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FORCEPS (Page 7:125)
FORCEPS, en Chirurgie, mot latin qui signifie
littéralement une paire de tenailles: il convient génériquement
à toutes les especes de pincettes, ciseaux,
cisoires, tenettes, & autres instrumens avec lesquels
on saisit & l'on tire les corps étrangers. Voyez
On a conservé particulierement le nom de forceps à une espece de tenette destinée à faire l'extraction d'un enfant dont la tête est enclavée au passage. Cet instrument a été appellé long - tems le tire - tête de Palfin, du nom de cet auteur, chirurgien & lecteur d'anatomie à Gand. Nous avons peu d'instrumens qui ayent souffert plus de changemens dans leur construction. On peut lire avec fruit l'histoire très - détaillée des différens forceps, dans un traité de M. Levret, de l'académie royale de Chirurgie, intitulé observations sur les causes & les accidens de plusieurs accouchemens laborieux, Paris 1747, & dans la suite de ces observations données au public en 1751.
Cet instrument est composé de deux branches, auxquelles on considere un corps & deux extrémités; l'une antérieure, pour saisir la tête de l'enfant; & l'autre postérieure, qu'on peut appeller le manche. La jonction des deux branches à l'endroit du corps se fait par entablement. A l'une des branches, il y a un bouton conique qui entre dans une ouverture pratiquée dans le corps de l'autre branche, & on les assujettit par le moyen d'une coulisse à mortaise, laquelle engage le coliet qui est à l'extrémité du bouton. M. Smellié, célebre praticien de Londres, se sert d'un forceps dont les deux pieces se joignent par encochure; on les fixe par un lac ou lien qu'on noue sur les manches. M. Levret avoue que cette jonction par deux coches profondes qui se reçoivent mutuellement, est plus commode dans l'usage que la jonction par l'entablement à mi - fer: mais il ne la croit pas si stable, non - seulement par le défaut d'opposition exacte des parties supérieures de l'instrument, mais encore par le vacillement des branches, que le lien ne peut empêcher.
L'extrémité anterieure de chaque branche est une cuillere fenêtrée; la tête s'engage naturellement dans ces vuides, & donne par - là une bonne prise à l'instrument. Dans les forceps anglois le plein de la partie intérieure étoit demi - rond sur sa largeur. M. Levret y a fait pratiquer une petite cannelure bordée d'une petite levre le long du bord interne le plus éloigné du vuide des branches, afin que l'instrument pût s'appliquer encore plus intimement sur les parties [p. 126]
Les manches ou parties postérieures de l'instrument
n'ont pas besoin de description: la
Le forceps est un instrument indispensable dans la pratique des accouchemens. Il est fort avantageux pour tirer un enfant dont la tête est enclavée au passage, ou lorsque l'accouchement traîne en longueur, & qu'il devient impossible par l'épuisement des forces de la mere. Son usage n'est point dangereux; on tire par son moyen des enfans vivans sans aucune impression funeste.
On ne doit pas toûjours se proposer d'amener la tête en - dehors par l'usage du forceps: il peut servir avec succès à la repousser en - dedans lorsqu'elle n'est pas trop avancée; ce qui se fait en donnant à l'instrument qui embrasse la tête des petits mouvemens en - haut, en - bas, & latéralement; & lorsqu'on est parvenu à faire rentrer la tête, on peut porter la main dans la matrice pour aller saisir les pieds de l'enfant, & terminer l'accouchement suivant la méthode ordinaire en pareil cas.
Les anciens accoucheurs, faute de cet instrument,
attendoient tout des forces de la nature dans les accouchemens,
jusqu'à ce que le foetus étant mort ils
se servoient du crochet. Voyez
Pour faire usage du forceps, il faut d'abord placer convenablement la malade sur le bord de son lit, les cuisses élevées & écartées, les piés rapprochés des fesses, & maintenus en cette situation par des aides. On tâche ensuite de reconnoître dans l'intervalle de deux douleurs, s'il y en a encore, avec l'extrémité des doigts, dans quel point de sa circonférence la tête de l'enfant paroît le moins serrée; c'est ordinairement la partie latérale du bassin; & par ce même endroit on introduit la branche du forceps qui porte l'axe, si c'est du côté gauche, en l'appuyant plus sur la tête de l'enfant que contre le bassin de la mere, afin de conduire cette branche entre ces parties sans les blesser. Il faut pour cet effet tenir obliquement la branche qu'on veut introduire, & la diriger de bas en haut jusqu'à ce que son extrémité supérieure se trouve placée dans l'échancrure
Lorsque la tête est bien saisie, il faut en faire l'extraction: premierement il faut tirer vers le bas pour faire descendre la tête dans le vagin; & lorsqu'elle y est descendue presqu'entierement, on doit tirer horisontalement; & sur la fin il faut relever les mains. Ces trois mouvemens sont indiqués par la direction du chemin que la tête doit parcourir depuis le détroit du bassin jusqu'au dehors de la vulve. Mais outre ces mouvemens principaux il faut encore, pour faciliter l'opération, en faire de petits en tous sens pendant tout le tems de l'extraction.
Mais lorsque la face de l'enfant est tournée en - dessus,
il est rare, pour ne pas dire impossible, suivant
M. Levret, que le forceps droit puisse saisir la
tête, parce que ses branches sont dirigées vers la
saillie de l'os sacrum; ensorte que lorsqu'on croit
tenir avec cet instrument la tête dans l'un de ses diametres,
on ne tient qu'une portion de sa circonférence
près du cou; de maniere qu'il est alors absolument
impossible d'en faire l'extraction, parce que
l'instrument, faute d'une prise convenable, s'échappe
entre la tête de l'enfant & le rectum de la mere.
Ce defaut de succès a suggéré à M. Levret une correction
du forceps: il a donné à ses branches une
courbure, au moyen de laquelle on peut saisir la tête
de l'enfant au - dessus des os pubis. Voyez Plan. XV.
En général on ne doit se servir du forceps que dans les cas où il est impossible que la tête sorte du couronnement sans son secours: ainsi il ne doit avoir lieu que quand la tête y est si serrée qu'elle peut être dite enclavée. On pourroit quelquefois prévenir ces enclavemens par des manoeuvres particulieres dirigées avec intelligence, différemment suivant les cas: par exemple, quand le visage de l'enfant se présente avec le menton ou le front contre l'os pubis, on essaye de faire remonter l'enfant assez haut pour que la tête se présente directement au passage. Si l'on ne peut y réussir, il semble d abord qu'il n'y auroit point d'autre moyen que de recourir au forceps; cependant on parvienr à faire descendre aisément le front dans le vagin, en faisant mettre la femme sur les genoux & les coudes, & en appliquant dans cette posture une main sur le pubis.
Il y a des cas où il suffiroit pour déclaver la tête
d'un enfant, d'introduire entre elles & les parties de la
mere qui s'opposent à la sortie de l'enfant, un instrument
fait en levier. Tel est le fameux instrument de
Roonhuisen, qui a été si long - tems un secret en Hollande, où l'on assûre que ce célebre praticien terminoit
presque tous les accouchemens laborieux par ce
moyen si simple. Voyez
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