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FORTIFICATION (Page 7:191)
FORTIFICATION, (
Les ouvrages qu'on construit pour cet effet sont appellés fortifications; tels sont nos bastions, demi-lanes, o>rages - à - corne, &c.
Les fortifications sont de differentes especes, c'est - à - dire qu'elles sont relatives à l'objet auquel on les destine, & aux machines avec lesquelles on peut les attaquer.
Ainsi si l'on n'attaquoit les places qu'avec le fusil, de simples murailles seroient une fortification suffisante pour y résister. Si l'ennemi n'avoit aucun expédient pour parvenir au haut de ces murailles, il seroit inutile de leur donner d'autre élévation que celle qui seroit necessaire pour n'être pas franchie aisément.
On voit par - là qu'un lieu n'est fortifié que par rapport aux differentes attaques qu'il peut avoir à soutenir. Un château, par exemple, est fortifie lorsqu'il est entoure de fossés & de murailles qui le mettent en etat de resister à un parti qui n'a point de canon: mais ce même château devient sans détense contre une armée qui a un équipage d'artillerie, parce qu'elle peut le détruire sans que ceux qui sont dedans puissent en empécher.
Les premieres fortifications furent d'abord très simples;
elles ne consistoient que dans une enceinte
de pieux ou de palissades. On les forma ensuite de
murs, avec un fosse devant, qui empêchoit d'en opprocher.
On ajoûta depuisa ces murs des tours rondes
& quarrées, placées à une distance convenable
les unes des autres, pour detendre toutes les parties
de l'enceinte des places. Car comme le dit Vegece,
Pour defendre encore plus sûrement le pie du mur
de l'enceinte & celui des tours, les anciens faisoient
le haut de la muraille en massocoulie ou machicoulis.
Voyez
Les anciens ne terrassoient pas toûjours leurs murailles; & M. de Folard prétend qu'ils en usoient ainsi pour se mettre à l'abri de l'escalade. Car l'ennemi etant parvenu au haut de la muraille, n'etoit pas pour cela dans la place; il lui falloit des echelles pour y descendre, & pendant cette longue operation, ceux qui ctoient dans la ville pouvoient s'assembler pour les repousser. Cependant Vitruve remarque qu'il n'y a rien qui rende les remparts plus fermes, que quand les murs sont soutenus par de la terre; & du tems de Vegece on les terrassoit. On pratiquoit vers le haut une espece de petit terreplein de 3 ou 4 piés de largeur, duquel on tiroit sur l'ennemi pai les crenaux du parapet. Les tours dominoient sur ce terre - plein, & par - là elles avoient l'avantage de découvrir une plns grande étendue de la campagne, & de pouvoir defendre les courtines ou les parties de l'enceinte qui étoient entr'elle.
Pour defendre encore plus facilement ces parties, on observoit en bitissant les places, de couper le terre - plein en - dedans vis - à - vis les tours. On substituoit à cette coupure une espece de petit pont de bois qu'on pouvoit ôter très - facilement dans le besoin.
[p. 192]
Telle étoit la fortification ordinaire de l'enceinte
des places chez les anciens. Cette enceinte étoit environnée
du côté de la campagne, d'un fossé large
& profond, qui retardoit l'approche des machines
dont on se servoit alors pour battre les places, &
qui rendoit l'accès du rempart plus difficile & moins
propre à l'escalade. Voyez
Cette fortification a subsisté sans changement considérable,
jusqu'à l'usage du canon dans les siéges.
Il fallut abandonner alors les machicoulis, qui en
étoient d'abord ruinés, & augmenter l'épaisseur du
parapet. Comme on diminuoit par - là la capacité des
tours, on songea à les aggrandir; mais leur partie
extérieure n'étant plus défendue des machicoulis,
donnoit au pié un lieu sûr à l'ennemi, pour travailler
à ruiner la tour, & à la faire sauter par la mine.
Voyez
Il n'est pas aisé de fixer l'époque précise de l'invention des bastions, mais l'usage paroît s'en être établi à - peu - près vers l'an 1500. Quelques auteurs en attribuent l'honneur à Zisca, chef des Hussites en Bohème, & ils prétendent qu'il s'en servit à la fortification de Tabor. M. le chevalier de Folard croit que le premier qui s'en servit, fut Achmet Bassa, qui ayant pris Otrante en 1480, fit fortifier cette ville avec les bastions qu'on y voit encore aujourd'hui. Mais M. le marquis Maffei, dans sa Verona illustrata, en donne la gloire à un ingénieur de Verone, nommé San - Micheli, qui fortifia cette ville avec des bastions triangulaires, à la place des tours rondes & quarrées qui etoient alors en usage. Comme cet ingénieur n'est connu par aucun ouvrage de sa façon, M. Maffei allegue deux raisons qui le portent à lui attribuer l'invention de nos bastions. La premiere, c'est l'autorité de George Vasari, qui dans ses vitoe excellentium architectorum, imprimées en italien à Florence en 1597, dit en termes formels qu'avant San - Micheli, on faisoit les bastions ronds, & que ce fut lui qui les construisit triangulaires. L'autre raison est tirée des bastions qu'on voit à Verone, & qu'on croit les plus anciens. On voit sur ces bastions des inscriptions qui portent 1523, 1529, & les années suivantes. Les murs en sont très - solidement bâtis. Ils ont 24 piés d'épaisseur, & ils sont encore en bon état, quoiqu'ils ayent plus de 200 ans de construction. M. le Marquis Maffei prétend que les premiers livres qui ont parlé des bastions, n'ont paru que depuis l'an 1500 en Italie, & depuis 1600 dans les autres pays de l'Europe, ce qui n'est pas entierement exact; car Daniel Specle, ingénieur de la ville de Strasbourg, qui m>ut en 1589, publia avant sa mort un livre de fortification qu'on estime encore aujourd'hui, dans lequel il se regarde comme le premier allemand qui ait écrit des bastions triangulaires. Le premier qui ait écrit en France sur cette fortification, est Errard de Bar - le - Duc, ingénieur du
Cette fortification est toûjours composée d'un rempart avec son parapet, d'un sossé, & d'un chemmcouvert. Voyez ces mots aux articles qui leur conviennent.
Les maximes ou préceptes qui servent de base à la fortification, peuvent se réduire aux quatre suivans.
1°. Qu'il n'y ait aucune partie de l'enceinte d'une place, qui ne soit vûe & defendue de quelqu'autre partie.
2°. Que les parties de l'enceinte qui sont défendues
par d'autres parties de la même enceinte, n'en
soient éloignées que de la portée du fusil, c'est - à - dire
d'environ 120 toises. Voyez
3°. Que les parapets soient à l'epreuve du canon.
Voyez
4°. Que le rempart commande dans la campagne
tout - autour de la place, à la portée du canon. Voyez
Outre ces quatre principes généraux, il y en a d'autres qui en sont comme les accessoires, & auxquels on doit avoir égard autant qu'il est possible. Tels sont ceux ci.
1. Que la défense soit la plus directe qu'il est possible; c'est - à - dire que les flancs soient disposés de maniere que les soldats placés dessus puissent défendre les faces des bastions sans se mettre obliquement; parce que l'expérience a fait remarquer que dans l'attaque, le soldat tire vis - à - vis de lui, sans prendre la peine de chercher à découvrir l'ennemi. Suivant cette maxime, l'angle du flanc doit être un peu obtus. On peut le regler a 98 ou 100 degrés.
2. Que les parties qui défendent les centres, comme par exemple les flancs, ne soient pas trop exposées aux coups de l'ennemi.
3. Que la place soit également forte par - tout; car il est évident que si elle a un endroit foible, ce sera cel li que l'ennemi attaquera; & qu'ainsi les autres patties plus exactement fortifiées, ne procureront aucun avantage pour la défense de la ville.
4. Que les bastions soient grands & capables dé contenir un nombre suffisant de soldats, pour soûtenir long - tems les efforts de l'ennemi.
