ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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ve point dans la figure. Car on n'y voit qu'un petit
rebord saillant d'un pouce tout - autour, qui soûtient
un trépié; ainsi on pourra choisir. Il faut aussi que
cette seconde piece ou corps soit percé de deux trous
à l'opposite l'un de l'autre, d'un pouce & demi de
diametre. On y ajustera deux crystaux de Venise.
Ces deux trous doivent être pris à la hauteur de 4
pouces du second corps, & ne lui laisser conséquemment
qu'un pouce & demi au - dessus d'eux. Tout vis - à - vis, dans le vaisseau qui enferme l'oeuf philosophique,
seront ouvertes deux autres fenêtres, auxquelles
on ajustera aussi deux verres pour voir le changement
des couleurs, &c. dans l'opération, au moyen
d'une chandelle qu'on mettra à la fenêtre opposée à
celle à laquelle on regardera. La troisieme piece du
fourneau doit être de 6 pouces, pour achever les 21
pouces de la hauteur entiere. Elle doit être faite en
dôme ou en hémisphere, & avoir dans son milieu un
trou d'un pouce de diametre. Il servira à recevoir
plusieurs pieces pyramidales de trois lignes chacune,
ayant un rebord qui s'appliquera sur le bord du trou,
qu'on bouchera par ce moyen autant & aussi peu
qu'on le voudra. On aura une autre piece aussi pyramidale,
qui fermera le milieu s'il est nécessaire. Il
faut qu'il y ait encore quatre autres trous faits comme
le premier. Ils seront faits dans le troisieme &
quatrieme pouce de la hauteur, & également éloignés les uns des autres. Ce sont ces trous qui servent
de regitre au fourneau de lampe, c'est - à - dire au
moyen desquels on gouverne la chaleur; sans compter
qu'on remplit encore les mêmes vûes par l'éloignement
ou l'approximation de la lampe. Cette lampe
sera posée sur un rond de bois ajusté sur une vis
qui l'élevera ou l'abaissera à volonté. On changera
encore le degré de chaleur selon les différentes opérations,
en allumant plus ou moins de meches, &
les faisant avec plus ou moins de fils chacune. Mais
on ne fixe guere bien le degré de chaleur au point
où il convient, qu'au moyen d'un thermometre qui
peut s'introduire aisement dans le fourneau. On pourra
rectifier les huiles dont on se servira pour la lampe,
sur de l'alkali fixe bien calciné. Par - là elles donneront
moins de suie & plus de chaleur, parce qu'on leur
enleve leur humidité & mucosité. Les meches doivent
être d'or, ou d'alun de plume, ou d'amiante.
On peut cependant leur substituer la moëlle de sureau
ou de jonc bien desséchée, qu'on changera
toutes les 24 heures; ce qui fait qu'il faut avoir deux
lampes qu'on substituera l'une à l'autre, afin qu'il
n'y ait aucune interruption dans la chaleur. Si on
employe la moélle de sureau, il faut qu'il y ait une
petite pointe de ser aiguë, qui soit soudée au fond
de la lampe, & qui reponde au milieu du trou du
couvercle qui doit contenir la meche. Ce couvercle
peut encore être flottant, au moyen de quelques petits
morceaux de liege, selon une méthode qui est
trop connue pour que nous en parlions davantage.
Au reste, il est évident que ces fourneaux de lampe,
particulierement ce dernier, & même tous ceux
dont nous avons parlé jusqu'ici, sont employés à
d'autres opérations. Nous en parlerons en son lieu.
Les fourneaux à capsule qui sont indiqués dans les
auteurs latins sous le nom de furni catinaii, doivent
être aussi placés avec les fourneaux à distiller par ascension,
soit parce qu'ils y servent souvent, soit
parce qu'ils sont du genre des autres bains, qui trouveront
ici leur place. Ces fourneaux sont principalement
de deux especes; ou ils servent par emprunt
aux capsules, ou bien ils y sont particulierement destinés;
& cette seconde espece se trouve quelquefois
comprise sous le nom d'athanor. Quant à la premiere,
elle est composée d'individus semblables à quelques - uns de ceux que nous avons déjà mentionnés,
& à d'autres que nous verrons dans la suite sous le
nom de fourneau de distillation latérale, & même
d'athanors. Aussi n'en avons - nous représenté qu'un,
pour l'appareil dont il est suivi; c'est celui de la
figure 13. il ressemble parfaitement à la fig. 14. ainsi
nous n'en donnerons point de description. Nous dirons
seulement un mot en passant du vaisseau d'ou
ils tirent leur dénomination.
