ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"146"> n'est - il pas aussi abreuvé & entretenu par les parties que l'air dépose? Ces parties sublimées sont censées legeres: de - là nous voyons que le coeur du bois & le pie tiennent le feu beaucoup plus long - tems que l'exterieur & le dessus. On pourroit donc par le poids seul, faire la différence du bois qui résiste le plus long - tems au feu.

Ne pouvant douter que les bois ne soient en relation exacte avec le terrein, la premiere regle pour l'achat doit donc être la connoissance du terrein, d'autant que c'est ce qui regle l'espece: les unes par leur constitution veulent des nourritures solides, d'autres plus legeres; quelques - unes ont de larges tuyaux, &c. Il seroit à souhaiter d'avoir l'analyse de tous les différens bois: mais en général au poids on ne sera point trompé.

La seconde regle est l'âge du bois; on le connoît aux cercles que vous voyez quand le bois est coupé. On compte dans un arbre un peu âgé le coeur pour trois ans; chaque cercle pour une seve, & l'écorce pour trois ans. Si le coeur & le pié ont des parties plus solides, comme on n'en peut douter, quand le bois a atteint un certain âge: cet âge est donc d'une extrème conséquence. Il faut mettre en compte la hauteur & l'épaisseur du bois: c'est ce qui donne la quantité. Par la traite, j'entends l'éloignement & la qualité du trajet.

Un manufacturier qui a mis en compte l'entretien, le cours d'eau, la mine, la main d'oeuvre, l'exploitation, la traite, voit d'un coup - d'oeil ce qu'il peut donner de la superficie d'un bois, & sait qu'un autre en pareille traite & du même âge, par le terrein seul, peut valoir le double & jusqu'à trois cinquiemes, le bénéfice restant plus grand: la preuve en résulte de ce qu'ayant sous un même volume de bois dequoi faire un plus grand travail, l'exploitation & transport sont moins coûteux. Il seroit à souhaiter que les propriétaires & manufacturiers voulussent se rendre à ces vérités; on n'entendroit pas les uns se plaindre de l'inégalité du prix de bois qui leur semblent de la même valeur, & les autres exposer leur fortune par des achats mal combinés.

De ce que nous avons dit il ne faut pas inférer que plus un bois seroit vieux, meilleur il seroit; soit taillis, soit futaye, attendez tant qu'ils profitent beaucoup; quand vous entrevoyez de la langueur, coupez.

Pour l'exploitation des bois en général, voyez Bois & Forêt. Pour l'usage particulier des forges, il convient qu'elle soit faite pendant que le bois est défeuillé: il faut se pourvoir d'un nombre d'ouvriers suffisant; la méthode la plus ordinaire est de couper le bois de deux piés & demi; le fendre en morceaux de trois à quatre pouces de diametre; & le mettre en cordes entre deux piquets, suivant les étendues & conventions arbitraires. Veillez aux coupeurs, qu'ils ne touchent point à ce qui est reservé; laissant le nombre & la qualité des baliveaux; coupant proche de terre; brûlant, si on n'a pas lieu d'en faire autre usage, les petites branches inutiles; empilant leurs bois sans fraude: il faut se conformer aux clauses des marchés, sans jamais anticiper ni retarder les coupes; se servir des anciennes places à charbon, des anciens chemins; & ne jamais traiter avec les propriétaires qu'on sait être trop scrupuleux & intéressés: les recollemens alors, avec toute la bonne foi & le soin qu'on a pû apporter, deviennent des sources de procès & de ruine. L'accident le plus à craindre pour les exploitations, est le feu.

