ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"452"> est un aliment de choix, du son de farine détrempé dans l'eau est pour l'âne un aliment très - nourrissant; l'avoine répare ses forces lorsqu'elles sont épuisées; & on dit que plus il boit d'eau, plus il engraisse. On a remarqué qu'il plonge bien peu les levres dans l'eau lorsqu'il boit, & qu'il supporte long - tems la soif. Il y en a qui sont quelquefois deux jours sans boire. Cet animal a l'oüe fort fine: il prend quelquefois une figure hideuse en relevant ses levres, & en mettant ses dents à découvert; ce qui lui arrive lorsque quelque chose le blesse dans son haronis, & lorsqu'il leve la tête pour éventer une ânesse qu'il sent de loin, & bien d'autres fois sans que l'on puisse deviner ce qui le détermine à faire cette figure, que l'on donne pour le symbole de l'ironie. La voix de l'âne est effrayante; elle est extrèmement forte, dure, élevée, & très - desagréable à l'oreille; & lorsqu'il se met à braire, il continue pendant un tems assez considérable, & il recommence à plusieurs reprises.

Les ânes craignent le froid, aussi y en a - t - il peu, ou point du tout, en Angleterre, en Danemarc, en Suede, en Pologne, en Hollande, & dans tous les pays septentrionaux; & il s'en trouve au contraire beaucoup en Italie, en France, en Allemagne, en Grece, où on a vanté les ânes d'Arcadie comme les meilleurs.

L'âne est un animal stupide, lent & paresseux; & cependant on convient généralement qu'il est courageux, dur au travail, & patient: mais ordinairement on ne peut le faire marcher qu'à force de coups; sa peau est si dure qu'il n'est sensible qu'au bâton, & souvent on est obligé de le frapper à grands coups redoublés. Cependant l'âne est un des animaux les plus utiles: c'est une bête de somme qui porte de grands fardeaux à proportion de sa grosseur, surtout lorsqu'on le charge sur les reins; cette partie étant plus forte que le dos. Il sert de monture: son allure est assez douce & assez prompte: mais il est peu docile, & on ne le manie qu'avec peine. C'est aussi une bête de trait; on lui fait traîner de petites charrettes, & il tire la charrue dans les terres qui ne sont pas trop fortes. Que de services on peut tirer d'un animal qui coûte si peu à nourrir! Aussi est - il la ressource des gens de la campagne, qui ne peuvent pas acheter un cheval & le nourrir. L'âne les soulage dans tous leurs travaux; il est employé à tout, pour semer, pour recueillir & pour porter les denrées au marché. Le lait d'ânesse a de grandes propriétés dans la Medecine; on le préfere dans certains cas au lait de chevre & au lait de vache. On doit commencer à faire travailler les ânes à trois ans, ils sont très - forts jusqu'à dix ou douze, & même jusqu'à quatorze & quinze; ils vivent environ trente ans, & même plus. On croit que la vie de la femelle est plus longue que celle du mâle: mais il est rare que cet animal aille au bout de sa carriere naturelle, la plûpart meurent beaucoup plûtôt, excedés de fatigues & de travaux. La peau sert à faire des cribles, des tambours: celle qui recouvre le dos, peut servir à faire des souliers. Voyez Arist. hist. anim. lib. VI. cap. xxiij. Ald. de quadr. solip. lib. I. cap. ij. Voyez Quadrupede.

Asne Sauvage (Page 1:452)

Asne Sauvage, onager. (Hist. nat.) Les anciens ont fait de l'âne sauvage une espece différente de celle de l'âne domestique, & ils lui ont donné un nom différent. M. Ray dit expressément qu'il n'auroit pas cru qu'il y eût d'autre différence entre l'âne sauvage & l'âne domestique, que celle qui se trouve ordinairement entre deux animaux de la même espece, dont l'un est sauvage & l'autre domestique; si Belon & Rauwolf qui ont vû l'âne sauvage, n'en avoient fait une espece particuliere. Rauwolf dit que les ânes sauvages sont fréquens en Syrie, que leurs peaux sont fres - fortes, & qu'on les prépare de façon que leur surface extérieure est parsemée de petits tubercules à peu près comme une fraise; on s'en sert pour faire des fourreaux d'épées, des gaines de coûteaux, &c. C'est ce qu'on appelle du chagrin. Synop. method. anim. quad. pag. 62. Voyez Chagrin. Les descriptions que nous avons de l'âne sauvage sont si imparfaites, qu'on ne sait pas trop quel est cet animal. Il y a grande apparence qu'on l'a souvent confondu avec le zebre, qui est en effet assez ressemblant à l'âne. Voyez Zebre. (I)

