ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"148"> il faut que le menton serre les liteaux de façon qu'ils puissent se mouvoir sans se déranger. Entre le mentonnet & les liteaux, on passe dans un trait de seie pratiqué dans la racine du mentonnet u, des ressorts xx, qui poussent les liteaux en - dehors d'environ un pouce. On engraisse de bonne huile d'olive le dessus des rebords, liteaux, & mentons; & on serre les lit eaux contre les ressorts avec des tourniquets de bois attachés en - dehors des rebords. On décloue ces tourniquets à mesure que la caisse emboîte les liteaux.

Dans le fond, à un pié du dessus, on fait un trou quarré m, de quinze pouces de diametre, pour qu'un ouvrier puisse y passer dans le besoin: on couvre cette ouverture d'un morceau de bois à charnieres, d'un côté garnie en - dessous de peau de mouton en poil, & retenu en - dessus par une courroie lâche de cuir, de façon qu'il puisse lever & baisser & fermer exactement; cela fait l'office d'une soupape, & s'appelle le venteau.

Le fond du soufflet, depuis le rebord r, du côté de la tête, est alongé, comme nous l'avons dit, de dix - huit pouces, finissant à douze: cet excédent, dans sa longueur, sert à loger l'épaisseur d'un tuyau de fer couché dessus; ce tuyau a quatre pouces de diametre, finissant à deux; & deux piés & demi de longueur au - delà de l'alongement: ce tuyau s'appelle bure ou beuse, F. La tête S est un morceau de bois excavé pour emboîter la beuse, bien attaché à l'alongement qui fait le fond, finissant de même à un pié d'épaisseur; le tout bien lié en fer.

Dans le dessus de la tête, à sept ou huit pouces des liteaux, on fait une encoche terminée en demi-cercle de deux pouces de profondeur sur un pouce de diametre, propre à recevoir une cheville de fer P P: vers les liteaux de la tête, vous ôtez assez de bois pour placer librement le bout de la caisse, contre lequel ces litteaux doivent frotter.

La caisse est un coffre de bois O O P P, de trois ou quatre pouces d'épaisseur, de la même figure que le fond: les côtés qu'on appelle panne, servent à emboîter le fond, sur le jeu de deux ou trois lignes. Les bouts des deux côtés de la panne P P sont prolongés d'un pié, & à quatre pouces de l'extrémité, traverses d'une cheville de fer qui se place naturellement dans l'encoche qui lui est préparée: en dehors de chaque côté de cette cheville, entre la tête & la panne, il y a des clés de fer qui la reçoivent pour être arrêtée en - dessous; ce qui rend cette cheville assez ferme pour n'avoir de mouvement que sur elle - même.

Cette cheville doit être regardée comme le centre du mouvement de la caisse, dont le bout d'en - haut doit être taillé en portion de cercle B D partant du centre: voilà le grand mystère des Souffletiers. Quand la caisse monte & baisse, elle décrit plus d'espace àmesure qu'elle s'éloigne du centre du mouvement; c'est ce qui doit faire la regle pour la hauteur des côtés, qui, dans le soufflet que nous décrivons, pourroient avoir trois piés & demi dans le bout d'enhaut, finissant à huit ou dix pouces.

Pour loger la caisse, vous la placez sur un levier qui traverse le milieu du fond, portant sur les liteaux; vous placez la cheville ouvriere, & l'arrêtez: la caisse commençant à emboiter partie des liteaux, vous éloignez le levier du centre; & à - mesure que la caisse se loge, vous arrachez les tourniquets qui tenoient les liteaux.

Il est in itile de dire avec quelle exactitude les côtés de la caisse doivent être joints, polis, & graissés, puisque tour l'effet de la machine dépend de la précision, qui doit être assez grande pour ne laisser d'autre sortie à l'air que l'ouverture de la bure.

Les caisses des soufflets, ainsi que les fonds, se sont avec du bois leger & sec, de trois ou quatre pouces d'épaisseur. Quand les soufflets ne font plus le travail nécessaire, par la perte du vent, on les releve en desserrant la cheville, ôtant la caisse, nettoyart & visitant tous les joints & les liteaux, & collant sur les endroits qu'on entrevoit donner passage à l'air, des bandes de basanne. C'est une fort bonne méthode que de garnir le fond du soufflet proche la tête avec des lames de fer blanc ou fer battu. Le devant de la tête exposé à gerser, se remplit avec colle & coins de bois, & s'enduit de bourre détrempée dans de la colle de farine de seigle.

Le fond des soufflets vers le venteau est soûtenu sur des chevalets I G, qui y sont attachés; & la tête porte sur un banc de pierre L, qui est placé devant & sous la thuyere. On a encore soin de les appuyer dans le milieu sur des blocs de bois K, qu'on place où ou juge à - propos: les soufflets sont bandés contre les marastres par des morceaux de bois qui appuyent sur la tête E, afin de rendte le fond immobile.

La caisse des soufflets est armée par - dessus de deux anneaux de fer, dans lesquels on passe un double crochet de fer plié par le dessus, répondant à un autre crochet mobile enclavé dans le fond des bascules.

