ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"361"> comme les fugues perpétuelles, qu'on appelle canons, les doubles - fugues, les contre - sugues, ou fugues renversées, qu'on peut voir à leurs mots, & qui servent plus à étaler la science du musicien qu'à flatter l'oreille de ceux qui les écoutent.

Fugue vient du latin fuga, fuite, parce que les parties partant ainsi successivement, semblent se fuir & se poursuivre l'une l'autre. (S)

FUIE (Page 7:361)

* FUIE, s. f. (Econom. rustiq.) petite voliere qu'on ferme avec un volet, & où chaque particulier peut nourrir des pigeons domestiques. On appelle encore du nom de fuie des colombiers sans couverture. Il y a de ces colombiers dans la Beauce.

FUIR (Page 7:361)

* FUIR, (Gramm.) c'est s'éloigner avec vitesse, par quelque crainte que ce soit: ce verbe est tantôt actif, comme dans cette frase, je fuis les ennuyeux; tantôt neutre, comme dans celle - ci, il vaut mieux s'exposer à périr, que fuir. Il est pris au simple dans les exemples précédens; au figuré, dans celui - ci, le méchant fuit la lumiere; il a quelques acceptions détournées. Voyez les deux articles suivans.

Fuir (Page 7:361)

Fuir les talons, (Manége.) on désigne communément par cette expression, l'action du cheval qui chemine de côté, ses hanches étant assujetties & forcées de suivre le mouvement progressif des épaules, en traçant & en décrivant une seconde piste.

L'utilité & l'avantage de cette action, relativement aux différentes manoeuvres d'une troupe de cavalerie, ne m'arrêteront point ici; je ne l'envisagerai qu'eu égard à la science du Manége; & en me bornant à cet objet, je m'attacherai d'une part à dévoiler les moyens mis en pratique pour suggérer ce mouvement à l'animal, & détailler de l'autre ceux qui me paroissent les plus propres & les plus convenables à cet effet.

De tous les tems, la plûpart des maîtres ont imaginé que l'intelligence de la leçon dont il s'agit, dépend en quelque maniere de notre atteution à profiter d'abord de la facilité que la muraille semble nous présenter, lorsqu'il est question de limiter les actions du cheval. On l'a par conséquent conduit le long d'un des murs du manége droit d'épaules & de hanches. Là, dans l'intention de travailler ensemble l'une & l'autre extrémité, on a insensiblement engagé la croupe par l'approche plus ou moins forte de la jambe ou du talon de dehors; & tandis que cette même jambe étoit toute entiere occupée du soin de fixer, de contraindre, & de chasser le derriere en - dedans, la main armée du caveçon, cu des rênes de la bride, entretenoit le mouvement de l'épaule sur ce même côté où l'on se proposoit de porter l'animal. Si les aides de la jambe n'avoient point d'efficacité, on recouroit à celle du pincer; & dans le cas de l'inutilité & de l'impuissance de celle - ci, on faisoit vivement sentir l'éperon. C'est aimi que le célebre duc de Newkastle s'explique lui - même, en parlant de la méthode qu'il a suivie à cet égard; & lorsque le cheval fuyoit les talons aussi facilement à une main qu'à l'autre, il le travailloit éloigné de ce même mur vis - à - vis duquel il l'avoit commencé.

Quelques écuyers, ainsi que quelques - uns de ceux qui ont paru de nos jours, ont encore ajoûté à ces aides & à ce châtiment, pour vaincre avec plus de succès l'impatience de l'animal: les uns ont employé le secours d'un homme à pié, muni d'une chambriere ou même d'un nerf de boeuf, & préposé pour frapper sans pitié sur le flanc répondant à la muraille, à l'effet d'en détacher la croupe, & de la maintenir sur le dedans; les autres se sont saisis d'une gaule dans chaque main; ils en attaquoient l'épaule, afin de la déterminer & de la mouvoir sur la main à laquelle ils travailloient; & si les hanches demeuroient, ils adressoient leurs coups sur les flancs, sans négliger l'approche du talon, tandis qu'un homme pareillement à pié & placé du cóté opposé à celui où ils tendoient, dirigeoit ceux de la gaule dont il étoit pourvû sur la poitrine à l'endroit des sangles, quand l'épaule n'obéissoit pas, & sur les fesses, quand le derriere étoit rébelle.

