ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"534"> quelle il se fait subitement une suspemsion de tous les mouvemens qui'dépendent de la volonté & de l'action des sens intérieurs & extérieurs, sans que celle des poumons ni la circulation du sang soient interrompues, la respiration & le battement des arteres étant comme dans l'état naturel, & souvent même plus forts; d'où l'on peut conclurre que les nerfs qui prennent leur origine dans le cerveau sont les seuls affectés, sans que les fonctions de ceux qui partent du cervelet soient altérées dans le commencement; ce qui donne à cette maladie la ressémblance d'un profond sommeil, qui est cependant accompagné d'un bruit provenant de la poitrine auquel les Medecins ont donné le nom de sterteur.

Les signes avant - coureurs de cette maladie sont, selon Duret, des douleurs de tête vagues, un vertige ténébreux, une lenteur dans la parole, & le froid des extrémités.

Ces signes ne se manisestent pas toûjours; car le malade est ordinairement frappé avec tant d'impétuosité, qu'il n'a pas occasion de prévoir ni le tems de prévenir une attaque d'apoplexie.

On doit regarder comme causes de cette maladie, tout ce qui peut arrêter ou diminuer le cours des esprits animaux dans les organes des sens & des mouvemens dépendans de la volonté, tels qu'un épaississement du sang & de la lymphe assez considérable pour qu'ils ne puissent circuler dans les vaisseaux du cerveau; un épanchement de quelque matiere qui comprimant les vaisseaux artériels, nerveux & lymphatiques, arrêtent la circulation du fluide qu'ils contiennent; enfin tout ce qui peut s'opposer au retour du sang des vaisseaux du cerveau vers le coeur.

Ces causes ne concourent pas toutes ensemble à l'apoplexie, ce qui a donné lieu à la distinction que l'on a faite de cette maladie en séreuse & en sanguine, Boerhaave ajoûte la polypeuse.

On tire le pronostic de l'apoplexie de la respiration du malade: lorsqu'elle est laborieuse, la maladie est mortelle; quand elle est aisée, ou que les remedes la rendent telle, il reste encore quelque espérance de sauver le malade.

La cure de l'apoplexie est différente, selon les causes qui la produisent.

Les anciens Medecins d'accord avec les modernes sur la nécessité de la saignée dans cette maladie, lorsqu'elle est produite par une cause chaude, ordonnent de la réitérer souvent dans ce cas, avec la précaution de mettre quelques intervalles entr'elles, selon Hippocrate & Celse; lorsqu'elles ne sont pas avantageuses, elles deviennent très - nuisibles aux malades.

Hollier est d'avis de faire tourmenter beaucoup le malade attaqué d'apoplexie séreuse, de le faire secoüer, & de lui faire frotter toutes les parties du corps; il prétend que l'on empêche par ce moyen le sang de se congeler, surtout si l'on a le soin de frotter le cou du malade à l'endroit où sont les veines jugulaires, & les arteres carotides, ce qu'il regarde comme absolument nécessaire pour passer avec succès à la saignée.

Duret n'admet la méthode de secoüer le malade, que lorsque l'apoplexie est venue peu - à - peu, & que l'on est sûr qu'il n'y a qu'une légere obstruction, prétendant que dans une apoplexie subite, les secousses augmentent l'oppression & accélerent la mort du malade.

Le reste du traitement consiste à procurer par tous les moyens possibles des évacuations: ainsi les émétiques sont les remedes appropriés dans ce cas, tant pour évacuer les matieres amassées dans le ventricule, que pour donner au genre nerveux une secousse capable de rendre aux esprits animaux la facilité de parcourir les filets nerveux qui leur sont destinés.

On joindra à l'usage des émétiques celui des clysteres acres & purgatifs, afin de rappeller le sentiment dans les intestins, par l'irritation qu'ils y occasionnent.

Malgré tous ces secours, l'apoplexie qui ne s'est pas terminée au septieme jour par la mort du malade, dégénere souvent en hémiplégie; c'est - à - dire, en paralysie de quelqu'un des membres, ou en paraplégie, qui est une paralysie de tous, maladie ordinairement incurable. Voyez Hémiplégie & Paraplégie. (L)

APOPOMPÉE (Page 1:534)

APOPOMPÉE, s. f. (Hist. anc.) nom que l'on donnoit à la victime que les Juifs chargeoient de malédictions, & qu'ils chassoient dans le désert, à la fête de l'expiation. Voyez Expiation.

Ce mot vient du Grec A'W=OPEMPEIN, qui signifie renvoyer. Macer, in Hierolexic. (G)

APORON, ou APORISME (Page 1:534)

APORON, ou APORISME, signifie chez quelques anciens Géometres un problème difficile à résoudre, mais dont il n'est pas certain que la solution soit impossible. Voyez Problème.

Ce mot vient du Grec A'W=ORO, qui signifie quelque chose de très - difficile, & même d'impraticable; il est formé d'A' privatif, & de W=ORO, passage. Tel est le problème de la quadrature du cercle. Voyez Quadrature, &c.

