ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"132"> pépiniere; mais le défoncement entier du terrein dont parlent les écrivains, n'est qu'une inutilite dispendieuse.

Faites des trous de quinze pouces en quarré & de la même profondeur; mettez le gason au fond, & la terre meuble par - dessus; plantez quand la terre est saine; mettez deux brins de plant dans chaque trou, pour être moins dans le cas de regarnir; binez legerement une fois chaque année pendant deux ans, ou deux fois si l'herbe croît avec trop d'abondance; choisissez pour biner un tems sec, après une petite pluie; recépez votre plant au bout de quatre ans: vous aurez alors un bois vigoureux & déjà en valeur.

A l'égard de la distance qu'il faut mettre entre les trous, elle doit être décidée par l'objet qu'on se propose en plantant. Si on veut un taillis à couper tous les quinze ans, il faut planter à quatre piés: on mettra cinq piés de distance, si l'on se propose de couper les bois à trente ou quarante ans, & plus encore si on le destine à devenir une futaie. Nous traiterons ailleurs cette matiere avec plus d'étendue. Voy. Pépiniere & Plantation.

Quant au choix de l'espece de bois, on peut être déterminé raisonnablement par différens motifs. Le chêne méritera toûjours une sorte de préférence par sa durée & la diversité des usages importans auxquels il est propre: cependant plusieurs autres especes, quoique inférieures en elles - mêmes, peuvent être à préférer au chêne, en raison de la consommation & des besoins du pays. Depuis que les vignes se sont multipliées, & que le luxe a introduit dans nos jardins une immense quantité de treillages, le châtaigner est devenu celui de tous les bois dont le taillis produit le revenu le plus considérable. Nous voyons par d'anciennes charpentes, qu'on en pourroit tirer beaucoup d'utilité en le laissant croître en futaie; mais l'hyver de 1709 ayant gelé une partie des vieux châtaigners, a dû rallentir les propriétaires sur le dessein d'en faire cet usage. En général, le bois qui croît le plus vîte est celui qui produit le plus, par - tout où la consommation est considérable. Les blancs - bois les plus décriés n'y sont pas à négliger: le bouleau, par exemple, devient précieux par cette raison, & parce qu'il croît dans les plus mauvaises terres, dans celles qui se refusent a toutes les autres especes.

Le hêtre, le frêne, l'orme, ont des avantages qui leur sont propres, & qui dans bien des cas peuvent les faire préférer au chêne. Voyez tous ces differens arbres, chacun à son article: vous y trouverez en détail leurs usages, leur culture, le terrein où ils se plaisent particulierement. Les terres moyennes conviennent au plus grand nombre; on y voit souvent plusieurs especes mêlées, & ce mélange est favorable à l'accroissement du bois & à sa vente.

Finissons par quelques observations particulieres.

Les terres crétacées sont de toutes les moins favorables au bois, les terres glaiseuses ensuite; & par degré, les composées de celles - là.

Il est beaucoup plus difficile de faire venir du bois dans les terres en train de labour, que dans celles qui sont en friche. La difficulté double encore, si ces terres ont été marnées, même anciennement.

Si un taillis est mangé par les lapins à la premiere pousse, il ne faut point le recéper. Les rejettons dépouillés meurent; mais il en revient un petit nombre d'autres qui sont plus vigoureux que ceux qui repousseroient sur les jeunes tiges. Si le taillis a deux ans lorsqu'il est mangé, & qu'il soit entierement dépouillé, il faut le recéper. Article de M. le Roy, Licutenant des Chasses du parc de Versailles.

Forêt (Page 7:132)

Forêt, (Jurisprud.) ce terme pris dans sa signification propre ne s'entend que de bois d'une vaste étendue: mais en matiere de Jurisprudence, quand on parle de forêts, on entend tous les bois grands & petits.

