RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"204">
Si la place qu'on veut fortifier est irréguliere, & que les côtés intérieurs soient donnés de grandeur & de position, ou si elle a une vieille enceinte sur laquelle on doit prendre les courtines, il est fort difficile alors de parvenir par la fortification du polygone extérieur, à avoir pour côtés intérieurs les côtés de l'enceinte: car dans les polygones irréguliers, la distance du côté intérieur à l'extérieur n'est pas la même pour tous les côtés, comme dans les réguliers; l'inégalité des angles du polygone rend cette distance plus ou moins grande, suivant les variations de ces angles: c'est pourquoi si l'on mene des paralleles aux côtés intérieurs & à la distance qui leur convient à chacun, la grandeur de ces paralleles ne répondra point à celle des côtés intérieurs correspondans; ses paralleles qui seront les moins éloignés des côtés intérieurs, s'étendront sur celles qui le seront davantage, & elles en diminueront la grandeur. Mais comme les plus proches des côtés intérieurs se trouveront opposés aux plus petits de ces côtés, les côtés extérieurs qu'elles produiront se proportionneront en quelque maniere les uns & les autres, parce que les plus grands seront diminués par la rencontre des petits. C'est par cette espece de compensation de côtés, que quelques auteurs croyent qu'il est plus avantageux de fortifier par le polygone extérieur, que'par l'intérieur. Mais ces auteurs n'ont pas fait attention que par cette méthode les courtines du polygone extérieur ne tombent pas toûjours sur les côtés de l'intérieur; ce qui est un grand inconvénient, lorsque la ville a une enceinte sur laquelle on vent prendre les courtines.
Dans la pratique des fortifications, on peut lorsque les places n'ont point d'enceinte déterminée, se servir du polygone extérieur pour la trace de la ligne magistrale; mais on doit préférer la méthode de tracer cette ligne par le polygone intérieur, s'il faut prendre nécessairement les courtines sur les côtés de l'enceinte. Voyez, dans la troisieme édition des élémens de fortification, l'examen du traité de la fortification par le polygone extérieur & par l'intérieur. (Q)
FORTIN (Page 7:204)
FORTIN, s. m. diminutif du mot fort. Un fortin
est un petit fort fait à la hâte, pour défendre un passage
ou un poste. On s'en servoit beaucoup autrefois
dans les lignes de circonvallation; mais on leur
a substitué les redoutes, qui sont plus faciles à garder,
quoique leur feu soit moins avantageux que
celui des forts. Voyez
Fortin (Page 7:204)
FORTRAIT (Page 7:204)
FORTRAIT, adj. (Manége, Maréchall.) cheval
fortrait, cheval extrèmement harassé, fatigué, efflanqué.
Voyez ci - après
FORTRAITURE (Page 7:204)
FORTRAITURE, s. m. (Manége, Maréch.) fatigue outrée & excessive, accompagnée d'un grand échauffement. Cette maladie est tres - fréquente dans les chevaux de riviere, sujets à des travaux violens, & communément réduits à l'avoine pour toute nourriture.
Elle s'annonce par la contraction spasmodique des muscles de l'abdomen, & principalement du musele grand oblique, dans le point où ses fibres charnues deviennent aponévrotiques. Le flanc de l'anineal rentre, pour ainsi dire, dans lui - même; il est creux; il est tendu; son poil est hérissé & lavé; & sa fiente est dure, seche, noire, & en quelque façon brûlee.
La cure en est opérée par des lavemens émolliens & par un régime doux & modéré. Le son humecté, l'eau blanche dans laquelle on mêle une décoction de guimauve, de mauve, de pariétaire & de mercuriale, sont d'une efficacité singuliere. Il est quelquefois très - bon de pratiquer une legere saignée après avoir accordé quelques jours de repos à l'animal; & lorsque l'on s'apperçoit qu'il acquiert dos forces, on doit encore continuer l'administration des lavemens, & l'on pourroit même oindre ses flancs avec parties égales de miel rosat & d'althaea, pour diminuer l'éréthisme, si les remedes prescrits ne suffisoient pas à cet effet, ce qui est infiniment rare. (e)
FORTUIT (Page 7:204)
* FORTUIT, adj. (Gramm.) terme assez commun dans la langue, & tout - à - fait vuide de sens dans la nature. Voyez l'article suivant. Nous disons d'un éve nement qu'il est fortuit, lorsque la cause nous en est inconnue; que sa liaison avec ceux qui le précedent, l'accompagnent ou le suivent, nous échappe, en un mot lorsqu'il est au - dessus de nos connoissances & indépendant de notre volonté. L'homme peut être heureux ou malheureux par des cas fortuits; mais ils ne le rendent point digne d'éloge ou de blâme, de châtiment ou de récompense. Celui qui reflechira profondement à l'enchaînement des évenemens, verra avec une sorte d'effroi combien la vie est fortuite, & il se familiarisera avec l'idée de la moit, le seul évenement qui puisse nous soustraire à la servitude générale des êtres.
