ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"353"> l'eau froide. On sait encore que suivant les différens aciers, il faut qu'il soit plus ou moins rouge; cè que nous ne détaillerons pas ici.

Je dirai seulement, que par une suite de pratique, jai trouvé que pour avoir de l'acier le plus dur possible & le moins sujet à grener, il falloit lui donner le degré de chaleur, en le faisant rougir le plus promptement qu'il sera possible.

Soit la ligne [omission: other; to see, consult fac-similé version], divisée en sept parties, & que ces nombres représentent des degrés de chaleur qui se reconnoissent par la rougeur; que pour la trempe d'une qualité d'acier, il fallût le rougir au degré 4: si on passe ce degré de chaleur, quoiqu'on y laissât redescendre le corps, la trempe est absolument manquée, & l'acier ne vaut rien.

L'acier ainsi trempé, pour le travailler il faut qu'il soit revenu d'un jaune tirant sur le violet, à un feu très - doux, & avoir soin de le mouvoir pour qu'il s'échausse également.

Ce n'est qu'avec un acier ainsi préparé, qu'on peut parvenir à faire des pivots très - fins & tres ronds, en observant de les tourner au burin le plus petit qu'il sera possible, pour laisser très - peu à saire aux limes qui les doivent finir & polir.

Comme j'ai fait beaucoup de petites montres, où il faut des pivots extrèmement fins, je sais par expérience jusqu'à quel point on les peut diminuer; & pour leur assurer une mesure connue, j'ai fait un calibre qui me donne leur diametre; & j'ai trouvé que ces pivots avoient la vingt - quatrieme partie d'une ligne: j'en ai même fait à une aiguille de boussole, que j'ai voulu suspendre par deux pivots, pour oter son frémissement; à quoi j'ai réussi, en lui donnant la même liberté qu'elle a dans les suspensions ordinaires, par la réduction des pivots, que j'ai portés à n'avoir pour diametre que la trentieme partie d'une ligne: je crois même que c'est le dernier terme, ou la limite à laquelle l'on puisse les réduire

Après la diminution des pivots, il est nécessaire que leurs pressions soient paraileles aux parois de leurs trous. Pour cela, il faudroit que la toue & le pignon fussent entre les deux pivots au milieu de l'axe, & non comme on le pratique ordinairement, où le pignon est proche d'un pivot, & la roue de l'autre, & concourent par leurs action, contraires, à incliner l'axe: & cette inclinaison est d'autant plus grande que la montre est plus haute, & augmente par - là leur frottement: d'où j'infere que les montres plates, tant décriées par quelques - uns, ont une propriété que les autres n'ont pas, parce que les roues ne pouvant avoir de l'éloignement avec leurs pignons, le frottement des pivots approche plus d'être parallele à leurs trous.

Que l'on dise qu'elles sont pius difficiles à faire, plus sujettes à être nettoyées & à être gâtées par la plûpart des Horlogers; j'en conviens. Mais les autres montres, pour être plus faciles à faire, y sont - elles moins exposées? Tous les jours l'on voit un bon horloger qui a porté tous ses soins à son ouvrage, & l'a décoré de son nom; ensuite ce même ouvrage passe dans les mains d'un particulier, qui ne sachant pas qu'il importe beaucoup à l'auteur de cette montre que lui seul la nettoye ou la répare, la donne indistinctement à un horloger, qui n'étant pas aussi habile que celui qui l'a faite, ne peut que la dégrader. C'est comme celui qui ayant à faire réparer dans le tableau d'un grand - maître quelques petits accidens, prendroit au hasard le premier peintre.

Dans les pendules, le poids de la lentille & l'étendue de l'arc qu'elle décrit, fait la base des frottemens que la suspension éprouve: c'est la raison de préférence des petits arcs.

Si la suspension ne se trouve pas être parfaitement dans le centre de l'axe de la fourchette, il se fait alors un frottement de la fourchette avec le pendule, qui est d'autant plus grand, que le centre du mouvement de l'un est plus eloigué du centre du mouvement de l'autre.

Les différentes suspensions qui sont en usage présentent aussi plus ou moins de résistance par leurs frottemens: il s'en pratique de quatre sortes; à pivot, à ressort, à soie, & à couteau.

Celles à pivot ne sont plus d'usage, depuis que l'on a pris celui des lentilles pesantes; ce qui demanderoit de gros pivots, & augmenteroit les frottemens.

Celles à ressort causent des frottemens d'autant plus grands que le ressort est plus fort: on doit donc le diminuer & le rendre aussi foible & aussi flexible que pourra le permettre le poids de la lentille.

Celles à soie sont bien flexibles, & ne résistent pas: mais elles ont l'inconvénient de s'alonger ou racourcir par le sec & l'humide; ce qui est un grand défaut.

Enfin celles à couteau ont moins de frottement que les autres; mais elles exigent tant de soins par le sommet de l'angle, le coussinet sur lequel il porte, le poli, la dureté de ces parties, que je crois que l'on peut leur préferer celles à ressort avec assez d'avantage dans la pratique ordinaire.