La bascule est un levier dont le point d'appui est environ aux deux cinquiemes de sa longueur; un bout répondant aux crochets du soufflet, & l'autre chargé de pierre, pour faire le contre - poids. Le dessus de la caisse est aussi garni de deux boîtes de fer N N, dans lesquelles passe & est arrêtée une lame épaisse de fer M X, débordant le dessus de la caisse de quatre ou cinq pouces, finissant en portion de cercle M; cela s'appelle baliscorne ou basseconde.

Pour donner le mouvement aux soufflets, soit de fourneaux, soit de forges, vous avez un coursier (V. les Pl. & leur explic.) qui communique à l'empalement du travail ou une huche avec roüet & lanterne M N K C G: dans l'un & l'autre cas, l'eau fait mouvoir une roue qui donne le mouvement à un gros cylindre de bois, passant & tournant devant les bassecondes; cet arbre est armé de six cames à tiers - point, trois pour chaque soufflet. Une came est un morceau de bois debout enclavé & serré dans des mortoises pratiquées à cet effet: les cames doivent être bien évuidées du talon, & arrondies comme les bassecondes, afin que quand elles travaillent, elles tendent à abaisser la caisse, & non à la pousser. Quand une came a fait baisser un soufflet, elle échappe; & le con<-> - poids le fait relever pendant que l'autre soufflet baisse: moyennant quoi, pour avoir le vent sans relâche, il faut deux soufflets; le soufflet leve, le venteau s'ouvre & laisse entrer l'air: quand la came le presse, le venteau se ferme par son propre poids, & l'air est obligé de sortir par la bure.

Comme les soufflets de forge demandent par leur étendue moins de force; au lieu de contrepoids, leurs crochets ou chaînes répondent aux extrémités d'un balancier en bois D, ou de fer, appellé courbotte: ce balancier est attaché par le milieu à une perche flexible F; l'un par conséquent ne peut baisser que l'autre ne leve; & la perche, par son élasticité, se prête aux différens mouvemens.

En général soit fourneau ou forge, le fond des soufflets doit être mis en ligne parallele à celle du fond de l'ouvrage; & la véritable direction est celle selon laquelle le souffle des deux soufflets se rencontre au milieu de l'ouvrage.

A l'article Fonderie, on trouvera la façon d'y communiquer l'air; les autres atteliers se servent de soufflets, & il y en a en bois à double vent pour les martinets.

Art. IX. Des fourneaux. Pour se former une idee utile d'un fourneau à fondre la mine de fer, il faut voir les différentes parties qui le composent, & ne pas oublier qu'il doit résister à trois agens, l'eau, [p. 149] l'air & le feu, dont le dernier degré de force n'est peut - être pas bien connu.

Un fourneau doit être composé d'une fondation solide (Suivez les Pl.) B B C C, de conduits voûtés Q sous le massif & sous l'ouvrage, d'un massif P S P S, de fausses parois I G, de parois & de l'ouvrage I K; le tout sur le bord d'un courant d'eau, ou sous la chûte d'un petit courant.

Nous trouverons l'épaisseur du total en donnant au massis 8 piés, un pié aux fausses parois, laissant dans l'intérieur un vuide de six à sept piés pour construire les parois & l'ouvrage; ce qui fera en tout vingt - quatre à vingt - cinq piés.

Il faut commencer par excaver cette partie, connoissant le terrein, les déblais serviront à renforcer une chaussée, &c. Si vous pouvez trouver aisément un fonds solide, bâtissez en gros matériaux, avec chaux & sable, autant que vous le pourrez; pratiquez des conduits dans l'épaisseur du massif, dont le dessus excede les plus grandes eaux. Faites de même une croisée voûtée dans le milieu, qui se trouvera sous l'ouvrage, sans néanmoins monter les voûtes trop haut; cela influeroit sur la hauteur des roues & autres équipages, parce que sur la voûte il faut l'épaisseur d'un pié pour placer le fond.

Si après une excavation de six piés plus bas que le commencement des voûtes, & après avoir sondé le terrein, vous ne pouvez trouver le solide sans aller plus bas, élargissez l'excavation de deux piés toutautour, prenez des bois de huit jusqu'à douze pouces d'équarrissage (supposons - les de douze) & sur la totalité du vuide vous établirez des longrines à douze pouces de distance, dans les encoches desquelles vous étabhrez des traversines de pareil échantillon, ce qui produira une grille moitié bois & moitié vuide; vous remplirez les vuides de bons matériaux. Sur ce premier grillage vous en établirez un second avec une recoupe autour d'un pié; & plaçant en longrines ce qui tenoit lieu de traversines avec pareil remplissage, il résultera que sur les six piés d'excavation, il y a deux piés d'élévation; que ces deux piés peuvent être regardés comme un total de char pente; que le plus fort poids ne peut qu'affermir; & que recoupant encore un pié tout - autour pour commencer un massif total en maçonnerie, l'excédent peut être regardé comme autant de points d'appui. Vous serez de même pour les chaufferies, fonderies, &c.

