ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"168"> queue, pour que l'ouvrier soit le maître d'arrêtet le mouvement de la tenaille: la partie qui est expotee au frottement de la camme, est garnie d'une fausse queue bien coulante entre deux anneaux de fer; à la tête de la fausse queue, prend une corde qui passint sur une poulie attachée au - dessus de l'attelier, viont se rendre à un morceau de bois flexible attaché par une de ses extrémités au plancher, vers le pie de l'ouvrier, élevé de l'autre de la hauteur de la camme; l'ouvrier mettant le pié sur ce morceau de bois, le fait baisser, & consequemment fait lever la fausse queue; moyennant quoi, les cammes passent sans rien rencontrer.

La tenaille est de fer, & pour dégrossir peut peser jusqu'à deux cents livres; le chaînon de cinquante à soixante; il y en a de différentes grosseurs. La tenaille peut avoir deux pies de longueur: la force doit être aux branches depuis le clou aux mords. Cette partie porte quatre à cinq pouces de largeur, sur trois à quatre pouces d'epaisseur: le derriere des mords est évuidé pour le passage du fer, qui doit se tirer à côté. L'interieur des mords est entaillé, pour que le fer ne puisse s'échapper quand il est serré.

L'équipage est monté sur un chassis élevé, pour que l'auge logé en - dessous puisse être dirigé & réparé commodément; sur ce chassis est fortement attachée en plan incline une piecede bois de 18 à 20 pouces d'équarrissage, nommce attelier; le reste du chassis est garni de planches. Le montant F est rendu mobile par une mortaise pratiquée dans l'attelier, & ne peut se dévoyer, au moyen d'une broche de fer qui traverse la partie enfermée dans l'attelier. Quand la queue est en retour, comme en Z, l'extremite de l'attelier est encochée. Quand la queue n'est qu'un prolongement du montant, l'attelier est perce à jour. pour que la tenaille descende aisément par son propre poids, on en éleve les branches, comme vous voyez en I & G; & le dessous est garni d'une plaque de fer.

Contre les mords de la tenaille, de l'attelier portent quatre montans de fer de deux pouces d'équarrissage sur six pouces d'hautear, bien clavetés en - dessous, mortaisés en - dessus: ces montans N N se répondent deux à deux à la distance de quinze à vingt lignes; une paire éloignée de l'autre d'environ un pie: c'est dans ces montans que se placent les filieres.

Une filiere est un morceau d'acier de trois pouces de largeur sur un pouce d'epaisseur, & deux à trois pres de longueur. Le morceau d'acier se perce en echiquier de deux rangs de trous de différens diametres, moitie plus large en - devant que contre la tenaille, pour l'entrée du fer, & pour que le frottement se fasse sur une moindre étendue. Pour faire un trou, il faut trois poincons. Quand le morceau d'acier est chauffe, on frappe sur le plus gros poinçon pour l'enfoncer jusqu'au tiers, ensuite un de moindre diametre, & finalement le plus petit. On n'attend point que le troisieme poinçon perce à jour: quand on voit l'empreinte de l'ouverture, on laisse refroidir l'acier, pour l'achever à froid. Les trous se placent a un pouce de bord & à un pouce de distance les uns des autres: quand ils sont tous recherchés, on trempe la filiere, & on la place dans les montans de fer NN, où elle est arrêtée en - dessus par les clés O, en - dessous & des côtés par des coins. Il faut que le milieu de la tenaille soit vis - à - vis les trous du bas. Quand on veut faire travailler ceux du dessus, on ne fait que mettre sous la tenaille une lame de fer d'un pouce d'épaisseur.

