ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"166"> pour l'enfourner; on en met jusqu'à un millier, quand le fer est chauffé: il faut environ deux heures pour chauffer une fournée à blanc; c'est le degre qu'il faut. Une corde de bois de saiton de quatre pies de hauteur sur huit piés de couche, & le bois de trois piés & demi de longueur, peut faire quatre fournees à bon vent. Le vent influe prodigieusement sur cette partie; le bon est celui qui passant par l'ouverture du devant du cendrier, pousse la flamme dans le four; le mauvais est celui qui passant par la gueule, la repousse dans la toquerie: le seul remede employe jusqu'ici, mais insuffisant, a ete de boucher la gueule d'une plaque de fer. Ne pourroit - on pas en employer deux? le premier en faisant une toquerie à chaque côté, bouchant l'ouverture de communication de celle en mauvais vent, suivant le besoin. L'ouverture étant de dix pouces sur sept, dans un mur de séparation, ne pourroit - on pas monter les côtés de ce mur en briques, & y menager des coulisses, pour laisser descendre & elever, tuivant le besoin, un morceau de terre à brique d'echantillon; le second en opposant le vent au vent, avec des tuyaux répondans au grillage, & à une large ouverture extérieure & mobile, qu'on pourroit tourner au vent.

Le fer, dans les fenderies ou on se sert de charbon de terre, comme celles qui sont dans le Forez sur la riviere de Gier & sur quelques ruisseaux, & qui refendent six à sept millions ce fer, se chauffe dans des cheminées bâties comme une chaufferie avec soufflets; le fer s'y place par barres de deux pies & demi, à trois pies de longueur, dans la quantité de trois à quatre cents petant à - la fois, qu'il faut environ une heure pour chauffer. Il y a un ouvrier chauffeur qui doit veiller à l'arrangement du fer, qui le place par trois barres l'une dessus l'autre, & travaille à ce que ce qui est exposé au vent ne fonde pas, pendant que les bouts n'ont pas le degré dhaleur convenable. Il faut environ pour six francs de charbon pour fendre un mille de fer, &c.

Pour desservir une fenderie, il faut cinq ouvriers; le maître fendeur, qui doit entretenir le bon ordre, tous les outils, dresser les équipages, regler le tems de tirer le fer, &c. le second, pour tirer le fer du tour & le présenter aux espatards; un pour le recevoir, & le remettre au maître, qui le présente aux taillans, des uels le quatrieme le reçoit pour porter la verge à la pile de son échantillon; le cinquieme est celui qui met le bois dans la toquerie. Une fournée d'un mille peut être fendue en une heure. Celui qui défourne a soin de la toquerie pendant la fente; la fente faite, on enfourne de nouveau; c'est alors l'affaire du maitre fendeur, de visiter & rétablir ce qui pourroit être derangé. Il ne faut pas laisser manquer les espatards & les taillans de ratraichissement & de graisse. Le rafraîchissement se donne perpétuellement par de l'eau conduite par des chanlates: les taillans s'engraissent de suif fondu à toutes bandes, & les espatards cinq ou six fois à chaque fournée.

La verge se met en bottes de cinquante livres, poids de marc: pour cet effet, les embotteleurs ont un établi CD (voyez les Pl.), garni de demi - ronds de fer ed, pour placer la verge après l'avoir redressée, & la lier en trois endroits, après qu'elle aura été pesée, en la serrant avec la chaine & l'étrier 9. a est la tenaille pour serrer la verge de la main droite, & b le crochet, pour en supporter l'extrémité de la main gauche. l est une cisaille; hi, les demi - ronds, pour recevoir la verge; KK, des bottes de verges.

Le moulin établi à Essonne pour profiler le fer, appartient de droit aux fenderies, dont il n'est qu'une espece particuliere; c'est, suivant le rapport de MM. les commissaires de l'académie des Sciences, du 23 Décembre 1752, un laminoir (voyez nos Pl.) composé de deux cylindres de fer CD, dont l'un, que nous supposerons C, est profilé sur sa circonférence, pour imprimer sur les plates - bandes AB les moulutes qu'on veut leur donner. Les deux cylindres de ce laminoir, sont menes par deux roues à l'eau; le cylindre inferieur D est mené immédiatement par le tourillon E, dont le bout qui se termine par un quarré F se joint au quarré H du cylindre, par le moyen d'une boîte de fer G; l'autre roue est menée au moyen de renvois de roues dentées & lanternes, qui font tourner le cylindre de dessus G en sens contraire.

Ces deux cylindres étant en mouvement, on présente la bande de fer rouge au profil qu'on veut y imprimer; saisie entre les deux cylindres, & entrainee par leur mouvement, elle s'alonge & se profile d'une seule opération sur toute sa longueur, en tres - peu do tems.

Pour empêcher que la bande de fer qu'on profile ne s'enveloppe autour du cylindre profilé, un ouvrier la saisit avec la pince aussi - tot qu'elle commence à passer de l'autre côté du cylindre, jusqu'à ce qu'elle soit entierement sortie.

