions sont nécessaires, afin de choisir les matieres qui conviennent au but qu'on se propose, & qui peuvent soulager les parties malades, sans nuire à celles qui sont saines. (D. J.)

Fumigation mercurielle (Page 7:367)

Fumigation mercurielle, (Chirurgie.) espece particuliere de subfumigation employée par quelques personnes au traitement des maladies vé<cb-> nériennes, en faisant recevoir la vapeur du cinnabre, ou de quelque autre préparation mercurielle, pour exciter le flux de bouche dans la vérole.

Thierry de Hery, célebre chirurgien de Paris, qui a apporté vers le milieu du xv. siecle, d'Italie en France, la méthode des frictions, propose les fumigations mercurielles comme un moyen subsidiaire dans plusieurs cas. On a voulu depuis peu en faire une méthode universelle, & donner cette fumigation en couvrant entierement le malade d'un drap ou d'une couverture, les yeux & la bouche bandés, afin qu'il puisse recevoir la vapeur mercurielle par le nez. Les épreuves de cette méthode ont été faites aux Invalides & à l'hopital de Bicêtre, sous l'autorité des ministres & des magistrats; elles ont trouvé pour protecteurs une partie des personnes chargées d'en examiner les effets. Les Chirurgiens guidés par l'expérience qu'ils ont acquise dans le traitement de cette maladie, n'ont point été les partisans de quelques réussites apparentes de ces tentatives; elles ont eu en peu de tems le sort de presque toutes les nouveautés qui s'introduisent dans la pratique de l'art de guérir, & qu'on voit tomber peu - après dans l'oubli, jusqu'à ce que quelque homme entreprenant & avide tâche d'en tirer parti & d'en imposer au public, qui se laisse aisément séduire par ceux qui lui promettent guérison par des voies extraordinaires.

M. Col de Villars approuve dans son petit dictionnaire des termes de Medecine & de Chirurgie, l'usage des fumigations mercurielles. Elles réusissent sans inconvénient, dit cet auteur, pourvû que la dose du remede soit petite, & que la fumigation ne dure que deux ou trois minutes. De cette maniere le mercure ne cause point de salivation: quand elle paroît, continue M. de Villars, on cesse la fumigation, & on purge le malade.

Instruits par l'exercice & la pratique de l'Art, les Chirurgiens n'admettent point les fumigations, comme une méthode générale, complette, & qu'on puisse substituer aux frictions dont elles n'ont pas les avantages; nous ne devons cependant pas les rejetter absolument: quoiqu'elles ayent été dans tous les tems la méthode de quelques empyriques, des mains habiles pourront quelquefois trouver des ressources dans leur usage. Les fumigations peuvent seconder efficacement & faciliter l'opération des frictions: celles - ci sont quelquefois insuffisantes pour déraciner entierement les maux vénériens. Lorsqu'on a emporté les principaux accidens, s'il y a des parties affligées de quelque reste de vérole, on peut les exposer aux fumigations. Hery, notre premier maître en cette partie, a traité des malades qui en ont éprouvé les plus heureux succès; elles ont emporté des caries qui rongeoient les os du nez: voyez Ozene. Elles ont soulagé des affections même du poumon. Par quelle autre voie auroit - on pû appliquer le mercure immédiatement sur ces vices locaux?

Lorsque le virus vénérien n'a point déconcerté toute l'économie animale, & que quelques parties en sont seulement infectées, leurs accidens peuvent être soûmis à l'administration locale du spécifique anti - vénérien par le moyen des fumigations. M. Bruyere de l'académie royale de Chirurgie, lut à la séance publique de cette compagnie le 7 Juin 1746, une observation sur une tumeur au genou, dont les douleurs étoient si violentes, que la personne ne pouvoit supporter l'application d'une simple compresse trempée dans une décoction anodyne. M. Bruyere après les préparations générales, jugea que l'administration du mercure étoit nécessaire: mais comme la méthode ordinaire lui étoit interdite, parce que la malade s'obstinoit à ne lui point faire l'aveu de la vraie cause de son mal; entre plusieurs autres moyens accessoires, quoique moins sûrs, & [p. 368] souvent inefficaces, il se détermina en faveur des fumigations faites sur la partie malade; elles procurerent une salivation très - médiocre, mais beaucoup d'évacuations par les selles, les sueurs, & les urines; la tumeur & la douleur diminuerent de jour en jour, & enfin la malade fut parfaitement rétablie au bout de deux mois au moyen de vingt fumigations, des purgatifs, & de l'usage du lait. On peut lire le détail de cette cure dans le mercure de France, mois de Décembre 1746.