Errard prétendoit qu'un bastion étoit assez grand
lorsqu'il pouvoit contenir deux cents hommes: mais
ce nombre se trouveroit trop foible aujourd'hui pour
soûtenir un assaur; il faut au moins cinq ou six cents
hommes. Au reste la fixation exacte de la grandeur
de toutes les parties du bastion, n'est ni fort aisée ni
fort importante; parce que quelques toises de plus
ou de moins ne peuvent produire aucun effet sensible
sur la force ou la bonté du bastion. Voyez
La fortification se divise ordinairement en réguliere & irréguliere, & en fortification dural le & passagere.
La fortification réguliere est celle dans laquelle tous
les bastions sont égaux, & qui appartient à une figure
ou un polygone régulier. Voyez
La fortification irréguliere est celle dans laquelle les partues semblables de chaque côté de l'enceinte ne > pas toutes égales entr'elles: ainsi dans cette fortification on les flanes des bastions ne sont pas tous égaux, [p. 193]
Comme dans la fortification réguliere on n'est gêné par aucune circonstance ni du terrein ni de l'enceinte, on dispose l'arrangement de toutes les parties de la fortification de la maniere la plus avantageuse pour la défense: c'est pourquoi les regles qu'on suit alors, servent de principes pour la fortification irréguliere qui se trouve d'autant plus parfaite, que ces regles y sont plus exactement observées.
La fortification réguliere est préférable à l'irréguliere; parce que tous ses côtés opposent la même résistance, & qu'elle n'a point de parties foibles dont l'ennemi puisse profiter. La fortification irréguliere n'a pas le même avantage; la nature du terrein de la place, la bisarrerie de son enceinte jointe à l'inégalité de ses côtés & de ses angles, rendent souvent cette fortification très - difficile. On fait ensorte de rendre tous les côtés ou les fronts également forts; mais malgré l'habileté des Ingénieurs, on ne peut presque jamais y parvenir. Les places les mieux fortifiées en Europe en fournissent plusieurs exemples.
La fortification durable est celle qu'on employe aux vilies & aux lieux qu'on veut mettre en état de résister en tout tems aux entreprises de l'ennemi; c'est celle de nos places de guerre, & de tous les autres lieux qu'on dit être fortifiés.
La fortification passagere, qu'on appelle aussi fortification de campagne, est celle qu'on employe dans les camps & les armées, & dont les travaux se font & ne subsistent que pendant la guerre: telle est celle qu'on fait pour assûrer la tête des ponts à la guerre, pour couvrir des quartiers, retrancher & fortifier un camp, assûrer des communications, &c.
Dans cette fortification l'on n'a nul égard à la solidité
& à la durée.
On divise encore la Fortification en naturelle, artificielle, ancienne, moderne, offensive, & défensive.
La fortification naturelle est celle dans laquelle la situation propre du lieu en empêche l'accès à l'ennemi: telle seroit une place sur le sommet d'une montagne, dont les avenues ou les chemins pourroient être fermés facilement: telle seroit encore une place entourée de marais inaccessibles, &c. Ces obstacles & ceux de pareille espece que le terrein fournit, sont des fortifications naturelles.
La fortification artificielle est celle dans laquelle on employe le secours de l'art pour mettre les places & les autres lieux qu'on veut conserver à l'abri des surprises de l'ennemi. C'est proprement notre fortification ordinaire, dans laquelle on tâche par différens travaux d'opposer à l'ennemi les mêmes obstacles & les mêmes difficultés qu'on éprouve dans la fortification naturelle.
La fortification ancienne est celle des premiers tems, laquelle s'est conservée jusqu'à l'invention de la poudre à canon; elle consistoit en une simple enceinte de muraille flanquée de distance en distance par des
La fortification moderne est celle qui s'est établie depuis la suppression de l'ancienne, & dans laquelle on employe les bastions au lieu de tours.
Lorsqu'un château, une ville, ou quelque autre lieu est fortifié avec des tours, on dit qu'il est fortifié à l'antique; & lorsqu'il l'est avec des bastions, on dit qu'il est fortifié à la moderne.
La fortification offensive a pour objet toutes les précautions nécessaires pour attaquer l'ennemi avec avantage; elle consiste principalement dans les différens travaux de la guerre des siéges.
La fortification défensive est celle qu'on employe pour résister plus avantageusement aux attaques & aux entreprises de l'ennemi. On peut dire qu'en général toutes les fortifications sont défensives, car leur objet est toûjours de mettre un petit nombre en état de résister & de se défendre contre un plus grand.
Un général qui a en tête une armée ennemie beaucoup plus nombreuse que la sienne, cherche à suppléer au nombre qui lui manque par la bonté des postes qu'il lui fait occuper, ou par les différens retranchemens dont il sait se couvrir. On ne fortifie les places, qu'afin qu'une garnison de cinq, six, huit ou dix mille hommes, puisse résister pendant quelque tems à une armée, quelque nombreuse qu'elle puisse être. S'il falloit pour défendre les places des garnisons beaucoup plus fortes, capables de se soûtenir en campagne devant l'ennemi, la fortification deviendroit non - seulement inutile, mais onéreuse à l'état par les grands frais qu'exigent sa construction & son entretien.
Il est dangereux par ces deux considérations, de
multiplier le nombre des places fortes sans grande
nécessité, & sur - tout, dit un auteur célebre,
Depuis l'établissement de la fortification moderne, les Ingénieurs ont proposé différentes manieres de fortifier, ou, ce qui est la même chose, différens systèmes de fortification. Bien des gens en imaginent encore tous les jours de nouveaux; mais comme il est fort difficile d'en proposer de plus avantageux moins dispendieux que ceux qui sont en usage, la plûpart de ces idées nouvelles restent dans les livres, & personne ne se met en devoir de les faire exécuter.
Ce qu'on peut desirer dans un nouveau système de fortification, peut se réduire à quatre points principaux.
1°. A donner à l'enceinte des places une disposition plus favorable, pour que toutes les parties en soient moins exposées au feu de l'ennemi, & particulierement au ricochet.
2°. Que le nouveau système puisse s'appliquer également aux places régulieres & irrégulieres, & se tracer aisément sur le papier & sur le terrein.
3°. Qu'il n'exige point de dépense trop considérable pour la construction & l'entretien de la fortification.
Et 4°. que cette fortification n'ait pas besoin d'une
garnison trop nombreuse pour être défendue. V.
Il est sans doute très - difficile de changer la forme
de notre fortification actuelle en une autre plus avantageuse;
mais l'impétuosité & la violence de nos siéges,
demandent que l'on fasse les plus grands efforts
pour mettre un peu plus d'équilibre entre l'attaque
& la défense des places. Voyez
Les principales méthodes de l'art de fortifier dont on fait le plus de cas en Europe, sont celles du comte de Pagan, du baron de Coehorn, de Scheiter, & fur - tout du maréchal de Vauban. C'est de ces différentes methodes qu'il importe d'être instruit, parce qu'elles ont été exécutées dans plusieurs places, particulierement celle de M. de Vauban, qui a fait travailler à 300 places anciennes, & qui en a sait 33 neuves.
Les autres systèmes ne peuvent guere servir qu'à l'histoire du progrès de la fortification. On donnera néanmoins ceux des ingénieurs les plus célebres dans cet article, afin de mettre sous les yeux ce qu'il y a de plus intéressant sur ce sujet, dans les meilleurs auteurs qui ont écrit sur la Fortification.
On commencera par le système d'Errard de Bar - leduc, ingénieur du roi Henri IV. dont nous avons déjà parle. On prétend que la citadelle d'Amiens est fortifiee à sa maniere, & qu'il a construit aussi plusieurs ouvrages au château de Sedan.
Systeme d'Enard. Cet auteur ayant remarqué quelle étoit l'importance du flanc des bastions dans les sieges, pour défendre le pié des breches & le passage du fossé, s'appliqua à chercher une construction qui le cachât à l'ennemi; il la trouva, en imaginant de faire le flanc perpendiculaire à la face du bastion: de cette maniere il rentre en - dedans le bastion, & il se dérobe à l'ennemi. Mais il a aussi l'inconvénient de ne pouvoir rien découvrir, & par consequent de ne contribuer, pour ainsi dire, en rien à la défense de la place. Ce defaut, qui a été remarqué de tous les ingénieurs qui sont venus ensuite, a fait abandonner la construction d'Errard. Cette constiuction n'est pas fort utile à connoître aujourd'hui: cependant on la joint ici en faveur de ceux qui sont bien - aises de voir d'une maniere sensible les différens degrés par lesquels la fortification est parvenue dans l'état où elle est actuellement.