Le fer le plus doux est le meilleur pour la filiere; on se sert de celui qui a passé à la fenderie, ou qu'on a battu sous le martinet, choisissant celui - ci qui par sa grosseur approche le plus de l'épaisseur qu'on veut donner au fil. L'ouvrier fait chauffer le bout des baguettes, asin de les arondir & diminuer sur la longueur d'environ six pouces; ce qui s'appelle amorcer. Il presente à la plus grosse filiere la partie amorcée, & dirige la tenaille, dans les mords de laquelle il en fait recevoir l'extrémité, & donne l'eau a la roue: l'ouvrier est assis à côté, tenant d'une main un linge trempé dans l'huile autour du fer Q, & de l'autre main reçoit le fil au sortir des mords I. Pour dégrossir du gros fil, il n'y a que deux ou trois cammes à la roue; pour du fil plus petit, il peut y en avoir vantage, sur - tout si l'arbre est gros. Un même arbre peut faire marcher plusieurs atteliers, comme vous le voyez à la Pl. XII. quand le fer est ébarbé à la premiere filiere, l'ouvrier le présente à un de moin dre diametre, & ainsi de suite. Pour le plus gros fer, il faut dix à quinze filieres; pour le moyen, vingt à trente; le plus petit, trente à quarante: cette opéra tion va tres - vite; chaque coup de tenaille pouvant tirer 2 pouces. L'arbre monté à deux cammes peut fai re 10 tours par minute; conséquemment tirer quarante pouces; plus le fer est fin, plus l'arbre peut aller vite, & être chargé de cammes: deux ouvriers en gros fil peuvent fabriquer cent cinquante pesant par jour; en moyen, quatre - vingt ou cent au dessous: le plus ou le moins dépend de la finesse. Quand on veut filer extrèmement fin, comme le frottement n'est pas violent, on peut le tirer à bras d'hommes, comme vous le voyez à la Pl. XI. Pour un mille de fer file & moyen, il faut environ trois pintes d'huile & qutre vans de charbon. Il y a un dechet d'environ quante liv. par mille. Les fils - de - fers gros & moy se mettent dans les manufactures en bottes de vingt cinq livres, liées en quatre endroits: pour le fil les bottes sont depuis cinq à quinze. Voyez à l'article Trifilerie, toutes les especes différentes de leur emploi. Cet artiece est de M. Bouchu, maitre de forges à Veuxsaules, proche Chateau - vilain.

FORGER (Page 7:168)

* FORGER, v. act. c'est battre sur l'enclume un métal avec un marteau. On forge à froid & à cha mais plus souvent à chaud. Ce mot varie d'acception. Voici, par exemple, un cas ou il est pre synonyme à planer; c'est chez les Potiers - d'étain. Forger, c'est, après que la vaisselle est tournée, la battre, avec differens marteaux, sur le tas. Pout cet effet on a des morceaux de cuivre jaune en plaques de largeur, longueur & épaisseur convenables, bien écroines ou serrees & polies au marteau; on les nomme platines. Les platines sont planes pour les fonds des vaisselles, contournées pour les côtés. On commence par frotter legerement sa piece de vaisselle, avec un linge enduit de suif en - dedans & en - dehors: cela s'appelle ensuifer. On pose ensuite une platine sur l'enclume, qui est couverte d'une peau de castor gras. On fait tenir la platine sur la peau, avec une colle faite de poix - resine grasse & de on frappe là - dessus sa piece à coups de marteau, & on lui fait prendre une forme plus réguliere que celle qu'elle a reçue des moules; on atteint les inégalités du tour; on rend l'ouvrage compact, uni, brillant, & d'un meilleur service; on le dégraisse & on le polit avec un linge & du blanc d'Espagne en poudre. Mais ce travail n'a lieu que sur l'étain sin. L'etain commun se forge autrement. On ensuife sa piece; on la monte, c'est - à - dire qu'on la bat sur l'enclume hue, Les coups de marteau paroissent en - dedans & en - dehors; ils s'étendent du milieu en ligne spirale, mais empiétant toûjours les uns sur les autres. jusqu'à la circonférence de l'ouvrage: c'est pourquoi à chaque coup de marteau que donne l'ouvrier d ne main, de l'autre il fait un peu tourner sa piece sur elle - même. Cette opération s'appelle monter. Aptes avoir monté une piece, on la renfonce; la renson<pb-> [p. 169] cer, c'est avec le marteau frapper le fond à faux sur les genoux, afin de rendre à l'ouvrage sa concavité. On finit en couvrant l'enclume de peaux de castor gras, & en repassant le marteau sur tous les coups qui paroissent au - dedans & au - dehors de la piece. Cette opération les efface en - dedans, mais non en - dehors. C'est sur la différence du forger & du planer. On dégraisse de même: dans ce travail, l'ouvrier est assis devant son enclume, le billot de l'enclume est entre ses jambes, l'enclume n'est guere qu'à la hauteur de ses genoux; il tient son marteau de la main droite, sa piece de la main gauche: cette main fait tourner la piece à mesure qu'elle est frappée; elle est aidée dans cette action par le genou qui soûtient la piece toutes les fois que la main est obligée de la quitter pour la reprendre.