Une capsule est un petit vaisseau hémisphérique de
terre, de tôle, ou de fonte, & souvent ane po>
dont on a coupé la queue, ou ce que les officiers appellent
un diable, qui sert à contenir l'intermede sec
dont on se sert quand on ne veut pas exposer un corps
à feu nud.
La seconde espece est un genre particulier, dont
nous n'avons point encore vû d'exemple jusqu'ici.
Nous renverrons à leur place ceux dont quelqu'accessoire
a changé le nom. Ainsi nous ne parlerons ici
que de la fig. 23. qui est un fourneau à capsule propre,
ou un bain de sable uniquement employé à ce
dont il porte le nom. On l'a pris dans la Planc. IV.
tom. I. de Schlutter, qui l'employoit à départir. On
apprendra par la suite que l'usage du bain de sable
est très - étendu. L'auteur en question s'en servoit à
placer plusieurs matras ou cucurbites. Pour cet esset,
on construira des murs de briques, dont la longueur
en - dehors sera de 4 piés sur 2 piés de large, & la
hauteur de 2 piés 3 pouces. Il aura en - dedans un pié
de large sur 3 piés de long à l'endroit du foyer. Son
soupirail sera de 9 pouces en quarré. Le cendrier regnant
dans toute la longueur du fourneau, sera de
même largeur. Au - dessus seront des batres de fer posées
sur un petit mur d'appui qui se trouve tout fait
par cette construction. Ces barres serviront de grille
à la chauffe ou foyer. A quelques pouces au - dessus
du foyer, seront maçonnées au même tems que la
brique, des barres de ser pour soutenir une plaque
de tôle épaisse, sur laquelle on mettra le sable. Au
bout du fourneau est un regitre pour l'issue de la flamme
& de la fumée. On lui ajuste un tuyau de po>
qu'on porte dans une cheminée, &c.
Les différentes especes de bains ne sont que des
fourneaux semblables à quelques - uns de ceux dont
nous avons déjà parlé, mais qui portent des nom,
différens, relativement à l'intermede qui constitue
ce bain. Ainsi nous ne parlerons pour le moment que
d'un seul fourneau particulierement destiné au bainmarie.
Ce fourneau ne differe du précédent qu'en ce
qu'au lieu d'une simple plaque de tôle ou de fonte,
on y a encastré un chauderon de cuivre pour tenir
de l'eau. Mais ce chauderon pourroit également contenir
du sable, des cendres, &c. s'il se brûloit trop
vîte, on le feroit de fonte. Ce fourneau est notre fig.
11. On fait donc des murs de briques de telle épaisseur & longueur qu'on veut. La largeur est aussi indifférente;
mais on ne donne que peu de largeur à
l'endroit où l'on met le bois, pour l'épargner, & parce
qu'il ne faut pas un grand feu. On lui donne, par
exemple, un pié de large, & autant de haut, si ce
fourneau est de la même grandeur que le précédent,
& si on ne lui met point de grille comme à notre fig.
11. & quand il est élevé à la hauteur convenable pour
admettre un chauderon de 10 pouces de profondeur,
par exemple, on l'y encastre en ménageant au bout
opposé au soupirail un trou pour la fumée. On ajuste
un tuyau de poêle à ce trou, & l'on couvre ce chauderon
rond ou quarré, ou quarré - long, d'une plaque
de cuivre ou de tôle, dans laquelle on fait des trous.
Ces trous servent à passer les vaisseaux distillatoires,
digestoires, &c. ou les plats, terrines, évaporatoires
qu'on veut mettre au bain - marie. Le fourneau de la
fig. 118. sert au bain - marie ou diplome des anciens.
Outre les bains dont on a parlé à leur article, nous
dirons qu'il y en a encore d'autres, comme par ex.