Si à l'exploitation des taillis on a joint la coupe de quelque futaie, il sera avantageux de faire travailler le tout ensemble. Il est bien entendu que les corps d'arbres seront débités suivant leurs qualités, fente, sciage, charpente, charronnage; le reste, qui est de notre objet présent, sera scié de deux piés quatre pou<cb-> ces de longueur, fendu en morceaux de trois à quatre pouces, & dressé en cordes, commeles branches & taillis: ces gros bois, que nous supposons n'être point viciés, doivent naturellement résister au feu, mieux que les taillis: au mois de Mars, il faut av soin de faire ramasser de la feuille pour faire couvrirles fourneaux dans le tems. Quand tous les bois ront en cordes, ce qui doit être fini pour le mois d' vril, on les laisse sécher jusqu'en Septembre: alors il ne faut point perdre de tems à les faire dresser, voyez Charbon. Ce n'est que dans le dernier besoin, qu'il faut faire de nouvelles places à charbon. Cette partie demande toute l'atteution possible. Où le fond est arbue & plein, alors les nettoyer & battre suffit; où le fond est en côteau, le mieux est de prendre des pionniers pour les unir, & de bons bras pour les battre; où le fond est pierraille ou sable, quelquefois avec des crevasses, le mieux est d'y faire conduire de l'arbue, & de la faire battre. Les aires préparées, les dresseurs auront soin de mettre une partie de petits bois pour commencer, c'est ce qu'on appelle l'alume; ensuite les plus gros dans le foyer, & les plus petits à mesure qu'on s'éloigne du centre: par ce moyen, tout se trouve dans la place qui lui convient. Le grand point est que le bois ne soit point trop couché en - dedans ni sur les côtés; sans quoi au moindre affaissement, tout se dérange & cause un desordre préjudiciable. Le dressage doit laisser une égale liberté au feu de circuler de tout côté: si une partie est trop garnie, le feu pénetre avec peine: ne l'étant pas assez, il se jette tout - d'un - coup où il trouve moins de résistance: si le gros bois tient une place séparée du petit, l'un brûle, l'autre ne cuit pas; si la place n'est pas ferme, tout le bois qui entre en terre ne deviendra jamais charbon; s'il s'y trouve des fentes; si elles communiquent à l'air extérieur, elles soufflent; si elles ne communiquent pas, & qu'il y ait beaucoup d'humidité, la raréfaction peut faire culebuter une piece entiere; si le bois est mal arrangé & garni, il s'y forme des entonnoirs, qu'on ne bouche & remplit jamais sans perte.

Quand les fourneaux sont dressés, on les couvre de feuilles, d'un peu de terre & fasins, pour concentrer la chaleur: si on a affaire à un terrein pierre, je le répete encore, voiturez de la terre & des fasins, vous serez dédommagé de cette dépense. La regle pour l'épaisseur de la terre qui couvre les fourneaux, n'est point arbitraire; il faut que la fumée & la flamme ne puissent passer que dans les endroits qu'on le souhaite. Trop de terre empêchera la cuisson de la partie qui lui est contiguë: il y a des sels qui s'évaporent avec les fumées; ne seroit - ce point ces sels qui les rendent si dangereuses? Quand le feu est dans un fourneau, il faut veiller s'il marche également; s'il se jette d'un côté, couvrez - le de fasins, & donnez jour dans le voisinage. Quand le milieu commence à s'affaisser, couvrez - le bien, & piquez dans des environs & au bas; si une partie paroît résister au feu, tan dis que le reste passe, ouvrez, & laissez - la s'enflammer à l'air libre; quand le feu y aura bien mordu, couvrez. Ne pressez jamais un fourneau. Comme il ne peut aller vîte qu'en prenant beaucoup d'air: outre une grande diminution, le charbon qui reste a beaucoup perdu de ses parties inflammables, comme on le voit à sa grande division & legereté.

