ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"528"> même de son tems, on la révoquoit en doute. Eusebe & S. Epiphane en conviennent. Dans les catalogues des Livres saints, dressés par le concile de Laodicée, par S. Grégoire de Nazianze, par S. Cyrille de Jérusalem, & par quelques autres Auteurs Grecs, il n'en est fait aucune mention. Mais on l'a toûjours regardé comme canonique dans l'Eglise Latine. C'est le sentiment de S. Justin, de S. Irenée, de Théophile d'Antioche, de Méliton, d'Apollonius, & de Clément Alexandrin. Le troisieme concile de Carthage, tenu en 397, l'inséra dans le canon des Ecritures, & depuis ce tems - là l'Eglise d'orient l'a admis comme celle d'occident.

Les Alogiens, hérétiques du deuxieme siecle, rejettoient l'Apocalypse, dont ils tournoient les révélations en ridicule, sur - tout celles des sept trompettes, des quatre Anges liés sur l'Euphrate, &c. S. Epiphane répondant à leurs invectives, observe que l'Apocalypse n'étant pas une simple histoire, mais une prophétie, il ne doit pas paroître étrange que ce livre soit écrit dans un style figuré, semblable à celui des Prophetes de l'ancien Testament.

La difficulté la plus spécieuse qu'ils opposassent à l'authenticité de l'Apocalypse, étoit fondée sur ce qu'on lit au ch. xj. v. 18. Ecrivez à l'ange de l'église de Thyatire. Or, ajoûtoient - ils, du tems de l'apôtre S. Jean il n'y avoit nulle église chrétienne à Thyatire. Le même S. Epiphane convient du fait, & répond que l'Apôtre parlant d'une chose future, c'est - à - dire de l'Eglise qui devoit être un jour établie à Thyatire, en parle comme d'une chose présente & accomplie, suivant l'usage des Prophetes. Quelques modernes ajoûtent, que du tems de S. Epiphane le catalogue des Evêques & les autres actes qui prouvoient qu'il y avoit eu une église à Thyatire dès le tems des Apôtres, étoient inconnus à ce Pere, & que son aveu ne favorise point les Alogiens. Enfin Grotius remarque qu'encore qu'il n'y eût aucune église de Payens convertis à Thyatire quand S. Jean écrivit son Apocalypse, il y en avoit néanmoins une de Juifs, semblable à celle qui s'étoit établie à Thessalonique avant que S. Paul y prêchât.

Il y a eu plusieurs Apocalypses supposées. S. Clément dans ses hypotyposes parle d'une Apocalypse de S. Pierre; & Sozomene ajoûte, qu'on la lisoit tous les ans vers Pâques dans les églises de la Palestine. Ce dernier parle encore d'une Apocalypse de S. Paul que les Moines estimoient autrefois, & que les Cophtes modernes se vantent de posséder. Eusebe fait aussi mention de l'Apocalypse d'Adam; S. Epiphane, de celle d'Abraham, supposée par les hérétiques Séthiens, & des révélations de Seth & de Narie femme de Noé, par les Gnostiques. Nicéphore parle d'une Apocalypse d'Esdras; Gratian & Cédrene d'une Apocalypse de Moyse; d'une autre attribuée à S. Thomas; d'une troisieme de S. Etienne; & S. Jérôme d'une quatrieme, dont on faisoit auteur le prophete Elie. Porphyre dans la vie de Plotin, cite les Apocalypses de Zoroastre, de Zostrein, de Nicothée, d'Allogenes, &c. livres dont on ne connoît plus que les titres, & qui vraissemblablement n'étoient que des recueils de fables. Sixt. senens. lib. II. & VII. Dupin, dissert. proelim. tom. III. & biblioth. des Aut. ecclésiast. (G)

APOCHYLINNE (Page 1:528)

APOCHYLINNE, en Pharmacie, suc végétal épaissi, que l'on appelle dans les boutiques suc épaissi. Voyez Suc épaissi.

APOCINOS (Page 1:528)

* APOCINOS, nom d'une danse ancienne dont il ne nous est resté que le nom.

APOCOPE (Page 1:528)

APOCOPE, s. f. (Gramm.) figure de diction qui se fait lorsqu'on retranche quelque lettre ou quelque syllabe à la fin d'un mot, comme dans ces quatre impératifs, dic, duc, fac, fer, au lieu de dice, duce, &c. ingenî pour ingenü, negotî pour negotî, &c.