Le bain de limaille, où ce corps est employé à la
place du sable.
[p. 235]
Le bain de fumier, ou celui qui se fait au moyen
du fumier échauffé par sa seule fermentation, ou par
l'eau chaude, comme nous le verrons en parlant des
vaisseaux, & le bain de marc de raisin. Voy. Verdet.
Le bain de sciure ou de rapure de bois dont parle
Cartheuser, seconde édition de sa Chimie.
Le bain sec qui est de deux especes: celui où il
n'y a d'autre intermede qu'une capsule, & il est opposé
à l'humide ou au bain - marie, & celui où le
vaisseau contenant la liqueur à distiller, par exemple,
est exposé au feu immédiat, ce qu'on appelle
encore feu nud.
Les fourneaux qu'on appelle de décoctions, sont encore
des fourneaux de l'espece de ceux que nous
avons vû. Dans ce rang nous placerons les fig. 12.
69. 72. & 162.
La fig. 12. est précisément la même que les 13. &
14. ainsi nous n'en donnerons point de description.
On en voit un à - peu - près semblable dans la Pl. III.
de Lémery, lettre s; il paroît que s'il lui manque un
cendrier, c'est par la négligence du dessinateur.
Les 69. & 72. n'en different que parce qu'elles
représentent des fourneaux de fonte à piés, dont le
premier est couvert; celui - ci est de Glauber, Part.
I. de > fourneaux, & celui - là de Lémery, Pl. VI.
La 162. n'a rien qui demande une description particuliere
quant au fourneau; il est dans Libavius, p.
331.
On employe encore d'autres fourneaux en Chimie,
qui sont a peu de chose près les mêmes que la plûpart
de ceux qui précedent. Je veux parler des fourneaux
à aludels ou de sublimation, qui est à proprement
parler une distillation ascenfoire seche. Tels sont ceux
qu'on a marqués fig. 5. 66. 98. & 167.
Le premier est de l'adepte Géber. Il se trouve page
65. de la somme. Outre les fourneaux usités actuellement
en Chimie, nous avons crû que nous devions
exposer quelques figures des premiers qui ont été représentés,
asin qu'on pût voir le point d'où l'on est
parti, & sentir les additions & corrections qui ont
été faites depuis. Géber, qu'on appelle le roi, à cause
de son habileté en Chimie, est l'auteu le plus ancien
qui les ait figurés, & qui y ait joint une description
assez claire, & meilleure que ses figures qui n'y
répondent pas trop exactement. Gebe>vivoit au vij.
siecle, selon Boerhaave; au viij. selon Moreri, & au
jx. selon son continuateur, qui parle d'après l'abbé
Lenglet, fondé sur la même autorité que Boerhaave.
Quoi qu'il en soit, il est tres - certain que Géber est
sort ancien, & se trouve cité dans Albert le grand
& Arnand de Villeneuve, qu'il n'a point cités. Avant
cet artiste, l'ignorance & la mauvaise foi s'étoient
toûjours enveloppées du voile de l'emblème & de
l'énigme, même pour les plus petites choses, comme
cela est encore arrivé depuis, & même de notre
tems. Tout auteur qui écrivoit des choses inintelligibles,
étoit un homme respectable, précisément parce
qu'on ne l'entendoit point. Aujourd'hui la raison
a repris le dessus; & tout homme qui voudroit ramener
ces tems précieux où l'on ne parloit ni n'écrivoit
pour se faire entendre, & où la crédulité étoit la
dupe du jargon mystérieux, feroit croire qu'il auroit
de bonnes raisons pour en user de la sorte. Si Géber
est tombé dans cet inconvénient quant aux opérations,
au moins a - t - il pû être de quelqu'utilité par la
description de ses ustensiles. Il avertit que le fourneau qu'il décrit & destine aux aludels, doit être plus
ou moins épais & plus ou moins grand, selon la grandeur
des vaisseaux qu'on y veut mettre, & l'intensité
du feu auquel on veut les exposer. On éleve
des parois circulaires à la hauteur de 9 pouces, en
pratiquant une porte pour le bois, dont la partie inférieure
soit de niveau avec le sol ou pié - d'estal du
fourneau. On assujettit pour lors une barre de ser
grosse comme le doigt, pour soûtenir l'aludel. On
donne à - peu - près autant de hauteur au fourneau au - dessus
qu'au - dessous de la barre de fer; & au milieu
de la partie du fourneau supérieure à cette barre,
qu'on peut appeller le second corps, ou l'ouvroir du
fourneau, on fait quatre trous ou regitres, dont la
grandeur doit être déterminée par celle du fourneau,
& la vivacité nécessaire au feu. On couvre le tout
d'un dôme un peu convexe, & ayant un grand trou
au milieu pour recevoir l'aludel, quoique Géber &
sa figure n'en disent rien. Entre ces vaisieaux & les
parois du fourneau, il doit y avoir un espace de deux
doigts, plus ou moins, selon le degré de chaleur nécessaire.
