ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"331"> fléchie des vêtemens, qu'en se tenant dans un lieu bien fermé; en rendant autant qu'il est possible l'air comme immobile autour de soi par les paravents, les rideaux, les alcoves, &c. ce qui procure alors une atmosphere toûjours chaude, parce qu'on l'échausse soi même, & que l'on se fait de cette maniere, pour ainsi dire, un poile naturel dont le foyer de la chaleur animale est lui - même le fourneau; on se procure encore plus sûrement cette atmosphere chaude par le moyen des poiles proprement dits (hypocausta), des chambres échauffées avec les differentes matieres combustibles dont on forme & entretient le feu domestique; il n'est pas hors de propos d'observer ici que cette chaleur artificielle ne doit jamais être assez considerable pour faire monter le thermometre au destus de 60 degres du thermometre de Farenheit, parce qu'etant jointe à celle que nous engendrons en tems froid, qui est beaucoup plus considerable qu'en tems chaud, elle seroit excessive, & resacheroit trop vîte l'habitude du corps; d'ailleurs, quoique la chaleur de l'éte éleve souvent le thermometre bien au dessus du terme qui vient d'être indique pour les poiles, il y a cette différence, qu'on ne reste pas en cette saison dans un lieu fermé, dont l'air ne soit pas renouveile; c'est le renouvellement de l'air auquel on s'expose tant qu'on peut pendant les chaleurs de l'ete, qui contribue le plus à les rendre supporitables, attendu que l'air n'y participe jamais à un degré superieur, & même égal a celui de la chaleur animale dans ce tems là; par conséquent l'air agité, le changement d'atmosphere propre ou du fluide qui la torme, enlevent continuellement de cette chaleur, qui n'est pas alors bien plus considérable que celle de l'atmosphere en général, parce qu il s'en engendre d'autant moins en nous, comme il a ete établi dans l'article précédent, que l'air est plus échauffé & communique davantage de sa chaleur corps.

Tous les moyens que nous employons pour nous garantir ou pour nous délivrer des effets du froid ex<-> tendent donc tous à opérer les mêmes chan<-> en nous & autour de nous, qui se font par de l'hyver à l'été; nous échaussons l'air environne, les corps qui nous envelop<-> & par à même la surtace de notre corps médiatenient ou immédiatement, ainsi nous ne faisons autre chose qu'empêcher ou faire cesser le trop grand resserrement de nos solides, la constriction de nos vaisseaux capidaires, sur - tout de ceux de la peau, qui sont le plus exposés; la condensation excessive de nos humeuts, leur disposition à une coagulation prochaine, qui sont constamment les effets d'un trop grand froid, bien marqués par tous les symptomes qui s'ensuivent, dont la cause leur a été attribuée cidevant à juste titre; & par les douleurs que l'on ressent en rechauffant des parties bien froides; douleurs qui ne sont produites que parce que le relâchement cau'é par la chaleur dans les solides, favorise le mouvement progressif, le frottement des humeurs presque coagulees, qui roulent durement, pour ainsi dire, dans les vaisseaux qui les contiennent, & causent conséquemment de l'irritation dans leurs tuniques; ensorte que cette sensation desagréable dure jusqu'à ce que la chaleur extérieure ait ramolli, dissous ces humeurs en les pénétrant, & leur ait rendu leur fluidite naturelle; les frictions sur les parties affectées du froid taites avec des linges chauds, sont plus propres à les dissiper sans douleur de l'espece dont on vient de parler, que de se présenter tout - à - coup à un grand feu.

