ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"152"> des autres. L'aire d'une enclume de forge, par exemple, au travail seul s'égrenera; ne pourroit - on pas en trouver la raison dans le degré de chaleur qu'elle a essuyé au fourneau?

La plupart des fondeurs font diminuer la quantité de mines, quand ils veulent couler des enclumes ou autres agrès de forge: les charges alors produisent moins de sonte. Dans la nécessite d'en amasser assez pour couler une masse de 2 à 3000, il faut beaucoup de tems; la chaleur augmente par ce tems, & par la quantité de métal en bain.

Pour mettre au jour cette partie essentielle, distinguons cinq degrés de chaleur, abstraction faite pour un moment du plus ou moins de mines, ce qui y contribue beaucoup; & disons que les nerfs des mines en fusion au premier degré, seront gonfles, éloignés les uns des autres, par le remplissage, fontes bourbeuses, cassantes & blanches.

Au deuxieme, le depouillement sera fait de façon qu'il reste assez de matiere pour remplir les vuides des nerfs sans les gonfler ni séparer; fontes solides, d'un blanc un peu mêlé, & coulantes; ce sont celles qu'on appelle vives.

Au troisieme, les nerfs restent joints les uns aux autres; mais le remplissage nécessaire est beaucoup detruit. Fontes grises, cette couleur venant des vuides qui paroissent noirs, & de la cassure des parties nerveuses qui paroît blanche.

Au quatrieme, les nerfs recourbés par la violence du feu, feront des grains tres - durs, mais aises à separer les uns des autres; le remplissage brûlé, couleur noire & fontes point coulantes.

Plus de chaleur acheve de détruire le grain, rend la matiere spongieuse, aisée à casser, les debris friables, comme on le voit au fer brûlé: de - là on peut conclure que les fontes vives sont de la meilleure qualité.

Nous sommes entrés dans ce détail pour faire entendre que la quauté du fer vient de l'espece de mine; que quand un fer est doux de sa nature, il peut néanmoins être cassant, ou par le trop de remplissage qui gontle & eloigne les nerfs, ou par la forme circulaire qu'un trop grand degre de chaleur ou la trempe lui aura fait prendre. Otez au premier ce qui l'embarrasse; au second rendez l'extension & la souplesse par le mélange de nouveaux fondans; & à la trempe, par un refroidissement naturel, vous aurez du fer doux relativement à la qualité de la mine. Fmployez tout ce que vous voudrez; d'un fer cassant par la nature de la mine, vous n'en ferez jamais un fer doux.

L'exactitude du produit d'un fourneau dépend de l'egalite du vent, de la régularité des charges, de l'uniformité des mines & des charbons, & de l'intelligence du fondeur dans son travail.

Le travail consiste à garantir du feu toutes les parties du bas, mais principalement la thuyere. Pour cet effet il faut y veiller, en ôter ce qui s'y attache ou l'embarrasse, & ne pas la laisser échausser faute d'arbue.

Avec les matériaux que nous avons supposé, un fourneau échauffé peut, à vingt charges, produire cinq milliers de fonte en vingt - quatre heures, & soûtenir un an & plus de travail. On dit qu'il y a des especes de mines qui produisent, à travail égal, jusqu'à six & sept milliers: en tout cas la qualité des mines, des charbons, le manque de soin ou d'intelligence, en reduisent souvent le produit à moins quelquefois de trois milliers. Quand les charges rendent moins, sans qu'il y ait de dérangement dans un fourneau, il est bien clair que cela vient de la qualité de la mine.

Il y a plusieurs choses essentielles; les dimensions qu'on donne à un fourneau, l'inclinaison des parois, le foyer qui est le plus grand espace au - dessus des échalages, la position de la thuyere, l'ouverture du dessus.

L'inclinaison des parois facilite la descente de la mine; donc si vous en avez qui descende plus difficilement, qui se mettent en masses, vous pourre augmenter l'inclinaison; si elle s'attache aux angles, vous pouvez les arrondir; si le degré de chaleur n'est pas assez grand au foyer, outre qu'une plus grande inclinaison des parois donnera un plus grand espace, vous l'aggrandirez encore en le ceintrans ou en élevant la tour & la bune. La thuyere doit être posée de façon qu'elle distribue le vent egalement: c'est à son passage que les mines en dissolution sont forcées de se saparer des corps étrangers, par la violence & le rafraichissement subit du vent. En l'examinant un peu de tems, ou voit cette séparation par le produit des étincelles, qu'une seule ou plusieurs parties de mines accrochees jettent en forme d'étoiles. Cette séparation est aussi sensible & brillante à la coulée des gueuses, la fraîcheur de l'air ou du moule comprimant les ressorts des parties extérieures, les fait eclater, & ce à proportion du degré de froid. Bien plus sensible encore, si vous jettez en l'air de la fonte liquide: mieux enfin à la compression du gros marteau sur les loupes ou renards, dont on rapproche les parties étendues par la chaleur, quand il se trouve des parties de fontes mal travaillées dans les foyers de la forge.

