ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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puyée sur une tourte; Béguin le chaussoit avec le
bois de chêne ou de cornouiller, & s'en servoit aux
mêmes usages qu'on l'employe aujourd'hui, c'est - à - dire à distiller les acides minéraux. Au reste, il ne
faut pas confondre ce fourneau avec celui qu'il qualisie,
pag. 80. servant à toutes les opérations de Chimie; nous en toucherons deux mots à la section des
polychrestes. Nous avons figuré le couvercle dont
on se sert quelquefois pour fermer en partie la naissance
du tuyau & ralentir le feu. On voit dans le
laboratoire chimique de Kunckel, un fourneau de distillation
latérale dont le foyer est elliptique par le
bas, comme ceux de Charas, Béguin, &c. mais la
grille dans ces auteurs, est à - proportion plus grande
que dans Teichmeyer.
Le fourneau de distillation latérale marqué fig. 3.
differe du précédent en ce qu'il est fixe, construit en
briques & d'une seule piece, quant à ce qui répond
aux trois corps de la fig. 1. Il se trouve dans la Pl. Il.
de Glaser deux fois & dans la Pl. I. de Lemery, qui l'a
mieux décrit qu'il ne l'a représenté; il y a toute apparence
que lui & Manget le tiennent de Charas, au moins
ces deux derniers se ressemblent ils parfaitement;
mais ils différent de celui de Glaser en ce qu'ils
ont la figure elliptique de celui de Béguin. Voy. Manget, Pl. XI. Charas, Pl. V. & Rhenanus, Pl. X. &
XIII. Il est destiné aux mêmes opérations que le précédent,
avec cette différence qu'on y fait celles qui
demandent un seu violent & long - tems continué, comme
le phosphore, par ex. on lui donne des dimensions
qui varient à - proportion de la quantité de matiere
qu'on y veut traiter. Cependant comme il faut y placer
une grosse cornue, on agit en conséquence, & on
le fait assez grand pour qu'il puisse la contenir: on commencera
donc par élever des murs de briques à double
rang, qu'on liera bien selon les moyens que nous
dirons dans la suite; on lui donne de l'épaisseur asin
que la chaleur s'y puisse conserver plus long - tems.
On fera le cendrier haut d'un pié pour le moins,
rond ou quarré, peu importe; on en tournera la porte,
qu'on fera haute & large d'un demi - pié, du côté
que vient l'air, s'il est possible: on posera dessus des
barres de fer épaisses de cinq ou six lignes & larges
de deux ou trois pouces, pour soûtenir les briques
qu'on posera ensuite. Quelquefois au lieu de commencer
tout - d'un - coup à élever son cendrier, on
avance les deux premiers rangs de briques ou de
grais, pour plus d'élégance, comme nous l'avons
marqué dans notre fig. mais c'est un ornement qui ne
sert qu'à embarrasser, & il n'en doit être guere question
en Chimie. Ce que nous disons ici doit également s'entendre de tous les autres fourneaux massifs,
comme de la forge, par exemple, pour laquelle on
est encore dans l'usage d'entrer dans cette minutie.
