ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"566"> ges, de la cité de Gévaudan & de celle de Vélai; & Bordeaux métropole de la seconde Aquitaine, & sous elle Agen, Angoulême, Saintes, Poitiers & Périgueux; cette contrée fut appellée Aquitaine, de l'abondance de ses eaux; on l'appelloit anciennement Armorique, de armor, qui, en langue Gauloise, signifioit pays maritime. Il faut ajoûter à la premiere & seconde Aquitaine la Novempopulanie composée des douze cités suivantes, Eause métropole, Acqs, Leitoure, Cominges, Conferans; la cité des Boiates ou de Busch, celle de Bearn, Aire, Bazas, Tarbes, Oléron & Ausch; & ces trois provinces formerent l'Aquitaine entiere. L'Aquitaine, après avoir éprouvé plusieurs révolutions, fut érigée en royaume en 778 par Charlemagne, & supprimé par Charles - le - Chauve, qui y mit des ducs.

L'Aquitaine, qu'on peut appeller moderne, est renfermée entre la Loire, l'Océan & les Pyrenées. Il y en a qui ne comprennent sous ce nom que la Guienne & la Gascogne: d'autres divisent l'Aquitaine en trois parties; la premiere comprend le Berry & le Bourbonnois, la haute & basse Auvergne, le Vélai & le Gévaudan, le rouergue & l'Albigeois, le Querci, le haut & bas Limosin, la haute & basse Marche; la seconde, le Bourdelois, le Médoc, la Saintonge, l'Aunis, l'Angoumois, le Périgord, l'Agénois & le Condomois; la troisieme, l'Armagnac & le Bigorre, Cominges, Conserans, le Béarn, la basse Navarre, les Basques, les Landes, le Bazadois & la petite Gascogne.

AQUITECTEURS (Page 1:566)

* AQUITECTEURS, s. m. pl. (Hist. anc.) nom que les Romains donnerent à ceux qui étoient chargés de l'entretien des aqueducs & de tous les bâtimens destinés ou à distribuer les eauxdans la ville, ou à en expulser les immondices.

A R

AR (Page 1:566)

* AR (Géog. anc. & sacr.) ville des Moabites. Voyez Aroer.

ARA (Page 1:566)

ARA, est le nom Latin de la constellation appellée autel. Voyez Autel. (O)

ARA ou HARA (Page 1:566)

* ARA ou HARA (Géog. anc. & sainte.) ville d'Assyrie où les tribus qui étoient au - delà du Jourdain, savoir, de Ruben, de Gad & la moitié de celle de Manassés, furent menées en captivité par les rois Phul & Theglathphalasar. Saint Jérome croit que cette ville est la même que Ragès, dont il est parlé dans Tobie, chap. j.

Ara (Page 1:566)

* Ara (Cap d') (Géog. anc. & mod.) autrefois Neptunium promontotium, est le cap le plus méridional de l'Arabie heureuse; il forme avec la côte d'Ajan en Afrique, le détroit de Babelmandel.

ARAB (Page 1:566)

* ARAB (Géog. anc. & sainte.) ville de la tribu de Juda.

ARABA (Page 1:566)

* ARABA (Géog. anc. & mod.) ville de Perse, dans le. Sigistan, entre la ville de ce nom & le Cendahar. On pense communément que c'est l'ancienne ville d'Ariaspè, capitale de la Drangiane, à moins que ce ne soit Gobinam, ville de la même province, au midi de celle de Sigistan.

ARABE (Page 1:566)

ARABE, adj. on appelle arabe & arabique tout ce qui a rapport à l'Arabie, ou aux Arabes; arabique langue, ou langue arabe, c'est une dialecte de l'Hébreu.

Le Pere Ange de S. Joseph exalte beaucoup la richesse & l'abondance de l'Arabe. Il assûre qu'il y a dans cette langue plus de mille mots qui signifient une épée: cinq cens qui signifient un lion, deux cens pour dire un serpent, & huit qui signifient du miel.

Caracteres arabes, ou figures arabiques, ce sont les chiffres dont on se sert ordinairement dans les calculs d'arithmétique. Voyez Figure, Nombre. Les caracteres arabes sont différens de ceux des Romains. Voyez Caractere.

