ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"247B"> te la putréfaction & séparation ou dissolution.

La hauteur du fourneau sera de trois piés & demi, & la largeur d'un pié & demi inclusivement: le cendrier sera haut d'un pié, y compris la grille & le sol du fourneau. Le foyer sera terminé à la hauteur de neuf pouces par un diaphragme de fer ou de terre, ayant dans son milieu un trou rond de quatre pouces de diametre, pour la communication de la chaleur. On aura trois regîtres ou lames de tôle plus larges que le trou; ces lames de tôle seront percées & auront, la premiere une ouverture de trois pouces de diametre, la seconde une de deux, & la troisieme une d'un seul; on appliquera sur le diaphragme celle qu'il faudra; cela dépendra du degré de chaleur qu'on voudra donner. L'ouvroir aura quinze pouces de haut depuis le diaphragme jusqu'au dôme: sur ce diaphragme on placera un trépié de terre ou de fer, de trois pouces & demi de diametre, & de six de haut; c'est sur ce trépié qu'on place l'oeuf philosophique: le tout est surmonté d'un dôme de fer hémisphérique, haut de six pouces. Le regître du milieu est d'un pouce de diametre, on en approche la main pour régler le feu; on place sur le trépié une sphere creuse partagée en deux hémi - spheres: cette sphere a sept pouces de diametre; on y enferme un oeuf philosophique de terre.

Le trou du diaphragme sans regître étant de quatre pouces de diametre, passe pour donner une chaleur de quatre degrés. Si l'on ne veut que le troisieme degré, on a recours au regître ayant un trou de trois pouces de diametre, & ainsi de suite. La grille est de beaucoup trop grande pour le premier & second degré: ainsi il faut la changer ou mettre dessus une feuille de tôle qu'on puisse graduer à volonté: Libavius en a fait faire de différentes pour les divers degrés de feu, percées comme la grille d'une rape. Quelques artistes ont un catin où ils mettent du feu; ce catin est percé de petits trous, & placé sur la grille dont il fait les fonctions; on lui fait de grands bords. Quand on a fixé le regître l, on lute bien les vuides qu'il laisse. Dans Libavius il y a un tuyau de quelques doigts de haut, attaché au bord du trou du diaphragme; & le regître se glisse néanmoins entre deux: le trépié l'embrasse & porte dessus à la place des oeufs partagés en hémi - spheres. On met encore une cucurbite dans laquelle on renferme l'oeuf philosophique, & qu'on scelle quelquefois hermétiquement; car si la figure de Rupescissa a été faite selon son intention, il y a toute apparence que tantôt il a scellé ainsi sa cucurbite, & tantôt il l'a laissée ouverte. Ce fourneau est portatif & peut être divisé en moins de corps; on peut encore le faire de différentes grandeurs; quelques artistes l'ont voulu transporter, comme il arrive aux faux - monnoyeurs de transporter avec eux tous leurs ustensiles: mais le vrai chimiste sera un philosophe sédentaire, pag. 165 de la Scevastique de Libavius. On trouve encore la description & la figure de ce fourneau, pag. 87. tom. I. de la bibliotheque chimique de Manget.

Le fourneau de lampe est appellé fourneau secret des philosophes, & aussi fourneau des arcanes. Ceux qui en voudront davantage là - dessus pourront consulter les descriptions qui en ont été données par lsaac le Hollandois, Paracelse, Despagnette, Raimond Lulle, Bernhard, &c.

Il est évident que le fourneau donné par la Roquetaillade, qui vivoit au quatorzieme siecle, a dû fournir tout naturellement la construction du fourneau de notre fig. 1. qui n'en differe qu'en ce qu'au lieu d'un diaphragme ouvert, elle a deux barres de fer & un trou pour passer le cou de la cornue; on observe encore qu'il n'y a qu'un regître au dôme.

Nous aurions peut - être dû placer les fourneaux polychrestes après ceux - ci, comme étant censés ser<cb-> vir aussi au grand - oeuvre par la généralité qu'ils affectent; mais nous aurions par - là confondu la philosophie hermétique avec la Chimie positive; ce que nous avons voulu éviter.

Généralités sur la division des fourneaux. Il est évident que tous les fourneaux qui précedent tirent leur dénomination des opérations auxquelles ils sont destinés.

On eût peut - être souhaité que cette division eût été déduite des qualités intrinseques de chaque espece de fourneau, de même qu'on a distingué les plantes par les pétales, par exemple, &c. mais les fourneaux sont un acte de la raison humaine; ils sont tous construits sur le même principe, l'action de l'air & du feu; & leurs accessoires dépendent du corps à traiter ou du vaisseau qui le contient, ou bien de tous les deux ensemble. Ainsi quoiqu'ils puissent absolument être considérés en eux - mêmes, & abstraction faite de ces différentes conditions, elles cessent en quelque sorte de leur être étrangeres, puisqu'elles sont le principe de leur structure; & l'on ne peut les en séparer, qu'on ne sépare les moyens de la fin qui leur a donné naissance, & qu'on ne réduise alois les fourneaux à de simples êtres chimériques & devant leur origine au hasard, quoique capables de servir à quelques usages. On n'en peut pas dire autant des vertus des plantes, qui ne sont pas des productions humaines; il a donc fallu diviser les fourneaux, non d'après l'action combinée de l'air & du feu, qui n'y exige par elle - même aucune différence, mais d'après les corps auxquels on veut appliquer le feu.

