ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Suivant l'article 8, ceux qui se marioient à leurs semblables & de condition pareille à eux, ne devoient amende ni for - mariage, parce qu'ils ne forlignoient point.

Enfin l'article 11 porte que si des hommes de condition servile, sous quelque seigneurie, se sont affranchis de servitude, quand ils sont for - mariés ils doivent for - mariage au roi, comme il a été dit; mais que les femmes n'en doivent point, parce que si elles ont lignée en mariage d'homme franc, la lignée sera de condition servile à cause du ventre.

Dans le chapitre suivant, Bacquet remarque que ces droits de for - mariage étoient anciennement recueillis au profit du roi par un collecteur, qui étoit comptable en la chambre des comptes; que depuis, ces droits comme domaniaux ont été reçus par les receveurs ordinaires des lieux.

On tient présentement pour maxime, qu'en formariage le pire emporte le bon, c'est - à - dire que la personne franche, soit la femme ou le mari, qui epouse une personne serve, devient de même condition. Loysel, liv. I. tit. j. régl. 25. & Lauriere, ibid.

Dans les lieux où l'on a coûtume de prendre formariage, le seigneur de la main - morte prend pour le for - mariage de la femme main - mortable, les héritages qu'elle a sous lui, & dans le lieu de sa mainmorte, ou la valeur de ce qu'elle emporte en mariage; ce qui est au choix de ladite femme.

Le for - mariage n'a pas lieu en main - morte, quand la femme n'a point d'héritage; comme il fut jugé au parlement de Dijon, le 7 Décembre 1606. Taisand sur la coûtume de Bourgogne, tit. jx. artic. 21. note 3. observe que cet arrêt jugea tacitement, que quand une fille est mariée par mariage divis, & qu'on ne lui a point constitué d'héritage en dot, le seigneur ne peut prétendre le droit de for - mariage, parce qu'il est au choix de la femme d'abandonner au seigneur les heritages qu'elle a dans le lieu de la main - morte, ou autant qu'elle a eu en mariage.

Le for - mariage a encore lieu dans quelques coûtumes de main - morte. Voyez l'article 144. de celle de Vitri; Meaux, art. 5. & 78; Troyes, art. 3; Chaumont, art. 3; & le chap. viij. de la coûtume de Nivernois, art. 22. & 23; & Auzanet, pag. 8. de ses mémoires.

Ce droit avoit lieu autrefois dans la coûtume de Reims; mais il a été aboli. Voyez Pithou sur la coûtume de Troyes, art. 4; Taisand sur la coûtume de Bourges, tit. jx. art. 21. (A)

FORMAT (Page 7:172)

FORMAT, s. m. terme de Librairie; c'est la forme du livre. La feuille de papier pliée seulement en deux feuillets pour être ajustée avec d'autres, est le format in - folio; la feuille pliée en quatre feuillets, fait le format in - 4°; & la feuille in - 4° étant pliée en deux, fait le format in - 8°. Il y a aussi une maniere de plier la feuille de papier en douze feuillets; ce qui fait l'in - 12. Il y a encore l'in - 16, l'in - 18, l'in - 24, &c.

Observez que dans les formats dont nous venons de parler, il y a grand & petit format; ensorte qu'on dit grand in - folio, petit in - folio; grand in - quarto, petit in - quarto; grand in - octavo, petit in - octavo; & de même grand in - douze, petit in - douze. La grandeur ou la petitesse de ces formats dépend de la grandeur ou de la petitesse du papier que l'on a choisi pour l'impression du livre; car il y a du papier de bien des sortes.

FORMATION (Page 7:172)

FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c'est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l'on peut joindre à l'idée fondamentale qu'il renferme dans sa signification.

Cette définition n'a pas dans l'usage ordinaire des Grammairiens, toute l'étendue qui lui convient esfectivement. Par formation, ils n'entendent ordinairement que la maniere de faire prendre à un mot les différentes terminaisons ou inflexions que l'usage a établies pour exprimer les différens rapports du mot à l'ordre de l'énonciation. Ce n'est donc que ce que nous désignons aujourd'hui par les noms de déclinaison & de conjugaison (Voyez ces deux mots), & que les anciens comprenoient sous le nom général & unique de déclinaison.

Mais il est encore deux autres especes de formation, qui méritent singulierement l'attention du grammairien philosophe; parce qu'on peut les regarder comme les principales clés des langues: ce sont la dérivation & la composition. Elles ne sont pas inconnues aux Grammairiens qui dans l'énumération de ce qu'ils appellent les aceidens des mots, comptent l'espece & la figure: ainsi, disent - ils, les mots sont de l'espece primitive ou dérivée, & ils sont de la figure simple ou composée. Voyez Accident.

