ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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FRAMBOISIER (Page 7:278)

FRAMBOISIER, s. m. (Jardinage.) arbrisseau qui est fort commun dans tous les climats tempérés, & qui est si robuste, qu'il se trouve jusque dans les pays les plus septentrionaux. C'est une espece de ronce, qui s'eleve à cinq ou six piés, qui n'est vivace que dans la racine, & dont les tiges se dessechent toûjours au bout de deux ans: elles sont remplacées par de nouveaux rejettons, qui ne donnent des fleurs & des fruits que la seconde année, à la fin de laquelle ils périssent à leur tour, sans que la racine en soit endommagée. Ses feuilles, d'un verd tendre en - dessus & blanchâtre en - dessous, sont au nombre de trois ou cinq sur une même queue. Sa fleur, qui n'a nulle belle apparence, paroît au mois de Mai; & c'est en Juillet qu'arrive la maturité de son fruit, qui a beaucoup de parfum.

Cet arbrisseau vient naturellement dans les endroits sombres, pierreux, & humides des forêts; ainsi on doit dans les jardins les placer à l'ombre & à la fraicheur des murs exposés au nord, où il se plaira & réussira mieux qu'à toute autre exposition. Il lui faut une terre meuble, limonneuse, & mêlée de sable, mais qui ne soit ni trop humide ni trop seche; ces deux extrémités lui sont également contraires.

Ses racines, qui s'étendent au loin à fleur de terre, poussent quantité de rejettons qui servent à le multiplier: c'est le seul moyen qui soit en usage, parce qu'il est le plus sûr & le plus prompt. On peut cependant le faire venir de semence, de branches couchées, & même de bouture; ou bien encore en plantant simplement des brins de la racine.

L'automne est la saison la plus propre à la transplantation du framboisier; & si on s'y prend dès le mois d'Octobre, les plants feront de bonnes racines avant l'hyver, & acquerront assez de force pour produire l'année suivante quelques fruits passables, & des rejettons suffisans pour donner l'année d'après des fruits à l'ordinaire: au lieu que si on ne les transplantoit qu'au printems, outre que la reprise en seroit incertaine; il faudroit s'attendre à deux années de retard. Il faut planter les framboisiers à deux piés de distance, dans des rayons éloignés de quatre pies les uns des autres; les réduire pour cette premiere fois à un ou deux piés de hauteur; retrancher les racines trop longues; & ménager les yeux qui se trouveront au pié de la tige, parce qu'ils sont destinés à produire de nouveaux rejettons.

Toute la culture que cet arbrisseau exige, c'est de lui ôter chaque hyver le vieux bois qui a porté du fruit l'été précédent; de tailler les nouveaux rejettons à trois piés au - dessus de terre; de supprimer tous ceux qui seront foibles ou surabondans; & enfin de les renouveller tous les quatre ou cinq ans, si l'on veut avoir de beau fruit.

L'excellent parfum des framboises en fait avec raison multiplier les usages. On en peut faire du vin, du ratafiat, & du syrop; des compottes, des confitures, des conserves, des dragées, & jusqu'à du vinaigre.

On connoît sept especes ou variétés du framboisier.

Le framboisier à fruit rouge; c'est celui auquel on doit appliquer ce qui vient d'être dit en géneral.

Le framboisier à fruit blanc: la couleur du fruit on fait la seule différence, qui n'est pas avantageuse, parce que les framboises blanches ont moins de parfum que les rouges. [p. 279]

Le framboisier d'automne: il ne differe du premier que parce que son fruit est tardif.

Le framboisier sans épines; c'est une petite variété dont la rareté fait le seul mérite.

Le framboisier à fruit noir: cet abrisseau est originaire de l'Amérique septentrionale, du Canada suttout; ses feuilles ressemblent à celles de notre framboisier ordinaire, si ce n'est qu'elles sont lanugineuses en dessous: mais les framboises qu'il produit sont aigres & de moindre qualité que les nôtres.

Le framboisier de Canada. Il est très - différent des autres especes: ses feuilles sont grandes, d'un verd gai, découpées en cinq parties fort ressemblantes à celles du groseiller sans epines, & elles ont un peu d'odeur; ce qui a fait donner à cet arbrisseau le nom de ronce odoriferante. Ses fleurs, d'une vive couleur de pourpre violet, sont de la forme d'une rose sauvage; elles paroissent au commencement de Juin, & elles se succedent pendant deux mois: ce qui doit mériter à ce framboisier d'avoir place parmi les arbrisseaux fleurissans; d'autant mieux que ses tiges sont sans épines. Son fiuit est plus gros que nos framboises, mais il a peu de parfum; il n'est pas à beaucoup près de si bon goût, & ce framboisier en donne très - rarement. Si cependant on vouloit lui en faire porter, il faudroit le planter dans une terre forte & limonneuse: mais s'il y avoit trop d'humidité, l'arbrisseau ne s'y soûtiendroit pas long - tems.

Le framboisier de Pensylvanie. Cet arbrisseau prend plus de hauteur que les précédens; il a peu d'épines, & les extrémités de ses rejettons sont bleuâtres: c'est aussi pour sa feuille qu'on le cultive plûtôt que pour son fruit, qui ressemble parfaitement à celui de nos ronces communes: il a pourtant un goût différent, mais qui n'approche pas de celui de nos framboises; il ne mûrit que sur la fin de l'automne.

Toutes ces especes étrangeres de framboisiers se multiplient & se conservent comme ceux d'Europe. Voyez Ronce. (c)

Framboisier, & Framboise (Page 7:279)

Framboisier, & Framboise, (Mat. med. & Diete.) Les feuilles & les sommités du framboisier sont legerement détersives & astringentes, & peuvent etre substituées à celles des ronces pour les gargarismes qu'on employe dans les maux de gorge & de gencives, lorsqu'il s'agit de procurer un leger resserrement à ces parties. C'est à - peu - près là tout l'usage qu'on tire de l'arbrisseau.

Son fruit rouge & blanc est plus employé sur les tables qu'en Medecine. Les belles framboises pleines de suc, & nouvellement cueillies, ont un goût & une odeur aromatique, également fine & flateuse; ce qui provient du sel essentiel de ce fruit, joint & uni avec quelques parties huileuses un peu exaltées; lesquelles picotant legerement les nerfs du goût & de l'odorat, excitent une sensation agréable. Comme les framboises contiennent à - peu - près les mêmes principes que les fraises; elles sont humectantes, raffraichissantes, & contraires à l'acrimonie bilieuse.

On prépare avec ce fruit, du sucre, & de l'eau, une boisson appellée eau de framboise très - bonne pour appaiser la soif dans les maladies aiguës. Le nitre dissous & crystallisé avec le suc de framboise, remplira le même but.

On fait aussi avec le suc de ce fruit, des gelées & des syrops très - convenables dans les fievres & les diarrhées putrides. On trouve le syrop de framboise tout préparé dans les boutiques d'Apoticaires, sous le nom de syrupus rubi - idoei. Le vin rouge framboisé, c'est - à - dire dans lequel on a infusé des framboises, paroît assez propre pour le vomissement causé par la foiblesse & l'atonie de l'estomac.

On tire des framboises, comme de tous les fruits rouges, une eau spiritueuse. (D. J.)

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