La sensation & les autres effets du froid animal causés par communication (des parties affectées immédiatement par le froid externe à celles qui ne le sont pas, & qui en reçoivent cependant les impressions,) ne sont susceptibles d'être corrigés par les mêmes moyens que lorsqu'ils proviennent entierement de quelque cause externe immédiate que ce puisse être; mais il n'en est pas tout - à - fait de même des causes internes du froid animal, c'est - à - dire de celles qui sont indépendantes du froid externe; le plus souvent elles sont de nature à ne pas céder à l'application extérieure des moyens propres à dissiper les effets du froid externe; ainsi lorsque la masse des humeurs est tellement épaissie, a contracté une si grande force de cohésion dans ses parties intégrantes, qu'elle ne cede point à l'action dissolvante des vaisseaux, ni à celle des particules ignées dont on les pénetre, comme il arrive dans le froid de la fievre, particulierement de certaines fievres malignes, pestilentielles, de celles qui sont causées par l'effet de certains poisons ou venins coagulans, de quelques especes de fievres intermittentes (voyez à l'article Fievre ce qui concerne le froid fébrile): dans ces différens cas, on réussit mieux le plus souvent à faire cesser les effets du froid par tout ce qui est propre à ranimer, à exciter l'action des organes vitaux, le mouvement, le cours des humeurs; à favoriser le rétablissement de leur fluidité, comme les cordiaux, les délayans aromatiques, les stimulans tant internes qu'externes, & ceux - cï particulierement à l'égard du froid des parties affectées de rhumatisme, que par quelqu'autre moyen que ce soit, appliqué à l'extérieur pour procurer de la chaleur.

Le vice des solides peut aussi être tel qu'ils manquent des qualités qu'ils doivent avoir pour co - opérer à la génération de la chaleur animale; ils peuvent donc aussi contribuer à disposer à la sensation du froid; c'est ainsi que dans le corps des vieillards les tuniques des vaisseaux deviennent si solides, si peu flexibles, qu'elles ne peuvent pas se prêter aux mouvemens, à l'action nécessaire, pour entretenir le cours des humeurs avec la force & la vîtesse, d'où dépeadent l'intensité du frottement des globules sanguins dans les vaisseaux capillaires, & les autres effets qui concernent la chaleur naturelle; ensorte que la vieillesse établit dans les solides une disposition contraire à la génération de la chaleur; tout comme le grand froid: senescere, sicut frigescere est continuò rigescere. C'est pourquoi l'usage modéré du vin, des liqueurs spiritueuses, & de tout ce qui peut fournir aux organes vitaux des aiguillons pour exciter leurs mouvemens, est si salutaire aux gens âgés pour l'entretien ou le rétablissement de leur chaleur naturelle; & quant aux moyens externes qu'il convient d'employer pour le même effet, il est certain que la chaleur douce & humide des jeunes personnes long - tems couchées avec les vieilles gens, est plus efficace, & leur est plus utile que la chaleur seche du feu artificiel: attendu que celle - ci raccornit toûjours plus les fibres, & augmente par - là le vice qui empêche la production de la chaleur naturelle; & que celle - là, en suppléant à ce défaut, assouplit les solides, ou au - moins entretient le peu de flexibilité qui leur reste.

Mais le froid animal le plus rebelle à l'action du feu artificiel appliqué tant extérieurement qu'intérieurement sous quelque forme que ce soit, & à quelque degré que l'on le porte, c'est le froid causé par le spasme de cause interne, l'érétisme du genre nerveux: puisque la chaleur, sur - tout lorsquelle est excessive, ne fait qu'augmenter le stimulus qui en est la cause; par conséquent la disposition, le resserrement des vaisseaux qui s'opposent au cours des humeurs, d'où dépend la génération de la chaleur animale. Il n'y a que le relâchement procuré par la cessation du stimulus, de la cause qui irrite les nerfs, de l'influx irrégulier des esprits animaux, qui en augmentent la tension contre nature, selon le langage des écoles, [p. 332] qui puisse faire cesser cette disposition, de laquelle provient le froid animal dans les passions de l'ame, dans les maladies dont la cause occasionne un pareil desordre, qui se manifeste principalement par l'effet de tout ce qui affecte immédiatement la partie éminemment irritable & sensible du corps humain.

