ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"236B"> puyée sur une tourte; Béguin le chaussoit avec le bois de chêne ou de cornouiller, & s'en servoit aux mêmes usages qu'on l'employe aujourd'hui, c'est - à - dire à distiller les acides minéraux. Au reste, il ne faut pas confondre ce fourneau avec celui qu'il qualisie, pag. 80. servant à toutes les opérations de Chimie; nous en toucherons deux mots à la section des polychrestes. Nous avons figuré le couvercle dont on se sert quelquefois pour fermer en partie la naissance du tuyau & ralentir le feu. On voit dans le laboratoire chimique de Kunckel, un fourneau de distillation latérale dont le foyer est elliptique par le bas, comme ceux de Charas, Béguin, &c. mais la grille dans ces auteurs, est à - proportion plus grande que dans Teichmeyer.

Le fourneau de distillation latérale marqué fig. 3. differe du précédent en ce qu'il est fixe, construit en briques & d'une seule piece, quant à ce qui répond aux trois corps de la fig. 1. Il se trouve dans la Pl. Il. de Glaser deux fois & dans la Pl. I. de Lemery, qui l'a mieux décrit qu'il ne l'a représenté; il y a toute apparence que lui & Manget le tiennent de Charas, au moins ces deux derniers se ressemblent ils parfaitement; mais ils différent de celui de Glaser en ce qu'ils ont la figure elliptique de celui de Béguin. Voy. Manget, Pl. XI. Charas, Pl. V. & Rhenanus, Pl. X. & XIII. Il est destiné aux mêmes opérations que le précédent, avec cette différence qu'on y fait celles qui demandent un seu violent & long - tems continué, comme le phosphore, par ex. on lui donne des dimensions qui varient à - proportion de la quantité de matiere qu'on y veut traiter. Cependant comme il faut y placer une grosse cornue, on agit en conséquence, & on le fait assez grand pour qu'il puisse la contenir: on commencera donc par élever des murs de briques à double rang, qu'on liera bien selon les moyens que nous dirons dans la suite; on lui donne de l'épaisseur asin que la chaleur s'y puisse conserver plus long - tems. On fera le cendrier haut d'un pié pour le moins, rond ou quarré, peu importe; on en tournera la porte, qu'on fera haute & large d'un demi - pié, du côté que vient l'air, s'il est possible: on posera dessus des barres de fer épaisses de cinq ou six lignes & larges de deux ou trois pouces, pour soûtenir les briques qu'on posera ensuite. Quelquefois au lieu de commencer tout - d'un - coup à élever son cendrier, on avance les deux premiers rangs de briques ou de grais, pour plus d'élégance, comme nous l'avons marqué dans notre fig. mais c'est un ornement qui ne sert qu'à embarrasser, & il n'en doit être guere question en Chimie. Ce que nous disons ici doit également s'entendre de tous les autres fourneaux massifs, comme de la forge, par exemple, pour laquelle on est encore dans l'usage d'entrer dans cette minutie. Après avoir élevé le cendrier de la hauteur convenable, & avant que d'élever le