ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"248 - 6B"> vrir. On sent bien qu'il prescrit d'y mettre des charbons ardens, parce que les noirs refroidiroient: mais il me paroît que l'intervalle de huit minutes est bien long pour un pareil feu, & qu'il faut vraissemblablement mettre des charbons noirs très - souvent, encore de crainte de refroidissement; cependant il n'est point question de ceux - ci. S'il y a des cendres dans le cendrier autant qu'il doit y en avoir à - peu - près; s'il en passe beaucoup par le tuyau de fer; quelle est l'épaisseur de ce tuyau; jusqu'à quelle hauteur il rougit; s'il paroît un jet de flamme au - dessus; quelle est communément sa hauteur, & ce qu'il est capable de faire; enfin quels sont les inconvéniens qu'il a éprouvés avant que de parvenir à ce point, qu'on peut appeller de perfection. Toutes ces questions bien éclaircies de la part de M. Pott, & quantité d'autres encore que cet illustre chimiste est capable de se faire, ne pourroient manquer de répandre une grande lumiere sur la théorie des fourneaux qui éclaireroit sur leur construction. Il pourroit encore ajoûter à cela une docimastique de terres & de pierres, dans les vûes de les employer à la construction des fourneaux & vaisseaux; ce qui abregeroit peut - être bien des tâtonnemens.

Il est aisé de voir que son fourneau n'est guere destiné qu'à ce à quoi il l'a employé, & il n'en vaut certainement que mieux: on peut cependant y mettre une grille de treize pouces de diametre, si on veut élever le foyer; celle qui sera à la partie inférieure du corps près du cendrier, n'en peut avoir que neuf, en comptant un pouce & demi d'épaisseur pour son garni. J'ai dit que ce fourneau n'en valoit que mieux de ne servir qu'à un usage; & en effet il y a toute apparence que cet illustre artiste ne l'a divisé en différens corps le moins qu'il a pû, que parce qu'il a vû que c'étoit autant de perdu pour la chaleur: delà l'inconséquence de ceux qui veulent tout faire avec le même. On ne disconvient pas que cela ne fût mieux si cela pouvoit être, & qu'on ne réussisse même jusqu'à un certain point; mais on n'a recours à ces sortes de fourneaux abregés qu'en cas de nécessité, preuve certaine de leurs défauts en bien des circonstances; & je ne crois point du tout que celui de Beccher, par exemple, pût fondre les corps qui se fondent dans celui de M. Pott: le fourneau de Beccher peut cependant être appellé un chef - d'oeuvre dans le genre des polychrestes, comme celui de M. Pott l'est en fait de fusion.

Le maréchal reverbere la flamme avec l'eau dont il arrose son charbon, & l'expérience lui dit qu'il a raison: mais la concentration qu'on se procurera de toutes parts sans éteindre une partie du charbon, & avec des parois qui l'allumeroient s'il étoit éteint, ne doit - elle pas l'emporter infiniment sur celui de la forge? Les rayons ignés doivent toûjours être comptés pour quelque chose, quelque direction qu'ils ayent; soit qu'ils soient droits, qu'ils aillent vers un centre commun, qu'ils soient refléchis vis - à - vis d'un charbon, ou d'un autre rayon igné ou non, ils doivent toûjours augmenter le mouvement: ainsi donc il n'importe peut être pas tant qu'on le croit que le garni ait le poli d'un miroir parabolique; d'ailleurs il faut remar quer que, comme on ne craint point de casser ce garni par une chaleur subite, on a la commodité de le faire, & on le fait aussi d'une composition qui donne un verre opaque, qui refléchit beaucoup plus de rayons ignes que la composition des autres fourneaux qu'on est obligé de faire poreux, de crainte qu'ils ne se cassent. Nouvelle raison de faire les fourneaux de fusion elliptiques en tôle, & les fourneaux de tôle elliptiques; mais si la figure elliptique est celle qui approche le plus de la sphérique, la cylindrique approche aussi plus de l'elliptique que la quarrée: d'où il suit que cette derniere est la plus mauvaise de toutes.