Asne Marin (Page 1:452)

Asne Marin, asinus marinus. On a donné ce nom au polype de mer. Voyez Polype de mer. (I)

Asne (Page 1:452)

Asne, s. m. C'est en terme de Tabletier - Cornettier, un outil sur lequel on évuide les dents d'un peigne. Voyez Evuider. L'âne est une espece de tenailles placées sur un établi posé en forme de prie - dieu, sur un montant qui sert de banc, sur lequel l'ouvrier se met à cheval. A la mâchoire supérieure de l'âne est une corde qui descend jusqu'à la hauteur du pié de l'ouvrier, qui lâche ou serre cette corde avec son pié, selon qu'il en est besoin pour les différentes façons qu'il donne au peigne. L'âne est aussi à l'usage des ouvriers en marquetterie. V. Planche de marquetterie, fig. 3. Les échancrures A C du banc A C D N reçoivent les cuisses de l'ouvrier. B est l'extrémité d'une marche sur laquelle l'ouvrier pose son pié. L'action de son pié tend la corde O H. La corde O H tire le levier G HI. Son extrémité I presse la mâchoire mobile K I, & l'ouvrage est serré dans l'étau P. On conçoit que les mâchoires sont plus ou moins écartées, selon que l'ouvrage qu'on a à serrer entr'elles, est plus ou moins gros; & que par conséquent il falloit avoir la liberté d'approcher ou d'éloigner le levier G HI; c'est ce qu'on s'est ménagé par le moyen de la cremaillere E G H; dans les crans de laquelle on peut faire passer le levier G HI.

ANÉANTISSEMENT (Page 1:452)

ANÉANTISSEMENT, s. m. (Métaph.) l'action de réduire une chose à rien, de détruire absolument son existence. Voyez Substance, Existence.

L'anéantissement est opposé à la création: anéantir est réduire quelque chose au néant; & créer est du néant faire quelque chose. Tout anéantissement est nécessairement surnaturel & métaphysique. Les corps n'admettent point naturellement une destruction totale, quoiqu'ils soient susceptibles d'altérations & de changemens. Voyez Corps, Altération, Corruption .

Quelques Philosophes objectent contre cette notion de l'anéantissement, qu'elle suppose un acte pour l'opérer; au lieu que l'anéantissement, disent - ils, doit être une conséquence inévitable de la pure inaction de Dieu sur la créature; c'est - à - dire de la cessation de l'action, par laquelle il l'a créée; car la conservation d'une chose n'en étant que la pure création continuée, ainsi que tout le monde en convient, il est évident qu'elle doit oesser d'être, dès l'instant que Dieu cesse de la créer. (X)

ANECDOTES (Page 1:452)

* ANECDOTES, s. f. p. (Hist. anc. & mod.) nom que les Grecs donnoient aux choses qu'on faisoit connoître pour la premiere fois au public, composé d'A privatif avec un N pour la douceur de la prononciation, & d'EDOTOM qui vient lui - même d'E'X & de DIDWMI. Ainsi anecdotes veut dire choses non publiées. Ce mot est en usage dans la Littérature pour signifier des histoires secretes de faits qui se sont passés dans l'intérieur du cabinet ou des cours des Princes, & dans les mysteres de leur politique.