On croît communément que les Sarrasins nous ont donné les caracteres arabes, qu'ils avoient appris eux - mêmes des Indiens. Scaliger étoit si persuadé de leur nouveauté, qu'il assûra qu'un médaillon d'argent sur lequel il sut consulté étoit moderne, parce que les caracteres 234 & 235 étoient gravés dessus.

On croit que Planude qui vivoit sur la fin du treizieme siecle, a été le premier d'entre les Chrétiens qui ait fait usage de ces chiffres. Le Pere Mabillon assûre dans son traité de Re diplomaticâ, que l'on ne s'en est pas servi avant le quatorzieme siecle. Le docteur Wallis soûtient qu'ils étoient en usage long - tems auparavant, du moins en Angleterre, & fixe cette époque au tems d'Hermannus - Contractus qui vivoit environ l'an 1050. Ces chiffres, selon lui, étoient d'usage, sinon dans les comptes ordinaires, du moins dans les Mathématiques, & surtout pour les tables astronomiques. Voyez Wallis, algeb. ch. iv.

Pour prouver l'antiquité des chiffres arabes, le même auteur se fonde sur une inscription en bas relief qui étoit sur un manteau de cheminée de la maison presbytérale de Helindon dans la province de Northampton, où on lisoit ces caracteres m°. 133 avec la date de l'année 1133, Transac. Philosoph. n°. 174.

M. Tuffkin fournit une preuve plus sûre de l'antiquité de l'usage de ces chiffres. C'est une croisée d'une maison faite à la romaine, & située dans la place du marché de Colchester, sur laquelle entre deux lions ciselés est un écusson contenant ces marques 1090. Transact. Philosoph. n°. 255.

M. Huet pense que ces caracteres n'ont point été empruntés des Arabes, mais des Grecs; & que les chiffres arabes ne sont autre chose que les lettres greques, que l'on sait que ces peuples employoient pour nombrer & chiffrer. Voyez Nombre.

On dit que l'on nourrit les chevaux arabes avec du lait de chameau, & on rapporte des choses étonnantes de ces animaux. Le duc de Neucastle assûre que le prix ordinaire d'un cheval arabe est de 1000, 2000 & jusqu'à 3000 livres, & que les Arabes sont aussi soigneux de conserver la généalogie de leurs chevaux, que les Princes sont curieux de celle de leurs familles; les écuyers ont soin d'écrire le nom des peres & meres de ces animaux, & on en trouve dont la noblesse en ce genre remonte fort haut. On assûre qu'il y a eu tels chevaux pour lesquels on a frappé des médailles.

Le bien que les Arabes donnent à leurs enfans, quand ils sont arrivés à l'âge d'homme, consiste en deux habits, deux cimeteres, & un cheval qui les accompagne toûjours. Les chevaux arabes que l'on a amenés en Angleterre n'ont jamais rien montré qui fût extraordinaire. Voyez Cheval.

Année (Page 1:566)

Année des Arabes. Voyez An.

Arabes (Page 1:566)

Arabes. Etat de la Philosophie chez les anciens Arabes: après les Chaldéens, les Perses & les Indiens, vient la nation des Arabes, que les anciens Historiens nous représentent comme fort attachée à la Philosophie, & comme s'étant distinguée dans tous les tems par la subtilité de son esprit: mais tout ce qu'ils nous en disent paroît fort incertain. Je ne nie pas que depuis Islamime l'érudition & l'étude de la Philosophie n'ayent été extrèmement en honneur chez ces peuples: mais cela n'a lieu & n'entre que dans l'histoire de la Philosophie du moyen age. Aussi nous proposons - nous d'en traiter au long, quand nous y serons parvenus. Maintenant nous n'avons à parler que de la Philosophie des anciens habitans de l'Arabie heureuse.

