ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"164"> lieu. Le martineur est assis proche le marteau sur un banc, tenant d'un bout dans un crochet de fer où il est mobile, & suspendu de l'autre par une chaine, a in de pouvoir avancer & reculer sans se déplacer. Le chausseur porte une piece quand elle est chaude; le martineur la fait battre sur le travers de l'enclume & du marteau, pour l'étirer. Il ne se leve que pour parer, & arrose lui - même le fer en tournant un petit robinet répondant au - dessus du marteau. Quand la premiere est battue d'une étendue convenable à la chaude, le chauffeur en apporte une seconde, & successivement, juiqu'à ce qu'ils en ayent ce qu'ils peuvent forger en un jour; puis on recommence à chauffer une autre partie de la barre, & ainsi jusqu'à ce qu'elles soient finies. Le marteau n'arrête que pour les repas & le soir, qu'on employe à botteler la journée. Les bottes sont de cinquante livres poids de marc. Les fers se battent en barreaux de cinq, six, à sept lignes; en mi - plats, en ronds, en bandes de deux à trois lignes d'epaisseur, pour cercles de foudre, &c. On y bat & arrondit du fer pour les fileries; dans ce cas le martineur ne le pare jamais, mais se contente de l'étirer sur le travers, crainte de déranger le fil des nerfs. Deux ouvriers peuvent forger cinq cents de fer par jour.

On voit dans nos Planches un martinet: m n le souttlet: k un morceau de fer tenant au soufflet, & répondant au levier g h, qui répond par les leviers n c aux cammes de l'arbre, pour donner le mouvement au soufflet: S est un ouvtier qui a débouché le chio. Figure 3. autre ouvrier qui acheve de nettoyer son foyer: I le bout de la thuyere. La figure 1. est le martineur, avec sa bande sous le marteau: a l'enclume: n le marteau, &c. La vûe seule indique toutes les autres pieces.

Art. XI. Les fenderies. Le but des fenderies est de diviser une lame en plusieurs baguettes, suivant l'échantillon qu'on juge à - propos. Pour faire cette division avec exactitude, il faut que les barres de fer soient de la même épaisseur; ce qui se sait dans des cylindres. Voyez nos Planches. AB est une barre de fer qu'on applatit dans les cylindres, espatards ou applatissoirs CD, qu'on passe ensuite dans les taillans ou ciseaux, représentés ailleurs de différens échantillons. Il ne seroit pas possible d'applatir & fendre une barre de fer, si elle n'étoit adoucie au feu; ce qui donne lieu à une espece de construction de fours, pour les chauffer en grand nombre & à peu de frais. Pour profiter de la chaleur donnée au fer, qui, quoique adouci, occasionne un violent travail aux applatissoires & aux taillans, on employe la puissance de l'eau d'une chûte, ou de rouets, ou lanternes, pour avoir un grand mouvement. Un coup - d'oeil fait voir que tout dépend de la solidité & de l'exactitude des pieces d'une fenderie.

On les fait simples ou doubles; les simples sont celles dans lesquelles, comme on voit d'abord. On ne monte que les espatards pour applatir une quantité de fer; ensuite on démonte les espatards, & on substitue les taillans: cette espece a le desavantage qu'il faut chauffer deux fois le fer; mais il faut moins d'eau, & on peut en espérer plus d'exactitude.

Pour faire les deux ouvrages à - la - fois, on établit l'équipage des applatissoirs, & dans la meche MO du cylindre du dessus, à la partie O, & en continuant la meche du cylindre du bas, on ajuste l'équipage des taillans de façon que le travail se fait sur la même ligne & par le même mouvement. La barre au sortir du four est présentée aux applatissoirs CD, reçûe en B par un ouvrier qui la tire avec des tenailles pour l'entretenir, & la passe par - dessus l'équipage à un ouvrier qui la présente aux taillans: toute cette opération va assez vîte pour n'être point obligé de chauffer le fer deux fois: mais l'inconvénient de ces fenderies est, qu'étant obligé de serrer & desserrer souvent les tourillons des cylindres, il n'est pas possible que cela n'influe sur les taillans, puisque le mou vement est commun: cette espece de fenderie est tres commune.

La troisieme espece est celle que vous voyez, où les espatards sont devant & les taillans derriere, le tout dans un mouvement uniforme, par la distribution des rouets & lanternes: figure 1. un ouvrier qui tire le fer du four; 2. & 3. ouvriers qui le presentent aux espatards, & le presentent aux taillans 5. & 6. qui reçoivent la verge au sortir des taillans.

Pour donner une idée claire des fenderies, nous dirons qu'il faut une assez grande quantité d'eau, pour donner le mouvement aux applatissoirs & taillans de dessus, & à ceux du dessous en sens contraire, afin qu'ils mordent & attirent ce qu'on leur presente, & assez de vitesse pour qu'une barre soit tirée du four, passe sous les espatards, & soit fendue dans les taillans en une minute. Il faut que l'intérieur des bâtimens soit spatieux pour loger les deux équipages l'un derriere l'autre & sur la même ligne; le four à la tête, avec un espace au moins de quinze piés pour manier les bandes de fer; derriere l'équipage, dequoi les tirer, placer la verge; les bancs pour l'embottelage, les romaines; la petite boutique pour la construction des outils, & le magasin.

