ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Si l'on trouve que cette construction donne les angles saillans trop aigus, on les augmentera en diminuant un peu la grandeur de la perpendiculaire, qui peut être réduite à la cinquieme ou à la sixieme partie du côté du pentagone.

On construira de la même maniere un quarré en étoile, en donnant environ la septieme ou la huitieme partie du côté du quarré à la perpendiculaire élevée en - dedans sur le milieu de chaque côté.

Si l'on veut faire un fort à étoile à huit angles, il faut commencer par en construire un à quatre, de la maniere qu'on vient de l'enseigner; ensuite, de l'extrémité du tiers de chaque côté, pris de part & d'autre du sommet des angles rentrans, & de l'intervalle de ces deux extrémités, décrire deux arcs qui se couperont dans un point; tirant de ce point des lignes au centre de ces arcs, on aura l'étoile à huit angles.

Les angles rentrans des forts à étoiles ne sont pas propres à être défendus (voyez Angle mort); & cette considération a fait dire à quelques auteurs que ces forts étoient des cometes fatales à ceux qui les construisoient. Mais ce jugement est un peu rigoureux; car il est certain qu'on peut s'en servir assez avantageusement pour garder différens postes à la guerre. Ils étoient autrefois en usage dans les lignes de circonvallation; on s'en sert plus rarement aujourd'hui. M. de Clairac dit dans son livre de l'ingénieur de campagne, qu'il en fit construire un de cette espece sur la Queich en 1743, qui fut approuvé. (Q)

Fort à Etoile (Page 7:190)

Fort à Etoile, voyez ci devant Fort de Campagne. (Q)

Fort Royal (Page 7:190)

Fort Royal; c'est celui dont la ligne de défense a environ 120 toises. Voyez Ligne de Défense & Fort . (Q)

Fort & Forts (Page 7:190)

Fort & Forts, s. m. nom donné à une espece de monnoie d'or, frappée par les ordres de Charles de France, duc d'Aquitaine, fils de Charles VII. & frere de Louis XI.

Ce prince y étoit représenté d'un côté la couronne en tête, déchirant un lion, avec ces mots: Karolus Francorum Regis filius Acquitanorum dux. On voit au revers une croix fleurdelisée & cantonnée de lis & de léopards; au milieu est l'écu du prince, qui porte écartelé au 1et & au 4e de France, au 2e & 3e d'Aquitaine, qui est d'or au léopard de gueules; on lit autour: Tu es Domi ne Deus meus, fortitu do mea et laux mea .

Le nom de cette monnoie se trouve conservé dans le traité de Budé, de asse & partibus ejus, où en parlant en général des monnoies d'Angleterre, & en particulier de celle qu'on appella des nobles à la rose, qu'Edoüard prince de Galles & duc d'Aquitaine fit faire en grande quantité, il dit qu'elles étoient moins pesantes que celles de Charles d'Aquitaine, qu'on appelloit des forts. Rosatos, Edoüardeosque pondere superant Carolei Aquitanioe nummi qui fortes appellantur.

Il est aisé de comprendre pourquoi on donna le nom de fort à cette monnoie. Elle étoit plus forte que celle des ducs prédécesseurs de Charles de France; d'ailleurs l'action dans laquelle ce prince étoit représenté, avoit pû contribuer à cette dénomination qui s'accorde encore avec le mot fortitudo qu'on lit dans l'inscription du revers. Enfin ce nom pouvoit avoir été pris par opposition à celui de hards, qu'on avoit donné aux monnoies des princes anglois, derniers ducs d'Aquitaine, & prédécesseurs de Charles de France, qui y étoient représentés tenant une épée nue. Ce nom qui se communiqua aux petites especes de cuivre & de billon, a formé selon toutes les apparences celui de liard, dont nous nous servons, comme qui diroit li hardi, c'est - à - dire en vieux françois le hardi. Mém. de l'acad. des Belles - Lettres, tom. I. (G)

Fort, Denier fort (Page 7:190)