Construction d'Errard de Bar - le - due. Soit AB le
côté d'un exagone (
Comme il n'y a aucune ligne dont la quantité soit déterminée par cette construction, on peut supposer la ligne de defense BD de 120 toises: ainsi faisant une échelle de cette quantité de toises avec cette ligne,
Errard ne prend point la ligne de défense pour l'échelle de sa construction, mais le flanc de chacun de ses polygones. Dans l'exagone il suppose son flanc de 16 toises, de 19 dans l'eptagone, & de 21 dans l'octogone. Il est plus commode de supposer tout - d'un - coup la ligne de défense de 120 toises, pour éviter ces différentes suppositions.
Pour décrire le fossé dans ce système, on prend la
grandeur du flanc CF; puis du point B & de l'inter
valle CF, on menera également une parallele à la
face du bastion BF; on menera également une parallele
à la face AE, & l'on aura le fosse tiace;
après lequel on construira le chemin - couvert & le
glacis. Voyez
Errard enseigne aussi à construire des orillons sur les flancs; il leur en faisoit occuper les deux tier, ce qui achevoit d'anéantir, pour ainsi dire, > son flanc déjà trop petit & trop rentrant dans le bastion, pour s'opposer efficacement au passage du fossé.
Systeme de Marolois, appellé communément le système
des Hollandois. Marolois a été fort célebre chez
les Hollandois. Sa méthode a été regardée comme
celle qu'ils avoient adoptée particulierement. On
trouve dans cette méthode les flancs d'Errard corrigés.
L'auteur, pour leur faire découvrir plus facilement
le fossé, les fait perpendiculaires à la courtine.
Il a pour principe de conserver du feu de courtine,
c'est - à - dire de faire ses lignes de defense fichantes,
& de former autour du rempart de la place & sur le
bord intérieur du fossé, une basse enceinte appellce
fausse braie. Voyez
Pour fortifier un exagone à sa maniere, on commencera
par tirer une ligne indéfinie AB (Plan. II.
de la Fortification,
La ligne magistrale de cet auteur étant ainsi tracée, on lui menera en - dedans & à la distance de 20 piés, une parallele pour terminer la largeur du parapet. On menera aussi une parallele à la même du tance, mais en - dehors du polygone; elle donnera la largeur du terre - plein de la fausse braie. Et enfin une autre parallele à cette ligne & en - dehors à la même [p. 195]
Cette maniere de fortifier de Marolois donne un moyen facile de travailler sur le terrein, où l'on ne peut guere décrire exactement un polygone régulier par le moyen d'un cercle. On trace le polygone, le premier trait des courtines & des bastions, en faisant premierement sur terre l'angle du polygone égal à celui qui est décrit sur le papier, & achevant le reste comme il vient d'être enseigné.
Il faut observer que Marolois donne 60 degrés à l'angle flanqué de son quarré, 72 au pentagone, 80 à l'exagone, 85 à l'eptagone, & 90 à l'octogone & aux autres polygones.
Il y a d'autres manieres de fortifier à la hollandoise,
comme celle d'Adam Fritach polonois, qui
a donné un traité sur la Fortification, traduit en
françois en 1640; de Dogen, &c. mais comme
les principes de ces auteurs ne different pas beaucoup
de ceux de Marolois; qu'ils font comme lui le
flanc perpendiculaire à la courtine; qu'ils construisent
des fausies braies à leurs places, & que leurs
lignes de défense sont fichantes, il paroît assez inutile
de s'arrêter à donner leurs constructions, qui
sont absolument hors d'usage: car, comme le dit
Ozanam dans son traité de Fortification, elles n'en
valent pas la peine.
Du système de Stevin de Bruges. On pourtoit encore dans la classe des ingénieurs hollandois, mettre le savant Stevin, dont on a un système qui n'est pas plus d'usage aujourd'hui que les précédens. Cet auteur étoit fort estimé de Maurice prince d'Orange. Les états de Hollande lui avoient donné la charge de castramétateur, ou la fonction de marquer & distribuer leurs camps. Il a donné aussi é cette occasion un traité de la Castramétation.
Il commence sa fortification par l'exagone, lui donnant
1000 piés de Delft pour côté (qui est sensiblement
égai au pié françois). Il donne à la demi - gorge
180 piés, grandeur plus petite que la 5
Cet auteur fait aussi des places basses & des places hautes à tous les flancs. Il employe les fausses braies à - peu - près comme Marolois & Fritach, & il éleve de plus un cavalier dans le centre de chacun de ses bastions. Ses lignes de défense sont rasantes.
Son flanc est couvert par un orillon, ou plûtôt un épaulement formé par le prolongement de la face du bastion; mais si cet épaulement couvre son flanc, il le rend aussi si petit, qu'il n'a presque plus aucune défense.
Ceux qui voudront connoître le détail de cette construction, pourront consulter le livre de l'auteur, ou le second volume des travaux de Mars, par Allain Manesson Mallet, où elle est rapportée dans les propres termes de Stevin.
Système ou construction du chevalier Antoine de Ville. Cetauteur étoit ingénieur en France sous le roi Louis XIII. On a de lui un excellent traité de Fortification, dans lequel il fait voir beaucoup de savoir & beaucoup d'intelligence dans cet art. Cet auteur a eu l'avantage de joindre la théorie à la pratique, & il dit lui - même qu'il n'a rien écrit que lui ou son frere n'ait vû ou pratiqué. Sa méthode est appellée dans la plûpart des auteurs, la méthode françoise, comme celle de Marolois est appellée la hollandoise Il a pour maximes particulieres de faire toûjours l'angle flanqué droit, & le flanc égal à la demi - gorge.
Il fortifie extérieurement, c'est - à - dire en - dehors du polygone. Son slanc est perpendiculaire sur la courtine, & ses lignes de défense sont fichantes. Sa méthode ne peut commencer à se pratiquer qu'à l'exagone; parce que les autres polygones de moins de côtés ont leurs angles trop petits pour qu'elle puisse y convenir.
Pour donner le détail de la construction de cet auteur,
soit A B (Plan. II. de la Fortification,
On divisera ce côté en six parties égales. On prendra A C & B D pour les demi - gorges des bastions du front A B, de la sixieme partie de ce côté. Des points C & D, on élevera sur A B les perpendiculaires C L & D H, égales chacune à A C ou B D; elles seront les flancs des demi - bastions du front A B. On tirera ensuite les rayons obliques O A, O B, prolongés indéfiniment au - delà de A & de B. On abaissera du point L sur le prolongement de O A, la perpendiculaire LQ. On fera Q M égale à L Q, & l'on tirera la ligne ML, qui sera la face du demi - bastion M L C. On determinera de même la face H N de l'autre demi - bastion. Si l'on répete ensuite les mêmes opérations sur tous les côtés du polygone, on aura le principal trait, ou la ligne magistrale de la construction du chevalier de Ville.
Il est évident par la construction de cet auteur, que les angles flanques sont droits, de même que ceux du flanc.
Le chevalier de Ville prend le côté intérieur A B pour l'échelle de son plan; il lui donne cent vingt toises: ainsi les demi - gorges & les flancs qui sont la sixieme partie de ce côté, sont chacun de 20 toises. Le fossé de la place doit être mené parallelement aux faces des bastions, & à la distance de 20 toises.
Si l'on veut couvrir le flanc H D par un orillon, on le divisera en trois parties égales. On prendra G D d'une de ces parties, par le point G & le point M, angle flanqué du bastion opposé; on tirera la ligne G M, sur laquelle on prendra G K égale à G D. On prolongera la face N H, jusqu'à ce qu'elle rencontre la ligne M G dans un point R. De ce point pris [p. 196]
On élevera au point I sur I N & en - dedans le bastion, une perpendiculaire indéfinie; puis sur le milieu de I K, & toûjours vers le bastion, une seconde perpendiculaire, qui rencontrera la premiere dans un point qui sera le centre de l'orillon, c'est - à - dire que de ce point pris pour centre, on ouvrira le compas jusqu'en I ou en K, & qu'on décrira l'arc de l'orillon.
