ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"230"> éclaircit beaucoup le nombre, ou on les éloigne des arbres dont la conservation est importante. (D. J.)

Fourmi (Page 7:230)

Fourmi, oeufs de - (Hist. natur.) c'est le nom populaire qu'on donne à ces petites boules blanches qu'on trouve dans les nids & cellules de fourmis, & qu'on suppose communément être les oeufs de cet insecte; faute d'avoir considéré que ces oeufs sont plus gros que l'animal même qui leur auroit donné naissance.

Cette idée vulgaire n'est donc qu'une erreur grossiere. Aussi les naturalistes modernes ont démontré que ce ne sont pas là de purs & simples oeufs de fourmis, mais les jeunes fourmis même emmaillottées dans leur premier état d'accroissement; ou plûtôt ce sont tout autant de petits vers enveloppés dans une coque très - mince composée d'une espece de soie que les fourmis tirent de leurs corps, comme font les vers - à - soie & les chenilles.

Ces vermisseaux semblent à - peine remuer dans ce premier état; mais au bout de peu de jours, ils montrent de foibles mouvemens de flexion & d'extension: alors ils commencent à paroître comme autant de fils jaunâtres, & croissent sous cette apparence, jusqu'à ce qu'ils ayent atteint la grosseur naturelle de la fourmi: ensuite lorsqu'ils ont subi leur métamorphose, ils se présentent sous la forme de fourmi, avec une petite tache noire près de l'anus. Leuwenhoek croit que cette tache est l'excrément que l'insecte a rendu par cette partie.

Le docteur King a ou vert plusieurs de ces prétendus oeufs; & tantôt il a vû le vermisseau dans sa premiere origine, & tantôt il a trouvé que ce vermisseau avoit déjà commencé de revêtir la forme d'une fourmi, montrant sur la tête deux petites taches jaunes à l'endroit des yeux, & quelquefois ayant déjà ses yeux aussi noirs que du jayet. Enfin il a souvent tiouvé sous l'enveloppe transparente les fourmis parvenues à leur état de perfection, & courant immédiatement après au milieu des autres fourmis.

Les oeufs dont nous venons de faire l'histoire, sont portés par les fourmis chaque matin en été au haut de leurs fourmilieres, où les meres les laissent pendant la chaleur du jour à l'exposition du soleil: mais dans les nuits fraîches, ou lorsqu'elles craignent la pluie, elles les transportent au fond de la fourmiliere, & si avant, qu'on peut creuser jusqu'à la profondeur d'un pié sans les rencontrer. Quand on renverse ces fourmilieres, on voit toutes les fourmis occupées à pourvoir à la sûreté des oeufs qui renferment leurs petits; elles les emportent en terre hors de la vûe, & recommencent cet ouvrage tout autant de fois qu'on cherche à les déranger: ce sont - là les oeufs qui font la nourriture délicieuse de plusieurs oiseaux, entr'autres des rossignols, des jeunes faisans, & des perdrix.

Les vrais oeufs de fourmi sont une substance blanche, tendre, délicate, douce au toucher, & qui en ouvrant leurs nids, brille à l'oeil comme les petits crystaux de sels, ou les brillans d'un sucre blanc rafiné. Cette substance vûe au microscope, paroît figurée comme de petits oeufs transparens, & formée de pellicules distinctes. On trouve cette même substance dans le corps des fourmis femelles qu'on disseque; & c'est proprement leur frai: quand ce frai est jetté sur terre, ce qui se fait par les meres à la maniere des mouches, on voit les fourmis accourir en nombre pour le couver; & au bout de quelques jours, il est changé en vermisseau de la grosseur d'une mite.

Leuwenhoek a tracé le premier très - exactement le progrès de la génération, de l'accroissement, & de la metamorphose des fourmis. On en peut lire l'extrait dans la biblioth. univers. tome XI. Voyez aussi les Transactions philosoplaques, n°. 23. p. 426. Swam<cb-> merdam biblia naturoe, & l'article Fourmi, (Hist. nat.) (D. J.)