Comme donc ce desordre dans le physique animal proprement dit, dépend le plus souvent beaucoup de la relation qui subsiste entre la faculté pensante & les organes qui y ont un rapport immédiat, & qu'il est sur - tout entretenu par l'influence réciproque entre celle - là & ceux - ci, le repos de l'esprit & du corps, la cessation des peines de l'un & l'autre, les remedes moraux sont souvent les moyens les plus propres à faire cesser le froid animal qui provient de la tension des nerfs, sans aucune cause physique qui l'entretienne. Il est cependant bien des cas où ces moyens n'étant pas suffisans, on peut avoir recours avec succès aux médicamens propres à faire cesser cette tension morbifique, le resserrement des vaisseaux qui en est l'effet: tels sont les médicamens anodyns, narcotiques, anti - spasmodiques: les émolliens chauds employés intérieurement & extérieurement, tels que les lavemens, les bains de même qualité, &c. mais ce ne sont là le plus souvent que des palliatifs: le régime, l'exercice, les médicamens propres à fortifier les solides en général, à diminuer la délicatesse, la sensibilité, l'irritabilité du genre nerveux, sont les moyens les plus propres à détruire la cause du symptome dont il s'agit, c'est - à dire du froid animal, & de tous ceux qui proviennent du vice mentionné que Sydenham appelloit ataxie du fluide nerveux. Voyez le traitement de toutes les maladies spasmodiques & convulsives, & sur - tout des vapeurs. (d)

Froid (Page 7:332)

Froid, considéré médicinalement comme cause non naturelle & externe: froid de l'atmosphere, du climat, des saisons, des bains, voyez (ainsi que pour le mot Chaleur, sous le même rapport) Air, Atmosphere, Climat, Saison, Bain , & en général ce qui sera dit à ce sujet sous le mot Hygiene.

Froid fébrile (Page 7:332)

Froid fébrile, voyez Froid, (Patholog.) Fievre, Fievre intermittente.

Froid (Page 7:332)

Froid considéré comme signe dans les maladies aiguës, voyez Fievre en général, Fievre intermittente, Extrémités du corps . (d)

Froid (Page 7:332)

Froid, (Belles - Lettres.) on dit qu'un morceau de poésie, d'éloquence, de musique, un tableau même est froid, quand on attend dans ces ouvrages une expression animée qu'on n'y trouve pas. Les autres arts ne sont pas si susceptibles de ce défaut. Ainsi L'Architecture, la Géométrie, la Logique, la Métaphysique, tout ce qui a pour unique mérite la justesse, ne peut être ni échauffé ni refroidi. Le tableau de la famille de Darius peint par Mignard, est très<-> froid, en comparaison du tableau de Lebrun, parce qu'on ne trouve point dans les personnages de Mignard, cette même affliction que Lebrun a si vivement exprimée sur le visage & dans les attitudes des princesses persanes. Une statue même peut être froide. On doit voir la crainte & l'horreur dans les traits d'une Andromede, l'effort de tous les muscles & une colere mêlée d'audace dans l'attitude & sur le front d'un Hercule qui soûleve Anthée.

Dans la Poésie, dans l'éloquence, les grands mouvemens des passions deviennent froids quand ils sont exprimés en termes trop communs, & dénués d'imagination. C'est ce qui fait que l'amour qui est si vif dans Racine, est languissant dans Campistron son imitateur.

Les sentimens qui échappent à une ame qui veut les cacher, demandent au contraire les expressions les plus simples. Rien n'est si vif, si animé que ces vers du Cid, va, je ne te hais point.... tu le dois.... je ne puis. Ce sentiment deviendroit froid s'il étoit relevé par des termes étudiés.