Après avoir élevé le cendrier de la hauteur convenable,
& avant que d'élever le foyer, on pose deux
grosses barres de fer, d'un pouce d'équarrissage au moins,
qu'on scelle bien dans les murs: on ne les
met pas en losange pour l'ordinaire, quoique ce n'en
seroit que mieux d'observer cette position à leur
égard. Ces barres sont destinées à soûtenir la grille
qu'on peut faire d'une seule piece, comme celles dont
nous avons parlé jusqu'ici, mais plus grosse & plus
large, ou bien qui est brisée, c'est - à - dire composée
de plusieurs morceaux de barres de fer qui ne
tiennent point les uns aux autres: en ce cas on les
lutte à chaque extrémité, pour les tenir en losange
sur les deux premieres. Ces deux pratiques valent
mieux que si on scelloit dans le mur du fourneau les
différentes barres qui constituent la grille par leur
réunion, parce qu'on n'est plus le maître de les changer
quand elles sont usées, ou de les nettoyer quand
elles s'obstruent. On éleve ensuite le foyer du même
diametre que le cendrier, mais en rond; & si on
ne lui donne pas cette figure avec les briques, on en
remplit les coins d'un lut ordinaire, comme Charas
le conseille pour presque tous ses fourneaux. Le
foyer sera haut de huit ou neuf pouces environ, depuis
la grille jusqu'à deux barres de fer qu'on scellera
dans le fourneau pour soûtenir la cornue: ces barres
seront encore de dix lignes ou d'un pouce d'équarrissage: au - dessus de ces barres, on élevera encore
ce fourneau à la hauteur nécessaire, pour qu'il puisse
cacher la retorte, d'un pié, par exemple, parce qu'il
s'agit ici d'un vaisseau qui a quelquefois ce diametre;
mais on laisse à côté une échancrure pour passer
son cou, comme nous l'avons dit de la fig. 1. telle
est la construction du massif du fourneau. On couvre
ce massif d'une piece de terre mobile pour réverbérer
la flamme; c'est un dôme comme celui du fournean
de la fig. 1. qui a un trou dans son milieu avec une
naissance de tuyau à laquelle on en adapte quelquefois
plusieurs piés. Ordinairement on ne fait point
d'échancrure à ce dôme, parce que celle du corps du
fourneau est assez profonde; & quand on veut l'employer
à d'autres usages, comme par ex. au bain de sable,
avant que d'y mettre une capsule, on a une piece
qui remplit l'échancrure, comme nous l'avons dit
de la fig. 1. Ce dôme & cette piece sont faits de la
même pâte que les autres fourneaux en terre. Il est
bon d'observer que comme ce fourneau est sujet à se
sendre en consequence de la violence du feu, on l'arme
vis - à - vis de la grille & à sa partie supérieure,
sous l'échancrure, de barres de fer larges d'environ
deux pouces, & épaisses de cinq ou six lignes, pliées
comme il convient. On les scelle dans le mur aupres
duquel le fourneau est construit; ou elles sont le tour,
s'il est isolé. On rentre quelquefois les briques qui
doivent en être couvertes, afin que les barres soient
au même niveau que le fourneau: il n'y a nul inconvénient
à se permettre cette élégance, quand la
chose est possible du côté de l'exécution.
La porte du foyer est de même largeur que celle
du cendrier, mais moins élevée; on les ferme l'une
& l'autre avec des briques taillées exprès.
Charas vouloit que la figure du soyer fût ronde
non - seulement, mais encore elliptique par le bas,
comme nous l'avons dit du fourneau de Béguin, pour
épargner, disoit - il, le charbon, & pour que la chaleur
pût se porter vers le haut. Boerhaave aussi fait
son fourneau elliptique: mais Charas après avoir si
bien dit, veut que les quatre regîtres qu'il fait à son
fourncau, dans le cas où il l'employe au bain de sable,
commencent dès la grille. Ces quatre trous,
quand on les fait, doivent être placés de façon qu'ils
puissent être recouverts par le dôme, sans quoi ils
diminueroient la violence du feu. Pag. 77.
On multiplie, pour ainsi dire, ce fourneau, en le
construisant assez grand pour qu'il puisse contenir
plusieurs cornues; on en voit un Pl. I. de Lémery,
qui en contient six; il ressemble assez à la galere des
distillateurs de Paris: Charas en a représenté un à
quatre cornues, qui a passé dans la Pl. IX. de Manget; mais nous allons décrire le plus grand de tous,
c'est celui des distillateurs de Paris.
On l'appelle la galere (voyez notre fig. 7.) c'est un
grand fourneau long, construit en briques qu'on joint
ensemble à plusieurs rangs. On en éleve tout simplement
sur le pavé deux murs paralleles de la longueur
que demande la quantité de vaisseaux qu'on
veut y placer, & à telle distance l'un de l'autre, que
deux de ces vaisseaux puissent y aller de front: à un
pié de haut, on scelle dans le mur du fourneau des
barres de fer plates, de distance en distance, pour
soûtenir les vaisseaux: on l'éleve encore de façon qu'il
puisse cacher ces vaisseaux, & on fait le mur en talud
extérieurement. La porte est de la largeur du fourneau; elle est couverte par un ou deux rangs de bri<pb->
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ques qui font une petite élévation par - dessus, qui se
trouve précisément de niveau avec la partie supérieure
des vaisseaux. A l'extrémité opposée est un
tuyau de poêle de cinq ou six pouces de diametre.
