ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"291"> dans son huitieme diseours sur l'histoire ecelesiastique, c. viij. par les disputes fameuses des Freres mineurs ou Cordeliers, pour savoir quelle devoit être la forme de leur capuchon, & si la propriété de ce qu'ils mangeoient leur appartenoit, ou à l'Eglise romaine; dispute sur laquelle quatre papes donnetent des bulles contradictoires, ne se montrant en cela ni infaillibles, ni sages. Nicolas III. par sa bulle, exiit qui seminat seminare semen suum, déclara d'après S. Bonaventure, que la propriété de ce que les Cordeliers mangeoient ne leur appartenoit pas, mais simplement le seul usage de fait. Jean XXII. décida le contraire; & l'empereur Louis de Baviere, qui ne l'aimoit pas, se fit condamner pour cela comme hérétique, dans une espece de concile tenu à Rome. Ce prince fit ensuite élire un anti - pape fratricelle, nommé Pierre de Corbiere, qui des qu'il se vit pape, renonça à la pauvreté qu'il avoit préchée, & vendit des bénéfices, pour avoir des chevaux, des domestiques, & une table somptueuse. Mais ce pape ne fit pas fortune. Il y eut d'ailleurs quelques fratricelles de brûlés comme hérétiques. Cette sottise, dit un auteur célebre, n'ayant pas fait répandre beaucoup de sang, peut être mise au rang des sottises paisibles.

Les fratricelles s'appelloient aussi bizoques, begghards, &c. Voyez Begghards. (O)

FRATRICIDE (Page 7:291)

FRATRICIDE, s. m. (Jurisprud.) quasi fratris coedes, est le crime detestable que commet celui qui tue son frere ou sa soeur.

On appelle aussi fratrieide celui qui commet ce crime.

Celui qui tue son frere ou sa soeur se rend indigne de leur succession; ses enfans en sont pareillement exclus: anciennement cette succession étoit confisquée; mais présentement elle est dévolue aux plus proches héritiers habiles à succéder.

Le frere qui est complice de l'homicide de son frere, est aussi exclus de sa succession.

Voyez Anne Robert, liv. III. ch. vij. Papon, liv. XXI. tit. j. n°. 22. & tit. jv. n°. t. Carondas, liv. II. rep. 80. Maynard, l. VII. de ses qu st. ch. xexjv. Mornac, ad lil. I. cod. ubi causoe finales. (A)

FRAUDE (Page 7:291)

* FRAUDE, s. f. tromperie cachee. La fraude est un des vices opposés à la justice & à la veracité. Elle peut se trouver dans le diseours, dans l'action, & même quelquefois dans le silence. L'homme qui se taît est frauduleux, toutes les fois qu'il se laisse interpréter à faux. Il doit alors réparer le mal qu'il a souffert, comme s'il l'avoit commis.

La Mythologie faisoit de la fraude une des silles de l'Enfer & de la Nuit. L'Enfer & la Nuit, c'est - à - dire la méchanceté & l'hypocrnie, avoient donné naissance à tout ce qu'il y a de pernicieux parmi les hommes.

Fraude, Contravention, Contrebande (Page 7:291)

Fraude, Contravention, Contrebande, (Comm.) ces trois mots sont ici synonymes, & sont pris pour toutes infractions aux ordonnances & réglemens qui ont rapport aux droits établis sur les denrees ou marchandises; avec cette différence, que la fraude est sourde & cachee, comme lorsque l'on fait entrer ou sertir du royaume des marchandises par des routes detournees, pour eviter le payement des droits sur celles permises, ou la consiscation sur celles prohibées. La contravention suppose de la bonne - foi, & vient de l'ignorance des réglemens, ensorte qu'elle se commet en manquant aux formalites prescrites. La contrebande est un crime capital, parce qu'elle se fait avec attroupement & port d'armes: elle est par conséquent contraire aux lois etablies pour la surete de l'etat

La fraude & la contravention étant toute voie qui soustrait à la connoissance des fermiers ou des préposés à la levee des droits, les choses qui y sont sujettes, soit que celui qui use de cette voie le sasie à dessern de trauder, ou parce qu'il ignore que le droit est dû, les peines sont les mêmes; parce que ce droit étant établi par une loi publique, est tenu pour connu de tout le monde: si l'ignorance pouvoit l'excuser, tous pourroient l'alléguer.