C'est par cette raison que rien n'est si froid que le style empoulé. Un héros dans une tragédie dit qu'il a essuyé une tempête, qu'il a vû périr son ami dans cet orage. Il touche, il intéresse s'il parle avec douleur de sa perte, s'il est plus occupé de son ami que de tout le reste. Il ne touche point, il devient froid, s'il fait une description de la tempête, s'il parle de source de feu bouillonnant sur les eaux, & de la foudre qui gronde & qui frappe à sillons redoublés la terre & l'onde. Ainsi le style froid vient tantôt de la stérilité, tantôt de l'intempérance des idées; souvent d'une diction trop commune, quelquefois d'une diction trop recherchée.

L'auteur qui n'est froid que parce qu'il est vif à contre - tems, peut corriger ce défaut d'une imagination trop abondante. Mais celui qui est froid parce qu'il manque d'ame, n'a pas de quoi se corriger. On peut modérer son feu. On ne sauroit en acquérir. Article de M. de Voltaire.

Froid (Page 7:332)

Froid, (Jurispr.) en termes de droit, frigidus, est la qualité que l'on donne à un homme qui est atteint du vice de frigidité. Voyez ci - devant Frigidité. (A)

FROIDES (Page 7:332)

FROIDES, (semences) matiere médicale; voyez Semences.

Froide (Page 7:332)

Froide, (allure) Manége. si l'on s'en rapporte à certains auteurs de vocabulaires, & même à quelques - uns de ceux qui ont écrit sur notre art, on se persuadera que l'on doit entendre par allure froide, celle du cheval qui ne releve point en marchant, & qui rase le tapis; mais si l'on recherche le véritable sens de cette expression, on se persuadera qu'elle ne doit être mise en usage que relativement au cheval dont la marche n'a rien de marqué ni d'animé, dont l'action des membres ne présente rien de remarquable & de soûtenu, qui chemine, en un mot, pour cheminer, & qui convenable à des personnes d'un certain âge, ou à des personnes du sexe, parce qu'il a de la sagesse, & que son allure n'est point fatigante, ne doit point être confondu avec des chevaux naturellement foibles ou usés, & toûjours peu sûrs. (e)

Froide (Page 7:332)

Froide, (épaule) Manége. Voyez Epaule.

FROISSER (Page 7:332)

* FROISSER, v. act. (Gramm.) il se dit proprement de toutes les substances flexibles, minces, & dont la surface est unie; ainsi on froisse du papier, un étoffe, en y faisant des plis par le maniement. Il se prend cependant pour une action beaucoup plus forte, & alors ce pourroit bien être une espece de metaphore empruntée de la premiere action: lorsqu'on dit il s'est froissé tous les membres en tombant, cela signifie peut - être que sa chûte a été si rude, que le corps en a été froissé comme une feuille de papier.

FROLE (Page 7:332)

FROLE ou CHAMAECERASUS, (Jardinage.) arbrisseau dont il y a plusieurs especes, qui n'ayant toutes ni d'agrément, ni d'utilité, ni d'usages, sont assez méconnues & peu recherchées.

Le chamoecerasus à fruit rouge; c'est un vil arbrisseau qui n'est propre à rien; aussi n'a - t - il pas de nom françois bien connu, ou généralement reçû; celui de chamoecerasus qui est moitié grec & moitié latin, signifie petit cerisier, & c'est le nom françois qu'on a commencé à lui donner dans le catalogue des arbres qu'on peut élever en pleine terre aux environs de Paris: nom peu propre au reste à désigner cet arbrisseau qui ne ressemble au cerisier en quoi que ce soit. Les Anglois l'appellent avec plus de vraissemblance par rapport à sa fleur, upright honey suckle, c'est - à - dire chevrefeuille à tige droite, par opposition au chevrefeuille ordinaire, dont les tiges sont rampantes. Dans une partie de l'Auxois en Bourgogne, on le nomme frole, & dans d'autres endroits on l'appelle petit bois blanc. Enfin Linnaeus a jugé à - propos qu'il dût s'appeller lonicera. Cet arbrisseau se trouve communément

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