Quand on veut distiller, on met un double rang de
cuines tout le long du fourneau; on les ajuste à d'autres
qui servent de récipient & qui portent sur le mur
en talud. Nous proscrirons cette mauvaise pratique
en parlant des vaisseaux. On couvre tous les vaisseaux
qui sont dans le fourneau avec des tuiles & des
carreaux dont on bouche les intervalles avec de la
terre à four, & l'on allume le feu qu'on fait de bois;
tel est l'appareil avec lequel les distillateurs font
l'eau - forte à Paris.
La fig. 67. est non - seulement un appareil de distillation
latérale, mais encore d'une distillation où
l'on expose le corps à distiller au feu nud, sans l'intermede
d'aucun vaisseau: nous avons promis, en parlant
des fourneaux à aludels, de parler de la fig. 66.
en même tems; c'est aussi ce que nous allons faire,
parce qu'elle est dans le même genre, quoiqu'elle
soit pour la sublimation. Voyez Glauber, furn. nov.
philosoph page 1.
La grandeur du fourneau, fig. 67. n'est point fixée,
on peut lui donner celle qu'on voudra; cela dépend
encore de la quantite de matiere qu'on a à traiter;
peu importe aussi qu'il soit rond eu quarré, en briques,
ou en terre. Sur un pan de diametre, il doit en
avoir quatre de haut; un depuis le sol jusqu'à la
grille, un depuis la grille jusqu'au trou par où l'on
jette le charbon, & les deux autres depuis ce trou
jusqu'à celui qui est destiné au canal enfile par les vapeurs,
qui doit sortir au moins d'un pan hors de la
paroi, pour empêcher que les récipiens ne s'échauffent
par la proximité du fourneau. Ce canal doit
avoir à son extrémité le tiers du diametre du fourneau, sans compter que la partie qui y est scellée
doit être plus large. Il faut que la grille soit telle
qu'on ait la faci> de l'ôter au besoin pour la
nettoyer; car comme elle est aisément obstruée dans
la distillation des sels qui se fondent à - travers les
charbons, il arrive que la communication de l'air
avec le feu est interceptée, & conséquemment la
distillation interiompue. Pour plus grande commodité,
on peut la faire de quatre ou cinq barres de fer
isolées, soûtenues par deux autres; il y aura entre
elles un travers de doigt de distance, & elles sortiront
du fourneau, afin qu'on ait la facilité de les en
tirer avec une tenaille dans le cas où il faudra les
nettoyer; ensuite de quoi on les remet en place: il
est même à - propos que le fourneau soit ouvert vis - à - vis la grille, pour plus de facilité.
Ce fourneau doit être couvert d'une pierre ou d'un
carreau de terre ayant un trou au milieu, avec une
rainure tout - autour pour recevoir ce couvercle &
l'appliquer plus juste, à l'aide du sable ou des cerdres
qu'on y mettra: par ce moyen, le cercle borchera,
& empêchera mieux la dissipation des esprits
des corps qu'on jettera dans le fourneau; ainsi
ils seront forcés de passer totalement dans les récipiens: nous ne parlerons point ici de ces vaisseaux,
c'est à leur article qu'ils doivent être renvoyés, &
qu'on doit voir ce que nous avons à dire du manuel
général de la distillation dans ce fourneau. Après ce
que nous avons dit de celui qui sert pour la distillation
latérale, nous n'avons que peu de choses à
ajoûter au sujet de celui qui sert à la sublimation:
le trou du premier, qu'on ferme d'un couvercle, est
dans la fig. 66. fermé par le bas du premier aludel
qui y entre; son dôme n'a point de regitre, les aludels
en servent.
Nous avons déjà parlé de la figure 69: nous l'avons
mise au nombre des fourneaux de décoctions;
mais elle peut encore trouver sa place ici en qualité
de fourneau servant aux distillations latérales, comme
il paroit par le vaisseau dont elle est chargee.