foyer, on pose deux grosses barres de fer, d'un pouce d'équarrissage au moins, qu'on scelle bien dans les murs: on ne les met pas en losange pour l'ordinaire, quoique ce n'en seroit que mieux d'observer cette position à leur égard. Ces barres sont destinées à soûtenir la grille qu'on peut faire d'une seule piece, comme celles dont nous avons parlé jusqu'ici, mais plus grosse & plus large, ou bien qui est brisée, c'est - à - dire composée de plusieurs morceaux de barres de fer qui ne tiennent point les uns aux autres: en ce cas on les lutte à chaque extrémité, pour les tenir en losange sur les deux premieres. Ces deux pratiques valent mieux que si on scelloit dans le mur du fourneau les différentes barres qui constituent la grille par leur réunion, parce qu'on n'est plus le maître de les changer quand elles sont usées, ou de les nettoyer quand elles s'obstruent. On éleve ensuite le foyer du même diametre que le cendrier, mais en rond; & si on ne lui donne pas cette figure avec les briques, on en remplit les coins d'un lut ordinaire, comme Charas le conseille pour presque tous ses fourneaux. Le foyer sera haut de huit ou neuf pouces environ, depuis la grille jusqu'à deux barres de fer qu'on scellera dans le fourneau pour soûtenir la cornue: ces barres seront encore de dix lignes ou d'un pouce d'équarrissage: au - dessus de ces barres, on élevera encore ce fourneau à la hauteur nécessaire, pour qu'il puisse cacher la retorte, d'un pié, par exemple, parce qu'il s'agit ici d'un vaisseau qui a quelquefois ce diametre; mais on laisse à côté une échancrure pour passer son cou, comme nous l'avons dit de la fig. 1. telle est la construction du massif du fourneau. On couvre ce massif d'une piece de terre mobile pour réverbérer la flamme; c'est un dôme comme celui du fournean de la fig. 1. qui a un trou dans son milieu avec une naissance de tuyau à laquelle on en adapte quelquefois plusieurs piés. Ordinairement on ne fait point d'échancrure à ce dôme, parce que celle du corps du fourneau est assez profonde; & quand on veut l'employer à d'autres usages, comme par ex. au bain de sable, avant que d'y mettre une capsule, on a une piece qui remplit l'échancrure, comme nous l'avons dit de la fig. 1. Ce dôme & cette piece sont faits de la même pâte que les autres fourneaux en terre. Il est bon d'observer que comme ce fourneau est sujet à se sendre en consequence de la violence du feu, on l'arme vis - à - vis de la grille & à sa partie supérieure, sous l'échancrure, de barres de fer larges d'environ deux pouces, & épaisses de cinq ou six lignes, pliées comme il convient. On les scelle dans le mur aupres duquel le fourneau est construit; ou elles sont le tour, s'il est isolé. On rentre quelquefois les briques qui doivent en être couvertes, afin que les barres soient au même niveau que le fourneau: il n'y a nul inconvénient à se permettre cette élégance, quand la chose est possible du côté de l'exécution.