Fort, Denier fort, prêter son argent au denier fort, c'est le prêter sur un pié au - delà du taux ordonné par le prince, ou le donner à un plus haut prix que celui qui est reglé par le courant de la place. Ceux qui prêtent leur argent au denier fort, sont réputés usuriers. Voyez Usure. Diction. du Comm. & Chamb. (G)

Fort (Page 7:190)

Fort se dit des poids & des mesures. On dit qu'une mesure est plus forte dans un endroit que dans un autre, pour faire entendre qu'elle contient davantage dans un lieu que dans l'autre; qu'une balance est trop forte, lorsqu'elle ne trebuche pas avec facilité; qu'un poids est trop fort, lorsqu'il n'est pas juste, & qu'il est plus pesant qu'il ne faut.

On appelle le fort de la balance romaine, le côté le moins éloigné du centre de la balance, qui sert à peser les marchandises les plus pesantes. Diction. de Comm. & Chamb. (G)

Fort (Page 7:190)

Fort, parmi les Commerçans, & sur - tout à Paris, signifie un porte - faix, un crocheteur, un gagne denier qui travaille à la décharge ou au transport des marchandises.

Les principaux lieux de Paris où il y a des forts établis, sont la douane, la halle aux draps, la halle aux toiles, le port Saint - Paul, & le port Saint - Nicolas.

Les forts de la douane dépendent des fermiers - gé. néraux: ceux de la halle aux draps sont préposés par les maîtres & gardes - drapiers & merciers: ceux de la halle aux toiles sont placés par les officiers de cette halle; & ceux des ports sont autorisés par les prevôt des marchands & échevins.

Dans chacun de ces endroits, il n'y a qu'un certain nombre de forts reglé, n'étant pas permis à d'autres personnes de la ville d'y venir travailler à leur préjudice. Voyez Gagne - denier. Dictionnaire de Commerce. (G)

Fort (Page 7:190)

Fort, adv. en Musique, s'écrit dans les parties pour marquer qu'il faut forcer le son avec véhémence, mais sans le hausser; chanter à pleine voix, tirer beaucoup de son de l'instrument; ou bien, pour détruire le mot doux sur les notes où l'on veut faire cesser de chanter ou joüer doux. Voyez Doux.

Les Italiens ont encore le superlatif fortissimo, dont on n'a guere besoin dans la Musique françoise: car on y chante ordinairement très - fort. (S)

Fort (Page 7:190)

Fort de bouche, (Manége.) cheval dont la bouche est forte, cheval qui a de la gueule. Voy. Mors. (e)

Fort (Page 7:190)

Fort, on dit volée de poing fort, c'est quand on jette les oiseaux de poing après le gibier.

Fort (Page 7:190)

Fort, (Bot. & Arts méch.) est l'épaisseur du bois.

Fort - Dauphin (Page 7:190)

Fort - Dauphin, (Géog.) fort de l'île de Madagascar, sur la pointe méridionale de la province d'Anossi. Il a été bâti par les François, présentement abandonné, & est à 1d. 37'. 20". au - delà du tropique du Capricorne. (D. J.)

Fort (Page 7:190)

Fort de l'Ecluse, (Géog.) arx clausuloe; fort de France sur un grand rocher, & à quelques lieues de Genêve, à la droite du Rhône. Long. 23. 48. lat. 46. 12. (D. J.)

Fort - Louis (Page 7:190)

Fort - Louis, (le) Géog. Arx Ludovicia; place forte de France, en Alsace, bâtie par Louis XIV. dans une île formée par le Rhin, à 8 lieues de Strasbourg & de Landau, 12 de Philisbourg, 5 de Weissenbourg. Longit. 25d. 44'. 0". latit. 48d. 48'. 0". (D. J.)