Si, au lieu d'arrondir l'orillon, on se contente de
le laisser terminé par la droite I K, il sera nommé
épaulement. Voyez
Outre l'orillon, le chevalier de Ville faisoit une place haute à son flanc, c'est - à - dire qu'il n'élevoit guere la partie G D qu'au niveau de la campagne, & que derriere cette partie il pratiquoit un second flanc E F, beaucoup plus élevé que le premier.
Pour avoir ce second flanc ou cette place haute,
il faut prolonger K G de sept toises en - dedans le
bastion, c'est - à - dire de G en F; du point F mener
F E parallele à G D, F E sera la place haute & G D
la basse, qu'on appelle aussi casemate. Voyez
Ce que l'on trouve à reprendre dans ce système, c'est principalement la défense oblique des flancs, comme dans celui de Marolois, lesquels étant perpendiculaires à la courtine, ne peuvent défendre directement les faces des bastions opposés. D'ailleurs les demi - gorges & les flancs sont trop petits. C'est ce que le comte de Pagan, qui est venu après le chevalier de Ville, a corrigé dans ses constructions.
Il n'est pas inutile d'observer que cet auteur n'est
pas favorable à ceux qui veulent se donner pour inventeurs
de plusieurs systèmes; & en effet cette invention
est fort facile, lorsqu'on la fait consister à
changer quelque chose dans la mesure ou la disposition
des parties de la fortification des autres auteurs.
Un homme qui n'a point vû la guerre doit
être extrèmement circonspect sur les corrections
qu'il propose. Il est fort aisé de trouver à redire à
ce que les autres ont fait, mais il ne l'est pas également de faire mieux.
Fortification à l'italienne ou de Sardi. Les Italiens ont un grand nombre d'auteurs qui ont très - bien écrit sur la fortification depuis l'invention des bas<cb->
Cet auteur commence la description de ses figures par l'exagone. Il donne 800 piés géométriques du Rhin à son côté; & comme ce pié a onze pouces sept lignes & demie, suivant plusieurs auteurs, ce côté a environ 136 toises. Il le divise en 16 parties égales; il prend trois de ces parties pour la demi-gorge, qui a ainsi 25 toises trois piés. Il éleve son flanc perpendiculaire à la courtine, & il le fait égal à la demi - gorge. Il divise sa courtine en huit parties égales, il en laisse une pour le feu de courtine ou le second flanc; ensuite par l'extrémité de cette partie & celle du flanc, il tire la face de son bastion indéfiniment. En faisant la même opération sur tous les côtés du polygone, la rencontre des faces donne l'angle flanqué du bastion de cet auteur, & l'on a ainsi la ligne magistrale ou le principal trait de sa fortification.
Sardi couvre aussi son flanc par un orillon ou un épaulement, c'est à - dire qu'il arrondit la partie du flanc proche l'épaule, ou qu'il la laisse en ligne droite. Il construit une place basse à son flanc, mais elle n'a de longueur que le tiers du flanc, les deux autres tiers sont pour l'orillon. Il fait des cavaliers à ses places, au milieu des courtines. Il leur donne la figure quarrée; les faces en sont paralleles au parapet du rempart, éloignées du même parapet à - peu - près de quatre toises trois piés. Il place sur ses cavaliers sept pieces d'artillerie, dont trois sont destinées à battre la campagne, & les quatre autres à tirer sur les bastions voisins pour en défendre les breches & détruire les logemens de l'ennemi. Il est évident par la construction qu'on vient d'expliquer, que Sardi fortifie à lignes de défense fichantes, que les flancs & les demi - gorges sont d'une grandeur raisonnable, & que sa fortification est plus parfaite que celles de tous les auteurs, dont on a donné ci - devant les constructions.
On remarquera à l'occasion du système de Sardi, qu'Ozanam dans sa fortification donne 800 pas géométriques, au lieu de 800 piés, au côté de cet auteur, ce qui est évidemment une faute d'impression; car autrement, comme le pas géométrique vaut cinq piés communs, le côté du polygone de Sardi seroit de 4000 piés, c'est - à - dire de 666 toises: ce qui est une longueur exorbitante, & qui ne peut étre admise. D'ailleurs Sardi dans sa construction, fixe lui - même 800 piés géométriques pour son côté, & non 800 pas. Cependant M. l'abbé Deidier, dans son parfait ingénieur françois, où il rapporte le système de Sardi d'après Ozanam, bien loin de croire qu'il y a une faute dans cet auteur, cherche à rectifier Sardi, & il pense qu'il faut donner 160 toises à son côté intérieur: mais rectifier ainsi les auteurs, n'est pas donner leurs systèmes. Si M. l'abbé Deidier avoit consulté Sardi ou les travaux de [p. 197]
Fortification à l'espagnole. On donne ici cette méthode à l'espagnole, telle que la rapporte Ozanam dans son traité de fortification.
Les Espagnols qui estiment que les angles slanqués obtus sont bons, négligent un second slanc sur la courtine, faisant leurs fortifications toûjours à défense rasante; c'est - à - dire n'ayant jamais aucune ligne de défense fichante, sans se mettre en peine si l'angse du bastion est aigu, droit, ou obtus. Leur maniere de fortifier, à l'exception de l'angle flanqué droit & du second flanc, est la même que celle du chevalier de Ville; laquelle, à cause de cela a été appellée trait composé, parce qu'elle est composée de l'italienne & de l'espagnole. Il s'agit done, pour fortifier un polygone régulier selon cette méthode, de diviser le côté en six parties égales; de faire les demi - gorges d'une de ces parties; d'élever les flancs perpendiculairement sur les courtines, & de les faire égaux aux demi - gorges; enfin de l'angle du flanc & de l'extrémité des flancs, tirer les faces, qui en se rencontrant donneront l'angle flanqué des bastions.
Après avoir exposé jusqu'ici les principales constructions des anciens ingénieurs les plus célebres, il faut avant de passer aux modernes, dire un mot de l'ordre renforcé, d'autant plus que plusieurs personnes s'imaginent que M. le maréchal de Vauban a suivi cette construction au neuf Brisack; il est important de la leur faire connoître, pour qu'ils puissent la comparer avec celle de ce célebre ingénieur, laquelle on donnera à la suite de cet article du mot fortification.
Fortification selon l'ordre renforcé. Cette methode de l'ordre renforcé est attribuée à différens auteurs italiens, & particulierement au capitaine de Marchi, dont on a déjà parlé; mais on la trouve particulierement expliquée dans le livre de fortification du pere Bourdin jésuite, ouvrage imprimé en 1655. Ce pere donne cette méthode pour corriger l'irrégularité des polygones qui ont leurs côtés trop longs pou: être fortifiés selon la construction ordinaire; & c'est d'après lui que Mallet, Ozanam, &c. donnent l'ordre renforcé.
Soit (
Comme le capitaine de Marchi, dont on a déjà parlé plusieurs fois, a donné différens desseins qui approchent de l'ordre renforcé, Manesson Mallet croit que les auteurs de cet ordre en ont pris les premieres pensées dans le livre de ce capitaine; & il représente à cet effet un plan de cet italien qui approche beaucoup de l'ordre renforcé. Voyez la seconde edition des travaux de Mars, par Allain Manesson Mallet, page 230 du II. Volume.
Fortification suivant la méthode ou le système du comte de Pagan. Le comte de Pagan est un auteur également respectable par sa science, son expérience, & par la noblesse de sa maison. Le grand nombre de siéges où il avoit assisté du tems du roi Louis XIII. lui avoit donné lieu de remarquer la foiblesse des fortifications des anciens ingénieurs, & le peu de défense dont elles étoient susceptibles. Il s'appliqua à trouver le moyen de remédier à ce défaut, & surtout à la défense oblique des flancs perpendiculaires sur la courtine. C'est de tous les auteurs qui l'ont précédé, dit M. Hebert dans une espece de commentaire qu'il a donné de la fortification du comte de Pagan, celui qui a su le mieux réserver dans ses flancs du canon à couvert des batteries de l'ennemi, pour servir utilement à battre de revers dans la breche du bastion oppesé. Enfin il est le premier qui ait su loger assez de canon pour faire une résistance considérable & pour défendre long - tems le passage du fossé. On peut dire, sans rien diminuer de l'estime qu'on a pour les illustres ingénieurs qui l'ont suivi, qu'ils n'ont presque fait que perfectionner sa construction, & corriger ce qu'il pouvoit y avoir de défectueux dans une premiere pensée, qu'il n'eut jamais le tems ni l'occasion de rectifier.