La porte du foyer est de même largeur que celle du cendrier, mais moins élevée; on les ferme l'une & l'autre avec des briques taillées exprès.

Charas vouloit que la figure du soyer fût ronde non - seulement, mais encore elliptique par le bas, comme nous l'avons dit du fourneau de Béguin, pour épargner, disoit - il, le charbon, & pour que la chaleur pût se porter vers le haut. Boerhaave aussi fait son fourneau elliptique: mais Charas après avoir si bien dit, veut que les quatre regîtres qu'il fait à son fourncau, dans le cas où il l'employe au bain de sable, commencent dès la grille. Ces quatre trous, quand on les fait, doivent être placés de façon qu'ils puissent être recouverts par le dôme, sans quoi ils diminueroient la violence du feu. Pag. 77.

On multiplie, pour ainsi dire, ce fourneau, en le construisant assez grand pour qu'il puisse contenir plusieurs cornues; on en voit un Pl. I. de Lémery, qui en contient six; il ressemble assez à la galere des distillateurs de Paris: Charas en a représenté un à quatre cornues, qui a passé dans la Pl. IX. de Manget; mais nous allons décrire le plus grand de tous, c'est celui des distillateurs de Paris.

On l'appelle la galere (voyez notre fig. 7.) c'est un grand fourneau long, construit en briques qu'on joint ensemble à plusieurs rangs. On en éleve tout simplement sur le pavé deux murs paralleles de la longueur que demande la quantité de vaisseaux qu'on veut y placer, & à telle distance l'un de l'autre, que deux de ces vaisseaux puissent y aller de front: à un pié de haut, on scelle dans le mur du fourneau des barres de fer plates, de distance en distance, pour soûtenir les vaisseaux: on l'éleve encore de façon qu'il puisse cacher ces vaisseaux, & on fait le mur en talud extérieurement. La porte est de la largeur du fourneau; elle est couverte par un ou deux rangs de bri<pb-> [p. 237] ques qui font une petite élévation par - dessus, qui se trouve précisément de niveau avec la partie supérieure des vaisseaux. A l'extrémité opposée est un tuyau de poêle de cinq ou six pouces de diametre. Quand on veut distiller, on met un double rang de cuines tout le long du fourneau; on les ajuste à d'autres qui servent de récipient & qui portent sur le mur en talud. Nous proscrirons cette mauvaise pratique en parlant des vaisseaux. On couvre tous les vaisseaux qui sont dans le fourneau avec des tuiles & des carreaux dont on bouche les intervalles avec de la terre à four, & l'on allume le feu qu'on fait de bois; tel est l'appareil avec lequel les distillateurs font l'eau - forte à Paris.

La fig. 67. est non - seulement un appareil de distillation latérale, mais encore d'une distillation où l'on expose le corps à distiller au feu nud, sans l'intermede d'aucun vaisseau: nous avons promis, en parlant des fourneaux à aludels, de parler de la fig. 66. en même tems; c'est aussi ce que nous allons faire, parce qu'elle est dans le même genre, quoiqu'elle soit pour la sublimation. Voyez Glauber, furn. nov. philosoph page 1.

La grandeur du fourneau, fig. 67. n'est point fixée, on peut lui donner celle qu'on voudra; cela dépend encore de la quantite de matiere qu'on a à traiter; peu importe aussi qu'il soit rond eu quarré, en briques, ou en terre. Sur un pan de diametre, il doit en avoir quatre de haut; un depuis le sol jusqu'à la grille, un depuis la grille jusqu'au trou par où l'on jette le charbon, & les deux autres depuis ce trou jusqu'à celui qui est destiné au canal enfile par les vapeurs, qui doit sortir au moins d'un pan hors de la paroi, pour empêcher que les récipiens ne s'échauffent par la proximité du fourneau. Ce canal doit avoir à son extrémité le tiers du diametre du fourneau, sans compter que la partie qui y est scellée doit être plus large. Il faut que la grille soit telle qu'on ait la faci de l'ôter au besoin pour la nettoyer; car comme elle est aisément obstruée dans la distillation des sels qui se fondent à - travers les charbons, il arrive que la communication de l'air avec le feu est interceptée, & conséquemment la distillation interiompue. Pour plus grande commodité, on peut la faire de quatre ou cinq barres de fer isolées, soûtenues par deux autres; il y aura entre elles un travers de doigt de distance, & elles sortiront du fourneau, afin qu'on ait la facilité de les en tirer avec une tenaille dans le cas où il faudra les nettoyer; ensuite de quoi on les remet en place: il est même à - propos que le fourneau soit ouvert vis - à - vis la grille, pour plus de facilité.

Ce fourneau doit être couvert d'une pierre ou d'un carreau de terre ayant un trou au milieu, avec une rainure tout - autour pour recevoir ce couvercle & l'appliquer plus juste, à l'aide du sable ou des cerdres qu'on y mettra: par ce moyen, le cercle borchera, & empêchera mieux la dissipation des esprits des corps qu'on jettera dans le fourneau; ainsi ils seront forcés de passer totalement dans les récipiens: nous ne parlerons point ici de ces vaisseaux, c'est à leur article qu'ils doivent être renvoyés, & qu'on doit voir ce que nous avons à dire du manuel général de la distillation dans ce fourneau. Après ce que nous avons dit de celui qui sert pour la distillation latérale, nous n'avons que peu de choses à ajoûter au sujet de celui qui sert à la sublimation: le trou du premier, qu'on ferme d'un couvercle, est dans la fig. 66. fermé par le bas du premier aludel qui y entre; son dôme n'a point de regitre, les aludels en servent.