Fourmi (Page 7:230)

Fourmi, (Chimie & Mat. med.) les fourmis méritent une considération particuliere dans l'analy se des substances animales, par l'acide connu sous le nom d'esprit de fourmi; l'huile essentielle, & l'huile par expression qu'elles fournissent. Voyez Substances animales.

Les fourmis sont regardées comme portant singulierement aux voies urinaires & aux organes de la génération, & comme réveillant puissamment l'action des organes; c'est pourquoi elles passent pour un remede excellent dans la foiblesse des vieillards, dans la paralysie, la disposition à l'apoplexie, la foiblesse de la mémoire, l'impuissance, &c. & cela, soit employées intérieurement en substance, soit extérieurement sous forme de bain ou de fomentation. Tous ces secours sont fort peu usités parmi nous; on y employe plus souvent, quoiqu'assez rarement encore, l'esprit de fourmis distillé avec l'esprit - de - vin, qui est regardé comme un puissant remede contre la paralysie & contre le bourdonnement des oreilles. (b)

*Fourmi, (Mythol.) les Grecs en général étoient si vains de l'antiquite d'origine, qu'ils aimoient mieux descendre des fourmis de la forêt d'Egine, que de se reconnoître pour des colonies de quelque peuple étranger. Les Thessaliens entêtés apparemment du même préjugé, honoroient ces insectes.

FOURMILIER (Page 7:230)

FOURMILIER, ursus formicarius, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) tamandua guacu du Brésil; animal quadrupede qui a la tête fort alongée, avec une trompe longue d'un pié & plus; le museau est pointu, & il n'y a dans la bouche aucunes dents; la langue ressemble à un poinçon; sa longueur est d'environ deux piés; elle se replie en doublé dans la bouche: mais elle est étendue de toute sa longueur, lorsqu'elle en sort: l'animal la pose sur une fourmiliere, & lorsqu'il la voit couverte de fourmis, il la retire, & il avale ces insectes dont il fait sa nourriture; c'est pourquoi on lui a donné le nom de fourmilier. Il a les yeux petits & noirs, & les oreilles presque rondes; la queue est garnie de crins qui la rendent large d'environ un pie; de sorte que l'animal peut s'en couvrir lorsqu'il la redresse: la trompe a plus de quatre pouces d'épaisseur dans le milieu, mais elle est de plus en plus petite jusqu'à l'extrémité; le cou a cinq pouces de longueur & neuf pouces d'épaisseur: la longueur du corps jusqu'à l'origine de la queue, est d'environ deux piés, & l'épaisseur d'un pié huit pouces. La queue a deux piés trois ou quatre pouces de longueur; celle des jambes de derriere est d'onze pouces, & les jambes de devant ont un pouce de plus. Il y a dans les piés de derriere cinq doigts, & dans ceux de devant, quatre, dont les deux du milieu sont les plus longs, & ont des ongles de deux pouces & demi de longueur. Les poils du dos sont noirs; il s'en trouve aussi de blancs: ceux de la tête & du cou ont le moins de longueur; ils sont dirigés en - avant. Le poil des jambes de devant est blanc, & il y a une tache noire au - dessus de chaque pié, & sur la poitrine une large bande de la même couleur, qui s'etend de chaque côté jusqu'au milieu du corps: cette bande est terminée en haut par une ligne blanche. Les jambes de derriere sont noires: tous les poils de cet animal sont durs; un homme peut l'atteindre à la course. On l'a nommé ursus formicarius, parce qu'il ressemble à l'ours par les piés de derriere & par son poil long & hérissé. Raii synop. meth. anim. p. 241. Voyez Quadrupede. (I)

FOURMILIERE (Page 7:230)