Le comte de Pagan divise sa fortification en grande, moyenne, & petite.
Pour construire la moyenne, soit (
Il faudra le diviser en deux également en D; on élevera de ce point, en - dedans le polygone, la perpendiculaire D C, à laquelle on donnera 30 toises. Des points A & B, on tirera par C les lignes de défense indéfinies A N & B M. On prendra les faces A E, B F de 55 toises, puis C M & C N chacune de 32. On tirera les lignes E M & F N, qui seront les flancs du front A B; M N en sera la courtine.
On peut déterminer les flancs F N & E M, en faisant tomber des points F & E, des perpendiculaires sur les lignes de défense A N & B M.
Pour construire la grande fortification du même auteur, on supposera le côté A B de 200 toises; on donnera de même 30 toises à la perpendiculaire D C, & 60 toises aux faces des bastions. Les flancs sont toûjours dans les différentes constructions de cet auteur les perpendiculaires abaissées des points E & F sur les lignes de défense B M & A N.
Le côté extérieur de la petite fortification n'a que 160 toises; la perpendiculaire D C toûjours 30. A l'égard des faces, elles n'ont que 50 toises.
Le comte de Pagan pour augmenter le feu de son flanc, fait trois flancs élevés les uns sur les autres en amphitéatre, & il construit un second bastion dans le premier.
Pour construire ces places, ou comme on les appelle communément, ces casemates, on divisera le flanc F N en deux également en G; par le point A & le point G, on tirera la ligne A G, qu'on prolongera indéfiniment dans le bastion. On prolongera de même la ligne de défense A N. On prendra ensuite G H de cinq toises, & l'on menera par H, la ligne H I parallele à F N ou G N. On menera après cela L K parallele à H I, & à la distance de sept toises [p. 198]
Le fossé de la place est de 16 toises vis à - vis les
angles flanqués des bastions. On le construit en l'alignant
de l'arrondissement de la contrescarpe aux
angles de l'épaule des bastions opposés. Voy.
Les remparts du comte de Pagan n'ont que quatre toises de largeur ou de terre - plein, non compris l'épaisseur du parapet, qui est, comme on vient de le dire, de trois toises.
Cet auteur a des dehors qui lui sont particuliers, & qu'on peut voir dans son traité de fortification. Le premier qu'il appelle petit dehors, consiste en une demi - lune avec un réduit. Mais les bastions sont couverts par des especes de contre - gardes à flancs, lesquels flancs sont pris sur la contrescarpe de la demi - lune.
Le second qu'il nomme grand dehors, consiste dans des especes de contre - gardes ou bastions détachés, dont il couvre les bastions de la place. Ces contregardes ont aussi trois flancs l'un sur l'autre comme ses bastions, & elles sont jointes ensemble par une espece de courtine qui forme un angle saillant vis - à - vis l'angle rentrant de la contrescarpe. Ces dehors ont un fossé comme celui de la place, avec une demi - lune vis - à - vis la courtine.
La construction du comte de Pagan a beaucoup d'avantage sur celles des autres auteurs dont on a parlé. Les flancs de ses bastions sont plus grands; & comme ils sont perpendiculaires sur les lignes de défense, ils défendent directement le fossé des bastions opposés. Mais ils ont aussi cet inconvénient de se trouver trop exposés à l'ennemi. A l'égard de ses trois flancs placés les uns sur les autres, il est aisé de les rendre inutiles par le canon & par les bombes dont on fait bien plus d'usage aujourd'hui que du tems du comte de Pagan, où l'on ne faisoit que de commencer à s'en servir en France. Le système de ce comte a été rectifié dans la suite par M. le maréchal de Vauban. Allain Manesson Mallet, auteur des travaux de Mars, a corrigé aussi la grandeur des angles du flanc du comte de Pagan. On va donner un précis de sa construction, avant de passer à celle de M. de Vauban.
Fortification de Manesson Mallet. Soit un polygone
régulier quelconque X, (
On prendra pour l'échelle le côté AB, qu'on supposera de 100 toises. La méthode de cet auteur est la même pour le pentagone & les autres polygones d'un plus grand nombre de côtés. Il est évident par
Fortification selon le système de M. le maréchal de
Vauban. Soit décrit un cercle d'un rayon quelconque
AB (
Sur le milieu du côté BC on élevera une perpendiculaire ID, vers le centre du polygone à laquelle on donnera la huitieme partie du côté BC si le polygone est un quarré; la septieme si c'est un pentagone; & la sixieme si c'est un exagone ou un autre polygone d'un plus grand nombre de côtés. Par les extrémités B & C du côté BC & par le point D, on tirera les lignes de défense BD, CD prolongées indéfiniment vers F & vers E. On prendra deux septiemes du côté BC, & on les portera de B en H & de C en G sar les lignes de défense; BH & CG seront les faces des demi - bastions du front BC.
Pour avoir les flancs, on posera une pointe du compas au point G; on ouvrira le compas jusqu'à ce que l'autre pointe tombe sur le point H; puls du point G comme centre & de l'intervalle GH, on décrira un are HE, qui coupera la ligne de défense CE en E: le compas gardant la même ouverture, on prendra le point H pour centre, & l'on décrira l'arc GF qui coupera la ligne de défense BF en F. Les lignes de défense étant ainsi terminées en E & en F, & les faces en H & en G, il ne reste plus pour avoir la ligne magistrale, qu'à joindre ces quatre points par trois lignes droites; savoir les extrémités des lignes de défense par FF, qui sera la courtine, & les extrémités des faces & de la courtine par HE & GF, qui seront les flancs des demi - bastions BHE, CGF.
Si l'on fait les mêmes opérations sur tous les autres côtés du polygone, le principal trait de ce système sera tracé.
M. de Vauban prend pour l'échelle de son plan le côté BC du polygone, qu'il suppose toûjours de 180 toises. Ainsi la perpendiculaire ID qui dans le quarré est de la huitieme partie de BC, est de 22 toises dans ce polygone; elle est de 25 toises dans le pentagone, & de 30 dans l'exagone & les autres polygones d'un plus grand nombre de côtés. A l'égard des faces qui sont toûjours les deux septiemes de BC ou de 180 toises, elles ont 50 toises. Telle est la premiere & la plus simple construction de M. de Vauban. [p. 199]
Second système du même. Le second système de M.
le maréchal de Vauban se nomme ordinairement le
système de Landau, parce qu'il l'a employé à la fortification de cette ville. Soit AB le côté d'un exagone
régulier (
Pour décrire les bastions détachés vis - à - vis les tours bastionnées, on menera par l'angle de l'épaule N & par l'angle flanqué L de la tour opposée, la ligne NL. On menera de même FG. On prendra enfuite sur AB, AC & BD du quart de ce côté, c'est - à - dire de 30 toises; & des points C & D on élevera sur AB & en - dehors du polygone les perpendiculaires indéfinies CQ & DP. On prolongera la capitale BL en - dehors de la tour, ensorte que LR soit de 39 toises. On prendra aussi GI de la même quantité. Cela fait par le point M & le point R, on tirera MR, & par K & I, la ligne KI. Ces lignes couperont les perpendiculaires DP, CQ, dans les points P & Q. On prendra DV & CS chacune d'une toise, & l'on tirera les lignes PV & QS, que l'on terminera en Z & en H où elles rencontrent les lignes NL & FG. On aura alors les demi - bastions détachés IQH, RPZ dont IQ & PR seront les faces, & QH & PZ les flancs. Ces bastions détachés sont appellés contre - gardes, à cause de leur position vis - à - vis les tours bastionnées.