§. VI. Des frottemens des ressorts moteurs & reglans.

Le ressort moteur est susceptible de frottement, par plusieurs causes; par le fond, par le couvert du barillet, par les lames les unes contre les autres; ce qui concourt à diminuer & à suspendre même toute sa force elastique. L'épaisseur de la lame éprouve encore un frottement d'autant plus grand qu'elle est plus épaisse, parce qu'il s'y trouve un plus grand nombre de parties à rentrer les unes dans les autres du côté du concave; de même, en se dilatant du côté du convexe, il y a plus de parties pour se desunir; ce qui, dans l'un & l'autre côté, augmente le frottement des parties.

A cet égard, il seroit bien utile de trouver la sosution de ce problème. La matiere & la solidité étant données, quelle est la figure qu'il lui faudra assigner pour avoir sa plus grande intensité élastique? Sans prétendire de la donner, je dirai que par les expériences & les réflexions que j'ai faites sur ce sujet, j'ai trouvé qu'une lame de ressort étoit d'autant plus élastique, & conservoit d'autant plus cette force, qu'elle étoit plus mince, plus large, & plus longue; ensorte que cette lame étant ployée en spirale autour de l'arbre dans son barillet, son rayon fût égal à la largeur ou hauteur du ressort.

Si l'on fait la lame des ressorts en diminuant d'épaisseur imperceptiblement du dehors au - dedans, c'est encore un moyen pour que les lames ne se frottent pas.

Je considere deux forces dans les ressorts; une relative à la matiere, & l'autre relative à la forme.

La matiere étant constante, la force du ressort n'est plus variable que par la longueur, la largeur, l'épaisseur, & la figure.

Si l'on rend encore constantes l'épaisseur & la largeur, la force du ressort ne sera plus variable que par la longueur & la figure. Donc si l'on sait encore la figure constante, la force ne variera plus que par la longueur; mais il est évident que les ressorts les plus courts, tout étant égal d'ailleurs, soûtiendront les plus grands poids, & parcourront d'autant moins d'espace.

L'on sait que les tensions des ressorts, suivant les expériences de s'Gravesande, suivent assez bien la proportion des poids, pourvû qu'on s'éloigne sensiblement des premiers & derniers termes de tension. [p. 354] Cette raison se trouve très - analogue avec les grands & petits frottemens, qui sont les termes qui donnent le plus de variation.

Je dis donc, que les ressorts agissant sur des rayons plus ou moins grands, ont plus ou moins de force; de sorte que les premiers degrés de tension sont les tours intérieurs qui se compriment sur l'axe, lesquels ont moins de longueur que les suivans. Les tours de lames agissant sur les premiers rayons de l'axe du barillet, ils parcourront d'autant moins d'espace; & comme ils ont peu de force, ils doivent agir sur les grands rayons de la fusée. A mesure qu'on augmente les tensions du ressort, les tours de lame s'enveloppent autour de l'arbre & le grossissent; conséquemment la force augmente, & nous fait diminuer les rayons de la fusée sur lesquels ils agissent; car ils sont ici précisément en raison réciproque. Or si ces tensions suivent assez bien la proportion des poids, c'est une preuve que les lames ne se frottent pas: cette expérience devroit être faite sur tous les ressorts que l'on employe, puisque cela nous serviroit à nous assûrer de leur bonté.

Du ressort reglant ou spiral. Il n'a d'autre frottement que celui de la fourchette du rateau. Dans les oscillations, ce ressort a un mouvement qui le fait frotter des deux côtés de la fourchette; de sorte que s'il n'est pas bien poli, sur - tout dans cette partie, c'est alors qu'il occasionne des variations très - considérables aux montres.

Je m'arrêterai peu à détailler les frottemens qu'il peut avoir accidentellement, lorsqu'il n'est pas bien fait & bien placé; comme de frotter au balancier, à la platine, au piton, à la virole, au fond & côté de la fourchette. Enfin lorsque cette fourchette, par le mouvement qu'on lui donne, tend à gêner le spiral, soit en le grandissant ou le diminuant, comme les lames sont fort éloignées les unes des autres, elles ne sont pas dans le cas de se frotter. Faire & placer le spiral dans une montre, c'est une opération qui demande une très - grande habileté, sur - tout aux petites montres plates: aussi y a - t - il peu de gens en état de le bien faire.

§. VII. Des différens usages & emplois qu'on fait des frottemens en Horlogerie. L'on nomme faire un frottement, ou ajuster à frottement, toutes les fois qu'on ajuste des pieces les unes dans les autres, avec un certain degré de pression, qui est tel que deux pieces ainsi ajustées ne font plus qu'un seul & même corps, & qui laisse néanmoins le pouvoir de mouvoir l'un sans l'autre. Ainsi sont les aiguilles d'une montre, l'aiguille du ressort spiral, le porte - pivot du vîte & lentement des répétitions, la virole & piton du spiral, les charnieres & têtes de compas, &c.