Peut - être se sont - ils crus fondés à ne pas réunir la dérivation & la composition avec la declinaison & la conjugaison, sous le point de vûe général de formations; car c'est à la Grammaire, peut - on dire, d'apprendre les inflexions, destinées par l'usage à marquer les diverses relations des mots à l'ordre de l'énonciation, afin qu'on ne tombe pas dans le défaut d'employer l'une pour l'autre: au lieu que la dérivation & la composition ayant pour objet la génération même des mots, plûtôt que leurs formes grammaticales, il semble que la Grammaire ait droit de supposer les mots tout faits, & de n'en montrer que l'emploi dans le discours.

Ce raisonnement qui peut avoir quelque chose de spécieux, n'est au fond qu'un pur sophisme. La Grammaire n'est, pour ainsi dire, que le code des décisions de l'usage sur tout ce qui appartient à l'art de la parole: par - tout où l'on trouve une certaine uniformité usuelle dans les procédés d'une langue, la Grammaire doit la faire remarquer, & en faire un principe, une loi. Or on verra bien - tôt que la dérivation & la composition sont assujetties à cette uniformité de procédés, que l'usage seul peut intreduire & autoriser. La Grammaire doit donc en traiter, comme de la déclinaison & de la conjugaison; & nous ajoûtons qu'elle doit en traiter sous le même titre, parce que les unes comme les autres envisagent les diverses formes qu'un même mot peut prendre pour exprimer, comme on l'a déjà dit, les idées accessoires, ajoûtées & subordonnées à l'idée fondamentale, renfermée essentiellement dans la signification de ce mot.

Pour bien entendre la doctrine des formations, il faut remarquer que les mots sont essentiellement les signes des idées, & qu'ils prennent différentes dénominations, selon la différence des points de vûe sous lesquels on envisage leur génération & les idées qu'ils expriment. C'est de - là que les mots sont prim ou dérivés, simples ou composés.

Un mot est primitif relativement aux autres mots qui en sont formés, pour exprimer avec la même idée originelle quelque idée accessoire qui la modifie; & ceux - ci sont les dérivés, dont le primitif est en quelque sorte le germe.

Un mot est simple relativement aux autres mots qui en sont formés, pour exprimer avec la même idée quelqu'autre idée particuliere qu'on lui associe; & ceux - ci sont les composés, dont le simple est en quelque sorte l'élément.

On donne en général le nom de racine, ou de mot radical à tout mot dont un autre est formé, soit par derivation, soit par composition; avec cette difference néanmoins, qu'on peut appeller racines génératrices les mots primitifs à l'égard de leurs dérivés; & racines [p. 173] élémentaires, les mots simples à l'égard de leurs composés.

Eclaircissons ces définitions par des exemples tirés de notre langue. Voici deux ordres differens de mots dérivés d'une même racine génératrice, d'un même mot primitif destiné en général à exprimer ce sentiment de l'ame qui lie les hommes par la bien veillance. Les dérivés du premier ordre sont amant, amour, amoureux, amoureusement, qui ajoûtent à l'idée primitive du sentiment de bienveillance, l'idée accessoire de l'inclination d'un sexe pour l'autre: & cette inclination étant purement animale, rend ce sentiment aveugle, impétueux, immodéré, &c. Les dérivés du second ordre sont ami, amitié, amical, amicalement, qui ajoûtent à l'idée primitive du sentiment de bienveillance, l'idée accessoire d'un juste fondement, sans distinction de sexe; & ce fondement étant raisonnable, rend ce sentiment éclairé, sage, modéré, &c. Ainsi ce sont deux passions toutes différentes qui sont l'objet fondamental de la signification commune des mots de chacun de ces deux ordres: mais ces deux passions portent l'une & l'autre sur un sentiment de bienveillance, comme sur une tige commune. Si nous les mettons maintenant en parallele, nous verrons de nouvelles idées accessoires & analogues modifier l'une ou l'autre de ces deux idées fondamentales: les mots amant & ami expriment les sujets en qui se trouve l'une ou l'autre de ces deux passions. Amour & amitié expriment ces passions mêmes d'une maniere abstraite, & comme des êtres réels; les mots amoureux & amical servent à qualifier le sujet qui est affecté par l'une ou par l'autre de ces passions: les mots amoureusement, amicalement, servent à modifier la signification d'un autre mot, par l'idée de cette qualification. Amant & ami sont des noms concrets; amour & amitié des noms abstraits; amoureux & amical sont des adjectifs; amoureusement & amicalement sont des adverbes.

La syllabe génératrice commune à tous ces mots est la syllabe am, qui se retrouve la même dans les mots latins amator, amor, amatorius, amatoriè, &c... amicus, amicè, amicitia, &c. & qui vient probablement du mot grec (/AHA, una, simul; racine qui exprime assez bien l'affinité de deux coeurs réunis par une bienveillance mutuelle.