Pour faire le fossé des tours bastionnées, on prendra du point H sur la ligne HG, HO de to toises; de l'angle flanqué G & de l'intervalle de sept toises, on décrira un arc vis - à - vis l'angle flanqué de la tour, & du point O on menera une tangente à cet arc, laquelle déterminera le fossé de la tour A; on décrira de même celui de la tour B.
Le fossé des contregardes se construit comme celui des places ordinaires. On observera ser lement de lui donner 15 toises de largeur vis - à - vis les angles flanques des contregardes.
On construit dans ce système des tenailles devant les courtines. Leur côté intérieur est pris sur la ligne HZ.
Pour la demi - lune qui couvre la tenaille, on la construit en donnant 45 ou 50 toises à sa capitale, & alignant ses faces sur celles des contr - gardes à 10 toises des angles de l'épaule. On construit encore un réduit dans la demi - lune; sa capitale est de 15 ou 20 toises, & ses faces sont menées parallelement à celles de la demi - lune. Le rempart du corps de la place & celui des contre - gardes est de six toises de terre - plein; celui de la demi - lune de quatre, & celui du réduit de trois, non compris l'épaisseur du parapet. Le patapet des tours bastionnées est de pure maçonnerie. Il a neusf piés d'épaisseur. Celui des autres ouvrages est à l'ordinaire, de trois toises.
L'angle flanqué des tours bastionnées est droit dans tous les polygones, excepté dans le quarré. On le détermine dans ce polygone par l'interiection de deux arcs décrits des angles de l'épaule pris pour centres, & d'un intervalle ou rayon de 12 toises.
La ligne FG fait voir que le soldat qui est en F, peut défendre l'angle flanqué G de la tour GNM, & par conséquent que tout le flanc FK peut défendre la face de cette tour.
On pratique dans l'intérieur des tours bastionnées un soûterrein voûté, à l'épreuve de la bombe. On
Troisieme système de M. le maréchal de Vauban; ou de la fortification du Neus - Brisach. Le troisieine système de M. de Vauban n'est autre chose que le second qu'il a perfectionné dans la fortification du Neuf - Brisach.
Soit pour le construire, AB (
Sur le milieu de AB, on élevera en - dedans ce polygone une perpendiculaire CD, à laquelle on donnera 30 toises, ou la sixieme partie de AB. Par les points A & B & par le point D, on tirera les lignes de défense indéfinies ADM, BDL. On portera sur ces lignes, savoir de A en E, & de B en F, 60 toises pour les faces des contre - gardes. On posera ensuite une pointe du compas au point E, & on l'ouvrira jusqu'à ce que l'autre pointe tombe sur le point F; puis du point F pris pour centre, & de l'intervalle FE, on décrira un arc qui coupera la ligne de défense BL dans un point quelconque; on prendra sur cet are EG de 22 toises, & du point G on tirera en E la ligne EG qui sera le flanc de la contre - garde. On déterminera de même le flanc FH, puis l'on menera ensuite la ligne GH qu'on prolongera de part & d'autre jusqu'à la rencontre des rayons obliques du polygone en S & en T. On menera RQ parallele à ST, & à la distance de neuf toises, terminée aussi de part & d'autre par les rayons obliques du polygone. Cette ligne sera le côté intérieur sur lequel les tours bastionnées seront construites.
Pour construire ces tours, on prendra les demi-gorges QL & MR de sept toises; aux points M & L on élevera perpendiculairement les flancs des tours auxquels on donnera cinq toises. De l'extrémité de ces flancs on menera des lignes droites aux points T & S; ces lignes seront les faces des tours bastionnées. On prolongera les flancs des tours de quatre toises 3 piés dans la place, & on joindra le prolongement des deux flancs de chaque tour par une ligne droite, dans le milieu de laquelle on laissera un passage de 9 piés pour entrer dans la tour. Cela fait, on prolongera la perpendiculcite CD vers la place, & du point K où elle rencentre le côté intérieur QR; on prendra KN de cinq toises. Par les points L & M & par le point N, on tirera des lignes indéfinies M1, L2. On prolongera ensuite les flanes des contregardes vers l'intérieur de la place, jusqu'à ce qu'elles coupent les lignes M1, L2 aux points 1 & 2. On tirera la ligne 2, 1 qui sera la partie rentrante de la courtine. MP & LZ seront le reste de la courtine, ou ses parties avancées; Z1, P2 les flancs de cette courtine. C'est dans ces flancs que ce système diffeie principalement du précédent. Ils servent à augmenter la defense des faces & du fossé des tours bastionnées.
Le fossé des tours se décrit dans le système, de la même maniere que dans le précédent. Il en est de même de la tenaille qui est vis - à - vis la courtine, & du fossé des contre - gardes.
M. le maréchal de Vauban donne 55 toises à la capitale de la demi - lune de cette troisieme construetion, & les faces en sont alignées à 15 toises des an<pb-> [p. 200]
Le terre - plein du rempart de la place & celui des contregardes, est de six toises, en y comprenant la largeur de la banquette. Celui des demi - lunes de quatre, & celui des réduits de trois. Pour le parapet il est de trois toises, à l'exception de celui des tours, qui est de maçonnerie, & qui a 8 piés d'épaisseur & 6 de hauteur.
Le terre - plein des tours bastionnées est élevé de 16 piés au - dessus du niveau de la campagne; celui des contregardes de 12, de même que celui des courtines de la place. Le terre - plein de la tenaille est au niveau de la campagne. Celui du réduit est élevé de 9 piés, & celui de la demi - lune de 6 piés.
Les contregardes, les tenailles & les demi - lunes sont à demi - revêtement. Dans la partie où se termine le revêtement, on laisse une berme de 10 piés de large; le rempart est revêtu de gason depuis le côté interieur de la berme, jusqu'à la partie supérieure du parapet. Sur le bord extérieur de la berme on plante une haie vive, & derriere cette haie un rang de palissade, afin qu'on ne puisse pas aisément de la partie supérieure du revêtement, s'insinuer dans le fossé: & que du fossé on ne puisse pas sans obstacle aller du bord extérieur de la berme au haut du parapet.
On prauque des soûterreins dans les tours de ce systeme, comme dans celles du precedent, & comme elles ont plus d'espace, ces soûterreins sont aussi plus grands. Au centre des tours & un peu au dessus du niveau du fossé, on pratique un magasin à poudre voûté, à l'épreuve de la bombe. On construit à côté d'autres soûterreins le long des faces & des flancs de la tour; ceux des flancs sont percés de deux embrasures. A côté de l'angle du flanc, il y a des poternes pour communiquer avec les contregardes. Le passage pour entrer dans les soûterreins des tours, est au pié du rempart vis - à - vis le centre des tours. Il est voûté, & il a 12 piés de large.
Dans le milieu des courtines où il n'y a point de
portes, on fait une poterne pour communiquer aux
tenailles. On y descend par un soûterrein voûté. On
fait aussi des soûterreins dans les flancs de la courtine,
percé chacun d'une embrasure; ce qui donne
dans cette partie de l'enceinte un flanc supérieur &
un inferieur. On construit aussi dans les flancs des
contregardes des communications soûterreines avec
la tenaille. Le front AB (
Ce troisieme système de M. le maréchal de Vauban, de même que le précédent, donne une fortification susceptible d'une plus grande défense que les précédens. Ses contregardes, qui sont plus grandes que les bastions ordinaires, étant détachées de la place, peuvent être soûtenues jusqu'à la derniere extremité, sans qu'il en puisse résulter d'inconvénient pour la place. Mais elles ont comme presque tous les
Observons à ce sujet que M. le maréchal de Vauban, dont on vient de donner les constructions, n'a
rien écrit sur la fortification, qu'ainsi ces construetions
ont été prises dans les ouvrages de ce grand
homme, qui a toûjours dit & fait voir par sa pratique, dit M. de Fontenelle dans son éloge, qu'il n'avoit
point de maniere partieuliere.
Ce sont ces ressources qui caractérisent particulierement le mérite d'un bon ingénieur. Il doit posséder parfaitement toutes les regles générales & partieulieres de la fortification, & savoir les appliquer avec intelligence, pour corriger les défectuosités des lieux qu'il doit fortifier, & les rendre également susceptibles d'une bonne défense.
