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Lorsqu'on fait geler de l'eau dans un bassin avec un mêlange de neige & de sel auprès du feu, l'on prétend que ce feu est l'occasion du degré de froid capable de congeler l'eau: mais il n'est nullement besoin d'une antipéristase pour trouver la raison de cette expérience; puisque M. Boyle en a fait un essai qui a parfaitement réussi dans un endroit qui étoit sans feu, & où même, selon toute apparence, il ne s'en étoit jamais allumé.
Autre argument des partisans de l'antipéristase: la
grêle ne s'engendre qu'en été; la plus basse région
de l'air est, suivant les écoles, le lieu où elle se forme: le froid qui regne dans cette région congele ces
gouttes de pluie qui tombent, ce froid étant fort
considérable à cause de la chaleur qui regne alors
dans l'air voisin de la terre. Voyez à l'article
La fumée des eaux qui se tirent des lieux profonds
en tems de gelée, ne prouve point qu'elles soient
plus chaudes alors que dans la saison où elles ne fument
point; cet effet provient, non de la plus grande
chaleur de l'eau, mais du plus grand froid qui regne
dans l'air. C'est ainsi que l'haleine d'un homme en
hyver devient très - visible; l'air froid qui l'entoure
condense tout d'un coup les vapeurs qui sortent des
poumons, & qui dans un tems plus chaud se répandent
incontinent dans l'air en particules imperceptibles.
Voyez les articles
ANTIPHONIE (Page 1:512)
ANTIPHONIE, s. f. (Musiq.)
ANTI - PHRASE (Page 1:512)
ANTI - PHRASE, s. f. (Gramm.) contre - vérité;
ce mot vient de
Ovid. Trist. Lib. I. v. vers. 13. & au Lib. III. éleg. xiij. au dernier vers il dit, Pontus Euxini falso nomine dictus. Cependant Sanctius & plusieurs autres Grammairiens modernes ne veulent pas mettre l'anti - phrase au rang des figures, & rapportent ou à l'ironie ou à l'euphémisme, tous les exemples qu'on en donne. Il y a en effet je ne sai quoi d'opposé à l'ordre naturel, de nommer une chose par son contraire, d'appeller lumineux un objet parce qu'il est obscur.
La superstition des Anciens leur faisoit éviter jusqu'à la simple prononciation des noms qui réveillent des idées tristes, ou des images funestes; ils donnoient alors à ces objets des noms flatteurs, comme pour se les rendre favorables, & pour se faire un
Quant à ce que dit Sanctius, que le terme d'antiphrase suppose une phrase entiere, & ne sauroit être appliqué à un mot seul; il est fort ordinaire de donner à un mot, ou par extension ou par restriction, une signification plus ou moins étendue que celle qu'il semble qu'il devroit avoir selon son étymologie. On en a un bel exemple dans la dénomination des cas des noms; car l'accusatif ne sert pas seulement pour accuser, ni le datif pour donner, ni l'ablatif pour ôter. (F)
ANTIPODES (Page 1:512)
ANTIPODES, adj. pl. m. (Géogr.) c'est un terme
relatif par lequel on entend, en Géographie, les
peuples qui occupent des contrées diamétralement
opposées les unes aux autres. Voyez
Ce mot vient du Grec. Il est composé de
Les antipodes souffrent à peu près le même degré
de chaud & de froid; ils ont les jours & les nuits
également longs, mais en des tems opposés. Il
est midi pour les uns, quand il est minuit pour les
autres; & lorsque ceux - ci ont le jour le plus long,
les autres ont le jour le plus court. Voyez
Nous disons que les antipodes souffrent à peu près, & non exactement, le même degré de chaud & de froid. Car 1°. il y a bien des circonstances particulieres qui peuvent modifier l'action de la chaleur solaire, & qui font souvent que des peuples situés sous le même climat ne joüissent pourtant pas de la même température. Ces circonstances sont en général la position des montagnes, le voisinage ou l'éloignement de la mer, les vents, &c. 2°. Le soleil n'est pas durant toute l'année à la même distance de la terre; il en est sensiblement plus éloigné au mois de Juin qu'au mois de Janvier; d'où il s'ensuit que, toutes choses d'ailleurs égales, notre été en France doit être moins chaud que celui de nos antipodes, & notre hyver moins froid. Aussi trouve - t - on de la glace dans les mers de l'hémisphere méridional à une distance beaucoup moindre de l'équateur, que dans l'hémisphere septentrional.
L'horison d'un lieu étant éloigné du zénith de ce
lieu de 90 degrés, il s'ensuit que les antipodes ont le
même horison. Voyez
Il s'ensuit encore que, quand le soleil se leve pour
les uns, il se couche pour les autres. Voyez
Platon passe pour avoir imaginé le premier la possibilité
des antipodes, & pour être l'inventeur de ce
nom. Comme ce Philosophe concevoit la terre sphérique,
il n'avoit plus qu'un pas à faire pour conclure
l'existence des antipodes. Voyez
La plûpart des anciens ont traité cette opinion [p. 513]
Ils n'ont pas fait réflexion que ces termes en - haut, en - bas, sont des termes purement relatifs, qui signifient seulement plus loin ou plus près du centre de la terre, centre commun où tendent tous les corps pesans; & qu'ainsi nos antipodes n'ont pas plus que nous la tête en bas & les piés en haut, puisqu'ils ont comme nous les piés plus près du centre de la terre, & la tête plus loin de ce même centre. Avoir la tête en bas & les piés en haut, c'est avoir le corps placé de maniere que la direction de la pesanteur se fasse des piés vers la tête: or c'est ce qui n'a point lieu dans les antipodes; car ils sont poussés comme nous vers le centre de la terre, suivant une direction qui va de la tête aux piés.