Forger un Fer (Page 7:169)

Forger un Fer, (Manége & Maréch.) action du maréchal qui donne à du fer quelconque la forme qu'il doit avoir, pour être placé sous le pié du cheval.

Le fer que les Maréchaux doivent employer, doit être doux & liant; un fer aigre soûtiendroit avec peine les épreuves qu'ils lui font subir à la forge, & ne resisteroit point à celles auxquelles le met le travail de l'animal.

Ces ouvriers nomment loppin, un bout coupé d'une bande de fer, ou un paquet formé de morceaux de vieux fers de cheval. Celui qu'ils coupent à la bande en est séparé au moyen de la tranche.

Un compagnon prend un loppin de l'une ou de l'autre espece, proportionné aux dimensions qu'il prétend donner à son fer, & le chauffe jusqu'à blanc tout - an - plus, à moins que la qualité du fer dont il se sert lorsqu'il est question d'en souder les parties, n'exige qu'il pousse la chaude au - delà. Le fer ainsi chauffé, il le prend avec les tenailles les plus appropriées à la forme actuelle du loppin; les tenailles dont sa forge doit être abondamment pourvue, devant être de différentes grandeurs & de différentes figures. Il le présente à plat sur la table de l'enclume. Un apprenti ou un autre compagnon armé du marteau à frapper devant, frappe toûjours de maniere à alonger & à élargir le loppin, & chacun de ses coups est suivi de celui du premier forgeur, dont la main droite saisie du ferretier ne frappe que sur l'épaisseur du fer. Pour cet effet, comme leurs coups se succedent sans interruption, celui - ci après avoir posé le loppin à plat pour l'exposer au marteau de l'apprenti, le retourne promptement de champ pour l'exposer à son ferretier; & ainsi de suite, jusqu'à ce qu'une des branches soit suffisamment ebauchée: du reste les coups du ferretier tendent comme ceux du marteau au prolongement du loppin, mais ils le retrécissent en même tems, & lui donnent la courbure qui caractérise le fer du chev il; c'est ce que les Maréchaux appellent dégorger. Pour la lui procurer plus promptement, le forgeur adresse quelques - uns de ses coups sur la pointe non - chauffée du loppin, tandis que l'autre porte sur l'enclume; car il doit avoir eu l'attention de ne faire chauffer de ce même loppin qu'en viron les deux tiers, afin que la partie saisie par la tenaille ait assez de solidite pour rejetter sur la partie chauffée tout l'effet des coups de ferretier qui sont diriges sur elle. Cette branche dans cet état, le forgeur quitte son ferretiei & prend le refouloir, avec lequel il la resoule à son extrémité, pour commencer à en façonner l'éponge.