Pour connoître, disent les commissaires, si le laminage ne change point la qualité du fer, nousavens fait rompre une barre de fer avant & après l'experience faite à Essonne le 28 Janvier 1751; avant l'expérience, le fer étoit aigre; les deux bouts rompus sembloient se toucher par des facettes, dans toute l'epaisseur de la bande; on n'y voyoit point de parties saillantes dans les bouts rompus. Apres l'expérience, on voyoit de part & d'autre, dans toute l'epaisseur des filamens, des parties saillantes en forme de lames plates & alongées; c'est ce que les ouvriers appellent le nerf, dans les fers doux; & c'est à cette marque qu'on le reconnoît pour être de bonne qualite. Il paroît donc que le fer acquiert de la qualité par le laminage: ce qu'on savoit d'ailleurs par les expériences faites dans les fabriques de fil - d'archal.

Malgré un témoignage aussi respectable, la verité m'oblige de dire que le laminage ne peut changer la qualite du fer; du fer cassant de sa nature en faire du er doux. Convenons qu'un fer dont le nerf est gonfle de trop de remplissage, peut casser comme celui ce l'épreuve, sans laisser beaucoup de parties saillantes, ou que trempé il peut faire le même effet; ayant lieu de croire que le grand & subit degré de fraîcheur fait retirer & courber les nerfs; puisque le même fer étant chauffé à blanc & refroidi naturellement, les nerfs reprennent leur souplesse: mais ce phénomene aura lieu sur - tout, en conséquence de la compression des cylindres qui leur fait degorger une partie de ce qui les gonfloit. Cette espece de croute qui tombe devant les cylindres en est une preuve; c'est ce qui occasionne la différence du poids du fer en barres au fer laminé: de - là on peut conclure que le fer cassant par accident a été rendu à sa nature par une opération; mais non pas que le laminage d'un fer aigre de sa nature en puisse faire un fer doux. Ne pourroit - on pas encore soupçonner que les entrepreneurs du moulin d'Essonne ne se contentant pas de l'avantage réel de la machine, ayent cherché à y joindre du merveilleux, & à surprendre l'attention de MM. les commissaires, par le changement impossible du fer cassant en fer doux? Nous avons l'expérience constante de la diversité de fers entr'eux. Ces fers, après le travail des applatissoires, restent chacun dans leur nature, mais seulement plus épurés.

On a tenté plusieurs fois de filer le fer dans les cylindres: on doit être convaincu que sur - tout pour dégrossir, il n'a manqué que l'exactitude & la precision.

Art. XII. Batterie. L'équipage d'une forge & d'une batterie est le même; une cheminee, deux sout; [p. 167] flets mûs par l'eau, un attelier de marteau: la différence est qu'au foyer d'une batterie, il n'y a point de contre - vent du dessus, ni d'aire; que le fond est à environ sept pouces de la thuyere, le trou du chio à la hauteur de la thuyere; le basche dans l'intérieur de la cheminée couvert: c'est par son côté que se met le charbon. Les marteaux sont de la même forme que ceux de forge; ils ne pesent que quatre à cinq cents.

L'objet des batteries est de rendre le fer de forge propre à différens usages, par son étendue, son peu d'épaisseur, sa souplesse; il prend alors le nom général de taule, & les surnoms particuliers de rangette à étrille, à serrure, à crie, palastre, ronde, couvercle, de four, enseignes, fers de chartue. La différence de ces especes consiste dans l'étendue & l'épaisseur; ce qui les fait chauffer & battre différemment.

Pour faire la rangette, on coupe le fer, qui au fortir des forges est d'environ trente lignes de largeur sur douze d'épaisseur, en morceaux pesans environ huit livres: chaque morceau se chauffe à blanc, & se bat en deux chaudes, puis on le plie en deux, & s'appelle doublon: & en deux autres chaudes, on lui donne la largeur d'environ quatre pouces, sur douze à treize de longueur; ce qu'on appelle arbelage. De - là, on prend quatre doublons ensemble, trempés en eau d'arbue, pour empêcher les feuilles de se souder les unes aux autres: on les chauffe couleur de cerise, & bat à quatre chaudes; ce qui leur donne environ dix pouces de largeur, & dix - neuf à vingt de longueur. On y joint quatre autres doublons en pareil état, & on bat les huit doublons en deux chaudes couleur de cerise qui les réduisent à leur derniere perfection. La rangette porte quatorze à quinze pouces de largeur sur vingt - an à vingt - deux de longueur: il entre ordinairement huit doublons dans un paquet pesant cinquante livres, poids de marc; les paquets se lient en deux endroits avec des bandes de taule coupées à la cisaille. Quand les feuilles sont plus larges ou plus longues les unes que les autres, on les égalise avec les cisailles; quand il y en a de percées, crevassées, ou mal fabriquées, on les coupe pour faire les liens; ces liens servent à la ferrure des seaux & autres; on en fait même quelques paquets.

La taule à étrille de dix à onze pouces sur trente à trente - deux, se bat en six doubles, avec autant de chaudes que la rangette: huit à neuf doublons au paquet de cinquante livres.