Comme il faut que les deux roues de chaque côté qui reçoivent l'eau du même réservoir, tournent en sens contraire, s'il y a assez de hauteur, l'eau prendra l'une par - dessus & l'autre par - dessous; sinon, à un côté on ajoûtera un roüet & une lanterne.

Les roues traverseront un cylindre de bois, qu'on appelle arbre de fenderie, avec tourillons ordinaires de fonte ou de fer, du côté du coursier; & dans l'intérieur, au lieu de tourillon, un morceau de fer quarré F, de trois pouces & demi de diametre, faisant crosie dans l'interieur du bout de l'arbre E où il est serre, arrondi contre l'arbre pour porter sur une empoisse, & du reste équarri pour recevoir une boue: ce morceau de fer s'appelle la meche F.

Une boîte G ou N, est un morceau de fer ou de fonte d'environ neuf pouces de longueur sur sept couces de diametre ou equarrissage, dans le milieu duquel il y a une ouverture quarrée propre à recevoir le bout de la meche F, d'environ quatre pouces de longueur: le reste de l'intérieur de la boite est pour recevoir le bout quarré de l'espatard H, ou le bout quarré de la meche qui a traverse les taillans.

L'espatard RQST est simple; le double consiste en ce que contre la partie R il faut ajoûter encore une partie quarrée comme T, pour recevoir une boîte à chaque extrémité. Un espatard est un morceau de fonte moulé composé de cinq parties, la bosse Q de sept pouces de diametre; les deux parties arrondies RS, servant de tourillon, de cinq a six pouces de diametre; & la partie quarrée T avec sa correspondante supposée pour le tourillon double.

L'arbre & l'espatard du bas portent, sur une empoise mise sous la meche vers l'arbre, & sur les empoises retenues dans les côtés des chassis AA, BB, & l'arbre & l'espatard du dessus portent sur une empoise posée sur un chevalet supposé sous le tourillon O, & sont retenus par les empoises renversées & serrées dans les chassis AB. Quand c'est une fenderie double, il en est de même pour les taillans, dont la meche excedant le chassis, est cousue avec le quarré débordant de l'espatard, par une boite. Supposons, pour ne pas multiplier les figures, que le bout de l'arbre T fût une trousse de taillans.

Dans une fenderie double, sur la même ligne, l'équipage des espatards & celui des taillans sont environ à six piés de distance l'un de l'autre pour l'aisan<pb-> [p. 165] ce du travail. Leur solidité dépend de la plate - forme & des montans.

La plate - forme est un morceau de bois de douze piés de longueur sur deux pies d'équarrissage, enclavé dans les encoches d'un fort chassis sur lequel il porte, de façon à pouvoir être reculé ou avancé par des coins qu'on chasse contre les parois des encoches.

A trois piés du milieu de la plate - forme, partent quatre montans EE pour les espatards; autant de l'autre côté, pour les taillans. Tout ceci sera bien aisé à appliquer aux autres especes de fenderies.

Ces montans sont des pieces de fer de trois pouces d'épaisseur réduites en - dedans sur un pouce en un demi - cercle de dix - huit lignes de diametre, pour recevoir les extrémités des empoises, qui excavées dans la même dimension, sont rendues inebranlables. Les montans traversent la plate - forme, & sont arrétés en - dessous par des clés de fer. Le devant & derriere sont arrêtés en - dessus par les traverses aussi de fer GG. Les empoisessont des morceaux de fonte moulés en terre comme les espatards, ayant le milieu excavé en ceintre pour recevoir les tourillons VXY: les bouts des empoises XY sont aussi excavés pour entrer & être affermis dans le demi - cercle des montans.

Quand on veut monter un espatard ou trousse de taillans, on commence par poser l'empoise d'en - bas sous les tourillons de l'espatard D, ensuite le second espatard C, & l'empoise renversée dessus; tout son effort se faisant en en - haut. Le dessus des côtés des montans est atrété par de fortes traverses HH, au milieu desquelles il y a un écrou traverté d'une vis HK, portant sur le milieu de l'empoise I, pour la serrer ou la desserrer d'un coup de main, en maniant la partie coudée K; par ce moyen, on approche les espatards l'un de l'autre, tant qu'on juge à - propos pour l'espece de fer qu'on applatit: il en est de même pour les taillans, comme il est facile de voir par les figures; d'autres au lieu de vis pratiquent des mortaises dans les montans (voyez les fig.); & au moyen des clés AA, serrent & desserrent les espatards ou taillans.