Anciennement, le terme de forêt comprenoit les eaux aussi - bien que les bois. On voit en esset dan; de vieux titres, forêt d'eau pour vivier où l'on garde du poisson, & singulierement parmi ceux de l'abbaye de Saint - Germain - des Prés, on trouve une donation faite à ce monastere de la forêt d'eau, depuis le pont de Paris jusqu'au rû de Sevre, & de la forêt des poissons de la riviere: ainsi la concession de forêt étoit également la permission de pêcher, & d'abattre du bois. C'est sans doute de - là qu'on n'a établi qu'une même jurisdiction pour les eaux & forêts.

On appelloit aussi droit de forêt le droit qu'avoit le seigneur d'empêcher qu'on ne coupât du bois dans sa futaie, & qu'on ne pêchât dans sa riviere.

Les coûtumes d'Anjou, Maine, & Poitou, mettent la forêt au nombre des marques de droite baronie: ces coûtumes entendent par forêt un grand bois où le seigneur a le droit de chasse défensable aux grosses bêtes. Selon ces coûtumes, il faut être au moins châtelain pour avoir droit de forêt, ou en avoir joüi par une longue possession.

Les forêts, aussi - bien que les eaux, ont mérité l'attention des lois & des ordonnances; & nos rois ont établi différens tribunaux pour la conservation tant de leurs forêts que de celles des particuliers; tels que des tables de marbre des maîtrises particulieres, des gruries. Il y a aussi des officiers particuliers pour les eaux & forêts; savoir les grands - maîtres, qui ont succédé au grand forestier, les maîtres particuliers, des gruyers, verdiers, des forestiers, & autres.

Les ordonnances anciennes & nouvelles, & singulierement celle de 1669, contionnent plusieurs réglemens pour la police des forêts du roi par rapport à la compétence des juges en matiere d'eaux & forêts, pour l'assiette, balivage, martelage, & vente des bois, les recollemens, vente des chablis & menus marchés; les ventes & adjudications des panages, glandées, & paissons; les droits de pâturage & panage; les chauffages, & autres usages du bois, tant à bâtir qu'à réparer; pour les bois à bâtir pour les maisons royales & bâtimens de mer; pour les forêts, bois & garennes tenus à titre de doüaire, concession, engagement & usufruit; les bois en grurie, grairie, tiers, & danger, ceux appartenans aux ecclésiastiques & gens de main - moite, communautés d'habitans, & aux partieuliers; poür les routes & chemins royaux ès forêts; la chasse dans les bois & forêts; enfin pour les peines, amendes, restitutions, dommages, intérêts, & confiscations. Voyez Eaux et Forêts, Bois, Chasse , &c.

En Angleterre, lorsque le roi établit quelque nouvelle forêt, on ordonne que quelques terres seront comprises dans une forêt déjà subsistante: on appelle cela enforester ces terres. Voyez Desenfoeester & Enforester. (A)

Forêt - Hercynie (Page 7:132)

Forêt - Hercynie, (Géog.) en latin hercinia sylva, vaste forêt de la Germanie, dont les anciens parlent beaucoup, & qu'ils imaginoient traverser toute la Celtique. Plusieurs auteurs frappés de ce préjuge, prétendent que les forêts nombreuses que l'on voit aujourd'hui en Allemagne, sont des restes dispersés de la vaste forêt Hercynienne: mais il faut remarquer ici que les anciens se sont trompés, quand ils ont cru que le mot hartz étoit le nom particulier d'une forêt; au lieu que ce terme ne désignoit que ce que désigne celui de forêt en général. Le mot arden, d'où s'est formé celui d'Ardennes, & qui n'est qu'une cotruption de hartz, est pareillement un terme générique qui signifie toute forêt sans distinction. Aussi Pomponius Mela, Pline, & César se sont abusés dans leurs delcriptions de la forêt Hercynienne. Elle a, dit César, [p. 133] 12 journées de largeur; & personne, ajoûte - t - il, n'en a trouvé le bout, quoiqu'il ait marché 60 jours. A l'égard des montagnes d'Hercynie, répandues dans toute la Germanie, c'est pareillement une chimere des anciens, qui a la même crreur pour fondement. Diodore de Sicile, par exemple, liv. V. ch. xxj. regarde les montagnes d'Hercynie comme les plus hautes de toute l'Europe; les avance jusqu'à l'Océan; & les borne de plusieurs iles, dont la plus considérable est, selon lui, la Bretagne. (D. J.)