Si les fourneaux en tôle coûtent plus que les autres, on en est bien dédommagé par ailleurs; outre les avantages considérables que nous venons de parcourir, ils ont encore celui de la durée: on croiroit peut - être qu'ils seroient détruits par la rouille; mais cet inconvénient n'arrive qu'avec l'aide de l'hunudité, & un fourneau par sa nature n'est pas destiné à y être exposé: il est vrai qu'il a à essuyer celle du garni, mais pour lors il est neuf, il la supporte mieux, elle n'est pas de longue durée, & d'ailleurs on peut le vernir pour l'en garantir. On sait que le fer resiste long tems au feu; nous en avons exposé les raisons, article Flux. Voyez aussi Phlogistique & Reduction. A la vérité le garni empêche que la carcasse du fourneau ne jouisse de cet avantage; mais il se trouve toûjours de petites crevasses, à travers desquelles il se fait jour: au reste il est d'expérience que ces sortes de fourneaux sont les plus durables, ils nese cassent pas comme ceux de terre; & on doit remarquer que les artistes les plus exercés, tels que les Allemands, les préferent à tous les autres. Si l'on craignoit encore la rouille malgré ce que nous venons de dire, on pourroit avoir recours au cuivre; mais il coûteroit bien plus cher, & pourroit se calciner.

Il y a des fourneaux dont la figure paroit être d'abord précisément le contraire de celle qui donne le feu le plus violent; je veux parler de ceux de décoction, qui sont en entonnoir: mais il ne faut pas un grand feu pour faire bouillir de l'eau, & en second lieu il faut qu'ils reçoivent un vaisseau large: cependant si l'on considere, comme on le doit faire, le fourneau avec son appareil, on verra que son ouverture est réduite aux quatre regitres; ce qui corrige leur défaut apparent: je dis apparent, & en effet il n'est que cela. Les fourneaux coniques sont des especes de fourneaux elliptiques; ils donneroient certainsment moins de chaleur s'ils étoient cylindriques, tout étant égal d'ailleurs, c'est - à - dire s'ils avoient une ouverture de même diametre pour recevoir le même vaisseau, & si la quantité du charbon étoit la même. On observe qu'on les fait souvent trop élevés de foyer. Quoique la chaleur monte tout naturellement, & soit poussée en - haut par l'air qui frappe la grille, on ne doit pas laisser de faire un fourneau elliptique ou conique par le bas; parce qu'il faut moins d'ahment pour le feu, que la même quantité y est plus à l'étroit, & fait un tas plus élevé, ce qui est capital, & que le feu en est plus fortement refléchi vers le haut. Enfin un fourneau de fusion doit être elliptique, par la même raison que ceux de decoction sont coniques. Je ne crois pas qu'on soit tenté de nier que le feu acquierre de nouvelles forces par l'augmentation de quantité, par la réflexion; il n'est question pour appercevoir la vérité de ce fait, que de se rappeller qu'il est plus fort dans un fourneau qui ne prend point l'air par les côtés, que dans celui qui le prend; & qu'un charbon seul perd peu - à - peu son mouvement igné, pendant que ce mouvement conserve entre plusieurs, & est d'autant plas rapde, qu'il est entretenu par un plus grand nombre de corps qui se le communiquent & se le réfléchissent. On sait que plusieurs sils - d'archal liés ensemble comme une gratte - bosse & sousiles vivement, se son lent. Ce feu refléchi de toutes parts doit augmenter de vivacité, par la même raison que quand il est animé par plusieurs soufflets places circulairement. Mais si le mouvement constitue l'action du feu, comme il n'y a pas lieu d'en douter, il doit y avoir quelques endroits du fourneau où ce mouvement sera le plus considerable, comme à un certain espace du foyer, au milieu ou à l'extrémité supérieure du fourneau. Cette conjecture est tirée du rapport que paroit avoir le teu qui y est contenu avec celui de la lampe de l'e<pb-> [p. 248 - 7] mailleur: ne devroit - elle pas exciter les artistes à placer dans leurs fourneaux, à diverses distances le l'aliment du feu, des vaisseaux contenant des matieres qui pourroient leur donner de nouvelles lumieres sur son action?