Ciceron dans la xvij. de ses épîtres à Atticus, Liv. XIV. s'est servi de ce mot anecdote. Procope a intitulé anecdotes un livre, dans lequel il peint avec des couleurs odieuses l'Empereur Justinien, & Théodore épouse de ce Prince. Il paroît que de tous les anciens, cet auteur est le seul qui se soit donné une pareille licence; au moins n'a - t - on point d'autre écrit en ce genre que le sien. Varillas parmi les modernes [p. 453] a publié de prétendues anecdotes de la maison de Florence ou de Medicis, & a semé dans plusieurs autres de ses ouvrages différens traits d'imagination qu'il a donnés comme anecdotes, & qui n'ont pas peu contribué à décréditer ses livres.

Mais outre ces histoires secretes prétendues vraies, la plûpart du tems fausses ou du moins suspectes, les critiques donnent le nom d'anecdotes à tout écrit de quelque genre qu'il soit, qui n'a pas encore été publié. C'est dans ce sens que M. Muratori en faisant imprimer un grand nombre d'écrits trouvés dans les. Bibliotheques, leur a donné le titre d'anecdotes Greques. Dom Martene a pareillement publié un thresor d'anecdotes en cinq vol. in - fol. (G)

ANÉE ou ASNEE (Page 1:453)

ANÉE ou ASNEE, s. f. (Commerce.) mesure de grains en usage dans quelques provinces de France, particulier ement dans le Lyonnois & dans le Mâconnois.

Ce n'est pas néanmoins une mesure effective telle que peut être à Paris le minot, mais un assemblage d'un certain nombre d'autres mesures.

A Lyon, l'ânée est composée de six bichets, qui sont un septier & trois boisseaux de Paris. A Mâcon, l'ânée est de vingt mesures, qui reviennent à un septier huit boisseaux de Paris.

Une ânée & un bichet rendent à Marseille sept livadieres. Cent ânées font cent - trente - une charges un quart, & une ânée y donne une charge un quart un seize. Savary, Didionn. du Commerce. Voyez aussi dans le même auteur l'évaluation qu'il donne d'un certain nombre de bichets, & autres mesures de différentes villes de Bourgogne avec les ânées de Lyon.

Asnée (Page 1:453)

Asnée se dit encore à Lyon d'une certaine quantité de vin, qui fait la charge qu'un âne peut porter en un seul voyage. Cette ânée est fixée à quatre - vingts pots. Voyez Pot. (G)

ANEGADA (Page 1:453)

*ANEGADA, (Geog. mod.) île de l'Amérique septentrionale, une des Antilles, située dans la mer du nord, à quinze lieues ou environ de Porto - Rico, vers l'orient.

ANEGRAS (Page 1:453)

*ANEGRAS, s. m. (Commerce.) mesure de grain, dont on se sert à Seville & à Cadix. Quatre anegras font un cahis, quatre cahis font le fanega, & 50 fanegas font le last d'Amsterdam. (G)

ANEMABO (Page 1:453)

* ANEMABO, (Geog. mod.) village d'Afrique, sur la côte de Guinée, où les Anglois ont un fort.

ANEMIUS FURNUS (Page 1:453)

ANEMIUS FURNUS, du mot Grec ANEMO, vent. On appelle ainsi en Chimie un fourneau à vent, pour fondre les métaux, avec un feu d'une extrème ardeur. Voyez Fourneau. (M)

ANEMOMETRE (Page 1:453)

ANEMOMETRE, s. m. (Physiq.) machine qui sert à estimer la force du vent. Voyez Vent. Ce mot est composé de ANEMO, vent, & de METRON, mesure. Il y a des ancmometres de différentes façons.

On trouve dans les Trar factions philosophiques la description d'un anemometre, qui consiste en une plaque mobile sur le limbe gradué d'un quart de cercle. Le vent est supposé souffler perpendiculairement contre cette plaque mobile, & sa force est indiquée par le nombre des degrés qu'il lui fait parcourir.