Nous n'avons cessé de répéter le mélange de l'arbue & de la castine avec la mine. La raison est que la castine fondant la premiere, chaque partie se grossit de sa voisine, & en tombant laisse des vuides qui donnent entree à la chaleur. L'arbue résiste plus long - tems, & tient toute cette matiere liée & criblée dans le foyer, jusqu'à ce que la mine en fondant l'entraîne elle même, à quoi contribue beaucoup la pesanteur des charges qui se renouvellent par le dessus. Si vous mettez separément la castine, la mine, l'arbue; l'une fond d'abord, la mine tombe toute crue, & l'arbue reste: au lieu que dans le melange tout descend uniformément.

Comme la matiere de fer en fusion pese davantage, elle se précipite dans le creux & sous le vent, ou elle en trouve déjà en bain, & ou les scories en si sion plus legeres surnagent: quand elles ont le degré de liquidité convenable, aidées du vent, elles sortent par le dessus de la dame, & ce à mesure que le creuset se remplit. Quand les crasses commencent à vouloir sortir, l'ouvrage du fondeur ou de celui qui le remplace, est de remuer avec un ringard la fonte en fusion dans le creuset, ce qui aide la dépuration du métal; cela desserre le des ant du fourneau & donne liberté aux crasses de sortir. Il verra aussi si la thuyere n'est point embarrassee; & dans le cas où les matieres qui viennent du dessus l'échaufferoient ou en boucheroient l'ouverture, d'un coup de rmgard par le dessus de la dame il la débarrassera & la rafraichira de pate d'arbue. Les crasses trop liquides annoncent une trop grande quantité de castine; les tenaces & gluantes trop d'arbue. L'ouverture du dessus trop étroite, défaut où tombent les fondeurs qui cherchent à augmenter le degré de chaleur, fait brûler l'ouvrage: la raison en est sensible; il faut une ouverture proportionnée à une circulation d'air conve nable, & on a vû combien il entre d'air dans un four neau.

Les fourneaux sont sujets à beaucoup d'accidens. Les plus communs sont la déflagration de la thuyere, de la tympe, de toute une partie de l'ouvrage, les barbouillages, les éruptions. La déflagration peut venir 1°. d'une mauvaise construction, ou fausse direction du total; 2°. d'une partie de l'ouvrage mal jointe; 3°. d'une fausse position des soufflets; [p. 153] de mines attachées au - dessus du soyer; 5°. de la qualité de la mine.

Dans le premier cas il n'y a point de remede, il faut mettre hors; c'est arrêter le fourneau: dans le second, à force de rasraichir d'arbue les parties attaquées du feu, on parvient à y faire fondre des parties qui remplissent les vuides; c'est ce qu'on appeile plombage: dans le troisieme il n'y a pas à hésiter à rectifier la position des soufflets: dans le quatrieme il faut, avec de longs ringards du dessus de la bune, détacher les parties accrochées aux angles, & pendant quelques charges augmenter la castine & le vent. Ces morceaux seront aisément criblés par la fusion de la castine, & fondus par une augmentation de chaleur, sinon ils occasionneront un barbouillage, comme nous le dirons dans le cinquieme cas. Ou mêlez différentes mines, ou si vous ne pouvez, ajoûtez - y les parties d'arbue convenables. Ces accidens n'arrivent jamais sans faute. Dans le cas où la thuyere seroit bien endommagée du feu, il faut arrêter les soufflets, défaire le moins de maçonnerie qu'on pourra, y en substituer une nouvelle, & la réparer avec pierre & arbue le mieux que vous pourrez; & du dessus mettant de l'arbue de ce côté - là, vous pouvez parvenir à la plomber & à continuer utilement votre ouvrage. Si c'est la tympe qui est brûlée, il faut arrêter les soufflers, boucher le feu avec de la terre, ouvrir le mur aux deux bouts, & y en mettre une autre, que vous maçonnerez avec pierre & arbue.

Comme avec l'alongement qu'on fait à la thuyere avec de l'arbue, on peut tourner le vent plus d'un côté que d'un autre, c'est à un fondeu à se servir de ce remede quand il voit quelques parties attaquées, jusqu à ce qu'il soit parvenu à les plomber.

Les barbouillages viennent des mines mal nettoyées, mal mélangées, & en conséquence mal dirigées, tombant dans l'ouvrage quelquefois en gros volumes, provenans ou des morceaux détachés, comme nous l'avons dit, ou des mines gelées, ou trop humides, ou trop chargées d'arbue, ou des mines trop seches qui coulent à - travers les charbons, ou de la qualité des charbons, ou de l'inégalité des charges ou de trop de mines.