Lorsque l'on proposoit une question à quelque philosophe Grec, sur - tout de la secte des Académiciens, s'il n'en pouvoit donner la solution, sa réponse étoit A'WOREW, je ne la conçois pas, je ne suis pas capable de l'éclaircir. (O)

APORRHAXIS (Page 1:534)

APORRHAXIS, d'APORRGUMI, abrumpo, frango; sorte de jeu en usage chez les anciens, & qui consistoit à jetter obliquement une balle contre terre, de maniere que cette balle rebondissant allât rencontrer d'autres joüeurs qui l'attendoient, & qui la repoussant encore obliquement contre terre, lui donnoient occasion de rebondir une seconde fois vers l'autre côté, d'où elle étoit renvoyée de même, & ainsi de suite, jusqu'à ce que quelqu'un des joüeurs manquât son coup; & l'on avoit soin de compter les divers bonds de la balle. C'étoit une espece de paume qu'on joüoit à la main. (G)

APORRHOEA (Page 1:534)

APORRHOEA, du mot Grec A'PORREIN, couler, se dit quelquefois en Physique de émanations ou exhalaisons sulphureuses qui s'élevent de la terre & des corps soûterrains. V. Vapeur, Exhalaison, Mephitis . (O)

APOS (Page 1:534)

* APOS, s. m. c'est, selon Jonston, une hirondelle de mer, très - garnie de plumes, qui a la tête large, & le bec court; qui se nourrit de mouches, & dont le cou est court, les ailes longues, & la queue fourchue. On le nomme apos, parce qu'il a les jambes si courtes qu'on croiroit qu'il n'a point de piés: si l'on ajoûtoit à cette description qu'il a le gosier large, qu'il ne peut se relever quand il est à terre, & qu'il est noir de plumage, on prendroit facilement l'apos pour le martinet.

APOSCEPARNISMOS (Page 1:534)

APOSCEPARNISMOS, terme de Chirurgie, est une espece de fracture du crane faite par un instrument tranchant, qui emporte la piece comme si une hache l'avoit coupée.

Ce mot vient du Grec SXEW=ARNON, une coignée, une hache. Voyez Bibl. Anat. med. tom. I. p. 559 & 581.

J'ai oüi lire à l'Académie Royale de Chirurgie une observation envoyée par un Chirurgien de régiment, qui assûroit avoir guéri par la simple réunion une plaie à la tête faite par un coup de sabre, qui en dédolant avoit enlevé une piece du crane, de façon que la dure - mere étoit découverte de l'étendue d'une lentille. Cette piece d'os étoit retenue par les tégumens. Le Chirurgien, après avoir lavé la plaie avec du vin tiede, appliqua les parties dans leur situation naturelle, & les y maintint par un ap<pb-> [p. 535] pareil & un bandage convenable. Il prévint les accidens par les saignées & le régime, & la conduite qu'il tint eut tout le succès possible.

Cette pratique ne seroit point à imiter si la duremere étoit contuse: il faudroit dans ce cas achever d'ôter la piece, & panser ce trépan accidentel, comme celui qu'on fait dans un lieu de nécessité ou d'élection pour les accidens qui requierent cette opération, afin de faire suppurer la contusion de cette membrane. Voyez Trépan. (Y)

APOSIOPESE (Page 1:535)

APOSIOPESE, s. f. (Belles - Lett.) figure de Rhétorique, autrement appellée réticence ou suppression: elle se fait lorsque venant tout d'un coup à changer de passion, ou à la quitter entierement, on rompt brusquement le fil du discours qu'on devroit poursuivre, pour en entamer un différent. Elle a lieu dans les mouvemens de colere, d'indignation, dans les menaces, comme dans celle - ci, que Neptune fait aux vents déchaînés contre les vaisseaux d'Enée.

Quos ego . . . sed motos proestat componere fluctus.

Ce mot vient du Grec A'W=OSIWW=AW, je me tais. V. RÉticence. (G)

APOSTASIE (Page 1:535)

APOSTASIE, A'POASIA, révolte, abandon du parti qu'on suivoit pour en prendre un autre.

Ce mot est formé du Grec A'W=O\, ab, contra, & de ISHMI, être debout, se tenir ferme, c'est - à - dire, résister au parti qu'on avoit suivi, embrasser une opinion contraire à celle qu'on avoit tenue; d'où les Latins ont formé apostatare, mépriser ou violer quelque chose que ce soit. C'est en ce sens qu'on lit dans les Lois d'Edouard le Confesseur: Qui leges apostatabit terroe suoe, reus sit apud regem; Que quiconque viole les lois du royaume est criminel de lese - majesté.

Apostasie se dit plus particulierement de l'abandon qu'une personne fait de la vraie religion pour en embrasser une fausse. Telle fut l'action de l'empereur Julien, quand il quitta le Christianisme pour professer l'idolatrie.

Parmi les Catholiques, apostasie s'entend encore de la désertion d'un ordre religieux dans lequel on avoit fait profession, & qu'on quitte sans une dispense légitime. V. Ordre & Dispense.