Lorsque le droit est disproportionné au prix de la chose, la fraude devient lucrative; la peine de la confiseation des marchandises & d'une amende, n'est pas capable de l'arrêter, il faut alors avoir recours aux peines que l'on inflige pour les plus grands crimes; & des hommes que l'on ne peut regarder comme méchans, sont traités en scélérats. D'un côté l'interêt, & de l'autre la crainte de subir les peines portées par les defenses, excitent les peuples à la contrebande, & les font se tenir en force, & commettre la fraude à main armée.

La contrebande se commet le plus ordinairement sur les marchandises dont l'entrée & la sortie sont défendues, comme sont les étoffes des Indes ou de la Chine, les toiles peintes, les glaces de miroirs, les points de Venise, & autres, pour l'entrée; les armes & instrumens de guerre, l'or & l'argent, les pierreries, le fil, le chanvre, les chardons à drapier, pour la sortie. Ces marchandises sont appellées de contrebande; elles sont non - seulement sujettes à la confiscation, mais elles entrainent aussi celles de toutes les autres marchandises dont le commerce est permis, qui se trouvent avec elles dans les mêmes caisses & ballots; comme aussi des chevaux, mulets, charrettes, & équipages des voitures qui les conduisent; & toutes confiscations emportent amende, laquelle doit être arbitree par les juges, lorsqu'elle n'est pas fixée par les ordonnances. Il y a des contrebandes qui sont défendues sous peine des galeres, & même de la vie. comme celle du tabac & du faux - sel. Voyez Gabelle & Tabac.

Le bien commun rend juste l'imposition & la levée des tributs; & le besoin de l'état les rend nécessaires. Il s'ensuit de cette nécessité & de cette justice, que les peuples sont obligés à s'en acquitter comme d'une dette très - légitime, & qu'ils peuvent y être contraints par les voies que l'usage & les lois ont établies. De - là on peut conclure qu'il n'est pas permis de frauder les droits, & de les faire perdre; que c'est un devoir de conscience de les payer; car outre que l'on fait une injustiee ou au public ou à ceux qui en ont traité, l'on occasionne de grands frais qui seroient moindres, & beaucoup de precautions qui génent le commerce, pour prévenir les fraudes dont plusieurs usent. Mais il faut aussi convenir, que si l'on accordoit au commerce toute la liberté dont il a besoin pour être florissant, les fraudes, contraventions & contrebandes ne seroient pas communes.

De fraude, on a fait les mots frauder, fraudeur, frauduleux, &c.

FRAUSTADT (Page 7:291)

FRAUSTADT, (Géog.) petite ville de Pologne aux frontieres de la Silesie, remarquable par la bataille que les Suedois y gagnerent sur les Saxons le 14 Février 1706. Elle est à 28 lieues N. E. de Breslaw, & à 8 N. O. de Glogaw: c'est la patrie de Christian Griphius, grand poete allemand du dernier siecle, & de Balthasar Timee, medecin, dont les oeuvres ont paru à Leipsick en 1715, in - 4°. Long. 33. 25. latit. 51. 45. (D. J.)

FRAUX, ou FRECHES (Page 7:291)

FRAUX, ou FRECHES, s. m. pl. (Jurisp.) appellés aussi en d'autres lieux fros, frox, & fioux, sont des terres incultes & en friche. Voyez les notes sur la cotit. d'Artois, art. 5. n°. 1. & le glossaire de Ducange, aux mots froccus & friseum. (A)

FRAWENFELD (Page 7:291)

FRAWENFELD, (Géog.) petite ville de Suisse, capitale du Thurgow sur une hauteur, près la riviere de Murg. Voyez Longuerue. Long. 30. 42. ladt. 47. 28. (D. J.)