Il en est qui ont tenté de réussir par une autre voie: ceux - ci ne se donnoient pas la peine de monter le cheval pour l'exercer; ils le rangeoient la tête au mur, un homme de chaque cóté tenant une longe du caveçon, laquelle avoit deux ou trois aunes de longueur. Celui qui se trouvoit sur la main, où il étoit question d'aller, tiroit fortement à lui la tête de l'animal; & dans l'instant que l'épaule portée, par exemple, à droite, la croupe se disposoit à fuir à gauche, l'écuyer qui suivoit attentivement s'opposoit au mouvement de cette partie; il la déterminoit dans le sens du devant, par le moyen du châtiment, & l'empêchoit d'échapper.

D'autres enfin, & de ce nombre sont Pluvinel & la Noue, ont préféré la leçon du cercle à celle de la muraille. Dans le centre de ce cercle, étoit un pilier auquel ils attachoient l'animal, la tête en étant plus ou moins éloignée: le cavalier l'aidoit tant de la main & de la gaule que de la jambe & du talon. Il l'arrêtoit de tems en tems, & lui demandoit ensuite quelques pas semblables au premier; il le reprenoit sur l'autre jambe, & cherchoit à lui en faire entendre le tems, l'aide, & l'avertissement: après quoi, pour le confirmer dans l'habitude qu'il lui avoit donnée par ce moyen, il le promenoit en liberté sur un autre cerele qu'il lui faisoit d'abord reconnoître sans le contraindre. Ce cercle suffisamment reconnu, le cavalier faisoit insensiblement effort de la jambe & du talon, & il aidoit de la gaule, à l'effet de mettre le cheval de côté; le devant étant toûjours un peu plus avancé sur la circonférence de la volte, que le derriere; & le cercle tracé, il l'arrêtoit pour le remettre sur l'autre main; enfin il parvenoit à le travailler de suite à l'une & à l'autre.

Quelle que puisse être la réputation de ceux qui ont adopté ces diverses méthodes, j'oserai en proposer une autre, persuadé que l'autorité des plus grands noms est un vain titre contre la raison & l'expérience.