Ce mot vient de A'POXOW=H\, qui est composé de la préposition A'W=O\, & qui répond à l'a ou ab des Latins, & de XO'PTW, je coupe, je retranche. (F)

APOCRÉAS (Page 1:528)

* APOCRÉAS, s. f. (Lithurg.) c'est la semaine qui répond à celle que nous appellons la septuagésime. Les Grecs l'appellent apocréas ou privation de chair; parce qu'après le Dimanche qui la suit on cesse de manger de la chair, & l'on use de laitage jusqu'au second jour après la quinquagésime, que commence le grand jeûne de Carême. Pendant l'apocrèas, on ne chante ni triode ni alleluia. Dict. de Trév.

APOCRISIAIRE (Page 1:528)

APOCRISIAIRE, s. m. dans l'Histoire ancienne, c'étoit un officier établi pour porter & faire les messages, intimer les ordres ou déclarer les réponses d'un Prince ou d'un Empereur.

Ce mot est formé du Grec A'POXRISE, responsum, réponse, d'où vient qu'il s'appelle souvent en Latin responsalis, porteur de réponses.

Cet officier devint ensuite Chancelier de l'Empereur & garda les sceaux. Nous trouvons quelquefois dans un Latin barbare Asecreta, Secrétaire, pour Apocrisiarius. Zozime le définit un Secrétaire des affaires étrangeres. C'est ce que Vopiscus, dans la vie d'Aurélien, appelle Notaius secretorum. Voyez Secrétaire, &c.

Les Patriarches donnerent ensuite ce nom aux Diacres qu'ils députoient pour les intérêts de leurs églises, & aux Ecclésiastiques qui étoient envoyés de Rome pour traiter des affaires du saint Siége: car outre les Soûdiacres & les défenseurs que les Papes envoyoient de tems en tems dans les provinces pour y exécuter leurs ordres, ils avoient quelquefois un Nonce ordinaire résident à la Cour Impériale, que les Grecs appelloient Apocrisiaire, & les Latins Responsalis; parce que son emploi n'étoit autre que d'exposer au Prince les intentions du Pape, & au Pape les volontés de l'Empereur, & les réponses réciproques de l'un & de l'autre sur ce qu'il avoit à négocier: de sorte que ces Apocrisiaires étoient, à proprement parler, ce que sont les Ambassadeurs ordinaires des Souverains & les Nonces du Pape auprès des Princes. Saint Grégoire le grand avoit exercé cet emploi avant que d'être Pape, & plusieurs autres l'ont aussi exercé avant leur pontiicat. Les Apocrisiaires n'avoient aucune jurisdiction à Constantinople, (non plus que les Nonces n'en ont point en France) si ce n'étoit qu'ils fussent aussi délégués du Pape pour le jugement de quelques causes d'importance. Quoiqu'ils fussent Nonces du Pape, ils cédoient néanmoins aux Evêques, comme il parut au concile de Constantinople en 536, où Pélage, Apocrisiaire du pape Agapet, & le premier de ses Nonces apostoliques qu'on trouve dans l'histoire, souscrivit après les Evêques. Ces Apocrisiaires étoient toûjours des Diacres, & jamais des Evêques; car ceux - ci n'étoient employés qu'aux Ambassades extraordinaires, ou aux légations. Nous avons remarqué que les Patriarches en Orient avoient leur Apocrisiaire. Ainsi dans le synode tenu à Constantinople l'an 439, Dioscore, Apocrisiaire de l'église d'Alexandrie, soûtint la primatie de son Prélat contre celui d'Antioche. On trouve aussi des exemples d'Apocrisiaires que les Papes ont envoyés aux Patriarches d'Orient. On a encore donné le nom d'Apocrisiaire aux Chanceliers, que l'on appelloit aussi Référendaires. Ainsi Saint Oüen est appellé Apocrisiaire du Roi; & Aimoin dit, qu'il étoit Référendaire. Voyez Légat. Ducange, Glossarium latinit. Thomass. Discipl. ecclésiast.