FRAXINELLE (Page 7:291)

FRAXINELLE, fraxinella, (Hist. nat. lot) gen<pb-> [p. 292] re de plante à fleurs anomales, composées pour l'ordinaire de cinq pétales. Il sort du calice une grande quantité d'étamines courbes, & un pistil qui devient dans la suite un fruit composé de plusieurs gaines disposées en maniere de tête. Chaque gaine renferme une capsule qui s'ouvre en deux parties, qui se recourbent à - peu - près comme des cornes de bélier, lancent au loin des semences qui sont faites pour l'ordinaire en forme de poire. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On distingue cinq ou six especes de fraxinelle, mais nous ne parlerons que de la fraxinelle commune, nommée fraxinella par Gérard, 1056; Tournef. inst. 430. Roerh. Ind. 299. Parkins, theat. 417. dietamnus albus, par J. Bauh. 3. 494. Buxb. 217, Ray, hist. 1. 698. Rupp. flor. jen. 235. &c.

Son odeur est forte, tant soit - peu résineuse; les racines sont branchues, fibreuses, de la grosseur du doigt; ses tiges rougeâtres s'élevent à la hauteur de deux à trois piés, branchues, velues, garnies de feuilles aîlées ou composées de trois, quatre & cinq pattes de petites feuilles rangées sur une côte qui est terminée par une seule feuille; leur couleur est d'un verd foncé en - dessus & d'un verd - clair en - dessous: elles sont luisantes, fermes, crenelées, de la forme des feuilles de frêne, mais plus petites; ce qui peut - être a fait donner le nom de fraxinelle à cette plante. Au haut des tiges, sont des fleurs de plusieurs feuilles irrégulieres, d'une odeur forte & agréable, quoiqu'elle approche un peu de l'odeur du bouc: leur disposition en long épi fait un bel effet à la vûe; elles sont à cinq pétales blancs ou purpurins, pannachés de lignes de couleur plus foncée.

Les extrémités des tiges & les calices des fleurs, sont couverts d'une infinité de vésicules pleines d'huile essentielle, comme on peut l'observer facilement à l'aide d'un microscope: en effet, elles répandent dans les jours d'été, des vapeurs sulphureuses en si grande abondance, que si l'on place au pié de la fraxinelle une bougie allumée, il sort tout - à - coup une grande flamme qui se communique à toute la plante.

La fraxinelle vient dans les campagnes & dans les forêts des pays chauds, en Provence, en Languedoc, & en Italie: on la cultive aussi beaucoup dans nos jardins, où elle fleurit en Juin & Juillet. Voyez Fraxinelle, (Jard.) Enfin sa racine est d'usage en Medecine. Voyez Fraxinelle, (Pharm. Mat. med.) (D. J.)

Fraxinelle (Page 7:292)

Fraxinelle, (Jardin. Agricult.) cette plante vivace peut être mise au nombre des fleurs de la grande espece; elle se perpétue également par sa racine ou par sa graine; elle aime les pays chauds, & cependant sa culture est aisée; car il s'agit seulement de la garantir du froid, après l'avoir semée sur couche. On aura soin de la transplanter à la fin de Septembre, afin qu'elle puisse prendre racine avant l'hyvers & alors elle produira de plus belles fleurs que si l'on faisoit cette transplantation au mois de Mars. Elle demande une terre fraîche & riche, qui ne soit ni grasse ni humide.

Quand vous voulez la multiplier de graine, il faut replanter les racines qu'elle a poussées, dans de nouvelles couches, à demi - pié de distance les unes des autres, ayant soin de ne les point endommager, & de les fixer fermement avec de la terre que vous appliquerez tout - autour, pour éviter les effets de la gelée. On ne manquera pas de les laisser une année dans ces nouveaux lits, pendant lequel espace de tems elles prospéreront, & produiront des fleurs l'année suivante: alors ce sera le moment de les mettre dans les allées de vos parteres où vous desirerez qu'elles restent, & où elles méritent d'avoir place par leur beauté long - tems durable. (D. J.)