A en juger par les efforts & par les précautions des maîtres dont j'ai parlé, on devroit envisager l'action dont il s'agit, comme une de celles qui coûtent le plus à l'animal; la difficulté qu'il a de s'y soûmettre; le sentiment desagréable qu'elle paroît lui faire éprouver, semblent en offrir les plus fortes preuves. Nous conviendrons que quoique la nature ait construit & combiné ses ressorts de maniere à lui en permettre l'exécution, le mouvement qui opere en - avant le transport de son corps, lui est infiniment plus facile que celui qui le porte & le meut entierement de côté: mais cette observation & cet aveu ne peuvent que confirmer de plus en plus dans la persuasion où l'on doit être de la nécessité de profiter des ressources de l'art, & des secours de l'habitude, pour favoriser & pour perfectionner des déterminations primitives. Il est une gradation dans le developpement des membres, comme il en est une dans leur accroissement; c'est dans la science de cette gradation que refident les principes d'une saine théorie. Il ne suffit pas en esset de connoître ce que l'animal peut, il faut encore discerner les voies les plus propres à assouplir insensiblement les fibres destinées à l'exercice des opérations possibles, ainsi que les actes réitérés qui les rendront successivement capables de telle ou telle action, selon un certain ordre, & un certain enchaînement naturel. Tel mouvement conduit à un autre mouvement. Le passage de l'un à l'autre n'est penible qu'autant qu'il est trop subit. L'animal ne se déplaira [p. 362] point dans le jeu dé ses organes; & ce jeu pour être excité n'aura pas besoin de l'impression de la force & de la violence, dès que les conditions sous lesquelles il peut être sollicité, seront exactement suivies, c'est - à - dire dès qu'il sera, s'il m'est permis de m'expliquer ainsi, en raison composée de la disposition premiere & de la disposition acquise de ces mêmes organes. J'entends par disposition acquise, celle qui résulte de la répétition d'une action, dont les rapports avec une nouvelle action demandée, sont évidens; & si, eu égard au mouvement dont je traite ici, je recherche les actions qui lui étant relatives peuvent par leur nature y préparer le cheval, je les trouverai sans doute dans celles que suggerent les leçons qui tendent à procurer la souplesse des épaules, & un commencement d'union. Voyez Union. Ces leçons administrées 1° sur les cercles, 2° sur le quarré représenté par le manége; non - seulement invitent l'omoplate & l'humerus au mouvement circulaire dont ces parties sont susceptibles, mais elles contraignent, lorsque ce mouvement est bien essectué, les extrémités postérieurs à un retrécissement, d'où naît de la part de ces extrémités une propension à chevaler, puisque la foulée de l'une des jambes de derriere se rencontre toûjours au - devant de la piste de celle qui l'avoisine. V. Epaule. Or l'action de cheminer de côté, soit au pas, soit au trot, ne pouvant être accomplie qu'autant que les membres du devant & du derriere croiseront successivement, & que chaque jambe de dehors passera sur chaque jambe de dedans qui forme sa paire ou qui lui répond, il s'ensuit que le mouvement qui y a le plus de rapport & d'affinité, est sans contestation celui que les leçons dont je viens d'exammer les effets, sollicitent; d'où, par une conséquence necessaire, on peut juger de l'importance d'y exercer parfaitement & long - tems l'ammal, avant de tenter & d'entreprendre de lui faire fuir les talons. Supposons à - présent que nous soyons assûrés de la liberté & de la franchise de ses membres, dans le sens où leur articulation sphéroide leur permet de se mouvoir, nous débuterons par l'observation des lignes qui traçant de simples, conduisent à des changemens de main étroits. Nous maintiendrons d'abord scrupuleusement l'animal droit de tête, d'épaules & de hanches, sur celles de ces lignes qui sont droites, ainsi que sur la ligne oblique, que nous devons décrire pout atriver au mur. Ces demi - voltes exécutées avec précision à chaque main, nous commencerons à engager legerement la croupe, lorsque nous parviendrons sur cette derniere ligne, en dirigeant la rêne de dedans en - dehors, c'est - à dire en la croisant de maniere à rejetter foiblement néanmoins l'épaule de dedans sur le dehors, & à assnjettir proportionnément par ce moyen les hanches, naturellement portées à se déterminer toûjours dans une direction opposée à celle du devant. Dans cet état le corps de l'animal chemine dans un degré d'obliquité imperceptible; & les pistes de ses extremités anterieures & postérieures sont telles, que la ligne oblique qui passoit auparavant entre ses quatre jambes sur la longueur, se trouve foulée par celle de dedans de devant, & par celle de dehors de derriere. A proportion de la facilité que le cheval acquiert par un travail réitéré & assidu, ce degré d'obliquité doit à l'une & à l'autre main, accroitre insensiblement, jusqu'à ce que la foulée du pié antérieur de dehors s'effectue toujours & à chaque pas, de maniere que si depuis cette foulée on tiroit une ligne droite en - arriere, cette même ligne répondroit au milieu de la piste tracée par les extrémités postérieures; car les épaules dans cette action, doivent constamment précéder les hanches. Pour y parvenir, il s'agit d'augmenter insensiblement aussi la force de la rêne de dedans, qui doit captiver la croupe, en ob<cb-> servant sans cesse de la croiser de telle sorte que la résistance ne cede que graduellement à l'essort de la puissance; & comme l'effet de cette même rêne agissant seule, & portée sur le dehors à un certain point. s'imprimeroit avec trop de violence sur les épaules, & que celle de dehors se trouveroit dès - lors si contrainte & si retenue, qu'il ne seroit pas possible à l'animal de chevaler, & qu'il s'entableroit infailliblement; il est indispensable à mesure qu'il presente de plus en plus le flane sur le côté où il est mú, de croiser & de mettre en oeuvre la rêne de dehors, dont l'office sera de porter continuellement la jambe de dehors sur celle de dedans, la rêne de dedans demeurant chargée de s'opposer à la sortie de la croupe. C'est ici que se manifestent principalement la nécessité & l'importance de saisir avec précision les tems des jambes. Les rênes, ces muscles artificiels, si je peux employer cette expression, n'ont d'efficacité qu'autant que la disposition actuelle des membres favorise la possibilite de l'action à laquelle elles doivent déterminer. Vainement les jambes seront - elles sollicitées dans l'instant de leur chûte, à suivre une autre direction que celle qui les attire sur le sol sur lequel elles descendent, & sur lequel elles sont en voie de se poser. Il faut donc absolument, & pour ne point faire violence à la nature, profiter des momens rapides & successifs, où elles seront dans leur soûtien. Celle de dehors est - elle en l'air? celle de dedans est à terre. Croisez la rêne de dehors en - dedans, l'épaule de dehors obligée au mouvement circulaire de la faculté duquel elle est doüée, l'extrémité qu'elle dirige sera nécessitée de passer sur celle qui repole. Celle - ci est - elle élevée à son tour? agissez de la rêne de dedans, mais en raison du mouvement que vous vous proposez de suggérer à la jambe du même coté, & opérez avec cette activité, cette finesse & cette subtilité qu'exigent les tems des deux rênes; tems qui peuvent échapper d'autant plus aisement, qu'ils sont, ainsi qu'on doit le comprendre, extremement près & voisins l'un de l'autre.

