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5°. Lorsque les premieres couches de la terre n'admettent point l'eau pluviale, il n'y a point de fontaines à espérer, ou bien l'eau des pluies s'évapore & forme des torrens, ou bien il n'y pleut plus, comme en certains cantons de l'Amérique. Il y a de grands pays où l'eau manque par cette raison, comme dans l'Arabie pétrée, qui est un desert, & dans tous ceux de l'Asie ou de l'Amérique; les puits sont si rares dans l'Arabie, que l'on n'en compte que cinq depuis le Caire jusqu'au mont Sinaï, & encore l'eau en est - elle amere.
6°. Lorsque les premieres couches admettent les eaux, & qu'il ne se trouve pas des lits d'argille ou de roche propres à les contenir, elles pénetrent fort avant & vont former des nappes d'eau, ou des courans soûterreins. Ceux qui travaillent aux carrieres des pierres blanches près de la ville d'Aire en Artois, trouvent quelquefois des ruisseaux soûterreins qui les obligent d'abandonner leur travail. Il y a des puits dans plusieurs villages des environs d'Aire, au fond & au - travers desquels passent des courans qui coulent avec plus de rapidité que ceux qui sont à la surface de la terre; on a remarqué qu'ils couloient de l'orient d'été au couchant d'hyver, c'est - à - dire qu'ils se dirigent du continent vers la mer; ils sont à 100 & 110 piés de profondeur. Journ. de Trév. an. 1703, Mars.
7°. Les secousses violentes des tremblemens de terre sont très - propres à déranger la circulation intérieure des eaux soûterreines. Comme les canaux ne sont capables que d'une certaine résistance, les agitations violentes produisent, ou des inondations particulieres, en comprimant par des soûlevemens rapides les parois des conduits naturels qui voitu<cb->
Quant à ce qui concerne ce dernier objet, voyez
Les uniformes ont un cours soûtenu, égal & continuel, & produisent du - moins dans certaines saisons la même quantité d'eau.
Les intermittentes sont celles dont l'écoulement cesse, & reparoit à différentes reprises en un certain tems. Les anciens les ont connues. Voyez Pline, lib. II. cap. 103.
Les intercalaires sont celles dont l'écoulement sans cesser entierement, éprouve des retours d'augmentation & de diminution qui se succedent après un tems plus ou moins considérable.
Les fontaines des deux dernieres classes se nomment en général périodiques. Dans les intermittentes la période se compte du commencement d'un écoulement ou d'un flux, à celui qui lui succece; de sorte qu'elle comprend le tems du flux & celui de l'intermission. La période des intercalaires est renfermée dans l'intervalle qu'il y a entre chaque retour d'augmentation, que l'on nomme accès: enscrte qu'elle comprend la durée de l'accès & le repos ou l'intercalaison dans laquelle l'écoulement parvient quelquefois à une uniformité passagere. Quelquefois aussi on n'y remarque aucun repos ou intercalaison, mais leur cours n'est proprement qu'une augmentation & une diminution succestive d'eau.
Si l'interruption dure trois, six ou neuf mois de l'année, les fontaines qui l'éprouvent se nomment temporaires (temporales ou temporarioe) & en partioulier maïales (majales), lorsque leur écoulement commence aux premieres chaleurs, vers le mois de Mat, à la fonte des neiges, & qu'il finit en automne.
Les fontaines véritablement intermittentes qui ont [p. 95]
Je crois qu'on peut rapporter à la classe des intercalaires les fontaines uniformes qui éprouvent des accroissemens assez subits & passagers après de grandes pluies, ou par la fonte des neiges.
Enfin plusieurs fontaines présentent dans leurs cours des modifications qui les font passer successivement de l'uniformité à l'intermittence, & de l'intermittence à l'intercalaison, & revenir ensuite à l'uniformité par des nuances aussi marquées. Nous expliquerons tous ces différens phénomenes: & nous tâcherons de donner les dénoüemens de ces bisarreries apparentes. Nous ne parlons pas ici des fontaines à flux & reflux, qui avoient été imaginées avoir quelque rapport dans leur écoulement & leur intermission avec les marées. Après des examens refléchis, on a vû disparoître la prétendue analogie qu'on avoit cru trouver entre leurs accès & l'intumescence de la mer, & tomber totalement la correspondance imaginaire de leur réservoir avec le bassin de l'Océan. Nous ne croyons donc pas devoir nous astreindre à l'ancienne distribution des Géographes sur cet article. C'est une supposition révoltante que d'attribuer aux mouvemens des marées les accès des fontaines que l'on trouve au milieu des continens. Cependant il est très - possible que certaines sources situées à une très - petite distance des bords de la mer, ayent avec ses eaux une communication soûterreine; & pour lors je conçois que l'intumescence produira un refoulement jusque dans le bassin de ces sources, assez semblable à celui que les fleuves éprouvent à leur embouchure lors du flux. Mais cette cause n'agit point sur le méchanisme intérieur de l'écoulement des fontaines.
