ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"64"> glise & de la voie du salut: & par opposition ils reconnoissent aussi des articles non - fondamentaux qu'on peut ignorer, ou, ce qui est la même chose, croire de foi implicite sans être en danger de salut.

Les Protestans ont appellé articles fondamentaux, généralement ceux dont la foi, soit explicite, soit implicite, est nécessaire au salut; & non - fondamentaux, ceux qu'on peut, disent - ils, se dispenser de croire, ou même nier expressément, malgré l'autorité des différentes sociétés chrétiennes qui voudroient en prescrire la croyance.

On pourroit encore appeller articles fondamentaux, les dogmes principaux de la doctrine chrétienne, ceux qui tiennent plus fortement à tout l'édifice de la religion; & quelques - uns ont ces qualités - là, sans être de foi explicite. Mais la distinction des articles fondamentaux & non - fondamentaux expliquée ainsi, ne souffre aucune difficulté en Théologie.

Ces définitions une fois établies, je dis 1°. il y a dans la doctrine catholique des dogmes fondamentaux en ce sens, qu'on est obligé de les croire de foi explicite; & d'autres qu'on peut ignorer sans danger pour le salut. Toutes les sociétés chrétiennes conviennent de ce principe. Cependant l'Eglise catholique n'a pas déterminé bien précisément quels sont les dogmes fondamentaux en ce sens - là. On ne peut pas regarder les symboles comme ne contenant que des dogmes de cette nature. Voyez dans l'article Foi, foi explicite & foi implicite, & l'article Symbole.

2°. La distinction des articles fondamentaux & nonfondamentaux dans le deuxieme sens, n'est pas recevable; parce que tous les dogmes définis par l'Eglise catholique sont fondamentaux; au moins est - ce en ce sens, qu'on ne peut en nier aucun, lorsqu'on conçoit la définition sur laquelle il est appuyé, sans être hors de la voie du salut. Cela suit des principes de l'autorité & de l'unité de l'Eglise. Voyez Eglise.

C'est dans ce dernier sens que les théologiens conciliateurs, Erasme, Cassander, Locke, dans l'ouvrage qui a pour titre, le Christianisme raisonnable, ont employé la distinction des articles fondamentaux & non - fondamentaux.

Le ministre Jurieu s'en est aussi servi dans son système de l'Eglise, pour prouver que les églises protestantes d'Angleterre, d'Allemagne, de France, de Danemark, &c. ne sont qu'une même Eglise universelle. Il se fonde sur ce que ces églises conviennent dans la même profession de foi générale sur les articles fondamentaux, quoique divisées entr'elles sur quelques points qui ne ruinent pas le fondement: à quoi il ajoûte quelques regles, pour discerner ce qui est fondamental de ce qui ne l'est pas.

En combattant les théologiens conciliateurs qui ont voulu rapprocher les sociétés séparées entr'elles & même avec la catholique, on n'a pas, ce me semble, distingué avec assez de soin les sens différens du mot fondamental. Par exemple, M. Nicole dans son livre de l'unité de l'Eglise, en attaquant Jurieu, s'arrête seulement à lui prouver que les églises réformées ne peuvent regarder ce qui les unit comme fondamental, & ce qui les divise comme non fondamental, qu'elles n'ayent une idée distincte de ce qu'on appelle un article fondamental, & que cela est impossible. Il semble, dit - il, que ce soit la chose du monde la plus claire & la plus commune, la plus uniformément entendue; cependant la vérité est qu'on ne sait ce qu'on dit, qu'on n'a aucune notion distincte de ce qu'on appelle article fondamental, & que ce qu'on se hasarde quelquefois d'en dire, est étrangement confus & rempli d'équivoque, &c. Il prouve ensuite que les regles que donne Jurieu pour le discernement des vérités fondamentales, sont absolument insuffisantes.

Cette méthode d'argumenter de l'auteur de l'unité de l'Eglise, fournissoit au ministre une réponse assez plausible. Il auroit pû dire que les articles fondamentaux étoient ceux que les théologiens catholiques regardent comme de foi explicite; qu'il distingueroit ceux - là par les mêmes caracteres que les Catholiques employeroient pour ceux - ci; que l'autorité de l'Eglise ne donnoit aucun moyen de plus pour faire ce discernement, puisqu'elle ne décide pas quels sont précisément & uniquement les dogmes qu'il faut croire explicitement, & quels sont ceux pour lesquels la foi implicite suffit.

A quoi il auroit ajoûté, que ces dogmes de foi implicite pouvoient être niés sans danger pour le salut, quoique définis par quelques sociétés chrétiennes.

Pour enlever absolument aux Réformés cette ressource, & rappeller la question à son véritable état, il falloit tout de suite les obliger de prouver qu'ils ont pû nier sans danger pour le salut un dogme reçû dans l'Eglise universelle, dans l'Eglise qu'ils ont quitté par un schisme; prétention absolument insoûtenable, & que nos théologiens ont suffisamment combattue. Voyez Eglise.

