ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"156"> y entrer: une poche peut porter quarante à cinquante livres de métal. Le bouchage ne se perce que les fêtes & dimanches, jours de repos pour les sableurs: on coule alors des gueuses qui se portent à la forge avec les coulées, les bavûres, les piecesmanquées.

On fait des marmites de toute sorte d'échantillon, de deux livres communément jusqu'à trente, des chaudieres jusqu'à cinquante: on fait même, dans le besoin, de plus grosses pieces. Le poids est ordinairement marqué sur la piece, & leur nom vient de - là; on dit, des marmites de quatre, de dix, &c. Les modeles se font d'etain, pour être coulés en cuivre ou fonte: l'étain, à cause de son peu de fermeté, ne convient que pour tirer d'autres modeles.

Les tuyaux ordinaires pour les eaux, se moulent en deux parties de chassis rapprochées, dans lesquelles on a renferme le noyau de terre monté sur la broche.

Les boulets se moulent dans deux coquilles; les coquilles se font de fonte: chaque coquille est creuse de l'étendue de la moitié du boulet; en les rapprochant, elles forment le boulet entier. On place les coquilles entre deux madriers: on les serre à force de coins, la coulée en en - haut, & on en coule tant qu'il y a de la fonte dans l'ouvrage.

Au sortir du chassis, on casse la coulée & les bavures des pieces montées; on en ôte le sable, en passant dessus les nappes 8, 9, qui sont des morceaux de fonte coulés avec des entai les pour enlever le sable, qu'on appelle le blanc, servant à saupoudrer: on acheve de les perfectionner avec des marteaux à chapeler, des rapes plus sines, du grais, &c. La grande attention pour les pieces considérables, est de ménager des soupiraux, pour que l'air puisse s'échapper quand on les coule; les ouvriers sont payés à la piece, tant par douzaine de chaque échantillen, quelquefois au poids.

Les droits du roi se payent comme par fonte en gueuse dans les pays de marque, ou à la sortie de la province.

On a vû en France une manufacture qui avoit poussé la solidité, la précision, & l'ornement jusqu'à couler des balcons, des rampes d'esealier, des lustres, des bras, des feux, &c. & au moyen du recuit, à mettre ces ouvrages en état d'être recherchés avec netteté, & polis au dernier brillant. Cette manufacture n'a pas eu toute la satisfaction qu'elle méritoit, parce qu'elle ôtoit tout - d'un - coup le crédit aux ouvrages de fer, de cuivre, de bronze, extrèmement coûteux: c'est ce qui m'a été raconté par un des interesses à cette manufacture, actuellement vivant, & qui m'a ajoûté que le prétexte qui en a imposé au public, a été le manque de solidité; pendant qu'à l'epreuve, deux balcons ont soûtenu la pesanteur de deux milliers à laquelle ils servoient de point d'appui, à douze piés l'un de l'autre; & pendant que nous voyons une enclume de forge essuyer pendant dix ans les coups d'un marieau de onze à douze cents pesant, au milieu de l'eau & du feu. Je conviens qu'il faut des fontes nerveuses: mais puisqu'il y en a des minieres dans le royaume, le public n'a - t - il pas perdu au discrédit d'une manufacture peu coûteuse? c'est ce qu'a bien senti M. de Réaumur, qui, dans son art d'adoucir le ser fondu, dit, parlant de cet ctablissement, qu'un particulier a eu en France quelque chose de fort approchant du véritable secret d'adoucir du fer fondu qui a été jetté en moule; qu'il entreprit d'en faire des établissemens à Cosne & au faubourg S. Marceau à Paris; qu'il rassembla une compagnie qui fit des avances considérables; qu'il fit exécuter quelques beaux modeles, qui furent ensuite jettés en fer; qu'il y eut divers ouvrages de fer fondu adouci; que cependant l'entreprise échoüa; & que l'entrepreneur disparut sans avoir laissé son secret.

M de Réaumur ajoûte qu'il a trouvé ce secret, & en fait part au public. Mouler le fer avec précision & ornement, étoit une partie connue; l'adoucir pour le rechercher & polir, est un bien recouvré par son travail.

Sans nous jetter dans tout le détail des fontes convenables à ces ouvrages, nous nous en tiendrons aux fontes vives & provenant d'une mine qui donne du nerf. Pour la fusion, si on n'a pas recours aux fourneaux ordinaires, on peut la faire, ainsi que le détaille M. de Réaumur, dans de plus petits fourneaux, même dans des poches, comme quelques coureurs en usent pour empoisonner certaines provinces de fontes à giboyer. Le grand secret est de faire recuire les pieces sans évaporation dans des creusets bien clos, avec une partie de poussiere, de charbon, & deux parties d'os calcinés.

Une pareille manutacture peut remplacer toutes les pieces qui demandent des sommes immenses pour être coulées en cuivre ou en bronze; des grilles, des balcons, des rampes ornées de fleurons & feuillages, des garnitures de portes cocheres, des feux pour les cheminées, des palastres de serrure avec ornemens, platines, targettes, verroux, fiches, gardes d'épées, boucles de souliers, de ceintures, des étuis, des cles de montre, des crochets: l'Eperonnerie, l'Arquebuserie trouveront aussi dans cette manufacture des avantages considérables; elle sera même utile au roi pour les canons. Ces avantages infinis sont tirés de l'art d'adoucir le fer, de M. de Réaumur, où on peut les voir exposés d'une maniere plus brillante.