Les mots ennemi, inimitié, sont des mots compo sés, qui ont pour racines élémentaires les mots ami & amitié, assez peu altérés pour y être reconnoissables, & le petit mot in ou en, qui dans la composition marque souvent opposition, voyez Préposition. Ainsi ennemi signifie l'opposé d'ami; inimitié exprime le sentiment opposé à l'amitié.

Il en est de même & dans toute autre langue, de tout mot radical, qui par ses diverses inflexions, ou par son union à d'autres radicaux, sert à exprimer les diverses combinaisons de l'idée fondamenta le dont il est le signe, avec les différentes idées accessoires qui peuvent la modifier ou lui être associées. Il y a dans ce procédé commun à toutes les langues un art singulier, qui est peut - être la preuve la plus complette qu'elles descendent toutes d'une même langue, qui est la souche originelle: cette souche a produit des premieres branches, d'où d'autres sont sorties & se sont étendues ensuite par de nombreuses ramifications. Ce qu'il y a de différent d'une langue à l'autre, vient de leur division même, de leur distinction, de leur diversité: mais ce qu'on trouve de commun dans leurs procédés généraux, prouve l'unité de leur premiere origine. J'en dis autant des racines, soit génératrices soit élémentaires, que l'on retrouve les mêmes dans quantité de laugues, qui semblent d'ailleurs avoir entre elles peu d'analogie. Tout le monde sait à cet égard ce que les langues greque, latine, teutone, & celtique, ont fourni aux langues modernes de l'Europe, & ce que celles - ci ont mutuellement emprunté les unes des autres; & il est constant que l'on trouve dans la langue des Tartares, dans celle des Perses & des Tures, & dans l'allemand moderne, plusieurs radicaux communs.

Quoi qu'il en soit, il résulte de ce qui vient d'être dit, qu'il y a deux especes générales de formations qui embrassent tout le système de la génération des mots; ce sont la composition & la dérivation.

La composition est la maniere de faire prendre à un mot, au moyen de son union avec quelqu'autre, les formes établies par l'usage pour exprirner les idées particulieres qui peuvent s'associer à celle dont il est le type.

La dértvation est la maniere de faire prendre à un mot, au moyen de ses diverses inflexions, les formes établies par l'usage pour exprimer les idées accessoires qui peuvent modifier celle dont il est le type.

Or deux sortes d'idées accessoires peuvent modifier une idée primitive: les unes, prises dans la chose même, influent tellement sur celle qui leur sert en quelque sorte de base, qu'elles en font une toute autre idée; & c'est à l'egard de cette nouvelle espece d'idées, que la premiere prend le nom de primitive; telle est l'idée exprimée par canere, à l'égard de celles exprimées par cantare, cantitare, canturire: canere présente l'action de chanter, depouillée de toute autre idée accessoire; cantate l'offre avec une idée d'augmentation; cantitare, avec une idée de répétition; & canturire présente cette action comme l'objet d'un desir vis.

Les autres idées accessoires qui peuvent modifier l'idée primitive, viennent non de la chose même, mais des différens points de vûe qu'envisage l'ordre de l'énonciation; ensorte que la premiere idée demeure au fond toûjours la même: elle prend alors à l'égard de ces idées accessoires, le noin d'diée principale: elle est l'idée exprimée par canere, qui demeure la même dans la signification des mots cano, canis, canit, canimus, canitis, canunt: tous ces mots ne different entre eux que par les idées accessoires des personnes & des nombres; voyez Personne & Nombre. Dans tous, l'idée principale est celle de l'action de chanter présentement: telle est encore l'idée de l'action de chanter attribuée à la premiere personne, à la personne qui parle; laquelle idée est toûjours la même dans la signification des mots cano, canam, canebam, canerem, cecini, cecineram, cecinero, cecinissem; tous ces mots ne different entr'eux que par les idées accessoires des tems. Voyez Tems.

Telle est enfin l'idée de chanteur de profession, qui se retrouve la même dans les mots cantator, cantatoris, cantatori, cantatorem, cantatore, cantatores, cantatorum, cantatoribus; lesquels ne different entre eux que par les idées accessoires des cas & des nombres. Voyez Cas & Nombre.

De cette différence d'idées accessoires naissent deux sortes de dérivation; l'une que l'on peut appeller philosophique, parce qu'elle sert à l'expression des idées accessoires propres à la nature de l'idée primitive, & que la nature des idées est du ressort de la Philosophie; l'autre, que l'on peut nommer grammaticale, parce qu'elle sert à l'expression des points de vûe exigés par l'ordre de l'énonciation, & que ces points de vûe sont du ressort de la Grammaire.

La dérivation philosophique est donc la maniere de faire prendre à un mot, au moyen de ses diverses inflexions, les formes établies par l'usage pour exprimer les idées accessoires qui peuvent modifier en elle - même l'idée primitive, sans rapport à l'ordre de l'énonciation: ainsi cantare, cantitare, canturire,

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