FORTAGE (Page 7:190)

FORTAGE, s. m. (Commerce.) on appelle en France droit de fortage, ce qu'on paye aux seigneurs des rochers ou pierres de grès qui servent à faire des pavés. Ce droit va environ à cent sous pour 100 de pavé. Voyez Pavé. Dict. de Comm. (G)

FORTE CLAMEUR (Page 7:190)

FORTE CLAMEUR, (Jurisprud.) voyez au mot Clameur. (A)

FORTERESSE (Page 7:190)

FORTERESSE, s. f. (Fortificat.) c'est un nom gé<pb-> [p. 191] néral dont on appelle toutes les places fortifiées, soit par la nature, soit par l'art.

Ainsi les villes fortifiées, les châteaux, les citadelles, &c. sont des forteresses. M. Maigret a donne un traite de la sureté & conservation des états par le moyen des forteresses, dans lequel il explique leur utilité, leur nombre, & leur situation, pour assûrer les frontieres & l'intérieur d'un etat. « Si l'on ne connoit pas bien, dit cet auteur, l'utilité, ou pour mieux dire tous les differens usages des forteresses, on peut négliger d'en faire dans des endroits ou on en pourroit tirer de grands avantages. Si on ignore la quantité précisement necessaire, on se jettera dans des dépenses inutiles, & quelquefois p<-> diciables; ou pour épargner on laissera un passage ouvert à l'ennemi: si on ne sait pas blen distinguer la force que la nature a donnée a de certains lieux, on en meprisera ou avec peu de depense on feroit une place plus forte que ne pourroiert faire tous les ouvrages inventés par les plus habiles ingénieurs; ou bien on entreprendra d'en fortitier que l'art ne peut jamais mettre en état de faire une bonne défense. Si on peche dans la grandeur d'une forteresse, dans la figure, dans la solidité & dans la construction de ses ouvrages, elle ne produira jamais tout l'effet qu'on auroit pû s'en être promis ». Preface du livre de M. Maigret.

On peut appliquer à la situation & au nombre des forteresses nécessaires pour la défense des états, la premiere maxime de la Fortification, c'est - à - dire qu'elles doivent être disposées de maniere qu'elles ferment tous les passages par ou l'ennemi pourroit faire entrer ses armées dans le pays.

Il faut beaucoup de connoissances du pays, pour juger de la situation la plus avantageuse des forieresses; & des differens interêts des princes, pour n'en point constraire dans des lieux ou il est à présumer qu'on ne les laissera point subsister, & où elles donneroient trop de jalousie aux puissances voisines. A peine la forteresse de Montroyal étoit - elle construite, qu'il fallut la raser, en conformité du traité de Riswick en 1697. (Q)

FORTEVENTURA (Page 7:191)

FORTEVENTURA, (Géog.) île d'Afrique dans l'Océan Atlantique, l'une des Canaries, de couverte en 1417. Elle appartient aux Espagnols, & est à 36 lieues de Tenériffe. Long. 4. lat. 28. 35 - 29. 15. (D. J.)

FORTFUYANCE (Page 7:191)

FORTFUYANCE, s. f. (Jurisp.) ou plûtôt FORFUYANCE, quasi foris - fuga, est une espece de droit d'aubaine dont le duc de Lorraine joüit dans ses duches. Il en est fait mention en un vidimus de l'an 1577, dans lequel on voit que le duc Charles accorde a un particulier d'acquérir dans ses états, jusqu'à huit cents livres de rente, nonobstart qu'il eût son domicile à Verdun; & que ses héritiers ou ayans cause puissent lui succéder & jouir paisiblement de ces rentes, nonobstant le droit de fort - fuyance, qui appartient au duc, &c. (A)

FORTH (Page 7:191)

FORTH (le) Géog. grande riviere de l'Ecosse méridionale, qui a sa source près du lac de Tay, baigne la ville de Sterling, & se décharge au fond du golfe d'Edimbourg, auquel il donne aussi le nom de golfe de Forth. La riviere de Forth a environ 30 lieues de longueur, Voyez sa description dans Salmonet, hist. des troubles de la G. B. (D. J.)