Si nous en croyons Aventinus, Boniface archevêque de Mayence & légat du pape Zacharie, dans le huitieme siecle, déclara hérétique un évêque de ce tems, nommé Virgile, pour avoir osé soûtenir qu'il y avoit des antipodes.
Comme quelques personnes employoient ce fait, quoique mal - à - propos, pour prouver que l'Eglise n'étoit pas infaillible, un anonyme a crû pouvoir le révoquer en doute dans les Mémoires de Trévoux.
Le seul monument, dit l'auteur anonyme, sur
lequel ce fait soit appuyé, ainsi que la tradition
qui nous l'a transmis, est une lettre du pape Zacharie à Boniface:
L'anonyme va plus loin. Il soûtient que, quand
même cette histoire seroit vraie, on ne pourroit encore
accuser le Pape d'avoir agi contre la vérite
& contre la justice. Car, dit - il, les notions qu'on
avoit alors des antipodes étoient bien différentes des
nôtres.
Ainsi parle l'anonyme, pour justifier le pape
Zacharie: mais toutes ces raisons ne paroissent pas
fort concluantes. Car la lettre du pape Zacharie
porte, selon l'anonyme même, ces mots: S'il est
prouvé que Virgile soûtient qu'il y a un autre monde &
d'
Enfin il est plus que vraissemblable que c'étoit - là en effet le sens de Virgile, puisqu'en admettant la terre sphérique & l'existence des antipodes, c'est une conséquence nécessaire qu'ils ayent le même soleil que nous, lequel les éclaire pendant nos nuits. Aussi l'anonyme supprimant dans la suite de sa dissertation ces mots sous notre terre, qu'il avoit pourtant rapportés d'abord, prétend que le Pape n'a pas nié les antipodes, mais seulement qu'il y eût d'autres hommes, un autre soleil, une autre lune. 2°. Quand même Virgile auroit soûtenu l'existence réelle d'un autre soleil & d'une autre lune pour les antipodes; il n'y auroit eu en cela qu'une erreur physique, à la vérité assez grossiere, mais qui ne mérite pas, ce me semble, le nom d'hérésie; & en cas que le Pape eut voulu la qualifier telle, il devoit encore distinguer cette prétendue hérésie de la vérité que soûtenoit Virgile sur l'existence des antipodes; & ne pas mêler tout ensemble dans la même phrase, ces mots, d'autres hommes sous notre terre, un autre soleil, & une autre lune.
A l'égard de l'opinion générale où l'apologiste anonyme prétend que l'on etoit alors sur les antipodes, que conclurre de - là, sinon que le Pape étoit comme tous les autres dans l'erreur sur ce sujet, mais qu'il n'en étoit pas plus en droit de prendre pour article de foi, une opinion populaire & fausse, & de vouloir faire condamner Virgile comme hérétique, pour avoir soûtenu la vérité contraire.
Enfin la bonne intelligence vraie ou prétendue dans laquelle Boniface & Vingile vécurent depuis, ne prouve point que le pape Zacharie ne se soit pas trompé, en voulant faire condamner Virgile sur les antipodes. Si Virgile se retracta, c'est peut - être tant pis pour lui.
Dans toutes ces discussions, je suppose les faits exactement tels que l'anonyme les raconte; je n'ignore point que l'opinion la plus généralement reçûe est que le Pape condamna en effet Virgile pour avoir soûtenu l'existence des antipodes, & peut - être cette opinion est - elle la plus vraie: mais la question dont il s'agit, est trop peu importante pour être examinée du côté du fait.
Je suis fort étonné que l'anonyme n'ait pas pris un parti beaucoup plus court & plus sage; c'étoit de passer condamnation sur l'article du Pape Zacharie, & d'ajoûter que cette erreur physique du Pape ne prouve rien contre l'infaillibilité de l'Eglise. Nous soûtenons le mouvement de la terre, quoique les livres saints semblent attribuer le mouvement au soleil; parce que dans ce qui n'est point de foi, les livres saints se conforment au langage ordinaire. De même, quoique le Pape ait pû se tromper sur une question de Cosmologie & de Physique, on ne sauroit en conclurre que l'Eglise & les Conciles généraux qui la représentent, ne soient pas infaillibles dans les matieres qui regardent la foi. (Voyez sur cela les décisions du Concile de Constance, & les articles de l'assemblée du Clergé 1682.) Cette réponse est tranchante, & je ne comprends pas comment elle n'est point venue à l'anonyme.
Pour en venir aux sentimens des premiers Chrétiens sur les antipodes, il paroît qu'ils n'étoient point
d'accord entr'eux sur ce sujet. Les uns, plûtôt que
d'admettre les inductions des Philosophes, nioient
jusqu'aux démonstrations des Mathématiciens sur la
sphéricité de la terre. Ce fut le parti que Lactance
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