Fondant de Rotrou (Page 7:64)

Fondant de Rotrou, (Chimie.) chaux absolue d'antimoine faite avec son régule & le nitre, non lavée, & édulcorée avec l'eau de canelle spiritueuse qu'on brûle dessus. Cette préparation est une des cinq qui composent le remede de Rotrou.

La description s'en trouve particulierement dans deux auteurs célebres. Le premier est M. Astrue, qui l'a donnée à la fin de son traité des maladies vénériennes, imprimé pour la premiere fois en 1736: le second est M. Col de Villars, dans le tome II. de sa chirurgie, qui parut en 1738. Nous allons transcrire celle de M. Astruc, & indiquer les différences qui se trouvent dans celle de M. Col de Villars: nous décrirons ensuite les différens procédés par lesquels on fait en Chimie de l'antimoine diaphorétique; afin d'indiquer les sources dans lesquelles Rotrou a puisé; de faire voir que ce fondant ne mérite de porter son nom, que parce qu'il a conservé ou ajoûté des points dont il n'a certainement pas entendu la raison; & de suppléer aux défauts d'un manuel dont il n'a donné qu'une description trés - imparfaite.

Fondant de Rotrou, empyrique de ce nom. Prenez de régule d'antimoine bien préparé & réduit en poudre; de nitre purifié & pulvérisé séparément, de chaque une livre & demie: mêlez ces deux poudres bien intimement; projettez - les, selon l'art, par cuillerées dans un creuset rougi au feu. Les projections étant achevées, vous calcinerez la matiere pendant six heures.

Retirez votre matiere du creuset, & la réduisez en poudre avant qu'elle soit refroidie; passez la par un tamis de crin, & la mettez sur le champ dans un vaisseau de verre, que vous boucherez exactement, pour empêcher qu'elle ne s'imbibe de l'humidité de l'air.

Faites chausser legerement cette poudre; versez dessus peu - à - peu six onces d'eau de canelle spiritueuse, par livre de matiere; remeuz - la continuellement, jusqu'à ce que l'eau de canelle soit entierement dissipée.

Cette préparation differe très - peu de l'antimoine diaphorétique non lavé. Astruc, édit. de 1736 & de 1740.

Dans la recette de M. Col de Villars, on met une livre & demie de nitre contre une demi - livre de régule. On couvre le creuset après la détonation; on calcine la matiere au grand feu; on la laisse refroidir; on passe cette matiere qui est blanche, à - travers un tamis fin. On observe d'ailleurs que cette préparation y est intitulée, grand fondant de Paracelse; ce [p. 65] qui indique, à la vérité, que Rotrou n'a pas prétendu donner ce remede comme de lui, mais a voulu néanmoins s'autoriser du nom d'un grand homme, dont les écrits n'étoient pas assez à sa portée pour qu'il pût le deviner parmi ses énigmes, p. 284. on y ajoûte aussi, p. 281. que le remede du sieur Rotrou, chirurgien de Saint - Cyr, dont on fait beaucoup de cas pour la guérison des écroüelles, consiste dans sa teinture aurifique de Basile Valentin, autre nom supposé, l'élixir aurifique, le grand fondant de Paracelse, l'alkali de Rotrou, & sa pâte en pilules purgatives, & qu'on en donne la description telle qu'elle a été communiquée, pour ne rien omettre de ce qui peut contribuer à la guérison d'une maladie aussi rébelle. M. Astruc les a décrits aussi. Voyez Remede de Rotrou, & Ecrouelles

L'antimoine diaphorétique se fait ou avec l'antimoine crud, ou avec le régule d'antimoine; ou à sa place, avec quelques autres préparations du même demi - métal. Le premier porte particulierement le nom d'antimoine diaphorétique; & le second, celui de céruse d'antimoine, chez les chimistes modernes.

Antimoine diaphorétique. Prenez une partie d'antimoine, & trois parties de nitre bien seché. Réduisez - les séparément en poudre bien fine, & les mêlez bien intimement. Ayez un creuset de sept ou huit pouces de diametre, sur environ autant de hauteur, dont le fond soit hémisphérique: placez ce creuset sur une tourte de deux doigts d'épaisseur, dans un sourneau à capsule (Voyez nos Planches de Chimie, leur explication; & l'article Fourneau): ajustez - lui un couvercle; entourez - le de charbons ardens jusqu'au haut, ou du moins à fort peu près; découvrez - le de tems en tems, pour savoir s'il est rouge; quand il le sera, projettez - y une cuillerée de votre mélange: il s'en fait sur le champ une détonation assez vive, pendant laquelle il s'éleve une fumée noirâtre & épaisse mêlée de quelques étincelles: la détonation cessée, projettez - y en une autre cuillerée, puis une troisieme, & ainsi de suite, jusqu'à ce que vous en ayez employé cinq ou six; observant toûjours de laisser finir la détonation, avant que de jetter une nouvelle cuillerée de matiere: au bout de ces cinq ou six cuillerées, que vous aurez dans votre creuset un volume de matiere égal à celui d'un oeuf à - peu - près, remuez - la avec une large spatule de fer. Ce résultat sera un peu pâteux, ressemblant en quelque sorte à du plâtre frais gâché; retirez - le incontinent du creuset: vous le donnerez à un aide, qui le recevra sur un couvercle renversé: la main qui doit tenir le couvercle sera garantie de la chaleur par une poignée épaisse; & l'autre sera occupée à racler avec une spatule de fer la spatule chargée de la matiere: au sortir du creuset, elle est rouge, & garde quelque tems cet état sur le couvercle. peu - à - peu elle paroît sous sa couleur naturelle, qui est un blanc sale ou jaunâtre: quand elle a perdu sa rougeur, on la jette dans une grande terrine de grais remplie d'eau chaude, par parties & au bord de la terrine.

