ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"259"> vous en servez pour donner ce qu'on appelle le fond, a vos peaux lustrées: mais pour un cent de peaux de renard, il n'en faut que 25 pintes; vous séparerez cette quantité en deux; vous tiendrez l'une à part, & vous tremperez vos peaux dans l'autre. A mesure que vous les tremperez, vous les tordrez bien, & vous les jetterez dans le cuvier, ou vous aurez mis séparément le restant de votre composition. Quand elles y seront toutes, vous y entrerez les jambes nues; les foulerez, & les tiendrez dans ce cuvier pendant deux jours, les foulant de huit en huit heures. Cela fait, vous les tordrez; vous les prendrez par le dessus du quarré & le bas de la culée, & les secouerez sortement pour faire revenir le poil; & pour que les peaux sechent plus facilement, vous les étendrez sur un cordeau à l'air: vous ne les quitterez point pendant ce tems; vous vous occuperez à en manier le cuir, pour l'empêcher de durcir, toûjours secouant la peau, la corrompant avec les mains, & restituant le poil à sa place.

Lorsque les peaux sont seches, on refait de la composition ou du lustre; & l'on en redonne une couche, afin de replacer entierement le poil. On les fait sécher; seches, on les porte à la cave, où on les étend le cuir contre la terre, afin de leur faire prendre de l'humidité: alors on a un peu de sain - doux dont on les frotte legerement sur le cuir; frottées, on les triballe, comme on a dit; triballées & tirées, on les passe au tonneau à degraisser: mais il faut bien le nettoyer auparavant du plâtre & des cendres qui ont servi à passer auparavant d'autres peaux; parce que le lustre ne se dégraisse pas ainsi, mais avec du sable bien menn, qu'on fait chauffer d'une chaleur à pouvoir être supportée par la main. Il faut pour une quinzaine de peaux de renard, un demi - seau de sabie: on le met chaud dans le tonneau avec les peaux; on tourne le tonneau, comme on a dit ci - dessus, pendant une demi heure; après quoi on les en tire: on les secoue l'une après l'autre dans le tonneau, & l'on en remet quinze autres dans le même sable: c'est ainsi qu'on enleve le plus gros du lustre; vous détachez le reste avec d'autre sable. Si votre sable vous paroit bien noir, vous repassez encore une fois, pour vous assûrer qu'il ne reste point de lustre su perflu. Après ce travail, vous les appliquez les unes contre les autres, poil contre poil, & vous les gardez: mais vous ne pouvez être trop attentif à ce qu'elles ne fassent aucun pli dans le poil; les peaux se travaillant encore sur elles - mêmes, ce pli resteroit.

Autre composition ou lustre. Prenez trois livres de noix de gaile; trois onces de verd - de - gris; quatre onces de sel ammoniac; deux once; d'alun de Rome; deux onces de litharge d'or; deux onces d'antimoine; huit onces de couperose verte: pilez le tout ensemble dans un mortier, excepté la noix de galle, que vous délayez séparément dans un bacquet, après l'avoir pilée avec l'eau de chaux. Vous délayetez le reste des ingrédiens dans un bacquet, au sortir de votre mortier, avec de pareille eau: cela fait, vous mêlerez le tout, qui ne doit faire qu'environ dix à douze pintes. Ce lustre préparé, vous vous en servirez comme du précédent.

Autre composition pour donner à la souine la couleur de la marte.