Nous ne nous étendrons sur cet article qu'en parlant
des vaisseaux.
La figure 73 n'est au fond que la répétition de la
premiere, qu'on a mise ici plus pour l'appareil que
pour l'utilité: nous en donnerons cependant les proportions,
parce qu'elles sont un peu différentes. La
figure en question a 22 pouces de haut, sur huit de
diametre en - bas, & neuf & demi dans > haut, à la
partie la plus large de son dôme, hors d'oeuvre. Son
épaisseur est d'un pouce & demi. Le cendrier a cinq
pouces de haut, y compris l'épaisseut du sol; le soupirail
est large de trois pouces, & haut de deux &
demi. Le foyer est haut de huit po>ces, & a sa bouche
arquée, ses pitons & sa grille, conme nous l'avons
détaillé en parlant de la figure premiere: cette
bouche est haute & large de trois pouces. L'ouvroir
a son échancrure pour la cornue; il est haut de quatre
pouces & demi. Le dôme est de même hauteur,
& a un trou ou regître au milieu d'un pouce de diametre,
qu'on diminue à volonté au moyen d'un couvercle.
Les portes ont leur fermeture à l'ordinaire.
La figure 145. est dans Libavius, pag. 322. qui l'a
prise dans Evonynus, pag. 90. C'est un fourneau en
briques quarré, pour distiller les acides minéraux à
feu nud: on y voit deux matras posés horisontalement,
dont l'un est le vaisseau distillatoire, & l'autre
le récipient. Les barres sont courbées, pour s'ajuster
au vaisseau qui passe par un treu, comme
nous l'avons déjà vû fig. 69. tirée de Glauber Le
dôme a un trou ou regître au milieu, comme il convient;
mais on voit encore quatre regîtres inutiles
& nuisibles aux quatre coins. On a isoié exprès une
des barres pour en donner l'idée. La même courbure
se trouve aussi dans Dornaeus. Nous n'en dirons pas
davantage sur ce fourneau; une plus longue explication
seroit inutile. On en peut voir la figure.
La figure 161. est encore un fourneau dont nous
avons parlé à la section des fourneaux à distiller par
ascension, & dans ses subdivisions en fourneaux à
capsule, à aludel; & elle n'est en effet autre chose
que les ustensiles représentés fig. 12, 13 & 14. L'appareil, qui est de Glauber, en sait la différence: cet
auteur n'y met pourtant qu'un gros balon; mais on
sait depuis long - tems qu'on en a ensilé des centaines
ensemble. Ainsi l'on voit de plus en plus qu'un même
fourneau peut être employé à différentes opérations.
C'est en partie pour cette raison que nous en
avons présenté quelques - uns sous différens aspects.
Nous examinerons pourtant, en parlant des polychrestes,
jusqu'à quel point cela peut être vrai.
On fait encore des distillations latérales dans les
fourneaux dont nous parlerons dans la suite; comme
aussi plusieurs des opérations auxquelles sont employés
ceux de notre premiere section, nous en parlerons
à - mesure que l'occasion s'en présentera.
Des fourneaux à distiller par descension. Comme ces
sortes de fourneaux ne sont pas d'un grand usage, &
que d'ailleurs on y pent suppléer par d'autres appareils,
nous n'en avons donné qu'un seul exemple: il
est tiré de la pharmacopée italienne de M. de Sgobbis.
On le construit en briques, de la hauteur nécessaire
pour contenir les vaisseaux. On ouvre de plusieurs
côtés le cendrier, qui n'en est point un au fond, &
on ne lui laisse même la plûpart du tems que quatre
piliers, qui font les quatre coins: ensuite on place
une grille à un pié de haut environ du sol ou pavé.
Cette grille a un trou au milieu assez grand pour admettre
le cou du matras descensoire; il est même bon
d observer qu'on n'y en met que pour employer ce
fourneau à un autre usage; car dans le cas du descensoire
il ne faut qu'un disque de terre cuite, au milieu
duquel on introduit le vaisseau descensoire: ainsi on
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