Bingham dans ses Antiquités ecclésiastiques, observe que la fonction d'Apocrisiaire des Papes peut avoir commencé vers le tems de Constantin, ou peu après la conversion des Empereurs, qui dut nécessairement établir des correspondances entre eux & les souverains Pontifes: mais on n'en voit guere le nom que vers le regne de Justinien, qui en fait mention [p. 529] dans sa Novelle VI. ch. ij. par laquelle i paroît que tous les Evêques avoient de semblables officiers. A leur imitation les monasteres eurent aussi dans la suite des Apocrisiaires, qui ne résidoient pourtant pas perpétuellement dans la ville Impériale ou à la Cour, comme ceux du Pape; mais qu'on déléguoit dans le besoin pour les affaires que le monastere, ou quelqu'un des moines, pouvoit avoir au - dehors ou devant l'Evêque. Dans ces cas Justinien, dans sa Novelle LXXIX, veut que les ascetes & les vierges consacrées à Dieu comparoissent & répondent par leurs Apocrisiaires. Ils étoient quelquefois clercs, comme il paroît par les actes du V. concile général, où Théonas se nomme Prêtre & Apocrisiaire du monastere du mont Sinaï. C'étoit à peu près ce que sont aujourd'hui les Procureurs dans les monasteres, ou même les Procureurs généraux des ordres religieux. Suicer ajoûte, que les Empereurs de Constantinople ont aussi donné quelquefois à leurs Ambassadeurs ou Envoyés le titre d'Apocrisaire ou Apocrisiaire. Bingham, Orig. eccles. lib. III. c. xiij. §. 6.

L'hérésie des Monothélites & celle des Iconoclastes qui la suivit, abrogerent l'usage où la Cour de Rome étoit d'avoir un Apocrisiaire à Constantinople. (G)

APOCROUSTIQUES (Page 1:529)

* APOCROUSTIQUES (Médecine.) épithete que l'on donne aux remedes dont la vertu est astringente & répercussive. Ce mot est formé de A'POXROUW, je réprime.

APOCRYPHE (Page 1:529)

APOCRYPHE (Théologie.) du Grec A'POXRUFO, terme qui dans son origine & selon son étymologie, signifie caché.

En ce sens on nommoit apocryphe tout écrit gardé secretement & dérobé à la connoissance du public. Ainsi les Livres des Sibylles à Rome, confiés à la garde des Decemvirs; les annales d'Egypte & de Tyr, dont les prêtres seuls de ces royaumes étoient dépositaires, & dont la lecture n'étoit pas permise indifféremment à tout le monde, étoient des Livres apocryphes. Parmi les divines Ecritures un Livre pouvoit être en même tems, dans ce sens général, un Livre sacré & divin, & un Livre apocryphe: sacré & divin, parce qu'on en connoissoit l'origine, qu'on savoit qu'il avoit été révélé: apocryphe, parce qu'il étoit déposé dans le temple, & qu'il n'avoit point été communiqué au peuple; car lorsque les Juifs publioient leurs Livres sacrés, ils les appelloient canoniques & divins, & le nom d'apocryphes restoit à ceux qu'ils gardoient dans leurs archives. Toute la différence consistoit en ce qu'on rendoit les uns publics, & qu'on n'en usoit pas de même à l'égard des autres, ce qui n'empêchoit pas qu'ils ne pûssent être sacrés & divins, quoiqu'ils ne fuisent pas connus pour tels du public; ainsi avant la traduction des Septante, les livres de l'ancien Testament pouvoient être appellés apocryphes par rapport aux Gentils; & par rapport aux Juifs la même qualification convenoit aux livres qui n'étoient pas inserés dans le canon ou le catalogue public des Ecritures. C'est précisément ainsi qu'il faut entendre ce que dit saint Epiphane, que les Livres apocryphes re sont point déposés dans l'arche parmi les autres écrits inspirés.

Dans le Christianisme, on a attaché au mot apocryphe une signification différente, & on l'employe pour exprimer tout Livre douteux, dont l'auteur est incertain & sur la foi duquel on ne peut faire fonds; comme on peut voir dans saint Jérome & dans quelques autres Peres Grecs & Latins plus anciens que lui: ainsi l'on dit un livre, un passage, une histoire apocryphe, &c. lorsqu'il y a de fortes raisons de suspecter leur authenticité, & de penser que ces écrits sont supposés. En matiere de doctrine, on nomme apocryphes les Livres des hérétiques & des schismatiques, & même des Livres qui ne contiennent au<cb-> cune erreur, mais qui ne sont point reconnus pour divins, c'est - à - dire, qui n'ont été compris ni par la Synagogue ni par l'Eglise, dans le canon, pour être lûs en public dans les assemblées des Juifs ou des Chrétiens. Voyez Canon, Bible.