On doit expliquer ainsi ce que Pline rapporte (hist. nat. lib. II. cap. ciij. & lib. III. cap. xxvj.) que dans une petite île de la mer Adriatique, près de l'embouchure de la riviere du Timavo, on trouve des fontaines d'eau chaude qui croissent & décroissent avec le flux & le reflux qui est sensible au fond du golfe. On les nomme bagni di monte falcone Cluvier en a fait une description exacte, & observe qu'ils ne sont qu'à deux traits d'arbalête de la mer. Il assûre qu'ils sont assujettis à des retours d'intumescence & de détumescence dépendans de ceux de la mer. Les sources mêmes du Timavo plus éloignées dans les terres, éprouvent, suivant le même historien, de semblables variations. Cluvier, Italia antiqua, lib. I. cap. xx. Kircher, mund. subt. lib. V. cap. vj. & Fallope, de aquis Therm. cap. iij. nous assûrent que ces mouvemens ont lieu, parce qu'un gouffre soûterrein dans lequel il s'engloutit une grande quantité d'eau, communique avec la mer qui reflue jusque - là, ou du moins soûtient les eaux de ce gouffre, & enfle parlà celles du bassin des sources du Timavo, avec lequel le gouffre s'abouche.
Pour expliquer le méchanisme des fontaines périodiques, soit intermittentes, soit intercalaires, on a supposé des réservoirs & des siphons dans les entrailles de la terre. Et ces suppositions sont fondées sur l'inspection attentive de l'organisation que le globe présente en plusieurs endroits à sa surface. On rencontre dans les provinces de Derby & de Galles, en Angleterre, dans le Languedoc, dans la Suisse, des cavernes dont les unes donnent passage aux eaux qui y abordent de toutes parts, & d'autres les rassemblent & ne les versent qu'après avoir été remplies. Les coupes de ces cavernes qui s'offrent à découvert aux yeux des observateurs dans les pays montueux, nous autorisent à en placer au sein des collines, où se trouvent les fontaines périodiques.
Quant aux siphons dont le jeu n'est pas moins né<cb->
Je conçois même que les siphons doivent se rencontrer
précisément dans un endroit rempli de cavernes
propres à faire l'office de réservoir. Supposons que les couches inclinées A B, (
Maintenant donc la cavité C E D recevant l'eau
qui coule entre les couches entr'ouvertes en D, &
qui s'y decharge avec plus ou moins d'abondance,
se remplira jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à la courbure
du siphon en C. Alors le siphon joüant commence
à épuiser l'eau de la caverne, & il cesse lorsque
l'eau est descendue au - dessous de l'orifice de la
plus courte jambe en F. Le jeu du siphon recommencera
dès que l'eau fournie par les couches D, aura
rempli la cavité au niveau de la courbure C. Cet
écoulement sera suivi d'une intermission, & l'intermission
d'un nouvel écoulement qui se succederont
toûjours dans le même ordre périodique, tant que
le canal d'entretien D fournira la même quantité
d'eau. Ensorte que si le siphon décharge son eau dans
des couches qui soient interrompues en A, ou dans
un réservoir à cet endroit de la surface de la terre,
il se formera une fontaine périodique. Voyez
On conçoit aisément que de la combinaison des siphons, des réservoirs, & des canaux d'entretien, il doit résulter des variations infinies dans l'écoulement des fontaines périodiques dont il suffit d'indiquer ici les plus singulieres; en un mot, celles que la nature nous offre en plusieurs endroits.
Fontaines intermittentes. Pour qu'une fontaine soit intermittente, il est nécessaire que le siphon A C F entraîne plus d'eau que n'en fournit le canal d'entretien D. Car si ce dernier canal en décharge dans le réservoir autant que le siphon en peut vuider, l'écoulement du siphon sera continuel, parce que l'eau se soûtiendra dans la caverne toûjours à la même hauteur; & la fontaine formée par le produit du siphon en A, aura un cours uniforme.
De ce principe & de la supposition du méchanisme précédent, nous tirons plusieurs conséquences capables de nous guider dans l'apprétiation des différentes variétés des fontaines intermittentes.
1°. Le tems de l'intermission ou de l'intervalle de
deux écoulemensest toûjours égal à celui qu'employe
le canal d'entretien à remplir le bassin de la caverne
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