Le charbon doit naturellement rester pénétré des qualités du bois. Aussi voyons nous que celui venu & cuit dans l'arbue résiste long tems au feu; & celui venu dans la castine s'évapore aisément: la pesanteut est une regle aussi assûrée pour le charbon que pour le bois. Il est aisé de se convaincre que deux morceau bois sec de même dimension, l'un venu dans l'arbue, l'autre dans la castine, pesent, après leur réduction bien faite en charbon, dans la même [p. 147] proportion qu'ils étoient avant: le charbon le plus lourd tient le seu le plus long - tems. On sent bien que le bois de pié & du dessus étant dans les fourneaux, c'est avoir mélangé le fort & le foible: il est rare, avec cela, de n'avoir pas, dans de grosses exploitations, quelques especes de bois leger; en tout cas, quand vous aurez des bois différens par la nature du fond, le plus expédient est de mélanger les charbons dans la proportion du mélange des mines; dix parties du charbon venu dans l'arbue, quatre de celui venu dans la castine, cela réussit bien à l'expérience & au travail. Le charbon vigoureux convient bien aux fourneaux dans lesquels on cherche à concentrer la chaleur, & où on employe la force de l'air; il convient encore à la macération des fontes, &c.

Pour les fours des fonderies qui se chauffent avec du bois, je n'ai pas besoin de dire que ceux venus dans la pierraille donnent une flamme plus passagere, mais plus vive & plus prompte, & consequemment conviennent mieux.

Il est aisé de conclure qu'ayant besoin pour cuire le charbon, d'une certaine épaisseur de terre & de fasins, soûtenue par la feuille sur les fourneaux; les grandes pluies, qui entassent, battent, & entraînent; les gelées, qui soûlevent; les grandes chaleurs, qui raréfient; les vents qui dérangent, y sont très - préjudiciables: le plus expédient est de choisir le tems qui paroît le moins sujet à ces inconvéniens; Mars, Avril, Septembre, & Octobre, paroissent les plus propres; il faut en profiter, pour faire la provision nécessaire: pour cet effet, il faut des voituriers, des releveurs de charbon.

En général, les halles doivent être au vent du nord des usines: cette exposition est moins dangereuse pour le feu; les uns les font bâtir solidement & à demeure; les autres ont une carcasse en bois, dont les côtés ont des coulisses qu'on garnit de planches, ainsi que le dessus, à mesure que le charbon arrive: par ce moyen, on les alonge tant qu'on juge à - propos. Le charbon craint sur toutes choses l'humidité: ainsi il ne faut point tarder, quand il est cuit, à le voiturer & le mettre à l'abri; plus il est brisé, plus à l'air seul il perd de ses parties inflammables. Le charbon récent donne de la chaleur; mais il est bien - tôt consumé: la raison est qu'ayant tous lespores ouverts, il est plus disposé à une prompte dissolution par une inflammation totale. Il est utile que le refroidissement ait fermé ses pores, pour ne se prêter qu'à une inflammation successive: sur toutes choses, garantissez - le de l'humidité.

La façon de voiturer les charbons n'est pas égale par - tout; les uns se servent de voitures à quatre roues, qu'on renverse; mauvaise méthode, qui en écrase une grande quantité: d'autres se servent de bennes sur deux roues, avec des claies par - dessous, qu'on ouvre pour le laisser couler: d'autres se servent de sacs qu'ils chargent sur des bêtes de somme; la meilleure maniere est celle qui brise moins; la façon de mesurer le charbon est aussi différente: on parle de muid, de van, de basche, &c. Quand nous aurons besoin d'une dimension, nous la déterminerons par piés; par ex. un van de Bourgogne équivaut à 5 piés cubes.

La regle pour la mesure des bois, est, par l'ordonnance, fixée à cent perches de vingt - deux piés de roi pour un arpent. Les arpenteurs sont joints aux corps des maîtrises, pour travailler dans l'étendue de leurs ressorts. Je ne puis passer sous silence un abus prodigieux: les bois sont communément dans de grandes inégalités, hauteurs, & profondeurs: on traîne la chaîne en montant, on la traîne en descendant dans une surface convexe; c'est la demi - circonférence, ou autre courbe qui est mesurée, pendant que ce devroit être la base.

Art. VIII. De l'air. L'air absolument nécessaire pour la fusion des mines dans les fourneaux, l'est de même pour les forges, fonderies, &c. il est simplement question d'en proportionner la force & la direction suivant le genre de travail.