Les taillans sont composés de rondelles O de fer battu, bien aciérées & trempées, de même dimension & diametre, percees dans le milieu d'une ouverture quarrée & exacte, pour recevoir la meche que nous avons dit être de trois pouces & demi d'épaitseur: il y a les grandes rondelles O, & les petites N; les grandes peuvent avoir dix à onze pouces de diametre, & les petites, deux pouces & demi de moins: les unes & les autres sont également percées de quatre trous de huit lignes de diametre, à un pouce des bords de l'ouverture quarrée. Quand on veut menter une trousse, ce qui est une quantité de taillans, on pose pour la trousse du bas une grande rondelle, puis une petite, autant que l'espace du travail le demande, en mettant toujours une de plus dessous que dessus: on fait de même pour celle de dessus; on fait traverser les trousses par quatre broches de fer qu'on insinue par les trous que vous voyez en O & N, & on les enfile dans les meches. Les taillans du dessus & du dessous doivent s'insinuer réciproquement & exactement, de la profondeur d'environ six lignes, dans les vuides que laissent le moindre diametre des petites rondelles; ainsi qu'on le voit à toutes les figures de nos Planches de Fenderies. Quand les taillans sont ainsi bien dirigés, on les serre & tient en respect par des morceaux de fer qu'on place entre eux & les côtés des montans. On met un taillant de plus dessous que dessus, parce que ceux des côtés du dessous entretiennent le reste: c'est de - là qu'on les fait plus sorts & qu'ils ont pris le nom de guides ou faux - taillans.

Pour obvier à ce que le fer fendu ne suive le tour des taillans, dans chaque montant de derriere on pra<cb-> tique des mortaises, dans lesquelles mortaises sont arrétées, à la distance de trois pouces l'une de l'autre, deux lames de fer qui affleurent le derriere des taillans. Sur ces lames, à chaque séparation de taillans, on pose un morceau de fer d'échantillon dont le bout qui est poussé contre la lame de fer, est taillé en Y, pour ne pouvoir reculer: l'autre bout déborde, en rasant, l'autre côté des taillans, pour laisser libre entrée au fer, qui est contraint de suivre la direction de ces dents, & de venir passer entre les lames: toute cette partie s'appelle le peigne.

Le devant des taillans est garni d'un morceau de fer arrêté dans les montans, dans lequel on pratique une ouverture pour passer le bout de la barre, qu'on présente aux taillans pour l'empécher de se dévoyer; ce qui s'appelle le guide.

Il y a aussi un guide pour les espatards. On trouvera dans nos Planches les différentes trousses de tailians represencees. Les baguettes de fer fendu s'appellent verge: la verge a differens noms, & se fend en plus ou moins de taillans.

La cloutiere, sans compter les gardes, se fend à onze taillans de quatre lignes d'épaisseur; la soliere, à neuf taillans de cinq à six lignes; la moyenne, à sept taillans de six à sept lignes; le fanton, à cinq taillans de neuf à dix lignes; le petit feuillard, pour le fer applati, à trois taillans douze lignes; la vitriere, pour le fil - de - fer, à onze taillans trois lignes.

On tient la grosse verge moins epaisse que large, pour faciliter la fente: on se sert aussi des espatards pour passer l'embattage des roues, qui se fait d'une seuie piece.

Le tour doit avoir la gueule vis - à - vis & à la distance d'enviren quinze piés des équipages: pour être chauffé en bois, il sera bati sur un massit de trois piés de hauteur, de huit pies de longuear dans oeuvre, deux piés de largeur, & dix - huit pouces de hauteur, sous voute; en - devant & au milieu, on laisse une ouverture qu'on appelle la gueule, de huit pouces de largeur, sur quinze à seize pouces de hauteur: la gueule se fait d'une seule piece de fonte, à cause du frottement du fer. A un des côtés dufour on fait une maçonnerie quarrée de six piés de hauteur, dont quatre piés sous l'aire du four, & deux piés au - dessus; le tout de deux piés dans oeuvre, à l'exception du dernier pie du dessus qui se termine en une ouverture quarrée d'un pié. Dans l'intérieur, à deux piés au - dessous de l'aire du four, on fait un grillage en fer pour soûtenir le bois qu on jette par le dessus; le dessous du grillage s'appelle le cendrier, & est ouvert par - devant. L'ouverture supérieure est garnie d'une plaque de fonte, pour en préserver les bords; elle se bouche d'un morceau de fer battu, pour ne pas laisser évaporer la flamme: cette partie, jusqu'au grillage, s'appelle la toquerie; c'est où on jette le bois. La slamme communique au four par une ouverture, à compter de l'aire du four, de dix pouces de hauteur sur sept à huit de largeur. Il faut toujours entretenir dans la toquerie un feu vif & clair; c'est l'ouvrage d'un ouvrier, qui n'a pour se reposer que le tems qu'on met à passer chaque fournée, une heure environ dans trois. Le fer se fourre par la gueule, & se range dans le four en croix de saint André ou en grillage, asin que la chaleur le pénetre par - tout. On trouvera dans nos Planches deux parties de four. P est l'ouverture qui communique au four; R est le grillage: dans l'autre, F est la toquerie; E est le cendrier; BBCD, deux barres de fer en croix de saint André; A la voûte du four.

Nous avons dit qu'ordinairement le four avoit huit piés de profondeur: quand c'est pour passer des bandages qui demandent une grande longueur, on peut lui donner jusqu'à quatorze ou quinze piés. Pour l'ordinaire, on casse le fer de six à sept piés de longueur

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