Il y a des savans qui veulent que ces peuples se soient livrés aux spéculations philosophiques; & pour prouver leur opinion, ils imaginent des systèmes qu'ils leur attribuent, & font venir à leur secours la reli<pb-> [p. 567] gion des Zabiens, qu'ils prétendent être le fruit de la Philosophie. Tout ce qu'ils disent n'a pour appui que des raisonnemens & des conjectures: mais que prouve - t - on par des raisonnemens & des conjectures, quand il faut des témoignages? Ceux qui sont dans cette persuasion que la Philosophie a été cultivée par les anciens Arabes, sont obligés de convenir eux - mêmes, que les Grecs n'avoient aucune connoissance de ce fait. Que dis - je? Ils les regardoient comme des peuples barbares & ignorans, & qui n'avoient aucune teinture des lettres. Les écrivains Arabes, si l'on en croit Abulfarage, disent eux - mêmes qu'avant Islamime, ils étoient plongés dans la plus profonde ignorance. Mais ces raisons ne sont pas assez fortes pour leur faire changer de sentiment sur cette Philosophie qu'ils attribuent aux anciens Arabes. Le mépris des Grecs pour cette nation, disent - ils, ne prouve que leur orgueil & non la barbarie des Arabes. Mais enfin quels mémoires peuvent - ils nous produire, & quels auteurs peuvent - ils nous citor en faveur de l'érudition & de la philosophie des premiers Arabes? Ils conviennent avec Abulfarage qu'ils n'en ont point. C'est donc bien gratuitement qu'ils en font des gens lettrés & adonnés à la Philosophie. Celui qui s'est le plus signalé dans cette dispute, & qui a eu plus à coeur la gloire des anciens Arabes, c'est Joseph Pierre Ludewig. D'abord il commence par nous opposer Pythagore, qui, au rapport de Porphyre, dans le voyage littéraire qu'il avoit entrepris, fit l'honneur aux Arabes de passer chez eux, de s'y arrêter quelque tems, & d'apprendre de leurs Philosophes la divination par le vol & par le chant des oiseaux, espece de divination où les Arabes excelloient. Moyse lui - même, cet homme instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, quand il fut obligé de quitter ce royaume, ne choisitil pas pour le lieu de son exil l'Arabie, préférablement aux autres pays? Or qui pourra s'imaginer que ce législateur des Hébreux se fût retiré chez les Arabes, si ce peuple avoit été grossier, stupide, ignorant? Leur origine d'ailleurs ne laisse aucun doute sur la culture de leur esprit. Ils se glorifient de descendre d'Abraham, à qui l'on ne peut refuser la gloire d'avoir été un grand Philosophe. Par quelle étrange fatalité auroient - ils laissé éteindre dans la suite des tems ces premieres étincelles de l'esprit philosophique, qu'ils avoient hérité d'Abraham leur pere commun? Mais ce qui paroît plus fort que tout cela, c'est que les livres saints pour relever la sagesse de Salomon, mettent en opposition avec elle la sagesse des Orientaux: or ces Orientaux n'étoient autres que les Arabes. C'est de cette même Arabie que la reine de Saba vint pour admirer la sagesse de ce Philosophe couronné; c'est l'opinion constante de tous les savans. On pourroit prouver aussi par d'excellentes raisons, que les Mages venus d'orient pour adorer le Messie, étoient Arabes. Enfin Abulfarage est obligé de convenir qu'avant Islamime même, à qui l'on doit dans ce pays la renaissance des lettres, ils entendoient parfaitement leur langue, qu'ils en connoissoient la valeur & toutes les propriétés, qu'ils étoient bons Poëtes, excellens Orateurs, habiles Astronomes. N'en est - ce pas assez pour mériter le nom de Philosophes? Non, vous dira quelqu'un. Il se peut que les Arabes ayent poli leur langue, qu'ils ayent été habiles à deviner & à interpréter les songes, qu'ils ayent réussi dans la composition & dans la solution des énigmes, qu'ils ayent même eu quelque connoissance du cours des astres, sans que pour cela on puisse les regarder comme des Philosophes; car tous ces arts, si cependant ils en méritent le nom, tendent plus à nourrir & à fomenter la superstition, qu'à faire connoître la vérité, & qu'à purger