On lutte l'aludel au fourneau. Ces deux vaisseaux
ont la proportion qu'ils doivent avoir entre
eux & avec le feu qu'on y tient, quand celui ci circule
bien autour de l'aludel, que la matiere qui y est
contenue reçoit le degré de feu convenable, & que
la flamme & la fumée sortent bien par les regîtres.
Si ces conditions ne se trouvent pas remplies, on diminue
l'aludel, ou on aggrandit le fourneau: & on
augmente ou retrécit les regîtres jusqu'à ce qu'on
ait trouvé le juste point qu'on desire.
Pour peu que l'on compare ce fourneau avec ceux
qui ont été faits depuis, on y trouvera, je pense,
assez de ressemblance pour conjecturer qu'il n'a pas
peu servi à contribuer à leur perfection & aux avantages
qu'on en retire. Au - moins voit - on que l'auteur
a bien entendu la méchanique du feu.
Le fourneau de la fig. 66. est non - seulement un
fourneau sublimatoire, mais encore un fourneau où
la matiere est exposée à feu nud. Nous en parlerons
en particulier dans la section des fourneaux à distiller
par le côté, pour ne pas le séparer d'un autre de cette
espece.
La fig. 98. représente encore un fourneau tiré de
Géber, p. 72. Il est destiné aux aludels dans lesquels
on doit faire la sublimation de la marcassite, &c. Il
dit que ce fourneau doit donner un degré de seu capable
de sondre le cuivre ou l'argent, si cela est nécessaire.
Le haut doit être fermé avec un disque percé
pour recevoir la cucurbite, qu'on lutte à ce disque,
pour empêcher que le feu ne vienne à échauffer l'aludel, & à fondre la matiere sublimée. On fait
seulement quatre petits regîtres dans ce disque, avec
autant de bouchons. C'est par - là qu'on met le charbon
dans le fourneau. On en fait encore quatre autres
dans les parois du fourneau, pour mettre également les charbons; sans compter qu'il en faut encore
7 ou 8 capables d'admettre le petit doigt. Ces derniers
doivent être toûjours ouverts, pour que le
fourneau puisse se délivrer de ses fumosités. Ils seront
pratiqués dans l'endroit où le fourneau se joint avec
son couvercle.
Le fourneau qui donne un grand degré de feu, est
celui dont les parois sont élevés de 3 piés, ayant
dans leur milieu une grille de terre capable de soûtenir
le grand feu, percée de quantité de petits trous
en entonnoir renversé, afin que la cendre & les charbons
puissent tomber aisément, & laisser une libre
entrée à l'air C'est cette liberté qu'a l'air d'entrer
en grande quantité par ces trous inférieurs, qui excite
un grand feu dans ce fourneau. Ainsi il n'est que
de s'exercer sur ce point de vûe, & l'on en viendra
à son but.
Il est aisé de voir que Géber vient de décrire un
fourneau de fusion, quoiqu'il l'applique à ses aludels;
en suivant sa description, on doit réussir presque
comme aujourd'hui à en construire un, excepté qu'on
y a ajoûté quelque chose; ainsi je ne vois pas
pour quelle raison Glauber a eu tant de peine à trouver
le sien, que nous décrirons à la section des sourneaux de fusion. On remarquera en passant qu'il semble
que Géber n'ait pas dessiné lui - même ses figures,
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