Nous avons déjà parlé de la figure 69: nous l'avons mise au nombre des fourneaux de décoctions; mais elle peut encore trouver sa place ici en qualité de fourneau servant aux distillations latérales, comme il paroit par le vaisseau dont elle est chargee. Nous ne nous étendrons sur cet article qu'en parlant des vaisseaux.

La figure 73 n'est au fond que la répétition de la premiere, qu'on a mise ici plus pour l'appareil que pour l'utilité: nous en donnerons cependant les proportions, parce qu'elles sont un peu différentes. La figure en question a 22 pouces de haut, sur huit de diametre en - bas, & neuf & demi dans haut, à la partie la plus large de son dôme, hors d'oeuvre. Son épaisseur est d'un pouce & demi. Le cendrier a cinq pouces de haut, y compris l'épaisseut du sol; le soupirail est large de trois pouces, & haut de deux & demi. Le foyer est haut de huit poces, & a sa bouche arquée, ses pitons & sa grille, conme nous l'avons détaillé en parlant de la figure premiere: cette bouche est haute & large de trois pouces. L'ouvroir a son échancrure pour la cornue; il est haut de quatre pouces & demi. Le dôme est de même hauteur, & a un trou ou regître au milieu d'un pouce de diametre, qu'on diminue à volonté au moyen d'un couvercle. Les portes ont leur fermeture à l'ordinaire.

La figure 145. est dans Libavius, pag. 322. qui l'a prise dans Evonynus, pag. 90. C'est un fourneau en briques quarré, pour distiller les acides minéraux à feu nud: on y voit deux matras posés horisontalement, dont l'un est le vaisseau distillatoire, & l'autre le récipient. Les barres sont courbées, pour s'ajuster au vaisseau qui passe par un treu, comme nous l'avons déjà vû fig. 69. tirée de Glauber Le dôme a un trou ou regître au milieu, comme il convient; mais on voit encore quatre regîtres inutiles & nuisibles aux quatre coins. On a isoié exprès une des barres pour en donner l'idée. La même courbure se trouve aussi dans Dornaeus. Nous n'en dirons pas davantage sur ce fourneau; une plus longue explication seroit inutile. On en peut voir la figure.

La figure 161. est encore un fourneau dont nous avons parlé à la section des fourneaux à distiller par ascension, & dans ses subdivisions en fourneaux à capsule, à aludel; & elle n'est en effet autre chose que les ustensiles représentés fig. 12, 13 & 14. L'appareil, qui est de Glauber, en sait la différence: cet auteur n'y met pourtant qu'un gros balon; mais on sait depuis long - tems qu'on en a ensilé des centaines ensemble. Ainsi l'on voit de plus en plus qu'un même fourneau peut être employé à différentes opérations. C'est en partie pour cette raison que nous en avons présenté quelques - uns sous différens aspects. Nous examinerons pourtant, en parlant des polychrestes, jusqu'à quel point cela peut être vrai.

On fait encore des distillations latérales dans les fourneaux dont nous parlerons dans la suite; comme aussi plusieurs des opérations auxquelles sont employés ceux de notre premiere section, nous en parlerons à - mesure que l'occasion s'en présentera.

Des fourneaux à distiller par descension. Comme ces sortes de fourneaux ne sont pas d'un grand usage, & que d'ailleurs on y pent suppléer par d'autres appareils, nous n'en avons donné qu'un seul exemple: il est tiré de la pharmacopée italienne de M. de Sgobbis. On le construit en briques, de la hauteur nécessaire pour contenir les vaisseaux. On ouvre de plusieurs côtés le cendrier, qui n'en est point un au fond, & on ne lui laisse même la plûpart du tems que quatre piliers, qui font les quatre coins: ensuite on place une grille à un pié de haut environ du sol ou pavé. Cette grille a un trou au milieu assez grand pour admettre le cou du matras descensoire; il est même bon d observer qu'on n'y en met que pour employer ce fourneau à un autre usage; car dans le cas du descensoire il ne faut qu'un disque de terre cuite, au milieu duquel on introduit le vaisseau descensoire: ainsi on

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