La fig. 12. Pl. VII. chirur. représente un entonnoir pour recevoir les fumigations dans le vagin. (Y)

FUMISTE (Page 7:368)

FUMISTE, s. m. (Arts méc.) On appelle ainsi celui qui empêche ou qui prétend empêcher les cheminées de fumer. Sur quoi voyez l'article Cheminée.

FUNAMBULE (Page 7:368)

FUNAMBULE, danseur de corde. Voyez Scenobate.

FUNCHAL (Page 7:368)

FUNCHAL, (Géog.) ville de l'Océan atlantique, vers les côtes de Barbarie, capitale de l'ile de Madere, sous la domination du roi de Portugal, avec un évêché suffragant de Lisbonne, un port & plusieurs forts. Le P. Biet qui y passa en 1652, l'appelle Fonsaie, & la décrit dans son voyage de la terre équinoctiale. Son commerce consiste en confitures & en vins. Lon. suivant le P. Laval jésuite, 2d. 55'. 15". lat. 32d. 37'. 53". (D. J.)

FUNEBRE (Page 7:368)

* FUNEBRE, (Gramm.) qui appartient aux funérailles. Ainsi l'on dit, pompe funebre, oraison funebre, jeux funebres.

Les jeux funebres consistoient en des processions & des combats de gladiateurs, que l'on donnoit autour du bûcher. Voyez Gladiateur, Funérailles.

Funebre (Page 7:368)

Funebre, (Colonne) Architect. antiq. c'etoit une colonne surmontée d'une urne, dans laquelle on supposoit enfermees les cendres de quelque mort. Le fût de cette colonne étoit parseme de larmes & de flammes, qui sont les symboles de la Tristesse & de I'Immortalité. Rien ne convenoit mieux au témoignage de la douleur & du sentiment. (D. J.)

FUNEN ou FUYNEN (Page 7:368)

FUNEN ou FUYNEN, (Géog.) en latin Finnia, île considérable de Danemark, d'une figure presque ronde, dans la mer Baltique, entre l'île de Zeland dont elle est séparée à l'est par le grand Belt, & le sud - Jutland, dont elle est aussi séparée à l'oüest par le petit Belt. Cette ile est fort peuplée, abondante en grains, en pâturages, en chevaux très - estimés, & elle est l'apanage du fils aîné du roi de Danemark. Odensée en est la capitale. Long. 27d. 26 - 28. 40. lat. 55d: 6.50. (D. J.)

FUNER (Page 7:368)

FUNER un mât, (Marine.) c'est garnir le mât de son étai, de ses haubans, & de sa manoeuvre. Le défuner, c'est les ôter. Quand par de gros tems on veut mettre bas les mâts de hune ou le perroquet, il faut les défuner. (Z)

FUNER AILLES (Page 7:368)

FUNER AILLES, s. m. pl. (Hist. anc.) ce mot est dérivé du latin funus, & celui - ci de funalia; parce que les torches (funes cerâ circumdati) étoient d'usage dans les enterremens des Romains.

Les funérailles sont les derniers devoirs que l'on rend à ceux qui sont morts, ou, pour mieux dire, c'est un appareil de la vanité & de la misere humaine. Voyons quelles étoient les cérémonies de cet appareil chez les Egyptiens, les Grecs, & les Romains; car l'histoire en parle si souvent, qu'il est nécessaire d'entrer dans quelques détails à ce sujet.

Funérailles (Page 7:368)

Funérailles des Egyptiens. Les Egyptiens sont les premiers de tous les peuples qui ont montré le plus grand respect pour les morts, en leur érigeant des monumens sacrés, propres à porter aux siecles futurs la mémoire des vertus qu'ils avoient cultivées pendant leur vie. Voici comme on se conduisoit pour les particuliers.