Telle est la division que nous avons crû devoir établir pour mettre quelque ordre dans ce que nous avions à dire: on la regardera peut - être comme un système de plus qui ne servira qu'à charger la memoire; mais il est aisé de ne faire attention qu'aux faits.

Nous avons fait onze sections des fourneaux, d'après l'usage dont ils sont dans les opérations; ce n'est pas qu'elles se bornent à ce nombre, mais il y en a quantité & même de très - différentes, qui se font dans les mêmes; & nous entendons parler de celles qui demandent quelque changement particulier dans la construction d'un fourneau, quoiqu'elle soit presque la même quant au fond; il est bon d'avertir qu'il se trouve dans la plûpart d'entre eux des diminutions ou additions qui les rendent plus propres à remplir les vûes qu'on se propose. Si nous n'avons point parlé des fourneaux de cémentation, par exemple, c'est que cette opération ressemble à une fusion, quant à l'appareil, & que les fourneaux de celle - ci servent à celle - là; car quoi de plus semblable qu'un creuset à fondre, & un creuset ou pot de cémentation? cependant on ne confondra pas aisement ces deux opérations.

Les derniers fourneaux n'ont été mis avec les vaisseaux, qu'afin que l'appareil fût complet, c'est - à - dire pour accompagner les vaisseaux & figurer avec eux, de même que ceux - ci ont été représentés au commencement pour accompagner les fourneaux; avec cette différence toutefois, que les fourneaux sont faits pour les vaisseaux, quoi qu'en dise Manget, qui appelle ceux - ci vaisseaux secondaires. L'utile nous a conduits, l'agréable s'y est trouvé.

Autant que nous avons pû, nous avons fait dessiner d'après nature les fourneaux représentés dans nos Planches; mais il en est un certain nombre qui ne se trouvent que dans les ouvrages des Chimistes. On s'attend bien de trouver sur tout parmi nos ustensiles, ceux qui sont aujourd'hui en usage; on pensera même tout naturellement que nous avons dû consulter le laboratoire de M. Roüelle, qui est très - bien fourni en ce genre. Nous n'avions garde de négliger cette ressource, & il nous a été ouvert avec cet [p. 248 - 1] empressement qui nait du desir de contribuer au progres des Sciences. Nous lui devons les figures 1, 2, 3, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 54, 61, 73, 74 & 161. Nous aurons soin en parlant des vaisseaux & ustensiles, de reconnoître aussi ceux que nous aurons fait dessiner chez lui. Par - tout nous avons indiqué nos sources, & nous avons cité de notre mieux en parlant des differens auteurs ou l'on peut voir la même figure, afin de satistaire ceux qui seront curieux d'y recourir, & de reconnoitre en même tems ce que nous devons à autrui. Tout devient intéressant pour ceux qui aiment & cultivent une science; non contens d'être parvenus à ses bornes, ils aiment encore à en examiner les progrès, & savoir à qui l'on est redevable de ceux qui l'ont amenée au point où ils la trouvent. Nous ne devions pas épuiser les matieres, mais nous avons fait ensorte de piquer la curiosité de ceux qui voudroient en savoir autant qu'il est possible.

On ne voit pas, au moins que je sache, que les chimistes qui ont écrit avant Geber, ayent eu soin de nous parler des ustensiles qu'ils ont employés pour leurs operations; c'est cependant par - là qu'ils devoient commencer. Est - ce mystere ou ignorance de la vraie méthode? On peut dire qu'ils tont l'extrème de quelques auteurs modernes, qui pour lier un fait à ce qui a été inventé avant eux, commencent leur narration des les élémens de la science, dont leur découverte doit reculer les bornes.

Quoiqu'on puisse faire quantité d'opérations chimiques dans le même fourneau, & qu'il y en ait que <-> ques - uns de ceux qui sont représentés dans nos Planches qui eviennent presqu'au même, nous avons cru devoir rassembler tous ceux qui pouvoient entrer & être nécessaires dans un laboratoire philosophique qu'on voudroit rendre complet, & dans lequel on seroit obligé de faire plusieurs opérations à - la-fois dans differens genres, afin que ceux qui voudroient s'occuper de ce travail, pussent choisir dequoi se satisfaire. La plûpart des auteurs s'accordent sur six, qu'ils regardent comme nécessaires & suffisans: ceux de distillation latérale, le grand fourneau de décoction pour la cucurbite de cuivre, un fourneau à capsule, un fourneau de fusion à vent, un fourneau d'essai, & un athanor.