Dans tous ces cas, le remede est d'augmenter le vent, de soigner que les morceaux ne bouchent la thuyere, en les divisant à coups de ringard sans relâche: faites aider les ouvriers, multipliez - les; le moindre retard est capable d'arrêter le vent: rectifiez vos charbons & les mines dans les charges qui suivent. Il est avantageux d'avoir des halles qui garantissent vos matériaux des gelées & de la pluie. Dans les grandes sécheresses on humecte les mines, pour les empêcher de couler trop vîte. Quand malgré le travail des ringards, qui doit principalement avoir la thuyere pour but, vous avez lieu de craindre que la quantité ou la qualite des matieres qui tombent dessus, n'infirment l'ouverture; insinuez - y des charbons forts, qui entretiendront un degré de chaleur dans cette partie.

En général quand un dérangement viendra de manque de chaleur, gardez - vous bien de faire comme la plûpart des fondeurs qui diminuent la quantité de mines, au contraire entretenez le même degré tout - au - moins, mais choisissez celles qui fondent le mieux, ou joignez - y de la castine.

Ces accidens sont toûjours très - mauvais; le moins est la perte de bien des matériaux, souvent d'une tympe, d'une thuyere, & la fin est quelquefois la mise - hors.

Un fourneau est vraiment un estomac qui veut être rempli avec égalité, uniformité & sans relâche; sujet à des altérations par le défaut de nourriture, à des indigestions & crudités par la qualité ou l'excès, & veut des remedes prompts. Vous connoissez le mal aux scories. Les mines chargées d'arbue les rendent si tenaces, qu'il faut les tirer avec les crochets, les vuider à la pelle; de sorte qu'il en reste beaucoup qui n'ont pû se séparer de la fonte: le trop de castine les rend trop fluides, & dégraisse, pour ainsi parler, le métal. Les crasses des premieres sont boursoufflées, rapeuses, couleur de peau de crapaud; les crasses des secondes sont blanchâtres & legeres. Les digestions loüables sont d'un beau noir poli, mêlé de verdâtre.

Il arrive encore qu'il s'attache dans l'ouvrage & le creuset même, des morceaux qu'il est difficile de détacher; quand c'est du côté de la rustine, il n'y a rien à craindre: le travail du ringard, quand il y aura beaucoup de matiere en bain, en viendra à bout: si c'est devant la coulée, & que les ringards n'ayent pû les détacher, le plus expédient est de lever la pierre qui est sous le bouchage, qu'on nomme aussi coulée, & d'y en substituer une beaucoup plus élevée. Cette opération laissant au fond du creuset toûjours de la fonte en bain, ce qui est attaché se dissoudra, aidé de la pointe du ringard, sur - tout si, après avoir coulé, vous y jettez des crasses de forges pulvérisées, & y tournez le vent de la thuyere.

On entend que quand le fourneau est en feu, il faut qu'il soit servi nuit & jour & sans relâche, puisque le moindre refroidissement coagule les matieres en fusion: quand néanmoins il arrive quelque réparation à faire, comme aux soufflets, on prend le parti de le boucher. Quand les parois sont de brique, & l'ouvrage de grès, & qu'il n'y a rien d'endommagé, vous pouvez le vuider entierement, boucher le dessus avec une plaque de fonte garnie d'arbue, pour ôter la communication à l'air; fermer la thuyere & le devant avec de l'arbue, achevant de couvrir le devant par une grande quantité de fasins secs. Quand les parois & l'ouvrage sont de pierre calcaire, que la moindre fraîcheur mettroit en dissolution, vous laissez fondre toute la mine qui est dans le fourneau, ne faisant les charges que de charbon, & vous bouchez exactement; s'il ne prend point d'air, vous trouverez au bout de plusieurs jours le charbon à la même hauteur. En recommençant le travail, vous ne lui donnerez de la mine que par gradation. Un fourneau bien fermé peut attendre dix ou douze jours, quelquefois vingt à vingt - cinq: quand vous ne l'arrêtez que pour un jour ou deux, vous ne faites que trois charges sans mine; & quand elles arriveront à l'ouvrage, vous coulez: nettoyez bien sur - tout le devant, & bouchez.

Quand l'ouvrage est bien dérangé par le feu, vous pouvez dans les mêmes parois de pierre calcaire en faire un autre: pour cela vous tiendrez tous vos matériaux prêts, nettoyerez bien le dedans, ferez souffler pour rafraîchir; pendant que vous ouvrirez le devant & débarrasserez, garantissez les parois de l'humidité; en deux ou trois jours un ouvrage peut & doit être en état de travailler. Comme l'humidité n'attaque pas la brique, il est avantageux sur - tout dans ces occasions, que les parois en soient construits.

Les éruptions sont pour les ouvriers & bâtimens voisins l'accident le plus terrible; elles portent la mort au proche, & le feu au loin. C'est une explosion subite qui jette hors & très - loin toutes les matieres, fondues ou non, qui sont dans un fourneau; c'est un volcan qui lance par toutes les ouvertures, & de toutes sortes de volumes, des morceaux enflammés: on a vû des charbons voler jusqu'à cinquante toises.

L'éruption, ou n'a lieu que dans le bas d'un fourneau, ou dans le dessus, ou elle est totale. Des morceaux attachés tombant tout - à - coup en gros volu<pb->

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