Prenez deux livres de noix de galle cuite, & demi - livre crue, également piiée; trois livres de mine de - plomb rouge; une livre de sumac. Détrempez ces ingrédiens avec eau de riviere ou de citerne; ajoûtez - y ce qui sera tombé de votre lustre, & le marc qui sera resté dans les bacquets. Detrempez le tont dans trois seaux d'eau; ajoùtez une livre de litharge d'or, une livre d'alun de glace, une livre de couperose verte, une demi - livre de sel ammoniac, une livre de verd - de - gris, un quarteron d'antimoine crud, & deux livres de plomb de maire. Pilez le tout ensemble, & le mélez avec la noix de galle. Prenez ensuite une grande terrine vernissée, où vous mettrez environ la moitié d'une pinte de votre composition. Vous y tremperez les peaux de fouines quatre à quatre, en les y plongeant & soulant, afin que le poil prenne le lustre par - tout; vous les torderez, secouerez, & mettrez dans le bacquet avec le restant de votre composition qu'elles n'auront pas bûe; vous les y foulerez avec les piés; vous les y laisserez un jour & demi. Au bout duquel, plaçant une planche entravers au - dessus du bacquet, vous les en tirerez & les étendrez sur la planche l'une sur l'autre, pour égoutter. Elles égoutteront jusqu'au lendemain, ce qui leur fera prendre le fond. De - là vous les porterez à la riviere, où vous les laverez jusqu'à ce que l'eau en sorte claire. Ensuite vous les ferez sécher; seches, vous leur donnerez une couche avec la même eau qui leur a fait prendre le fond; réiterez cette couche plusieurs fois, & à chaque fois faites sécher au soleil. Lorsque vous leur trouverez la couleur de marte, vous les exposerez à l'humidité pour les radoucir avec la graisse: & vous finirez par les dégraisser dans le tonneau, comme nous l'avons dit ailleurs.

Si vous voulez que les peaux de renard prennent parfaitement le lustre, ayez une pierre de chaux de la grosseur de quatre oeufs: mettez - la dans un bacquet avec quatre pintes d'eau; ajoûtez une demi - livre d'alun; prenez une peau de renard non lustrée: trempez votre brosse dans cette composition: frottez - en votre peau comme pour la lustrer; mais ne frottez pas à fond: passez la brosse superficiellement; il ne s'agit que de faire prendre cette préparation à la pointe du poil de renard, qui est blanchâtre ou grisâtre. Cela fait, exposez vos peaux au soleil; sechez, battez - les à la baguette; brossez - les bien, & les lustrez ensuite comme nous avons dit plus haut.

Préparation des peaux de chien. Prenez une pierre de chaux de la grosseur de la forme d'un chapeau: mettez - la dans douze pintes d'eau; lorsqu'elle sera éteinte, prenez deux livres de couperose verte, une livre & demie d'alun de Rome, une livre de verd - degris, & deux livres de litharge d'or; jettez tout dans la chaux éteinte; transvasez ensuite dans une grande chaudiere de cuivre, que vous tiendrez sur le seu jusqu'à ce que le mélange soit réduit à quatre à cinq pintes. Cela fait, approchez une table de votre chaudiere; étendez dessus les peaux de chien les unes après les autres: prenez une brosse, trempez la dans la composition: brossez ensuite vos peaux chaudement par - tout, & sur - tout aux endroits où il y a du poil blanc. Cette premiere préparation sert à disposer les peaux à prendre le lustre plus facilement. On appelle en général ces préliminaires de lustre, le barbareau, & l'on dit donner le barbareau.

Pour tigrer les peaux de chien, donner à des lapins gris une façon de Genette, imiter la panthere, tigrer des lapins blancs, & généralement pour moucheter toutes sortes de peaux, servez - vous de la composition suivante.