Jusqu'à - présent nous ne nous sommes occupés que des aides de la main: celles des jambes du cavalier seroient - elles donc inutiles? Je n'ai garde de les envisager comme telles; mais en me desendang des piéges du préjugé, je les regarde simplement comme des aides nécessaires ou auxiliaires, à - moins qu'il soit besoin de déterminer la machine en - avant; car ce n'est que dans ce cas qu'elles doivent être tenues pour des aides capitales. Voyez Manége. Or dans la supposition où le cheval se seroit retenu lers de mes premieres opérations, j'aurois approché mes jambes à l'effet de le resoudre, tandis que ma main auroit toûjours conduit & reglé les mouvemens des membres; & si ma rêne de dedans n'avoit pû contenir les hanches, & empêcher le cheval de devuider, j'aurois d'abord & sur le champ mis à moi la rêne de dehors, sans cesser de croiser l'autre dont j'aurois accru la tension; & je n'aurois fait usage de ma jambe de dehors, que dans la circonstance de l'insuffisan, ce de ces deux premiers agens.

Cet exercice sur les changemens de main étroits, pratiqué assez constamment pour frapper l'intelligence du cheval, & pour le confirmer dans l'exéeution de cette leçon, on lui proposera des changemens de main larges. De ces changemens de main larges, on le conduira sur des cercles plus ou moins étendus, en cherchant à le rendre également libre aux deux mains; & enfin on le travaillera de la même maniere, la tête ou la croupe au mur; la téte au mur s'il tire, s'il pese, s'il a de l'ardeur, parce que par ce moyen il sera forcé de se rassembler, de s'allégerir & de s'appaiter avec moins d'aide de la bride, & non s'il a de la disposition à être rétif ou ramingue; car les leçons etioites & si sort limitées le

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