On trouve dans le cours de Mathématique de M. Wolf, la construction d'un autre anemometre, qui se meut par le moyen des aîles A, B, C, D, Planch. de Pneumat. fig. 17. Ces aîles sont assez ressemblantes à celles d'un moulin à vent. En tournant, elles font mouvoir le rayon K M, de sorte que le corps L placé dans une rainure qu'on a pratiquée dans ce rayon s'éloigne de plus en plus du centre du mouvement, & conséquemment agit à chaque instant sur cerayon; & par son moyen sur l'axe auquel il est attaché, avec une force qui va toûjours en croissant; car le bras de levier auquel ce corps est appliqué, s'allonge jusqu'à ce que le mouvement des aîles soit arrêté. Alors le poids fait équilibre avec la force du vent; & cette force est marquée par une aiguille M N fixée sur l'axe, & faisant un angle droit avec le rayon K M, laquelle tourne par son extrémité N, sur un quart de cercle divisé en parties égales. La force est d'autant plus grande ou plus petite, que l'aiguille marque un plus grand ou un plus petit nombre de ces parties égales, soit en descendant, soit en montant. Cette machine ne paroît pas fort exacte.

M. d'Ons - en - Bray a donné la description d'un anemometre de son invention, qu'il prétend marquer de lui - même sur un papier, non - seulement les vents différens qui ont soufflé pendant vingt - quatre heures, avec les heures auxquelles ils ont commence & cessé de régner, mais encore les forces ou vîtesses de ces vents. Voyez Mem. de l'Acad. des Sciences, an 1734. pag. 169. Voy. un plus long détail à l'art. Vent. (O)

ANEMONE (Page 1:453)

ANEMONE, s. f. (Histoire natur. botaniq.) genre de plante dont les fleurs sont composées de plusieurs feuilles disposées en rose. Il s'éleve du milieu de la fleur un pistil, qui devient dans la suite un fruit oblong, à l'axe duquel sont attachées plusieurs semences, qui sont enveloppées chacune par une coëffe cotoneuse pour l'ordinaire. Ajoûtez aux caracteres de ce genre, que la tige est entourée de petites feuilles, qui sont ordinairement au nombre de trois. Tournefort. Instit. rei herb. Voyez Plante. (I)

On distingue des Anemones nuancées, de veloutées, de panachées, à peluche, de doubles, & de simples. Celles à peche ont des bequillons, qui sont de petites feuilles pointues qui garnissent le dedans de la fleur. L'anemone demande une terre legere, pareille à celle des tulipes & des jonquilles, peu fumée, à moins que ce ne soit de terreau de feuilles bien consommées; elle veut être seule, & demande peu d'eau; elle fleurit ordinairement au printems, & on la met en terre en Septembre, avec la précaution de l'en tirer si - tôt que la fleur est passée, & que la fanne jaunit. On la laisse essorer, & on la serre dans des boites placées dans des endroits aérés. Sa graine, qui s'appelle bourre, ne peut être semée qu'en la mêlant avec de la terre pour la mieux détacher.

Son oignon s'appelle patte ou griffe: on détache les oignons avec la main, comme les cayeux, & on les conserve dans des paniers, jusqu'au tems propre à les replanter, qui est en Septembre ou en Octobre; alors on les saupoudre de terreau; & dans les fortes gelées on les couvre de aillassons ou de grande litiere.

L'anemone est plus sûre à élever de cayeux que de graine. (K)

L'Anemone (Medecine.) est détersive, apéritive, incisive, vulnéraire, dessicative. Elle entre dans les errhines, ou dans les collyres pour les ulceres aux yeux. On la dit bonne pour les douleurs de tête & les inflammations, dans les maladies de l'uterus, pour provoquer les regles & le lait; si on en mâche la racine, elle attire la talive, & maintient les dents saines.

ANEMOSCOPE (Page 1:453)

ANEMOSCOPE, s. m. (Physiq.) Ce mot composé d'ANEMO, vent & de SKEPOMAI, je considere, est quelquefois usité pour désigner une machine qui aide à prédire les changemens du vent. Voyez Vent & Anemometre.

On a prétendu que des hygroscopes faits des boyaux d'un chat, &c. se trouvoient en effet de très bons anémoscopcs, pour annoncer d'avance les variations du vent: mais ce fait mériteroit d'être vérifie. Voyez Hygroscope.

L'anémoscope en usage parmi les anciens paroît, suivant la description qu'en donne Vitruve, avoir plus servi à montrer de quel côté venoit le vent, qu'à faire prévoir d'où il viendroit.

Otto de Guericke donne le nom d'anémoscope à

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