On communique l'air à des foyers par le moyen de l'eau, ou de soufflets, ou d'ouvertures exposées à l'air libre.

Le premier moyen veut une chûte considérable, quoique d'une petite quantité d'eau. Supposons deux ou trois pouces tombans de douze ou quinze piés; vous aurez sur le sol du fourneau ou de la forge, du côté & au bas de la thuyere, un bassin percé pai le fond d'une ouverture proportionnée à l'eau qui doit tomber: le dessus de ce bassin sera encore percé vis - à - vis le trou de la thuyere; à cette ouverture il faut adapter un robinet qui étant ouvert laisse entrer l'air par la thuyere, & ferme le jet de côté. Au - dessus de ce bassin sera adapté & scellé un tuyau perpendiculaire de la hauteur de la chûte, au - dessus duquel il y a un entonnoir qui reçoit l'eau à l'air libre; cette eau est amenée par une conduite, qui ne laisse passer qu'une quantité déterminée & exacte. L'eau entrant dans le tuyau avec beaucoup d'air, & tombant perpendiculairement, est déterminée par son poids à s'echapper par l'ouverture d'en - bas; l'air moins pesant trouvant une issue ouverte du côté de la thuyere, s'échappe avec une force proportionnée à la hauteur & largeur du tuyau. La difficulté d'avoir de pareilles chûtes & une quantité réguliere d'eau, les gelées, & autres inconvéniens, n'ont pas donné à une machine si simple tout le crédit qu'elle devroit avoir; l'habitude ne laissant pas même entrevoir les ressources des différentes positions.

Le second moyen a été d'employer des soufflets: d'abord on les a fait de cuir, plus grands, mais de la même forme que ceux des petites boutiques, ils étoient mûs par l'eau & rabaissés par des contrepoids. Depuis peu on a trouvé une maniere plus ingénieuse & sujette à moins d'entretien, en les faisant de bois; en voici là construction, tant pour les fourneaux que les forges; ils ne different que par la grandeur: ceux des fourneaux ont depuis quinze jusqu'à vingepiés de longueur; & ceux des forges, depuis sept jusqu'à neuf piés, sur la largeur proportionnée. M. de Réaumur a calculé qu'un soufflet de forge de sept piés & demi de longueur jusqu'à la tête, de quarante - deux pouces de largeur, finissant à quatorze sur l'élévation de la caisse, de quatorze pouces à sa plus grande portion de cercle, donne 20151 pouces & un tiers en bas, pour le volume d'air poussé par chaque coup de soufflet; qu'un soufflet de fourneau de 14 piés de longueur donne 98280 pouces en bas.

Les soufflets sont composés du fond & de la caisse; (Voy. les Pl.) le fond d'un soufflet de fourneau est une talbe de bois M, de quinze piés de longueur jusqu'à la tête R, sur cinq piés de largeur dans le dessus, finissant à 18 pouces vers la tête; prolongée de 18 pouc. finissant à 1 pié de largeur, pour faire le fond de la tête S. Sur cette table seront fermement attachés toutautour, jusqu'à la tête, des rebords de six pouces de hauteur sur trois à quatre pouces d'épaisseur, bien dressés: sur ces rebords vous appareillerez des tringles de bois h, aussi - bien dressées, enclavées par leurs extrémités les unes dans les autres, par une encoche & un tenon mobile 9, 10, 11, 12, 13; & dans les coins, par des encoches sur le plat à mi - bois. CC, trois ou quatre litteaux de chaque côté, deux au - dessus, 3, 4, 5, 6, deux vers la tête 9, 10, 12, 13: ces tringles CC s'appellent litteaux: ces litteaux seront affermis par des mentonnets Z: le mentonnet est composé de la racine 1, qui se cloue en - dedans des rebords YS, formant un angle droit avec le menton 2, & tenus ensemble par un tenon & une mortoise: on arrache & place les mentonnets suivant le besoin;

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