Dans le doute si un Livre est canonique ou apocryphe, s'il doit faire autorité ou non en matiere de religion, on sent la nécessité d'un tribunal supérieur & infaillible pour fixer l'incertitude des esprits; & ce tribunal est l'Eglise, à qui seule il appartient de donner à un Livre le titre de divin, en déclarant que le nom de son auteur peut le faire recevoir comme canonique, ou de le rejetter comme supposé.

Les Catholiques & les Protestans ont eu des disputes très - vives sur l'autorité de quelques Livres que ces derniers traitent d'apocryphes, comme Judith, Esdras, les Machabées: les premiers se sont fondés sur les anciens canons ou catalogues, & sur le témoignage uniforme des Peres; les autres sur la tradition de quelques Eglises. M. Simon, en particulier, soûtient que les Livres rejettés par les Protestans ont été certainement lûs en Grec dans les plus anciennes Eglises, & même par les Apôtres, ce qu'il infere de plusieurs passages de leurs écrits. Il ajoûte que l'Eglise les reçût des Grecs Hellenistes, avec les autres Livres de l'Ecriture, & que si l'église de Palestine refusa toûjours de les admettre, c'est seulement parce qu'ils n'étoient pas écrits en Hébreu comme les autres Livres qu'elle lisoit, non qu'elle les regardât comme apocryphes, c'est - à - dire, supposéz. A ce raisonnement les Protestans opposent l'autorité des Ecrivains de tous les siecles, qui distinguent précisément les Livres en question, de ceux qui étoient compris dans le canon des Juifs.

Les Livres reconnus pour apocryphes par l'Eglise catholique, qui sont véritablement hors du canon de l'ancien Testament, & que nous avons encore aujourd'hui, sont l'oraison de Manassès, qui est à la fin des Bibles ordinaires, le IIIe & le IVe livre d'Esdras, le IIIe & le IVe des Machabées. A la fin du Livre de Job, on trouve une addition dans le Grec, qui contient une généalogie de Job, avec un discours de la femme de Job; on voit aussi, dans l'édition Greque, un Pseaume qui n'est pas du nombre des CL. & à la fin du livre de la Sagesse, un discours de Salomon tiré du viije chap. du IIIe livre des Rois. Nous n'avons plus le livre d'Enoch, si célebre dans l'antiquité; & selon saint Augustin, on en supposa un autre plein de sictions que tous les Peres, excepté Tertullien, ont regardé comme apocryphe. Il faut aussi ranger dans la classe des ouvrages apocryphes, le livre de l'assomption de Moyse, & celui de l'assomption ou apocalypse d'Elie. Quelques Juifs ont supposé des Livres sous le nom des Patriarches, comme celui des générations éternelles, qu'ils attribuoient à Adam. Les Ebionites avoient pareillement supposé un livre intitulé l'échelle de Jacob, & un autre qui avoit pour titre la généalogie des fils & filles d'Adam, ouvrages imaginés ou par les Juifs, amateurs des fictions, ou par les hérétiques, qui, par cet artifice, semoient leurs opinions, & en recherchoient l'origine jusque dans une antiquité propre à en imposer à des yeux peu clairvoyans. Voyez Actes des Apostres. (G)

APOCYN (Page 1:529)

APOCYN, apocynum, s. m. (Hist. nat. & bot.) genre de plante à fleurs monopétales, & faites en forme de cloche; ces fleurs ne sont pas tout - à - fait semblables dans toutes les especes; il faut décrire séparément les deux principales différences que l'on y remarque.

1°. Il y a des especes d'apocyn dont les fleurs sont des cloches découpées. Il s'éleve du fond du calice un pistil qui tient à la partie postérieure de la fleur comme un clou, & qui devient dans la suite un fruit à deux gaînes, qui s'ouvre dans sa longueur de

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