Fortification du baron de Coehorn. Le baron de Coehorn, général d'artillerie, lieutenant - général d'in fanterie, & directeur - général des fortifications des Provinces - unies, s'est rendu si recommandable par ses grandes connoissances dans l'art de fortifier, qu on croit ne devoir pas se dispenser de donner quelques idées de ses constructions à la suite de celles de M. le maréchal de Vauban, dont il étoit contemporain.
Il propose trois differentes méthodes, mais toutes pour des terreins peu élevés au - dessus du niveau de l'eau. La premiere, pour un terrein élevé de 4 pies au - dessus de l'eau. La seconde, pour un terrein de 3, & la troisieme pour un terrein élevé en été de 5 piés au - dessus de la hauteur de l'eau. Ce qui fait voir que cet auteur a eu égard à la nature du terrein des Provinces unies, qui n'a guere que ces élévations au - dessus de l'eau, & qu'ainsi elles peuvent être particulierement convenables aux endroits bas & aqui tiques.
Construction de la premiere méthode de cet auteur. 1°. Il faut décrire un cercle, & y inserire un exagone, [p. 201]
2°. Faire une échelle avec le côté A B (
3°. Prendre sur les rayons obliques prolongés les capitales AC & BD de 75 toises, ou de la moitié du côté du polygone.
4°. Faire les demi - gorges AG, BH de la quatrieme partie de AB, c'est - à - dire de 37 toises 3 piés, & tirer après cela les lignes de défense rasantes CH & DG.
5°. De l'angle flanqué C & de l'intervalle de la ligne de défense CH, décrivez l'arc HF, qui sera le flanc du demi bastion DFH. On aura de même l'autre flanc GE du même front.
Pour la tenaille ou courtine basse. Des points C & D pris pour centre, & de l'intervalle de 140 toises, décrivez les arcs MK & LI, qui coupent les lignes de défense; tirant après cela les lignes LN & NM, on aura la tenaille, dont les faces seront déterminées après la construction de l'orillon.
Pour l'orillon & bastion interieur. Menez MN parallele à la face DF du bastion, & à la distance de 20 toises quatre piés de cette ligne; puis de l'angle flanqué C du bastion opposé, décrivez l'arc NS, éloigné de 15 toises du flanc HF: ensuite du point N ou NM & ST, se rencontrent élevés sur NM la perpendiculaire NO de cinq toises. Menez OP parallele à MN, & longue de huit toises; divisez OP en deux également en Q, & élevez QT perpendiculaire à PO, prolongee jusqu'à ce qu'elle rencontre en T la face DF prolongée. Par P & par C angle flanqué du bastion oppose, tirez PC, sur laquelle prenez PY de 12 toises. Portez huit toises de T en G, & tirez GY. Divisez cette ligne en deux également en L; élevez LI perpendiculaire à GY, & GI perpendiculaire à GT. Du point I où ces deux lignes se coupent, & de l'intervalle IG ou IY, décrivez l'arc GLY, qui sera l'arrondissement de l'orillon TGYPQ.
Pour la demi - lune. Tracez du bord du fosse de la place parallement aux faces des bastions, & à la distance de 24 toises. Prenez de part & d'autre de l'angle rentrant P de la contrescarpe, les demi - gorges PO & PQ de 55 toises. Tirez OQ, & faites sur cette ligne un angle OQR de 55 degrés. Prolongez le côté QR de cet angle, jusqu à ce qu'il rencontre en R le rayon droit, prolonge du polygone. Tirez RO, & vous aurez la demi - lune PQROP.
L'auteur construit une autre demi lune dans cette premiere. Elle se fait en menant à la distance de 20 toises trois piés des faces de sa demi - lune, & en - dedans, les paralleles TS & TV. Le fossé de la demi-lune a 18 toises de largeur.
Pour la contre - garde on couvre - face. Tlrez une ligne XY parallele à la contrescarpe de la face du bastion, & qui en soit éloignée de 27 piés. Le fossé de cet ouvrage est parallele à ses faces, & il a 14 toises de largeur.
Pour les chemins - couverts & places - d'armes. Menez le chemin - couvert parallelement aux fossés des demi - lunes & contre - gardes, & à la distance de 13 toises un pié, en y comprenant deux banquettes de trois piés chacune, & le talud intérieur du parapet du chemin - couvert qui est d'un pié.
Pour les places - d'armes il faut prendre 25 toises de part & d'autre des angles rentrans du chemincouvert, par exemple AD & AB de cette quantité, élever aux points D & B les perpendiculaires DC, BC, de 30 toises, elles seront les faces des places - d'armes. Au centre de ces places il y a un réduit qui se construira de cette maniere.
On prendra AE & AF de la même largeur que le chemin - couvert, c'est - à - dire de 13 toises un pié<-> Des points E & F, on menera les lignes EG, FG, paralleles à DC & CB, & l'on aura le réduit AF, GEA, dont les faces sont GF & GE.
Les gorges des réduits des places - d'armes sont couvertes par deux traverses. Pour les construire, il faut diviser l'espace ou la partie du chemin - couvert qui est entre l'extrémité de la demi - gorge du réduit, celle de la place - d'armes en trois parties égales; & des deux points qui terminent la partie du milieu, faire tomber deux perpendiculaires sur la contrescarpe opposée à la gorge du réduit. L'espace compris entre ces deux perpendiculaires, donnera la traverse.
Telle est la construction générale de la premiere méthode de M. de Coéhorn. Il faut voir dans son livre le détail des différens ouvrages qu'il construit dans le massif de pieces de sa fortification, c'est - à - dire ses différens soûterreins, &c. On a fait trois éditions de cet ouvrage; il renferme d'excellentes observations sur la fortification.
Fortification selon la méthode de Scheiter ou Scheitter. Cet auteur établit trois sortes de fortifications, la grande, la moyenne, & la petite. Le côté extérieur de la grande est de 200 toises; celui de la moyenne de 180, & celui de la petite de 160. La ligne de défense dans la grande a 140 toises; 130 dans la moyenne, & 120 dans la petite: elle est toujours rasante - Toutes les autres lignes de la construction de cet auteur, sont fixées à une même grandeur dans tous les polygones. Pour faire cette construction, il suffit de connoitre le côté extérieur, la capitale, & l'angle flanqué; on acheve ensuite facilement tout le reste. On joint ici une table qui donnera ces connoissances.
Cet auteur détache les bastions de la courtine, derriere laquelle il forme une espece de retranchement intérieur.
Pour donner une idée plus particuliere de sa construction,
soit supposé un octogone à fortifier selon
sa grande fortification, c'est - à - dire dont le côté extérieur
AB (
On prendra sur les rayons les capitales AC, BD, de 46 toises; on tirera ensuite le côté intérieur CD. On prendra avec le compas 140 toises pour la grandeur de la ligne de défense; & mettant une pointe du compas sur l'angle flanqué A, on décrira avec l'autre pointe un arc qui coupera le côté intérieur en E; on prendra ensuite CF égale à ED, & l'on tirera par F & par B la seconde ligne de défense FB. On élevera des points E & F sur les lignes de défense AE & FB, les perpendiculaires EL, FI, qui rencontrant les lignes de défense opposées, détermineront les faces des contre - gardes ou bastions détachés de Scheiter.
Prolongez après cela les lignes de défense vers les capitales, & prenez les parties EH, FP, de 16 toises; & ayant divisé ces lignes en deux également, tirez les flancs hauts paralleles aux flancs bas. Faites la même chose sur les autres côtés. Prenez après cela la distance PQ; & mettant une pointe du compas ainsi ouvert au point P, décrivez un arc avec l'autre pointe qui coupe la capitale au point N; tirez ensuite NQ & NP, & la contre - garde sera achevée.
Décrivez autour de la contre - garde du côté de la place, un fossé large de 18 toises, qui donnera le redan RST; & comme l'escarpe de ce fossé feroit un angle saillant vers le milieu de la courtine, Scheiter, pour corriger cet inconvénient, y construit un petit bastion de cette maniere.