Prenez une pierre de chaux du poids d'une livre, éteignez - la dans de l'urine: ajoûtez ensuite de l'eau avec un peu d'alun, une demi - livre ou environ que vous ferez bouillir pendant une heure; observez que tout votre mélange n'excede pas la quantité de trois pintes. Prenez les peaux que vous voulez tigrer: donnez - leur une couche de cette drogue par - tout, sans déranger le poil, & frottant toûjours avec votre brosse en descendant de la tête à la culée. Cela fait, exposez au soleil; il faut qu'elles soient sechées & battues le même jour où la préparation précedente leur a été donnée. Quand vous les aurez battues jus, qu'à ce qu'il n'en sorte plus de poussiere, brossez - les [p. 260] bien afin d'arranger le poil; prenez de la composition: lustrez; mais avant que de lustrer les dernieres peaux, séparez dans un pot une portion de ce lustre, qui vous servira à tigrer toutes vos peaux. Pour cet esset ayez un pinceau: étendez votre peau sur une table, commencez par la tête; si la peau étoit si longue que vous ne pussiez y atteindre commodément, vous la feriez pendre devant vous à une distance convenable; vous vous ceindriez d'un tablier blanc de lessive, afin qu'en frottant vos habits, votre estomac, vos manches sur la peau, vous n'engraissassiez pas la pointe du poil. Ces précautions prises, vous formerez vos mouches sur la peau avec votre pinceau trempé dans le lustre. Vous observerez de les faire les plus petites possibles; lorsque le poil sera sec, il s'ecartera, & les taches ne paroîtront toûjours que trop grandes. Quand elles auront été mouchetées une fois, vous les ferez sécher, les battrez bien, les brosserez toûjours selon la direction des poils, afin que les mouchetures ne changent point de place; vous repasserez le pinceau sur elles une seconde, troisieme, quatrieme fois, jusqu'à ce qu'elles vous paroissent assez noires. Alors vous laisserez sécher, batterez, passerez dans le tonneau au sable pour dégraisser: & si les mouches vous paroissent avoir perdu de leur nuance, vous leur redonnerez encore une couche. Mais quand le lustre est bon, on ne donne communément que trois couches.

On imite le tigre & la panthere de la même façon; excepté qu'au tigrage les taches sont différentes; il faut que l'ouvrier imite la nature, ait les peaux réelles de ces animaux sous les yeux, & s'y conforme le plus exactement qu'il pourra.

Pour moucheter en grisâtre les peaux de renards qui sont très - rousses, prenez quatre livres de bois d'Inde, une once & demie d'indigo: faites bouillir le tout ensemble jusqu'à diminution d'un quart: ajoûtez deux livres de couperose noire, & chargez vos renards chaudement avec la brosse, comme nous avons dit plus haut.

Pour imiter les peaux ou fourrures polonnoises avec des renards blancs, prenez pour une douzaine de ces peaux ou environ, plus ou moins, selon leur grandeur, six pintes d'eau de chaux que vous mettrez dans un bacquet, une livre de couperose verte, une demi - livre de verd - de - gris, trois quarterons d'antimoine crud, un quarteron de vitriol d'Angleterre, une demi - livre d'arsenic: pilez tous ces ingrédiens ensemble: délayez - les dans l'eau de chaux: trempez - y ensuite vos peaux; mais auparavant ayez l'attention de faire fondre du beurre, & d'en frotter avec un linge la pointe du poil de vos peaux, & de les laisser refroidir. Quand elles auront été trempées, vous les étendrez sur le plancher, où vous les laisserez pendant quatre heures; vous les porterez de - là à la riviere; lavées, vous les ferez sécher à l'ombre, & les manierez de tems en tems pour radoucir le cuir.

Il paroît par ce que nous venons de dire, que l'art de teindre les peaux en poil, pourroit être porté beaucoup plus loin; nous allons maintenant passer à la maniere d'en faire la coupe, pour les employer en manchons & autres ouvrages.

De la coupe des peaux. Pour couper la peau d'un renard: après qu'elle est bien passée, étendez cette peau sur une table, la tête tournée vis - à - vis de vous, le poil en - dessus. Ayez un morceau de plomb, à - peu - près de la forme d'un écu, plus mince par les bords: dircernez bien l'arête de la peau; c'est la partie où le poil est le plus court; cette ligne s'étend du milieu de la tête à la culée, & partage la peau en deux parties égaies: appuyez fortement votre plomb par le bord sur cette ligne, en commençant par la tête, qui est contre vous, & tirant la peau de la main gauche; ensorte que cette peau glisse, fortement pressée entre la table & le plomb. Par ce moyen le côté du cuir qui touche à la table, se trouve rave de la ligne tracée sur le poil le long de l'arête. Voilà ce qui déterminera de ce côté le milieu de la peau. Prenez votre regle, appliquez - la sur cette ligne, & avec votre plomb, suivez - la sur le dos, & la tracez.