l'ame des passions qui sont ses tyrans. Pour ce qui regarde Pythagore, rien n'est moins certain que son voyage dans l'orient; & quand même nous en conviendrions, qu'en résulteroit - il, sinon que cet imposteur apprit des Arabes toutes ces niaiseries, ouvrage de la superstition, & dont il étoit fort amoureux? Il est inutile de citer ici Moyse. Si ce saint homme passa dans l'Arabie, & s'il s'y établit en épousant une des filles de Jétro, ce n'étoit pas assûrément dans le dessein de méditer chez les Arabes, & de nourrir leur folle curiosité de systèmes philosophiques. La Providence n'avoit permis cette retraite de Moyse chez les Arabes, que pour y porter la connoissance du vrai Dieu & de sa religion. La Philosophie d'Abraham, dont ils se glorifient de descendre, ne prouve pas mieux qu'ils ayent cultivé cette science. Abraham pourroit avoir été un grand Philosophe & avoir été leur pere, sans que cela tirât à conséquence pour leur philosophie. S'ils ont laissé perdre le fil des vérités les plus précieuses, qu'ils avoient apprises d'Abraham; si leur religion a dégénéré en une grossiere latrie, pourquoi leurs connoissances philosophiques, supposé qu'Abraham leur en eût communiqué quelques - unes, ne se seroient - elles pas aussi perdues dans la suite des tems? Au reste, il n'est pas trop sûr que ces peuples descendent d'Abraham. C'est une histoire qui paroît avoir pris naissance avec le Mahométisme. Les Arabes ainsi que les Mahométans, pour donner plus d'autorité à leurs erreurs, en font remonter l'origine jusqu'au pere des croyans. Une chose encore qui renverse la supposition de Ludewig, c'est que la philosophie d'Abraham n'est qu'une pure imagination des Juifs, qui veulent à toute force trouver chez eux l'origine & les commencemens des arts & des sciences. Ce que l'on nous oppose de cette reine du midi, qui vint trouver Salomon sur la grande réputation de sa sagesse, & des Mages qui partirent de l'orient pour se rendre à Jérusalem, ne tiendra pas davantage. Nous voulons que cette reine soit née en Arabie: mais est - il bien décidé qu'elle fût de la secte des Zabiens? On ne peut nier sans doute, qu'elle n'ait été parmi les femmes d'orient une des plus instruites, des plus ingénieuses, qu'elle n'ait souvent exercé l'esprit des rois de l'orient par les énigmes qu'elle leur envoyoit; c'est - là l'idée que nous en donne l'Historien sacré. Mais quel rapport cela a - t - il avec la philosophie des Arabes? Nous accordons aussi volontiers que les Mages venus d'orient étoient des Arabes, qu'ils avoient quelque connoissance du cours des astres; nous ne refusons point absolument cette science aux Arabes; nous voulons même qu'ils ayent assez bien parlé leur langue, qu'ils ayent réussi dans les choses d'imagination, comme l'éloquence & la poësie: mais on n'en conclurra jamais, qu'ils ayent été pour cela des Philosophes, & qu'ils ayent fort cultivé cette partie de la littérature.

La seconde raison, qu'on fait valoir en faveur de la Philosophie des anciens Arabes, c'est l'histoire du Zabianisme, qui passe pour avoir pris naissance chez eux, & qui suppose nécessairement des connoissances philosophiques. Mais quand même tout ce que l'on en raconte seroit vrai, on n'en pourroit rien conclurre pour la philosophie des Arabes; puisque le Zabianisme, étant de lui - même une idolatrie honteuse & une superstition ridicule, est plûtôt l'extinction de toute raison qu'une vraie philosophie. D'ailleurs, il n'est pas bien décidé dans quel tems cette secte a pris naissance; car les hommes les plus habiles, qui ont travaillé pour éclaircir ce point d'histoire, comme Hottinger, Pocock, Hyde, & surtout le docte Spencer, avouent que ni les Grecs, ni les Latins ne font aucune mention de cette secte. Il ne faut pas confondre cette secte de Zabiens Arabes avec ces autres Zabiens dont il est parlé dans les annales de l'ancienne Eglise orientale, lesquels étoient moitié Juifs & moitié Chrétiens, qui se vantoient d'ê<pb->

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