Fortuit (Page 7:204)
Supposez un évenement de plus ou de moins dans le monde, ou même un seul changement dans les circonstances d'un évenement, tous les autres se ressentiront de cette altération legere, comme une montre toute entiere se ressent de la plus petite altération essuyée par une des roues. Mais, dit - on, il y a des évenemens qui ont des effets, & d'autres qui n'en ont point; & ces derniers au - moins n'influent pas dans le système général du monde. Je répons 1°. qu'on peut douter s'il y a aucun évenement sans effet. 2°. Que quand même il y auroit des évenemens sans effet, si ces évenemens n'eussent pas existé, ce qui leur a donné naissance n'eût pas existé non plus; la cause qui les a produits n'eût donc pas été exactement telle qu'elle est, ni par conséquent la cause de cette cause, & ainsi en remontant. Il y a dans un arbre des branches extremes qui n'en produisent point d'autres; mais supposez une feuille de moins à l'une des branches, vous ôtez à la branche ce qu'elle avoit pour produire cette feuille; vous changez donc à certains égards cette branche, & par conséquent celle qui l'a produite, & ainsi de suite jusqu'au tronc & aux racines. Cet arbre est l'image du monde.
On demande si la chaîne des évenemens est contraire à la liberté. Voici quelques réflexions sur cet important sujet.
Soit que les lois du mouvement instituées par le
Créateur, ayent leur source dans la nature même
de la matiere, soit que l'Être suprème les ait librement
établies (voyez
Supposons mille mondes existans à - la - fois, tous semblables à celui - ci, & gouvernés par conséquent par les mêmes lois; tout s'y passeroit absolument de même. Les hommes en vertu de ces lois feroient aux mêmes instans les mêmes actions dans chacun de ces mondes; & une intelligence différente du Créateur qui verroit à - la - fois tous ces mondes si semblables, en prendroit les habitans pour des automates, quoiqu'ils n'en fussent pas, & que chacun d'eax au - dedans de lui - même fût assûre du contraire. Le sentiment intérieur est donc la seule preuve que nous ayons & que nous puissions avoir d'être libres.
Cette preuve nous suffit, & paroît bien supérieure à toute autre; car de dire avec quelques philosophes que les lois sont fondées sur la liberté, qu'il seroit injuste de punir les crimes s'ils étoient nécessaires, c'est établir une vérité bien claire par une preuve bien foible. Les hommes fussent - ils de pures machines, il suffiroit que la crainte fût un des mobiles principaux de ces machines, pour que cette crainte fût un moyen efficace d'empêcher un grand nombre de crimes. Il ne seroit alors ni juste ni injuste de les punir, parce que sans liberté il n'y a ni justice ni injustice; mais il seroit toûjours nécessaire d'arrêter la méchanceté des hommes par des châtimens, comme on oppose à un torrent funeste des digues puissantes qui le forcent à changer son cours. L'effet nécessaire de la crainte est d'arreter la main de l'automate réel ou supposé; supprimer ou arréter ce ressort, ce seroit en empècher l'effet; les supplices seroient donc dans une société même d'automates (qui n'existe pas) une roue nécessaire pour regler la machine.
La notion du bien & du mal est donc une suite de la notion de la liberté, & non pas la notion de la liberté une suite de la notion du bien & du mal moral.
A l'égard de la maniere dont notre liberté subsiste avec la providence éternelle, avec la justice par laquelle Dieu punit le crime, avec les lois immuables auxquelles tous les êtres sont soûmis, c'est un secret
FORTUNE (Page 7:205)
FORTUNE, s. m. (Morale) ce mot a différentes acceptions en notre langue: il signifie ou la suite des évenemens qui rendent les hommes heureux ou malheureux, & c'est l'acception la plus générale; ou un état d'opulence, & c'est en ce sens qu'on dit faire fortune, avoir de la fortune. Enfin lorsque ce mot est joint au mot bon, il désigne les faveurs du sexe; aller en bonne fortune, avoir des bonnes fortunes (& non pas, pour le dire en passant, de bonnes fortunes, parce que bonne fortune est traité ici comme un seul mot). L'objet de cette derniere acception est trop peu sérieux pour obtenir place dans un ouvrage tel que le nôtre; ce qui regarde le mot fortune pris dans le premier sens, a été suffisamment approfondi au
* O altitudo! &c. Quam incomprehensibilia sunt jurdicia cjus, & quam inenarrabiles vioe ejus! Ces paroles prouvent assez que, suivant l'Ecriture même, l'accord de la liberté avec la science & la puissance de Dieu, est un mystere.
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.