Forêt - Noire (Page 7:133)

Forêt - Noire, (Géog.) grande forêt ou grand pays d'Allemagne, appellé par les Romains sylva Martiana. Elle est dans le cercle de Soüabe, entre le comté de Furstemberg & le duché de Wirtemberg; elle a vers l'orient, le Brisgaw; & l'Ortnaw, vers le couchant: on lui a donné en allemand le nom de Schwartz - Wald, c'est - à - dire forêt noire, à cause de l'épaisseur de ses bois. Elle s'étendoit autrefois jusqu'au Rhin; & les villes de Rinfeld, de Seckingen, de Lauffembourg, & de Valdshut, ne se nomment les quatre villes forestieres, que parce qu'elles étoient renfermées dans la forêt - noire. Cette forêt faisoit anciennement portion de la forêt Hercynie, comme on le juge par le nom du village de Hercingen, proche du bourg de Waldsée. Peucer & autres croyent que c'est le pays que Ptolomée appelle le desert des Helvétiens. Quoi qu'il en soit, ce pays est plein de montagnes, qui s'avancent jusqu'au Brisgaw. Ces montagnes sont couvertes de grands arbres, sur - tout de pins; & les vallées sont seulement fertiles en pâturages. On prétend que le terroir gâte les semences; à - moins qu'on n'ait soin de le brûler auparavant. Voyez le liv. III. de Rhénanus, rer. germ. nov. antiq. (D. J.)

Forêt (Page 7:133)

* Forêt, s. m. (Arts méchaniq.) Les ouvriers en fer font eux - mêmes leurs forets. S'il arrive au foret d'un horloger de se casser, il en refait la pointe; il la fait rougir à la chandelle, & il la trempe dans le suif: quand elle est trempée, il la recuit à la flamme de la chandelie.

C'est en général un outil d'acier dont on se sert pour percer des trous dans des substances dures: d'où l'on voit que sa grosseur & la forme de sa poin'e varient selon le corps à percer & la grandeur du trou.

Il faut y distinguer trois parties; une des extrémités ordinairement aiguë, & toûjours tranchante, qu'on appelle la pointe; le milieu, qui est renflé & plat; & la queue, qui est arrondie.

Les Serruciers en ont de 9 à 10 pouces de long; ils s'en servent pour percer à froid toures les pieces qui n'ont pû l'être à chaud: ils ont la pointe aiguë & à deux biseaux tranchans.

La trempe du foret varie selon la matiere à percer: on en sait la pointe droite pour le fer; en langue de serpent, pour le cuivre.

On ajuste au milieu du foret, sur sa partie renflée & plate, une espece de poulie à gouttiere, qu'on appelle une boite: c'est dans la gouttiere de cette poulie qu'est reçûe la corde de l'arc qui fait tourner le foret, soit avec la palette ou le plastron, soit avec la machine à forer. Voyez l'article Forer; & dans les articles suivans, des exemples & des usages des forets.

Foret (Page 7:133)

* Foret, outil d'Arquebusier. Les forets des Arquebusiers sont de petits morceaux d'acier trempés, de la longueur de deux ou trois pouces, assez menus, dont un des bouts est fort aigu & tranchant: ces ouvriers en ont de plats, de ronds, & à grains d'orge; ils s'en servent pour former des trous dans des pieces de fer, en cette sorte: ils passent le foret au milieu de la boîte, & l'assujettissent dedans; ensuite ils mettent le bout qui n'est point aigu dans un trou du plastron, presentent la pointe sur le fer qu'ils veulent percer; & puis avec l'archet dont la corde entoure la boîte, ils font tourner le foret, qui perce la piece de fer en fort peu de tems.