Les anciens distinguoient trois sortes d apostasie: la premiere, à supererogatione, qui se commet par un Prêtre ou un Religeux qui quitte son état de sa propre autorité pour retourner à celui des laïcs, & elle est nommée de surérogation, parce qu'elle ajoûte un nouveau degré de crime à l'une ou l'autre des deux especes dont nous allons parler, & sans l'une ou l'autre desquelles elle n'arrive jamais: la seconde, à mandatis Dei, c'est celle que commet quiconque viole la loi de Dieu, quoiqu'il persiste en sa croyance: la troisieme, à fide; c'est la défection totale de celui qui abandonne la foi. V. Renégat.

Cette derniere est sujette à la vindicte des lois civiles. En France un Catholique qui abandonne sa religion pour embrasser la religion prétendue réformée, peut être puni par l'amende honorable, le bannissement perpétuel hors du royaume, & la confiscation de ses biens, en vertu de plusieurs édits & déclarations publiées sous le regne de Louis - le - Grand. (GH)

APOSTAT (Page 1:535)

APOSTAT, apostata, homme qui abandonne ou renie la vraie foi, la vraie religion. (G)

APOSTEME (Page 1:535)

APOSTEME, s. m. terme de Chirurgie, tumeur contre nature, faite de matiere humorale.

Nous remarquerons dans les apostèmes leurs différences, leurs causes, leurs signes, leurs tems, & leurs terminaisons.

Les différences des apostèmes sont essentielles ou accidentelles: celles - là viennent de l'espece de fluide qui produit la tumeur; celles - ci viennent du de<cb-> sordre ou dérangement que ces mêmes humeurs peuvent produire.

Les apostèmes étant formés par les liqueurs renfermées dans le corps humain, il y a autant de différentes especes d'apostèmes qu'il y a de ces différentes liqueurs: ces liqueurs sont le chyle, le sang, & celles qui émanent du sang.

1°. Le chyle forme des apostèmes, soit en s'engorgeant dans les glandes du mésentere, dans les vaisseaux lactés, ou dans le canal thorachique; soit en s'épanchant dans le ventre ou dans la poitrine.

2°. Le sang produit des apostèmes, par sa partie rouge ou par sa partie blanche. Il y a plusieurs especes d'apostèmes formés par la partie rouge du sang: Les uns se font par infiltration, comme le thrumbus, l'échymose, les taches scorbutiques. V. Infiltration. D'autres par épanchement proprement dit, comme l'empyème de sang. V. Empyème. Quelquefois le sang est épanché, & en outre infiltré dans le tissu graisseux; tel est le cas de l'anevrysme faux. V. Anevrysme. Toutes ces différentes especes d'apostèmes sanguins sont produites par extravasation: il y en a de plus qui sont causés par le sang contenu dans ses vaisseaux, soit par leur dilatation contre nature, comme les anevrysmes vrais, les varices, les hémorrhoïdes; d'autres sont produits en conséquence de la constriction des vaisseaux, ce qui produit l'inflammation, laquelle est phlogose, érésipele, ou phlegmon. Voyez ces mots à leur ordre.

La partie blanche du sang cause des àpostèmes, en s'arrêtant dans ses vaisseaux, ou en s'extravasant. On range sous la premiere classe les skirrhes, les glandes gonflées & dures; les rhûmatismes, la goutte; l'oedème & l'hydropisie sont de la seconde: celui - là se fait par infiltration; celui - ci par épanchement.

3°. Les liqueurs émanées du sang peuvent être des causes d'apostème: le suc nourricier, lorsqu'il est vicié ou en trop grande abondance, produit, en s'arrêtant ou en s'epanchant dans quelques parties, les cailosités, les calus difformes, les excroissances de chair appellées sarcomes, les poireaux, les verrues, les condylomes, les sarcoceles. Voyez tous ces mots.

La graisse déposée en trop grande quantité dans quelque partie, forme la loupe graisseuse. Voyez Lipome.

La semence retenue par quelque cause que ce soit dans les canaux qu'elle parcourt, forme des tumeurs qu'on appelle spermatocele, si la liqueur est arrêtée dans l'épidydime; & tumeur séminale, si la liqueur s'amasse en trop grande quantité dans les vésicules séminales.

La synovie, lorsqu'elle n'est point repompée par les pores resorbans des ligamens articulaires, produit l'ankylose, le gonflement des jointures, & l'hydropisie des articles.

La bile cause une tumeur en s'arrétant dans les pores biliaires, ou dans la vésicule du fiel, ou dans le canal cholidoque; ce qui peut être occasionné par une pierre biliaire, ou par l'épaississement de la bile.

L'humeur des amygdales retenue dans ces glandes, cause leur gonflement. La salive retenue dans les glandes, produit les tumeurs nommées parotides; & retenue dans les canaux excréteurs des glandes maxillaires, ou sublinguales, elle produit la grenouillette.

Le mucus du nez produit le polype par l'engorgement des glandes de la membrane pituitaire.

Les larmes, par leur mauvaise qualité, ou par leur séjour dans le sac lacrymal, ou dans le conduit

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