Nous n'avons point examiné si le feu étoit plus fort par la structure des fourneaux, qu'avec plusieurs soufflets. On ne trouve point de comparaison là - dessus dans les auteurs, qui la plûpart ont dit oüi & non. Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'avertir que, si les soufflets ne peuvent donner un feu plus vioient que celui que donne le fourneau de M. Pott par sa structure, il s'ensuit qu'il faut s'en tenir à cette derniere; elle épargne les soufflets & leur embairas.

Mais les figures elliptiques & paraboliques n'ont pas été seulement appliquées aux fourneaux, Gauger en a encore fait usage pour ses cheminees; il en a fait les jambages paraboliques, ou en quart d'ellipse, parce qu'il n'est question d'y refléchir la chaleur que vers leur partie inferieure, afin qu'elle entre dans la chambre: ainsi elles different des fourneaux, en ce que ceux - ci contenant le vaisseau qui doit subir l'action du feu, ils peuvent être coniques ou elliptiques par le bas, pour reslechir la chaleur vers leur milieu. Ce n'est pourtant pas qu'il n'y en ait aussi daus le goût des cheminées, c'est - à - dire de paraboliques seulement par le haut; mais ils ne doivent pas être aussi bons par les raisons que nous avons alléguées, quoique l'air pousse le feu en haut & supplée en quelque sorte aux fonctions des courbes. Mais le tuyau des cheminées de Gauger est trop large; son contre - coeur devroit être parabolique comme ses jambages, sans qu'on pût craindre la fumée. Ses cheminées sont imitées en quelque sorte dans les cheminees à la Nanci, qui sont en tôle & qu'on dit ne pas fumer; ce que je crois volontiers. Leur tuyau est bien en ce qu'il n'a guere qu'un demi-pié de long sur quatre ou cinq pouces de large: mais si elles ont cet avantage sur celles de Gauger, en revanche elles ne sont pas si bien par le devant, qui fait une hotre à - peu - près parabolique comme les côtés. Ce devroit être le derriere; il est vrai qu'elles n'auroient pas tant de grace, mais ce qui est bon doit être beau. Les jambages paraboliques de Gauger empêchent encore la fumée conjointement, avec ses ventouses & son soufflet; ou pense bien que c'est parce que cette fumée est concentrée sur la flamme, & en est brulée en partie: c'est ce qui doit arriver dans les cheminées à la Nanci, dont le tuyau est encore plus étroit; & je crois que cette méthode doit être admise, parce que ces sortes de cheminées peuvent encore chausser considérablement par leur tuyau, qu'il faut prolonger en tuyau de poêle.

Généralités ultérieures. Il faut que les corpuscules du feu dégagés de leur combinaison, passent à - travers les pores du fer, d'un poêle par exemple, tels qu'ils sortent à - peu - près du charbon; car on voit sur un poêle & même sur un fourneau, le même fourmillement dans l'air que sur un réchaud dont les charbons ou la braise sont à l'air libre. On peut s'assûrer de ce phenomene en fixant la vûe sur un mur blanchi, un peu au - dessus du foyer qu'on voudra examiner; on apperçoit un fourmillement qui fait vaciller la vûe sur le mur, soit que la direction des rayons de lumiere qui en viennent soit troublée. ou que la vapeur qui en est la cause soit visible ou fasse cette illusion. De quelque façon que cela soit, on appelle ce phénomene fourmillement, parce qu'il paroît que la sensation est la même à - peu près que dans la maladie qui porte ce nom. Enfin qu'elle soit due ou à l'air, ou au feu, ou à une action particuliere de l'un & de l'autre, elle n'en existe pas moins, & elle est même plus visible, si le soleil éclaire l'endroit où l'on fait l'expérience. Tout le monde connoît l'esset qu'elle produit sur les spirales qu'on attache aux poêles; mais il faut qu'un chimiste sache que l'air qui monte avec cette vapeur, est autant de perdu pour l'intérieur de ses fourneaux: cet inconvénient n'est jamais plus sensible que quand on en allume plusieurs les uns pres des autres. Le feu y est en partie sussoqué, en conséquence de la raréfaction & de la legereté de l'air environnant. La chose a également lieu quand le soleil, sur - tout en été, eclaire l'endroit où le fourneau est situé. On retient l'air qui est entraine par cette vapeur, en fermant la cheminée & n'y laissant que le tuyau du fourneau, ensorte que tout l'air du laboratoire ne peut passer que par son soupirail.