Foret en bois (Page 7:133)

* Foret en bois, outil d'Arquebusier, c'est une espece de poinçon, long de 6 à 8 pouces, fort menu, & un peu plat, emmanché comme une lime, aigu par la pointe, avec lequel les Arquebusiers percent des petits trous dans le bois des fusils, pour y poser les goupilles qui passent dans les tenons du canal, & qui l'attache sur le bois.

Foret (Page 7:133)

Foret, (Bijoutier.) est un instrument de fer long & aigu par un bout, qui a quelquefois plusieurs carnes tranchantes, ayant à l'autre extrémité un cuivrot. Voyez Cuivrot.

Les forets ont différentes formes, selon les usages auxquels ils sont destinés; leur tranchant fait quelquefois le demi - cercle, ou bien il est exactement plat, & continue d'un angle à l'autre: on se sert de ceux de cette forme pour forer les goupilles dans les charnieres de tabatieres, ou bien encore il forme le chevron. L'ouvrier intelligent leur donne la forme la plus convenable au besoin qu'il en a: mais la condition essentielle de tout bon foret, est d'être bien évuidé, & d'une trempe ni trop seche ni trop molle.

Foret (Page 7:133)

Foret, outil dont la plûpart des artistes qui travaillent les métaux, se servent pour percer des trous; c'est une longue branche d'acier, A B, (voyez nos Planches d'Horlogerie.) dont une des extrémités, B, qu'on nomme la mecne, est trempée & un peu revenue. Cette meche est applatie & tranchante par les deux côtés qui forment l'angle B; l'autre extrémité du foret est pointue en P, & porte un cuivrot A, sur lequel passe la corde de l'archet.

Pour s'en servir, on met un archet sur le cuivrot A; on place la pointe P dans une cavité qui, pour l'ordinaire, est au côté de la mâchoire de l'étau: on appuye la piece à percer contre la meche B; & on tourne le foret au moyen de l'archet, après avoir mis de l'huile en B & en P. L'huile que l'on met à la meche B n'est souvent pas tant pour percer plus vîte, que pou: l'empêcher de s'engager dans les parties du métal: ce que l'on appelle en terme de l'art, gripper. Quand cela arrive, cela fait souvent casser le foret, pour peu qu'il soit menu ou délié. On a des forets assortis comme des cuivrots, de toutes sortes de grosseurs.

Quelquefois on a une espece de manche rond K X Y (voyez les mêmes Planches.), dans lequel on peut ajuster & faire tenir différens forets K: par ce moyen, un seul cuivrot Y & un manche x, servent pour un grand nombre de forets.

Foret à noyon, est un foret R S (figure de la même Planche.), dont les Horlogers se servent pour faire des noyures circulaires & plates dans le fond, & percées à leur centre. Les forets sont percés pour recevoir le petit pivot S, qui se met dans le trou autour duquel on sait la creusure: du reste, on s'en sert de la même maniere que des précédens.

On fait souvent la tige de ce foret d'égale grosseur & bien ronde, depuis I jusqu'en sa partie R. On y ajuste alors un canon, au bout duquel est réservée une assiette; & l'on met une vis dans le milieu de ce canon; de telle sorte qu'après l'avoir vissée à un certain degré, elle puisse presser la tige du foret. Cette vis sert à arrêter l'assiette dont nous venons de parler, à différentes distances de la meche ou du tranchant, selon que les cas l'exigent. Au moyen de la piece précédente, qu'on appelle support, on est sûr de faire le fond des noyures beaucoup plus paralleles au plan de la platine ou de la piece dans laquelle on la fait; & l'on est en même tems plus certain de la hauteur qu'on leur donne. (T)

Forêt (Page 7:133)

Forêt; on nomme ainsi, dans l'Imprimerie, une tablette divisée en différentes cellules, dans lesquelles on serre les bois qui servent à garnir les formes

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