Fraxinelle (Page 7:292)

Fraxinelle, (Pharm. Mat. méd.) cette plante porte aussi le nom de dictamne dans les boutiques, mais il faut se ressouvenir - que les feuilles du dictanine en matiere médicale, désignent toûjours les seudles du dictamne de Crete, & que les racines du dietamne désignent pareillement toûjours les racine, de notre fraxinelle. Leur emploi est moderne; on n'en trouve aucune mention dans les écrits des Grecs & des anciens Arabes.

La partie d'usage de la fraxinelle en fait de malidies, est donc sa racine, ou plûtôt l'écorce de la racine de cette plante. Cette écorce est assez épaisse, blanche, roulée comme la cannelle, d'un goût un peu amer avec une legere acreté, d'une odeur agréable & forte lorsqu'elle est récente.

Toute la racine ainsi que l'écorce, abonde d'une huile essentielle subtile, & d'une portion considerable de sel essentiel, qui approche du sel ammoniae: on lui attribue les qualités d'être stimulante, apéritive, emménagogue, & vermifuge. La dose est depuis une dragme jusqu'à trois en substance, & jusqu'à deux onces en fusion. Elle entre dans beaucoup de préparations officinales, connues par leur ridicule.

On tire des fleurs de la fraxinelle des pays chauds, une eau distillée très - odoriférante, dont les dames italiennes se servent comme d'un cosmétique également agréable & innocent. (D. J.)

FRAYÉ (Page 7:292)

FRAYÉ, voyez Frayer.

Frayé aux ars (Page 7:292)

Frayé aux ars, (Marége & Maréch.) Nous disons qu'un cheval est frayé aux ars, lorsqu'il y a inflammation & écorchure à la partie interne & supérieure de l'avant - bras. Un cuir naturellement desicat, l'inattention d'un palefrenier à maintenir cette partie nette, un voyage de longue haleine, principalement dans des tems de chaleur; telles sont les causes qui peuvent y donner lieu. Je dis un voyage de longue haleine, & dès - lors l'écorchure est causec par le frottement continuel de cette partie contre le corps du cheval. J'ai vû des chevaux qui en ont été tellement incommodés, qu'à peine pouvoient - ils marcher, & qu'en cheminant ils fauchoient comme s'ils avoient eu un écart. On y remedie en oignant la partie enflammée avec parties égales d'onguent d'althoea & de miel commun. L'inflammation dissipée, on la bassine souvent avec du vin chaud, & on peut la saupoudrer avec de la poussiere de bois pourri, de la poudre d'amydon, de sang - de - dragon, de céruse, &c. (e)

FRAYER (Page 7:292)

* FRAYER, v. act. (Gramm.) il se dit au simple d'une route; celui qui fait les premiers pas ouvre la route; ceux qui le suivent la frayent. Une route fraye ou qui a été déjà fréquentée, c'est la même chose. Frayer à quelqu'un la route du vice, c'est lever les scrupules, & lui applanir toutes les difficultes. Se frayer à soi - même une route, c'est par essorts de genie atteindre un but par des moyens qui sont inconnus aux autres, & qu'on s'est rendus propres & familiers.

Frayer (Page 7:292)

Frayer, (à la Monnoie.) est un crime de faux monnoyeur, qui altere une piece en imitant l'altération que le toucher & le tems ont pû produire. Ce crime est trop grossier & d'un lucre trop foible pour n'être pas facilement appercû, lorsqu'il s'etend sur trop d'especes. Dans un payement où le frai attaque toutes les pieces, il est permis d'arrêter l'argent pour être justifié par l'ordonnance de Louis XIV. conséquemment à ce qui est prescrit.

Frayer (Page 7:292)

Frayer, signifie littéralement s'érailler, comme fait un drap ou une étoffe, à force de les frotter ou de les porter trop long - tems.

Frayer (Page 7:292)

Frayer, se dit des poissons. Voyez ci - devant Frai.

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