L'effet n'est pas toûjours le même de la part du même appareil, quoiqu'on gouverne le feu avec la même exactitude: ces différences viennent de celle de l'atmosphere: car comme il est vrai à n'en pouvoir douter que tout chaibon est d'autant plus animé que l'air est plus dense & le frappe avec plus de rapidité, ce qui est prouvé par le vent des soufflets; il est évident que le feu des fourneaux sera beaucoup moins actif lorsque le tems sera chaud & mou, & que l'air de l'atmosphere sera plus leger. Barner remédie à cet inconvénient d'après Keslar & Glauber, en mettant au soupirail de ses fourneaux une trompe qui descend dans la cave; & Charas en construisant son fourneau pres d'un puits, dans lequel il descend tout près de l'eau un pareil tuyau qui aboutit à son soupirail.

Tout corps qui passe d'un milieu plus large dans un plus étroit, disent quelques physiciens, prend une accélération de mouvement; & l'on croit expliquer par - là pourquoi une riviere est pius rapide quand son lit s'étrécit, & pourquoi l'air qui passe àtravers un fourneau acquiert une rapidité qu'il n'avoit pas. On croit aussi par la même raison que ces deux cas sont précisément les mêmes. Nous allons tâcher de faire voir que c'est, comme on dit, le feu & l'eau.

En premier lieu, nous croyons qu'une riviere ne devient plus rapide quand son lit s'étrécit, que parce que l'eau ne pouvant plus couler avec la même facilité, s'arrête, s'éleve & retarde celle qui est derriere, laquelle étant aussi devenue plus élevée, a nécessairement plus de poids, & doit pousser avec plus de violence l'eau qui est devant elle. Peu importe que ce soit à une écluse, ou à un pont, ou dans son lit, la chose est la même; & il faut croire qu'elle perd encore de cette rapidité par le frottement que M. Bouchu a découvert qu'elle éprouvoit en passant dans un canal étroit; mais elle peut gagner du terrein en - dessus, au lieu que l'air ne peut pas faire la même chose dans un tuvau dont toutes les parois ne lui laissent aucune ressource pour s'étendre: l'eau d'ailleurs reste la même, & l'air se raréfie.

En second lieu, s'entend - on bien quand on dit que l'air accélere son mouvement, parce qu'il passe d'un lieu plus large dans un lieu plus étroit? Si l'on approche la main du tuyau d'un fourneau horisontal qui n'est point allumé, on n'y sent point d'air du tout; cependant l'air n'est jamais tranquille, & on devroit le sentir sans feu comme avec du feu dans un fourneau. Gauger n'a dû sentir l'air sortir du tuyau de cuivre de quatre pouces de diametre, que quand il l'a exposé au feu, & point avant. Je sens qu'on me répondra - que rien ne détermine l'air à enfiler un tuyau froid, & qu'il faut pour cela le concours du feu: mais le tuyau de Gauger étoit cylindrique; d'ailleurs m'étant trouve devant le soupirail d'un grand fourneau anglois, j'ai senti l'air frais qu'il attiroit, & cet air n'avoit certainement pas passe d'un endroit plus large dans un plus étroit, car il n'étoit pas

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