FORTIFICATION (Page 7:191)

FORTIFICATION, (la) s. f. ou l'ARTDEFORTIFIER (Ordre encyel. Entend. Raison. Philosoph. ou Science. Géomét. Arch. milit. Fification.), consiste à mettre une place ou tout autre lieu qu'on veut défendre, en état de résister avec peu de monde aux efforts d'un ennemi supérieur en troupes, qui veut s'en emparer.

Les ouvrages qu'on construit pour cet effet sont appellés fortifications; tels sont nos bastions, demi-lanes, orages - à - corne, &c.

Les fortifications sont de differentes especes, c'est - à - dire qu'elles sont relatives à l'objet auquel on les destine, & aux machines avec lesquelles on peut les attaquer.

Ainsi si l'on n'attaquoit les places qu'avec le fusil, de simples murailles seroient une fortification suffisante pour y résister. Si l'ennemi n'avoit aucun expédient pour parvenir au haut de ces murailles, il seroit inutile de leur donner d'autre élévation que celle qui seroit necessaire pour n'être pas franchie aisément.

On voit par - là qu'un lieu n'est fortifié que par rapport aux differentes attaques qu'il peut avoir à soutenir. Un château, par exemple, est fortifie lorsqu'il est entoure de fossés & de murailles qui le mettent en etat de resister à un parti qui n'a point de canon: mais ce même château devient sans détense contre une armée qui a un équipage d'artillerie, parce qu'elle peut le détruire sans que ceux qui sont dedans puissent en empécher.

Les premieres fortifications furent d'abord très simples; elles ne consistoient que dans une enceinte de pieux ou de palissades. On les forma ensuite de murs, avec un fosse devant, qui empêchoit d'en opprocher. On ajoûta depuisa ces murs des tours rondes & quarrées, placées à une distance convenable les unes des autres, pour detendre toutes les parties de l'enceinte des places. Car comme le dit Vegece, « les anciens trouverent que l'enceinte d'une place ne devoit point être sur une même ligne continue, à cause des béliers qui battroient trop aisément en breche; mais par le moyen des tours placées dans le rempart assez pres les unes des autres, leurs murailles présentoient des parties saillantes & rentrantes. Si les ennemis veulent appliquer ces échelles, ou approcher des machines contre une muraille de cette construction, on les voit de front, de revers, & presque par - derriere; ils sont comme enfermés au milieu des batteries de la place qui les foudroyent ». Nouv. trad. de Vegece.

Pour defendre encore plus sûrement le pie du mur de l'enceinte & celui des tours, les anciens faisoient le haut de la muraille en massocoulie ou machicoulis. Voyez Bastion. Ils se servoient des intervalles des machicoulis pour jetter des pierres, du plomb fondu, de l'huile bouillante, & différentes sortes de matieres propres à eloigner l'ennemi du pie des murailles. On y faisoit aussi couler des masses fort pesantes, qui par leur chûte & rechûte retardoient beaucoup le progres de ses travaux.

Les anciens ne terrassoient pas toûjours leurs murailles; & M. de Folard prétend qu'ils en usoient ainsi pour se mettre à l'abri de l'escalade. Car l'ennemi etant parvenu au haut de la muraille, n'etoit pas pour cela dans la place; il lui falloit des echelles pour y descendre, & pendant cette longue operation, ceux qui ctoient dans la ville pouvoient s'assembler pour les repousser. Cependant Vitruve remarque qu'il n'y a rien qui rende les remparts plus fermes, que quand les murs sont soutenus par de la terre; & du tems de Vegece on les terrassoit. On pratiquoit vers le haut une espece de petit terreplein de 3 ou 4 piés de largeur, duquel on tiroit sur l'ennemi pai les crenaux du parapet. Les tours dominoient sur ce terre - plein, & par - là elles avoient l'avantage de découvrir une plns grande étendue de la campagne, & de pouvoir defendre les courtines ou les parties de l'enceinte qui étoient entr'elle.

Pour defendre encore plus facilement ces parties, on observoit en bitissant les places, de couper le terre - plein en - dedans vis - à - vis les tours. On substituoit à cette coupure une espece de petit pont de bois qu'on pouvoit ôter très - facilement dans le besoin.

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