La taule à serrure de différens échantillons, se bat en un doublon à différentes chaudes, suivant la largeur & épaisseur.

Le palastre se bat en feuilles de neuf à quatorze pouces de largeur sur quatre à dix piés de longueur, & de différentes épaisseurs: c'est avec le palastre qu'on garnit le bas des portes cocheres, les bornes, &c.

La taule à réchaud, de six à sept pouces sur vingt - un à vingt - deux, se bat à huit doublons: 20 à 21 au paquet de cinquante livres.

La taule à cric pour les équipages, de six à sept pouces de largeur, sur quatre à cinq lignes d'épaisseur, & quatre piés environ de longueur, se bat en feuilles.

La taule à enseigne se bat en feuille à quatre ensemble, portant treize à quatorze pouces de largeur sur dix - huit de hauteur, une ligne d'épaisseur; on peut en battre de plus grandes.

Les taules rondes pour poesles & poeslons, se battent en deux feuilles, ménageant un endroit plus étroit au milieu de la feuille; c'est où on les plie: cet excédent est pour souder la queue; elles se finissent en les élargissant à deux doublons.

Les couvercles de four se battent en feuilles à demi-rond en quatre chaudes; & on acheve de les battre quatre ensemble.

Dans toutes les taules, les feuilles du milieu s'élargissent toûjours plus que les autres; c'est pour cela qu'aux deux dernieres chaudes on les change.

C'est aussi dans les batteries qu'on prépare les taules pour le fer - blanc; elles se battent à plusieurs doublons, entre un marteau & une enclume bien dressés. Les feuilles se coupent d'échantillon à la cisaille, & se vendent au cent pour être blanchies & étamées.

Les fers de charrue se battent seuls à différentes chaudes, suivant leur force & étendue; on en fabrique de huit jusqu'à quinze livres.

Pour fabriquer un millier de taule assorti de plusieurs échantillons, on passe au maître batteur 1060 jusqu'à 1100 de fer, & 30 ou 35 vans de charbon; le van équivalant à cinq piés.

Le maître batteur doit avoir soin du foyer, de l'équipage du marteau, qu'il doit bien dresser, & de tous les outils. Dans les batteries où l'eau & les matériaux ne manquent pas, les ouvriers se relayent, comme dans les forges: quatre ouvriers peuvent faire cinq à sept cents de taules en vingt - quatre heures; cela dépend beaucoup du fer, du charbon, de l'espece de marchandise, & de l'adresse des ouvriers. On fait aller une batterie en grosses - forges, quand on le juge à propos; il n'y a que le foyer à changer.

Art. XIII. La filerie. L'objet de la filerie est de donner au fer, par la figure ronde, la surface polie & égale; la diversité, la flexibilité, un degré d'utilité qui s'étend de puis les baguettes de dix lignes de diametre, en nuances infiniment multipliées, jusqu'à nous procurer les plus fines cordes des tympanons, même de remplacer la finesse des cheveux: nous n'entendons ici que donner l'explication de la manufacture, sans indiquer tous les ouvrages auxquels le fer filé s'employe.

Filer le fer, est l'obliger de passer par des ouvertures dont il prend le diametre: comme ce travail demande beaucoup de force, on a eu recours à l'eau pour faire mouvoir une roue. A. Pl. XII. est un cylindre de bois tournant sur ses empoises, ce cylindre est armé de cammes BC, qui appuyant sur la queue Z, la fait baisser; elle est relevée après le passage de la camme, par la perche élastique X, tenant à la queue par la chaîne Y. La queue Z ne peut baisser que le montant F, auquel elle est attachée, ne soit tiré en - arriere; & ce à proportion de la longueur de la camme: ce montant a un mouvement libre de devant en - arriere, par une cheville de fer qui le traverse dans la piece de bois K.

Au - devant du montant F il y a un anneau de fer dont la racine est arrêtée de l'autre côté par une clé; cet anneau s'appelle davier; il reçoit le crochet C de l'anneau de la grosse tenaille; cet anneau, avec son prolongement & son crochet, s'appelle chainon. L'anneau du chaînon enferme les bouts ceintrés de la tenaille A; le montant F ne peut être tiré, que le chaînon ne le soit, ainsi que la tenaille, dont les mâchoires serrent à proportion que les branches sont serrées, & décrivent en reculant autant d'espace que le montant F; la perche élastique faisant remonter la queue Z. Le montant & le chaînon sont également renvoyés: le chaînon ne peut être repoussé qu'il ne desserre les branches, & conséquemment les mords de la tenaille. Si nous imaginons que la tenaille tienne - un morceau de fer, elle le serrera & tirera en reculant. Quand elle sera desserrée, elle reprendra sa place par son propre poids, qui la fait couler le long d'un plan incliné; étant retirée, elle mordra & tirera, & ainsi de suite. Voilà ce que c'est qu'une filerie. Il y a des montans auxquels le mouvement est donné de côté. Imaginons, pour ne pas multiplier les figures, que le montant F est prolongé en en - bas; & que la camme, au lieu d'en abaisser, en pousse la

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