Quand sur ces grillages le total de maçonnerie sera élevé de quatre piés, il faut distribuer l'ouvrage pour ménager les conduits dont nous avons parlé. Les conduits voûtes à un demi - pié au - dessus des plus grandes eaux, & de l'épaisseur d'un pié de voûte, vous éleverez tout - autour le massif seul, de 9 piés d'épaisseur sur 4 piés d'hauteur. Comme sur le devant & le côté de la thuyere, la maçonnerie est diminuée d'épaisseur du haut en - bas, & que le travail y est grand, il faut que la maçonnerie des angles qu'on appelle piliers G G, soit des plus solidement bâties, & ces parties garnies de plaques de fonte B B B, fortes & épaisses, tenant tout l'espace entre les piliers, dans lesquels il faut ménager à cinq piés d'hauteur, une naissance de ceintre pour renforcer & fermer le dessus du devant & de la thuyere, ayant soin de ménager en - devant une ouverture pour les fumées. Le mieux seroit encore, que de ces mêmes piliers sortissent deux autres ceintres, pour voûter tant sur le moulage que les soufflets. Ces voûtes bandées contre de bons murs d'appui, affermissent toute la maçonnerie.

Sur le massif élevé de quatre piés, ce qui ne doit être regardé que comme trois, en en supposant un pour l'épaisseur du sond, vous ferez une recoupe intérieure d'un pié, ce qui réduira le massif à huit piés d'épaisseur, que vous éleverez de douze piés; ce qui joint aux trois ci - dessus & trois piés de banc, fera une élévation de 18 piés: elle peut être poussée à vingt & vingt - quatre. Sur cette recoupe, vous éleverez en bonne maçonnerie, pierre ou brique, un mur d'un pié d'épaisseur, qu'on nomme fausses parois. Il faut remarquer que ces fausses parois du côté du devant, ne sont quelquefois pas disjointes, mais font un total avec le massif, que la nécessité du travail fait beaucoup diminuer par le bas dans cette partie. Ces fausses parois seront élevées à la hauteur du massif. Il ne faut pas négliger de pratiquer des ventouses provenant du fond, sans quoi la maçonnerie se fendra en plusieurs endroits. Ces ventouses sont de petits soupiraux ménagés, & circulant dans la maçonnerie. Comme les fumées qui en sortiront seront dangereuses, il faut en placer l'ouverture dans les endroits que les ouvriers ne fréquentent pas. Ces soupiraux font un effet plus assûré que les liens de fer ou grosses pieces de bois D D, que plusieurs employent pour tenir la maçonnerie en respect, & qui ne résistent jamais à la raréfaction. Donnez jour à l'évaporation, & l'ouvrage est sauvé.

On ne pratique des fausses parois, que parce qu'il arrive communément que le feu ne se contentant pas de détruire les parois, il perce souvent & ronge une partie des fausses parois, quelquefois même du massif. Le cas arrivant, il est aisé de les réparer, ou en partie, ou même de les refaire en entier sans toucher au massif.

Dans les six à sept piés de vuide qui restent dans l'intérieur des fausses parois, on établit les parois. C'est ici que commence la science du fondeur.

Nous supposons les soufflets N N, posés ou imaginés dans une ligne parallele au fond de l'ouvrage R, & dont le vent doit se croiser dans le milieu R; nous supposerons encore les parois à monter pour des mines mêlées, ni trop chaudes ni trop froides, en termes d'art; la construction que nous allons décrire étant donnée, il sera aisé de diminuer, augmenter, varier les dimensions, suivant la qualité des mines, quand on en saura bien les raisons.

Du milieu de l'entre - deux des soufflets posés ou imaginés, vous tirez avec un cordeau une ligne droite, qui traverse le vuide que les fausses parois ont laissé. Du milieu de chaque soufflet, vous tirez deux autres lignes. Le point où elles se croisent sur la premiere, doit faire le milieu R. Du fourneau, du point de chaque côté de la premiere ligne, vous tirerez deux perpendiculaires, ou une prolongée qui traverse le point milieu; ce qui formera une croix à angles droits. Vous terminerez les extrémités des lignes du côté de la thuyere & du contrevent, à compter du point milieu, à deux piés trois pouces, & celles du côté du devant & de la rustine, a deux piés & demi. Au bout de chacune de ces lignes, vous ferez avec une équerre des retours, & vous aurez formé un quarré de cinq piés sur quatre & demi. Les fondeurs se servent ordinairement de baguettes, dont l'une a cinq piés, & l'autre quatre piés & demi dans notre hypothese; & en les couchant l'une sur l'autre, ils les alongent pour avoir la diagonale, qui est d'environ six piés neuf pouces; ce qu'ils font méchaniquement, se réglant seulement à vûe d'oeil sur l'ouverture destinée à placer la thuyere: de - là les abus immenses dont on rejette l'évenement sur des choses qui n'y ont aucune part.

De dessus la voûte du côté du contrevent & de la rustine, vous réglant sur les marastres du devant & du dessus de la thuyere, vous éleverez dans les dimensions ci - dessus perpendiculairement les parois M I, dont vous prendrez la naissance pour le devant, & la thuyere sur les marastres, & les pousserez toutautour à environ deux piés plus haut que la véritable position de la thuyere.

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