Du point 3 où les lignes de défense se rencontrent, il abaisse la perpendiculaire 3 4, sur le côté intérieur; il porte de part & d'autre du point 4, les distances 4, 5 & 4, 6 égales chacune à 4, 3: après quoi il tire les faces 5, 3 & 3, 6 de ce bastion. Les flancs se menent parallelement à la perpendiculaire 4, 3, jusqu'à ce qu'ils rencontrent la parallele à PF & EH. Lors après qu'ils sont ainsi, tirez la ligne magistrale d'un front de cet auteur.
Le fossé des contre - gardes se trace en prolongeant les faces de 20 toises, comme ZA en X, & tirant une ligne de X à l'angle de l'épaule L, &c.
Sur l'angle rentrant du fossé, il décrit une espece de redoute K, dont la capitale est de 16 toises; il entoure ses contre - gardes de fausses braies, & tout l'intérieur de son enceinte, à l'exception des faces du petit bastion du milieu des courtines. Il ajoûte au chemin - couvert de la place un avant - chemin - couvert, construit au pié du glacis du premier.
Quoique ce système differe essentiellement de celui que M. le maréchal de Vauban a exécuté au Neuf - Brisack, il s'est cependant trouvé un auteur qui a prétendu que cet illustre ingénieur n'étoit que le copiste de Scheiter, dans la fortification de cette ville: mais M. l'abbé Deidier a démontré l'injustice de cette prétention dans le livre intitulé le parfait ingénieur françois.
On finira cet article par un précis de la fortification de M. Blondel. Le nom & la grande réputation de l'auteur est uniquement ce qui nous y engage; car la grande dépense qu'elle exige ne permet guere de penser qu'elle soit jamais exécutée. Cette considération nous dispensera d'entrer dans le détail de tous ses défauts; on se contentera d'observer les principaux.
Fortification de M. Blondel. M. Blondel fortifie en - dedans
Par le moyen de cet angle ainsi trouvé, on connoîtra
que l'angle du bastion est au quarré de 60
degrés, au pentagone de 66, à l'exagone de 70,
& qu'il s'augmente peu - à - peu dans tous les autres
polygones jusqu'à la ligne droite, où il est de 90
degrés.
L'angle flanquant est au quarré de 150 degrés,
de 138 au pentagone, de 130 à l'exagone; & il
diminue petit - à - petit dans tous les autres polygones
jusqu'à la ligne droite, où il n'est que de 90
degrés.
Comme l'auteur se persuade que la ligne de défense
ne doit jamais être plus grande que de 140
toises, ni plus petite que de 120 aux places qu'on
appelle royales, il a pour cette cause deux suppositions,
qu'il appelle deux manieres, dont la premiere
qui est la grande, fait son côté extérieur de
200 toises dans tous les polygones; ce qui donne
par - tout 140 toises pour la ligne de défense, selon
sa maniere générale de fortifier, qui est de donner
sept dixiemes parties du côté extérieur à la ligne
de la défense, & la moitié de la tenaille à la face.
La seconde ou la petite fait par - tout le même côté
extérieur de 170 toises; ce qui donne un peu moins
de 120 toises pour la ligne de défense: dans lesquels
termes il enferme tout ce qui se peut fortifier, parce
qu'une plus grande étendue du côté extérieur
rend la défense inutile par le trop grand éloignement des flancs, & qu'une plus petite diminue la
longueur des flancs, augmente inutilement le nombre
des bastions & la dépense.
Soit (
Il fait, comme le comte de Pagan, trois batteries
Ces trois batteries sont terminées vers la demi-gorge, sur la ligne de défense prolongée, & vers l'orillon, sur la ligne tirée de l'angle du bastion opposé par l'extrémité du même orillon. Le parapet de la batterie basse est haut de neuf à 10 piés, de six à sept dans la moyenne, & de trois & demi à la plus haute des embrasures.
Comme il reste beaucoup de vuide entre les deux places hautes de chaque côté d'un bastion, l'auteur ajoûte dans cet espace des cavaliers, dont la figure est telle que vous la voyez ici, & dont chacun sera capable de chaque côté au - moins de 12 pieces de canon. Ces cavaliers & les batteries se construiront de la terre qui se tire du fossé général, dont la largeur est égale à la longueur du flanc DE ou EG; de sorte que l'angle de la contrescarpe se fait environ au milieu du côté extérieur A B.
L'auteur fait une demi - lune ou contre - garde à la pointe de chaque bastion, qui est parallele à ses faces, de maçonnerie solide sans terrein, & contreminée par - tout. Sa largeur est de trois ou quatre toises en tout, c'est - à - dire en y comprenant le parapet, qu'on ne fera large que de huit à 10 piés. On la fait dans le grand fossé, à la distance de 10 à 12 toises de la contrescarpe, & cette distance lui sert de fossé. Cette contre - garde sert principalement à ôter à la contrescarpe la vûe des batteries basses du flanc opposé, & son peu d'épaisseur doit encore empêcher les enemis d'y mettre leur canon après l'avoir forcée.
En ligne droite de cet ouvrage, l'auteur ajoûte vis - à - vis l'angle de la contrescarpe, un ravelin, dont la pointe K se trouve par l'intersection de deux arcs de cercle, décrits des angles de l'épaule D E, à l'ouverture de la distance D E, & dont les faces tendent aux deux points I, éloignés des épaules D, E de six toises, & s'arrêtent sur la ligne de la contre - garde continuée.
Le fossé de ce ravelin sera large de 10 soises; & afin qu'il soit bien défendu, l'auteur prend dans la face du bastion au - delà du point I, l'espace qui le peut voir, lequei par conséquent sera aussi de 10 toises, où il fait une batterie basse de quatre à cinq piés, & une autre en - dedans de la hauteur d'un parapet de la place. Le plan de la batterie basse sera au niveau de celui de la moyenne du flanc, c'est - à - dire de 18 à 24 piés de hauteur au - dessus du fond du fossé.
Ce ravelin sert non - seulement à couvrir les épaules & les orillons de chaque bastion, mais encore à défendre le fossé de la contre - garde; parce que l'auteur prend dans sa face tout ce qui peut découvrir ce fossé, où il pratique deux batteries, l'une haute, & l'autre basse, de la même maniere qu'en celle des faces des bastions. Il ne donne de terre - plein à ce ravelin, qu'autant qu'il lui en faut pour le recul des pieces de batteries, & il laisse le reste du dedans tout vuide, pour faire plus aisément des contre mines dans le rempart, & pour ôter aux ennemis le moyen de s'y loger après l'avoir forcée.
Outre cela l'auteur ajoûte dans son grand fossé une cunette, qu'il fait régner tout - à - l'entour, de la largeur de sept ou huit toises, pour se garantir de l'insulte qu'on peut craindre du côté des flancs bas, qui paroissent d'un accès facile. On pourroit encore faire une cunette plus étroite dans les fossés des dehors, s'ils ont huit ou 10 toises de largeur, & principalement aux endroits où l'on a pratiqué des batteries basses dans les faces de demi - lunes ou ravelins.
Pour faire que les batteries de chaque bastion, qui défendent le fossé du ravelin, soient mieux couvertes, l'auteur ajoûte dans l'angle de la contrescarpe du ravelin une lunette LMNO, dont la figure est en losange, donnant environ 20 toises à chacun de ses côtés, &c.
Quoique cette maniere de fortifier soit extrèmement bien inventée, néanmoins elle oblige à une trop grande dépense, tant pour la construction du fossé, que l'auteur est contraint de faire prodigieusement large & très - profond pour pouvoir fournir de la terre pour le rempart, & pour toutes les batteries des flancs & des faces des bastions, que pour la quantité des munitions & des canonniers & officiers d'Artillerie, dont une place fortifiée de la sorte doit être pourvûe, & des dehors qui doivent y être pour couvrir les flancs qui sont trop exposés.
Outre cela, les quatre batteries du flanc sont si longues & si serrées, que l'ennemi les peut combler de bombes en peu de tems; & les ayant une fois rompues avec son canon, elles lui peuvent servir comme de marches pour monter plus facilement à l'assaut. De plus les cavaliers qui sont entre les deux places hautes du bastion, remplissent tellement ce bastion, qu'il est difficile de s'y pouvoir retrancher en cas de besoin ».
On pourroit faire plusieurs autres observations
sur les défauts de cette fortification: mais on se contentera
de remarquer
Fortification durable (Page 7:203)
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