Nous avons cru devoir nous étendre sur cette matiere avec d'autant plus de raison, qu'on n'en trouve rien dans les autres dictionnaires. Trévoux n'en dit que très - peu de chose, & même ce qu'il y en a n'est pas exact. Le grand dictionnaire de Medecine, ou l'on auroit dû trouver cet article très - détaillé, avec de nombreuses planches, n'en donne qu'une mauvaise definition de quatre lignes. MM. Boerhaave & Cramer ont fait l'un & l'autre une faute contre la vraie méthode, en commençant l'un sa chimie & l'autre sa docimastique par la théorie, ou la partie la plus abstraite de ce qu'ils traitoient, & en comprenant dans cette théorie, & encore à la fin, la partie des fourneaux & des vaisseaux, qui sont un sujet tres - pratique. On doit écrire comme on doit enseigner; & dans un livre & un cours de Chimie faits méthodiquement, on doit débuter d'abord par les vaisseaux & fourneaux.

Si quelques personnes croyent que nous avons trop insisté sur le détail de la description de chaque fourneau en particulier, nous les prions de considérer que nous avons cru ne pouvoir être utiles qu'en nous comportant de la sorte; que tel qui veut construire un fourneau aime à en trouver la description à son article, sans être obligé de l'aller chercher par comparaison dans celle d'un autre fourneau différent, ou dans des généralités inutiles à ceux qui ne savent point & à ceux qui savent; par la raison que les premiers n'en sauroient faire l'application à des cas particuliers qu'ils ignorent, & que les derniers n'en ont pas besoin, parce qu'ils les savent. Enfin je serois presque tenté de dire que ceux qui trouveront que nous en avons trop dit, sont précisément ceux pour qui nous n'en avons pas dit assez, & qui seroient incapables d'exécuter la plus étendue de nos description, même quand nous l'augmenterions encore. Une pareille description doit être jugée sur la facilité de son exécution; il faut pourtant supposer que ceux qui l'entreprendront soient artistes, au moins en général. Nous ne parlons point des autres.

Nous avons rejetté comme insuffisantes les distinctions qui ont été faites des fourneaux en fixes & portatifs, en ronds & quarrés, en simples & composés, en fourneaux à vent, à soufflet, à tour, ainsi que celles qui ont été tirées du vaisseau dans lequel on y traite les corps; de la maniere dont le feu y est appliqué, du nom de l'auteur, de l'effet de leur matiere, figure, de leur grandeur: ces différens noms doivent être connus; mais comme ils ne sont dûs qu'à quelques accessoires, à des conventions ou à des qualités communes à quelques fourneaux seulement, ils n'ont pû se prêter à la méthode que nous avons voulu suivre par les raisons que nous allons détailler.

Il n'y a peut - être point d'auteur qui ait parlé des fourneaux, qui n'ait répété machinalement la plûpart des divisions que nous venons de proscrire, sans en mentionner les avantages ni les inconvéniens. Il n'étoit pas étonnant qu'ils ne parlassent point des avantages, nous ne pouvons y en trouver; mais nous allons indiquer les inconvéniens que nous y voyons.

Les moindres sont un fatras de noms qui ne servent qu'à charger la mémoire. Voici les autres.

1°. La division en fixes & en portatifs n'est d'aucune utilité, en ce qu'elle ne change point la nature du fourneau; car le même exactement peut être fixe & portatif dans bien des cas. On peut comparer nos figures premiere & trois dans tous les cas où il ne faudra que le degré de feu que le fourneau de la figure premiere pourra supporter; car alors on pourra toûjours se servir de la figure troisieme, comme de la figure premiere: d'ailleurs il n'est pas toûjours nécessaire qu'un fourneau soit fixe pour soûtenir la violence du feu; celui de Pott qui est en tôle, en est la preuve.

2°. Que veut dire la distinction entre fourneau rond & fourneau quarré? La figure extérieure, car c'est d'elle qu'il s'agit ici, influe - t - elle sur les qualités du dedans? C'est faire trop d'honneur à des distinctions aussi frivoles, que d'en parler.

3°. Celle des simples & des composés a d'abord un air spécieux: mais que signifie - t - elle au fond? veut - on mettre en comparaison des fourneaux qui servent à plus d'opérations, ou qui ont plus de parties, ou qui ont plus de variétés que d'autres? Nous avons fait voir que tous les fourneaux pouvoient servir à plusieurs opérations, plus ou moins; ainsi on ne peut rien dire que de vague sur cet article. En second lieu s'agit - il ici de la différence qui peut être entre un athanor & un fourneau de distillation, quant à la quantité des pieces? il est vrai qu'il y a de ces derniers qui n'en ont qu'une; mais il y en a aussi qui en ont quatre & cinq, comme il y a des athanors qui n'ont que la tour & un petit fourneau de décoction pour lequel seul elle a été construite; & d'ailleurs l'athanor est d'une seule piece.

4°. En fourneaux à vent & fourneaux à soufflet. Sous le nom de fourneaux à vent, on entend tous ceux dont le feu n'est point animé par les soufflets, mais seulement par le jeu de l'air; ensorte qu'il seroit plus à - propos de les appeller fourneaux à air, si l'usage n'en avoit autrement décidé: ainsi tous ceux que nous avons mentionnés doivent être placés dans

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