Ces frottemens sont d'autant meilleurs qu'il y a plus de parties frottantes; ce que l'on obtient par l'aggrandissement des surfaces. Si la pression est trop forte, les parties intégrantes du frottement, qui s'engrainent les unes dans les autres, s'accrochent si bien entr'elles, qu'il devient indifférent aux pieces de se desunir ou de se déchirer; c'est ce que l'on voit souvent arriver par les filets de matiere de l'un ou l'autre corps, qui s'y trouvent intimement appliqués. On prévient ce déchirement de parties, en mettant de la cire dans les trous, & sur - tout en rendant les parties qui pressent susceptibles d'élasticité; ce qu'on doit toûjours faire toutes les fois qu'on le peut: c'est le plus sûr moyen de rendre les frottemens doux, durables, & sensiblement uniformes.

J'ai fait une suite d'expériences sur les frottemens élastiques, c'est - à - dire ceux dont la pression est élastique: mes résultats ont été, qu'il y avoit beaucoup plus d'égalité & d'uniformité que dans la pression fixe; ce qui m'a fait projetter de faire une montre où tous les pivots seroient pressés par des ressorts qui seroient dans la proportion des pressions que les mobiles ont les uns à l'égard des autres successivement.

A tous ces frottemens, ajoûtez les accidentels qui arrivent aux mauvaises montres par la mal - adresse de l'ouvrier; comme des roues mal droites en cage, qui frottent d'un côté sur la platine, & de l'autre sur la roue qu'elle conduit; comme pas assez de jour entre les mobiles, ce qui les fait frotter les uns contre les autres par le jeu qu'ils acquierent; comme des vis trop longues dont le bout frotte sur le barillet, crochet de fusée, &c.

Les portées des pivots augmentent encore les frottemens, lorsqu'on les laisse trop grandes.

Les roues de la quadrature, lorsqu'il leur manque de la liberté, en ont d'autant plus de frottement.

Il arrive encore que quoique tous les mobiles ayent été mis libres les uns parès les autres séparement, la machine étant montée, rien n'est libre, soit parce que l'ouvrier n'a pas fait attention que ces goupilles bridoient les platines, soit par de fortes pieces, que l'on est obligé de faire tenir avec des vis sur les platines, qui étant mal ajustées, brident encore & augmentent le frottement, en gênant toutes les pieces.

Si jusqu'à - présent les auteurs n'ont pû trouver la valeur exacte des frottemens dans un cas simple, peuton s'attendre de le faire dans le cas de plusieurs mobiles qui agissent les uns sur les autres avec des degrés de pression qui diminuent comme la vîtesse augmente? Si l'on se représente plusieurs plans les uns dans les autres, comme M. Amontons le rapporte dans les mém. de l'académie, où il faut, suivant cet auteur, autant de force répétée pour mouvoir tous ces plans à - la - fois, qu'il en faut pour chacun en particulier: de même si l'on se représente une suite de roues agissant les unes sur les autres, comment trouver la force précise qu'il faut appliquer sur le premier mobile pour les mettre tous en mouvement, & leur donner une vîtesse déterminée, comme il est nécessaire de le faire dans une montre? Cette force ne sera pas comme le nombre des mobiles, par rapport à la machine de M. Amontons; mais elle doit être suffisante pour vaincre la résistance qui sera composée d'une suite de pressions qui vont en diminuant à mesure que les mobiles augmentent de vîtesse; du frottement des pivots, en raison de leur diametre; des engrenages, & de l'échappement, &c.

Après cela, peut - on être surpris des phénomenes & variations que les frottemens produisent dans l'Horlogerie? Cet Article est de M. Romilly, horloger à Paris en 1757.

FROTTER (Page 7:354)

* FROTTER, voyez l'article Frottement. Frotter, en terme de Batteur d'or, c'est achever d'ôter avec un morceau de drap les parcelles d'or que le couteau n'a pû faire tomber des bords des livrets.

Frotter (Page 7:354)

Frotter, (Fondeur de caracteres d'Imprimerie.) façon que l'on donne aux caracteres d'Imprimerie. Les lettres ne sortent pas du moule si unies, qu'il ne reste aux corps quelques bavûres qui les empêchent de se joindre. Pour ôter ces superfluités, on les frotte sur un grès préparé pour cela; ce grès qu'on appelle pierre à frotter, fait la fonction d'une lime. Les petits grains qui sont dessus enlevent tout ce qu'il y a d'étranger aux corps desdites lettres, & les unit des deux côtés qu'elles doivent s'accoller. Voyez Pierre servant aux Fondeurs de Caracteres : la fig. 7. de la troisieme Plan. du Fondeur de caracteres représente la meule de grès sur le plat de laquelle on frotte les caracteres après que le jet en a été séparé. On ne frotte le caractere que sur les faces larérales, & non sur les faces d'en - haut & d'en - bas.

Frotter (Page 7:354)

Frotter, en terme de Formier, c'est donner la der<pb->

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