Si vous coupez votre renard en quarré pour le lustrer, il faut que vous le fassiez en - travers en deux endroits faciles à connoître. Retournez votre peau du côté du poil: glissez votre main de la tête à la culée, vous rencontrerez entre le corps & le col un endroit moins fourni de poil, & d'un poil plus bas que le reste. Cet endroit sera une des lignes de division. Cette division faite, vous leverez une espece de langue de peau le long de l'arête qui la partagera également. Elle aura environ deux pouces de large proche les épaules; elle ira toûjours en diminuant, & finira en pointe à la culée. Vous ferez remonter cette langue de peau de deux pouces du côté de l'épaule, de distance en distance. Elle fera renfler l'arête de votre renard, & donnera de la rondeur à votre manchon quand il sera lustré. Vous donnerez à ces quarrés vingt trois pouces de long, sur douze pouces de large. Ce qui excédera de part & d'autre à la culée, servira à remplir les endroits où la tête est moins large que le corps. Ce sont ordinairement les renards les plus roux que l'on lustre. Quant à ceux qu'on ne lustre pas, il ne faut pas déranger la tête. Il faut laisser la peau comme elle est: prendre le milieu de l'arête avec le plomb, comme on a dit, & lui donner vingt - deux à vingt - trois pouces de hauteur, sur onze pouces de largeur. On sépare toutes les gueules de renard qui sont blanches. Les officiers des hussards en bordent leurs habits. On employe la queue à border des mouffles au - dessus du bras. On met les pattes en mouffles ou en mitaines.

On faisoit autrefois des manchons de queue de renard. La mode en est passée.

On fait des manchons de renard avec la peau entiere. On passe la peau en pâte: on y laisse les dents & le bout des pattes. On la tire au fer sans ouvrir ni le ventre ni les pattes. On fait seulement une ouverture au bas de la gueule, en tirant du côté du ventre, assez grande pour pouvoir y passer la main; une autre entre les cuisses, sous la queue, de la même grandeur. On laisse la queue & les pattes. Les deux ouvertures s'appellent les entrées du manchon.

Si l'on veut couper une peau de chien, il faut savoir qu'il y a des chiens qui portent deux quarrés, & d'autres qui n'en portent qu'un. Votre peau a - telle trente - quatre pouces de longueur, coupez - la en - travers. Pour cet effet, pliez - la de la tête à la queue en deux: frappez sur le pli pour le faire tenir; coupez: ensuite tracez l'arête.

Cela fait, vous n'aurez que des morceaux de dixsept pouces. Pour aller à vingt - deux, il faut chercher des ralonges.

Pour cet effet l'arête étant tracée, vous tirez sur votre peau par le haut des quarrés, des lignes paralleles qui renferment des espaces qui ont deux pouces & demi de hauteur. Il faut former trois de ces espaces. Tous ces espaces sont coupés en deux par l'arête. Vous prenez sur la base de votre premer espace, deux pouces de part & d'autre de l'arête, & vous tirez deux lignes paralleles à l'arête: ce qui forme deux quarrés oblongs, dont la base de chacun a deux pouces, & la hauteur deux pouces & demi. Sur la base du second espace, vous prenez de part & d'autre de l'arête quatre pouces, & vous tirez des paralleles à l'arête; c'est - à - dire que vous formez de part & d'autre de l'arête, des quarrés oblongs dont chacun a deux pouces & demi de hauteur & quatre

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.