Il remet au feu; & par une seconde chaude conduite comme la premiere, il ébauche au même point la seconde branche & la courbure, ou la tournure, pour me servir de l'expression du Maréchal; après quoi lui seul façonne le dessus, le dessous, les côtés extérieurs & intérieurs des branches, en se servant au besoin de l'un & de l'autre bras de la bigorne, pour soûtenir le ser lors des coups de ferretier qu'il adresse sur l'extérieur, ce fer étant tenu de champ sur le bras rond, quand il s'agit de former l'arrondissement de sa partie antérieure, & sur le bras quarré, quand il est question d'en contourner les branches. Il employe de même que ci - devant le refouloir.

Il seroit à souhaiter que tous les Maréchaux s'en tinssent à ces opérations, jusqu'à ce que l'inspection du pié auquel le fer sera destiné, les eût déterminés sur le juste lieu des étampures. Ce n'est qu'alors qu'ils devroient passer à la troisieme chaude, & profiter des indications qu'ils auroient tirées. Cette chaude donnée, le forgeur, à l'effet d'étamper, pose le fer à plat sur l'enclume, ce ser étant retourné de maniere que sa face inférieure est en - dessus; il tient l'étampe de la main gauche; il en place successivement la pointe sur tous les endroits ou il veut percer, sans oublier que l'une de ses faces doit être toûjours parallele au bord du fer; & le compagnon ou l'apprenti frappe sur la tête de cet outil, jusqu'à ce qu'il ait pénétré proportionnément à l'épaisseur de ce même fer. L'étampure faite, le forgeur le rapproche avec son ferretier de la forme que ce dernier travail a altéré; & après l'avoir retourné, il applique la pointe du poinçon sur les petites élévations apparentes à la face supérieure; & frappant du ferretier sur la tête de ce poinçon, il chasse en dedans & détache par les bords la feuille à laquelle le quarré de l'étampe a réduit l'épaisseur totale da fer. Cette action avec le poinçon se nomme contre - percer. Enfin il refoule & il rétablit dans ce premier contour, avec ce même ferretier, les bords que l'étampure a forcés, & il porte l'ajusture du fer à sa perfection.

Ces trois seules chaudes seroient insuffisantes dans le cas où il s'agiroit de forger un fer à crampons, & à plus forte raison dans celui où le fer seroit plus composé. Lorsque l'ouvrier se propose de former des crampors quarrés, il a soin de refouler plus fortement les éponges, & de tenir les branches plus longues de tout ce qui doit composer le crampon. La propreté de l'ouvrage exige encore deux chaudes, une pour chaque branche. Le forgeur doit commencer à couder celle qui est chauffée avec le ferretier sur la table de l'enclume, ou sur le bras rond de la bigorne; sur la table de l'enclume, en portant un coup de son outil sur le dessous de l'éponge à quelques lignes de distance de sa pointe, qui seule repose sur la table, tandis que le reste de la branche est soûtenu par la tenaille dans une situation oblique, ou inclinée; sur le bras rond, en posant cette même face inférieure de façon que le bout de l'éponge déborde la largeur de ce bras, & en ach essant son coup sur l'extrémité saillante. Il s'aide ensuite du bras quarré de la bigorne pour façonner les côtés du crampon.

C'est par la différente maniere dont l'ouvrier présente son fer sur les différentes parties de la bigorne, & dont il dirige ses coups, qu'il parvient à former exactement un crampon quarré, ou un crampon à oreille de lievre ou de chat: celui - ci ne differe du premier, que parce qu'il diminue à mesure qu'il approche de son extremité, & qu'il est tellement tordu dans sa longueur & des sa naissance, qu'il présente un de ses angles dans la direction de la longueur de la branche dont il émane. Il est encore des crampons postiches, terminés supérieurement en une vis, dont la longueur n'excede pas l'épaisseur de l'éponge. Cette partie du fer est percee d'un trou taraudé, qui comme écrou reçoit cette vis. Par ce moyen le crampon est assez fermement assemblé avec le fer, & facilement mis en place quand il est utile. On l'en sépare aussi sans peine en le dévissant: mais comme l'écrou qui resteroit vuide lors<pb->

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