Art. X. Des forges. L'attelier pour convertir les fontes en gueuse, en fer, se nomme forge, dont les parties sont les cheminées & équipage du marteau; le tout renfermé dans un bâtiment spacieux, proche la halle à charbon, le logement des ouvriers, l'empalement du travail, & sur le bord des coursiers.

Les cheminées sont appellées chaufferies, affineries, ou renardieres, suivant l'espece de travail, construites de differentes formes, quarrées, rondes, plus ou moins spacieuses & hautes, sans que dans ces differentes dimensions on ait consulté que la fantaisie.

Les cheminées en genéral doivent être solidement sondées sur le bord d'un coursier qui donnera le mouvement à la roue qui fera marcher les soufflets; elles seront toûjours bien quand elles auront six piés quarrés dans oeuvre sur le sol, finissant en pyramide, dont le dans - oeuvre de l'ouverture du dessus, aura vingt pouces en quarré; la mâçonnerie de vingt pouces d'épaisseur, si c'est en pierre; & de quinze, si c'est en brique, à compter du dessus des piliers; ces piliers s'établissent sur le sol, pour laisser un espace vuide convenable au travail: l'espace du devant sera de toute la longueur du dans - oeuvre, du côté des soufflets; deux pies & demi en quarré, pour loger commodément la thuyére, à compter depuis la mâçonnerie qui doit porter les beuses ou bures des soufflets, sous laquelle on a logé un tuyau de fer pour rafraîchir le dessous du fond de l'ouvrage: du côté du courant l'ouverture sera de quinze ou dix - huit pouces en quarré, pour que les gueuses puissent entrer & être mûes librement, & du côté opposé à la thuyere, d'une hauteur & largeur convenable pour entrer aisément dans la cheminee. Cette partie, ainsi que celle sur l'eau, seront terminées par des ceintres en pierre ou brique, ou des marastres, que nous avons dit être des plaques de fonte. Le devant & le côté de la thuyere seront nécessairement renforcés chacun de deux marastres, à deux piés environ de distance l'une de l'autre: le devant sera à encore garni d'une troisieme marastre, qui sera à quinze ou dix huit pouces d'élévation du côté du pilier de la thuyere, & trois [p. 157] piés à l'autre bout. La raison de cette position est de retenir la flamme & d'en garantir les ouvriers, en laissant à l'autre bout vers le basche, un vuide nécesiaire pour le service du seu.

Les piliers du devant doivent être d'un bon quartier de tailles, mieux encore de plaques de fonte coulees d'echantillon, mâçonnées les unes sur les autres jusque sous les premieres marastres. La hauteur du comble du toit doit regler celle des cheminées, qui doivent être de cinq ou six piés plus élevées, à cause des étincelles qu'elles jettent perpetuellement: cette construction convient à tout travail.

L'interieur des cheminées sur le sol doit contenir l'ouvrage & le basche. Le basche est un auge de bois d'un pié de vuide, sur six pies de longueur, garni en - dedans & sur les côtés de fer, à cause du frottement des outils, placé à rez - de - chaussée en - dedans de la cheminec, du côté opposé à la thuyere, abreuvé d'un petit courant d'eau venant du réservoir, ou jettée par des sabots attachés à la roue, sur une chanlatte qui y aboutit. Le basche est nécessaire pour le raffraîchillement des outils, & pour arroser le feu.

L'ouvrage est un creuset auquel la thuyere communique, construit de plaques de fonte dans lesquelles se fait le travail du fer.

Il y a quatre plaques pour faire les côtés du creuset; la varme sous la thuyere; du côté opposé le contre vent; l'aire au dessus; le chio sur le devant, percé d'une ouverture à la hauteur de la thuyere, pour servir d'issue aux scories, & d'une à - fleur du fond, dont on se sert dans la macération des fontes: le bas de ce quarré est garni d'une plaque qu'on appelle fond, parce qu'il en fait l'office. Depuis le chio, le devant est couvert d'une grande plaque de fonte portée sur deux autres, afin de laisser vuide l'espace du chio, pour recevoir les crasses qui en découlent. La grande plaque est percée du cote du basche pour recevoir la racine d'un morceau de fer fendu par le dessus en forme d'Y, pour ôter des ringards & fourgons le fer qui s'y attache dans le travail. Dans les chaufferies & renardieres, on met encore une plaque sur le cortrevent pour retenir les charbons; on la nomme centrèvent du dessus. Toutes ces plaques, à la varme pres, ont pris leur nom de leur service, le contre vent, le fond, l'aire, à cause qu'elle sert d'appui à la gueuse dans le foyer; le chio, à cause de l'ouverture excretoire, &c.