Quand quelqu'un étoit mort dans une famille, les parens & les amis commençoient par prendre des habits lugubres, s'abstenoient du bain, & se privoient de tous les plaisirs de la bonne - chere. Ce deuil duroit jusqu'à quarante & soixante - dix jours Pendant ce tems - là on embaumoit le corps avec plus ou moins de dépense. Des que le corps étoit embat mé, on le rendoit aux parens qui l'ensermoient dans une espece d'armoire ouverte, où ils le plaçoient debout & droit contre la muraille, soit dans leur maisons, soit dans les tombeaux de la famille. C'est par ce moyen que la reconnoissance des Egyptiers envers leurs parens se perpétuoit d'âge en âge. Les enfans en voyant le corps de leurs ancêtres, se souvenoient de leurs vertus que le public avoit reconnues, & s'excitoient à aimer les préceptes qu'ils leur avoient laissés. J'ai dit des vertus que le pub avoit reconnues; parce que les morts avant d'être a mis dans l'asyle sacré des tombeaux, devoient subir un jugement solennel; & cette circonstance des funêrailes chez les Egyptiens, offre un fait des plus remarquables de l'histoire de ce peuple.

C'est une consolation en mourant de laisser un nom qui soit en estime; & de tous les biens humains, c'est le seul que le trépas ne peut ravir: mais il falloit en Egypte mériter cet honneur par la décrsion des juges: car aussi - tôt qu'un homme étoit privé du jour, on l'amenoit en jugement, & tout accusateur public étoit écouté. S'il prouvoit que la conduite du mort eût été mauvaise, on en condamnoit la mémoire, & il étoit privé de la sépulture; si le mort n'étoit convaincu d'aucune faute capitale, ou l'ensevelissoit honorablement.

Les rois n'étoient pas exempts du jugement qu'il falloit subir après la mort; & en conséquence d'un jugement défavorable, quelques - uns ont été privés de la sépulture; coûtume qui passa chez les Israelites. En effet nous lisons dans l'Eeriture - sainte, que les méchans rois d'Israel n'etoient point ensevelis dans les tombeaux de leurs ancêtres.

Lorsque le jugement qui avoit été prononcé se trouvoit à l'avantage du mort, on procédoit aux céremonies de l'inhumation; ensuite on faisoit son panegvrique, & où on ne comptoit pour objets de vraies loüanges, que ceux qui émanoient du mérite persennel du mort. Les titres, la grandeur, la naissance, les biens, les dignités, n'y entroient pour rien; parce que ce sont des présens du hasard & de la fortune: mais on loüoit le mort de ce qu'il avoit cultive la pieté à l'égard des dieux, la justice envers ses égaux, & toutes les vertus qui font l'homme de bien; alors l'assemblée prioit les dieux de recevoir de mort dans la compagnie des justes, & de l'associer à leur bonheur.

Funérailles (Page 7:368)

Funérailles des Grecs. Nous passons aux funérailles des Grecs qui suivirent l'usage de la république d'Athenes. Ce fut la premiere année de la guerre du Péloponese, que les Athéniens firent des funérailles publiques à ceux qui avoient été tués dans cette campagne, & ils pratiquerent depuis cette cérémonie, tant que la guerre subsista. Pour cela on dressoit, trois jours auparavant, une tente, où l'on exposoit les ossemens des morts, & chacun jettoit sur les ossemens des fleurs, de l'encens, des parfums & autres choses semblables; puis on les mettoit sur des chariots dans des cercueils de cyprès, chaque tribu ayant son cercueil & son chariot séparé; mais il y avoit un chariot qui portoit un grand cercueil vuide, pour ceux dont on n'avoit pû trouver les corps: c'est ce qu'on appelloit cenotaphe. La marche se faisoit avec une pompe grave & religieuse; un grand nombre d'habitans, soit citoyens, soit étrangers, assistoit avec les parens à cette lugubre cérémonie. On portoit ces ossemens dans un monument public, au plus beau fauxbourg de la ville, appellé le céramique, ou l'on renfermoit de tout tems ceux qui étoient morts

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