FOURMILIERE, (Hist. nat.) lieu où les fourmis vivent en société; elles pratiquent de petites routes en terre, sous quelque abri: telle étoit la fourmiliere qu'a décrit Aldrovande, lib. V. de insect. p. 509. & [p. 231] qu'il trouva sous une poutre. Des fourmis d'une autre espece entassent différentes matieres, & forment sur la terre une éminence qui a la forme d'un cône, & dans laquelle il se trouve diverses routes & des cellules où les sourmis habitent, où elles déposent leurs oeufs, leurs nymphes, & toutes les choses dont elles se nourrissent. D'autres fourmis construisent des nids sur des arbres, & les cimentent avec de la terle, pour se garantir de la pluie. Voyez ci - devant Fourmi. (I)

Fourmiliere (Page 7:231)

Fourmiliere, (Econom. rustiq.) Ces petits monceaux de terre que les fourmis forment en cône pour leur demeure & la nourriture de leurs petits, causent un grand dommage aux prairies seches des pays chauds, & non - seulement en diminuant d'autant le fourrage qui y est précieux, mais encore en altérant la seve de l'herbe, & ne laissant qu'une nourriture pernicieuse au bétail affamé.

La bonne méthode de ruiner toutes fourmilieres, consiste à les decouper depuis le sommet en quatre parties, & ensuite à creuser dans chacune assez profondement pour détacher la racine de la fourmiliere: alors il faut en retourner la terre, & l'abaisser un peu plus que le niveau du reste du terrein: ce moyen rendra cette terre plus humide, & empêchera les fourmis de rebâtir leurs logemens dans la même place: la terre de la fourmiliere qu'on vient de détruire doit être jettee de toutes parts a une assez grande distance: sans quoi les fourmis ne manqueroient pas de se rassembler de nouveau, & de construire pour leurs besoins une autre habitation voisine.

Le tems propre à l'opération dont il s'agit ici, est l'hyver, parce que la gelée & les pluies de cette saison contribuent beaucoup à la destruction des fourmis: mais alors il faut avoir soin de semer au printems de la graine de sain - foin ou de luzerne sur la terre qui est nue & pelée: autrement elle produiroit infiniment moins d'herbe que les autres endroits.

Dans quelques pays, où le nombre des fourmilieres est sort nuisible, on se sert d'un instrument fait exprès pour les couper; c'est une bêche pointue & taillée en croissant, de maniere que tout le tranchant de la bêche fait plus que les trois quarts d'un cercle: aussi coupe - t - elle de tous côtes, & par conséquent expédie très - promptement: enfin on peut employer au même usage les instrumens particuliers qui ont été imaginés pour détruire les taupinieres. (D. J.)

Fourmiliere (Page 7:231)

Fourmiliere, s. f. (Méd.) en latin formica, maladie des paupieres. C'est une petite excroissance charnue qui croit dans l'intérieur ou l'extérieur des paupieres: cette excroissance a la base large diminuant vers le haut, calleuse, quelquefois noirâtre, mais le plus souvent rougeâtre, blanchâtre, ou de la couleur de la peau, couverte de plusieurs tubercules semblables aux grains d'une mûre; d'où vient qu'on l'appelle encore verrue mûrale. On la nomme fourmiliere, parce que par le grand froid, ou dans certains tems, elle cause des douleurs qui imitent les picotemens des fourmis. Nous parlerons de la maniere de détruire les verrues mûrales, en traitant des autres verrues qui attaquent les paupieres, dont il importe de faire un article général. Ainsi voyez Verrue des Paupieres. (D. J.)

FOURMI - LION (Page 7:231)

FOURMI - LION, s. m. formica - leo, (Hist. nat.) insecte qui a beaucoup de rapport au cloporte pour la figure du corps, & à l'araignée non - seulement par la figure, mais encore par l'instinct, par sa maniere de filer, & par la mollesse du corps. Le fourmi - lion est d'un gris sale, avec des points noirs, qui sont de petites aigrettes composées de picquans qu'on ne distingue qu'avec la loupe. Le corps est entouré de plusieurs anneaux. Cet insecte a six jambes, dont quatre tiennent à la poitrine, & les deux autres à une partie placée au - devant de la poitrine, à l'endroit du cou. La tête est menue & plate; elle porte deux antennes ou cornes creuses, dures, longues de deux lignes, un peu plus grosses qu'un cheveu, & crochues par le bout: à la base de chacune de ces antennes, il y a des yeux.