Faire un ouvrage n'est autre chose que donner un certain arrangement à ces taques, relativement à la thuyere & à l'espece de fonte & de travail; d'où affineries de deux etpeces, chaufferie, renardiere.

L'affinerie est un creuset qui ne sert qu'à dissoudre une portion de la gueuse, la travailier pour la porter au gros marteau: au sortir de l'assinerie, c'est une loupe; du gros marteau, c'est une piece.

La chausserie est un creuset destiné à recevoir les pieces, pour les chauffer à - mesure qu'on aclieve de les battre.

La renardiere fait l'office des deux, fond la gueuse, & pousle les pieces à leur perfection. Le creuset d'une affinerie de la premiere espece, est moins large, n'a point de contre - vent du dessus, & est moitié plus profond, à compter depuis la thuyere, que celui des chaufferies & renatdieres: dans ces dernieres, le travail de la fonte, comme dans les affineries de la seconde espece, se fait sur le fond; dans les affineries de la premiere espece, sur la sorne. Quand on aura vû ces deux manieres détaillées, on laissera à décider à ceux que les préjugés n'empêchent pas de voir le vrai, lequel est le plus avant geux.

En général, pour une renardiere & une affinerie de la seconde espece, il faut un creuset de quinze pouces de largeur, trente de longueur, cinq seus la thuyere pour l'affinerie, cinq, six, & six & demi pour la renardiere, suivant la qualité des fontes; le fond baissant un peu du côté du contre - vent; le trou du chio à la hauteur de la thuyere; la thuyere bien au milieu sur la varme; son museau avançant dans le creuset de trois pouces; l'aire, le contre - vent, & le chio élevés de onze pouces sur le fond pour les redieres, & de sept pouces pour les affineries de la seconde espece; les soufflets se croisant bien dans le milieu, distribuant le vent également: voilà ce qui peut convenir à la plus grande partie des fontes; sauf à un maître & ouvrier intelligent à augmenter ou diminuer, suivant que certaines fontes peuvent le demander; ayant pour principe que la gueuse est au - dessus du vent, & le travail au - dessous.

Pour donner certainement à un ouvrage les dimension, & relations ci - dessus; du milieu de l'intervalle des soufflets tirez un cordeau passant par l'ouvertare supposéee de la thuyere, qui fasse une ligne parallele avec le milieu du fond: du milieu des caisses des soufflets poses à égale distance de cette ligne, tirez - en deux secondes: le point où elles se couperont à angles égaux sera le milieu de l'ouvrage; l'égalité des angles cettifie celle des soufflets. Le total ayant quinze pouces de largeur, à sept pouces & demi du point du milieu du côté de la thuyere, posez la varme perpendiculairement, quarrément, & précisément sous la premieré ligne: vous continuerez à poser l'aire & le contre - vent qui excederont la hauteur de la varme de six pouces & demi; vous poserez deux morceaux de fontes, pour servir de chantier au fond, qui sera placé à quatre pouces & demi plus bas que le dessus de la varme. Le vuide de dessous le fond répond au tuyau qui doit le rafraichir: vous tiendrez le fond un peu en penchant sur le devant & le contre - vent, pou - attirer les laictiers dans cette partie; puis vous placerez le chio & la grande taque: posez ensuite la thuyere, dont vous réglerez la direction sur la position de la varme dont elle doit occuper le milieu, & entrer de trois pouces dans l'ouvrage. Rangez les barres des soufflets selon les lignes répondantes au milieu; affermissez - les, & faites mâçonner les côtés & le dessus de la thuyere jusqu'aux marastres; c'est l'ouvrage des goujats; de la pierre & de l'arbue détrempées, font la solidite & la liaison: cela s'appelle faire le murcau, qui se renouvelle toutes les fois qu'il est nécessaire de toucher à la thuyere.

Si c'est une chaufferie destinée à chauffer sans fondre la gueuse, la quantité de fers qu'on y met à - la-fois demandant plus d'espace, il faut tenir le creuset plus large & les barres des soufflets plus éloignees l'une de l'autre, pour éloigner le centre.

Si c'est une affinerie, le foyer doit être plus proche; le fond consequemment moins large, & à neus pouces sous la thuyere, quelquefois à dix & onze, suivant l'idée de certains ouvriers, qui n'ont d'autres raisons pour se faire valoir, que la singularite.

Les thuyeres sont de cuivre battu tout d'une piece; le museau bien épais, pour résister au feu; poli, pour que rien ne s'y accroche; quinze lignes d'ouverture sur douze, pour la partie qui communique le vent; s'elargissant sur la longueur de quinze à dix huit pouces en une ouverture de vingt pouces sur dix à douze; cet évasement est nécessaire pour placer commodément les barres des soufflets, qui doivent être de façon que le vent se croise au milieu de l'ouvrage; ce qui le distribue également par - tout. Le vent doit passer sous la gueuse & sur le travail qui se fait dans le creuset.

Il faut que les cheminées soient fournies d'ouvriers & d'outils: pour une renardiere ou autre qui va sans relâche, il faut six ouvriers, le marteleur, trois chauffeurs, deux goujats; à l'affinerie, le maître affineur

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