Le fourmi - lion ne vit que d'insectes; il ne marche qu'en reculant & par petites secousses, ainsi il ne peut pas aller chercher sa proie; il est obligé de l'attendre, & de dresser des embuches pour l'attirer à soi: c'est pourquoi il se place dans un sable fin & sec, contre un mur, à l'abri de la pluie; il y creuse une petite fosse ronde & concave; à cet effet, il commence par courber en - bas la partie postérieure de son corps, qui est pointue, & il l'enfonce dans le sable: il s'entouit de cette maniere jusqu'à une certaine profondeur, la tete en haut: alors il jette assez loin avec ses cornes, par des mouvemens prompts & reitérés, le sable qui se trouve sur sa tête; à mesure qu'il déplace ce sable, il en retombe de nouveau des alentours, il le jette encore; & enfin il forme une fosse concave qui ressemble à une trémie, au centre de laquelle il reste placé la tête & les cornes en - haut. Pour faire une fosse plus grande, il décrit un cercle avec la partie postérieure de son corps en reculant, & à chaque pas il jette au loin du sable avec ses cornes, ensuite il parcourt l'aire du cercle, en suivant une ligne spirale qui fait plusieurs tours jusqu'à ce qu'il soit arrivé au centre. Il reste - là continuellement pour attendre sa proie, & souvent il l'attend pendant long - tems avant qu'elle arrive; car il faut que quelque insecte passe sur les bords de la trémie. Comme ce terrein cede sous les piés de l'insecte, à cause de la pente & du sable mouvant, l'insecte tombe nécessairement dans la trémie, & fait rouler du sable qui va au centre sur la tête du fourmi - lion: ce mouvement l'avertit qu'il est tombé un insecte dans la trémie; aussi - tôt il l'apperçoit, & jette avec ses cornes du sable sur cet insecte, pour le faire descendre jusqu'au centre, malgré les efforts qu'il pourroit saire pour remonter: alors il le saisit avec les extrémités de ses cornes, & le tient long - tems de cette maniere à une distance considérable de la tête, sans que l'on apperçoive, même avec la loupe, aucun aiguillon qui sorte de la tête pour sucer l'insecte. Ainsi il est à croire qu'il le suce par le moyen de sos cornes, qui sont creuses, & dans lesquelles on a vû avec le microscope un corps transparent & membraneux qui s'étend d'un bout à l'autre de la concavité de la corne. Ainsi on a observé qu'une mouche que l'on avoit donnee à un fourmi - lion, & qu'il avoit tenue pendant deux ou trois heures entre les extrémites de ses cornes, étoit devenue seche, & qu'on l'avoit reduite en poudre en la froissant entre les doigts.

Le fourmi - lion a été ainsi appellé, parce que les fourmis sont sa proie la plus ordinaire; cependant il ne peut que les sucer; & lorsqu'il n'en tire plus rien, il jette les restes hors de la trémie, & ensuite il se débarrasse du sable qui s'est écroulé, & il dispose de nouveau la trémie, pour v faire tomber un autre insecte: en l'attendant, le fourmi - lion se passe de nourriture. On en a garde pendant six mois dans une boîte, où ils ont vécu sans en prendre aucune.

Lorsque le fourmi - lion est parvenu à un certain âge, il ne fait plus de trémie, parce qu'il n'a plus besoin de nourriture; il pratique alors plusieurs routes irreguileres dans le sable, & il s'y enfonce pour se métamorphoser: il s'enveloppe, sans changer de me, dans une coque composée de soie tres - fine, d'une sorte de colle, & de sable. La soie vient de la partie postérieure, comme celle de l'araignée. La coque est grosse & ronde; les parois interieurs sont revêtues, & pour ainsi dire, drapées d'un tissu de soie

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