Pendant que l'aide est occupé à jetter ainsi la matiere dans l'eau, on ne cesse de projetter le mélange avec les précautions que nous avons mentionnées: on racle bien le creuset chaque fois qu'on en retire une mise, afin de n'y en rien laisser, si cela se peut. On continue de la sorte, jusqu'à ce que tout le mélange soit employé, détonné, & jetté dans l'eau.

Après l'y avoir laissé un certain tems, décantez cette premiere eau; édulcorez encore votre chaux 7 ou 8 fois avec de l'eau bouillante; laissez - l'y quelques heures chaque fois: quand vous aurez décanté l'eau du dernier lavage, mettez votre chaux sur un filtre, ou tout simplement sur un papier gris, pour en essuyer la plus grande humidité. Achevez de la sécher à une chaleur douce, ou à un air chaud.

Il y a des substances métalliques qui ne perdent les dernieres portions de leur phlogistique, que bien difficilement, & qui demandent des calcinations longues, quand elles sont seules: pour vaincre la difficulté & abréger les peines, on a recours à des moyens étrangers: tel est le nitre, dans l'opération dont il s'agit; par son intermede, on vient à bout de réduire l'antimoine crud en une chaux absolue, en suivant le manuel qne nous venons de détailler.

Si on prend l'eau du premier lavage, & qu'on la fasse évaporer & crystalliser, on a 1°. du tartre vitriolé: 2°. du nitre non décomposé, en poussant l'évaporation un peu plus loin; c'est la quantité surabondante à ce qu'il en faut pour enlever le phlogistique à l'antimoine employé: 3°. enfin un alkali fixe en desséchant la matiere. On a donné le nom de nitre antimonié à tous ces sels confondus ensemble. Mais il est aisé de voir que cette dénomination est absolument fausse, & ne convient à aucun de ces trois sels: tous contiennent une portion de la chaux la plus subtile de l'antimoine: l'alkali fixe qui en tient le plus, en devient plus caustique, voyez Pierre a Cautere, & Nitre : on ne l'en sépare que par un acide, voyez Matiere perlée. Voici donc comment la chose s'est passée.

Une portion de nitre détonne avec le soufre, dont le phlogistique embrasé enflamme & décompose l'acide nitreux qu'il dégage de sa base: cette base constitue une partie de l'alkali fixe qu'on trouve dans le lavage. Mais le phlogistique du soufre n'est pas plûtôt séparé de l'acide vitriolique, que cet acide devenu libre trouvant du nitre près de lui, chasse son acide, & s'introduit à sa place. L'acide nitreux s'enflamme encore ou se dissipe; & la nouvelle combinaison forme du tartre vitriolé. Le soufre en se dégageant du régule d'antimoine (voyez la calcination de l'antimoine crud), emporte aussi avec lui une partie de son phlogistique, tant par son phlogistique que par son acide. Mais le nitre détonne encore en même tems avec le régule d'antimoine, dont le phlogistique agité par le feu produit sur ce sel le même effet que celui du soufre: d'où résulte une nouvelie portion d'alkali five, qui agit encore sur le régule, s'il en reste de non décomposé, voyez plus bas céruse - d'antimoine; en sorte que ce régule est réduit par cette action à l'état d'une pure terre ou chaux absolue. Voyez Nitre, Nitre alkalisé par le charbon, & Sel polychrfste de Glaser .

Telle est la méthode que donne M. Roüelle; cette correction se publie aussi en Allemagne. En suivant celles qui se trouvent décrites dans les auteurs, on avoit beaucoup de peine à faire l'antimoine diaphorétique bien blanc: il étoit presque toûjours jaune; & il étoit impossible de lui faire perdre ce défaut. Cet inconvénient venoit de ce qu'on le laissoit trop longtems dans le creuset après la détonation: on avoit beau le laver, jamais on ne réparoit ce défaut qu'il avoit contracté par une trop longue calcination: c'est en partie pour ce motif, qu'il faut retirer la matiere du creuset à différentes reprises.

Si l'antimoine diaphorétique se trouvoit brun, alors ce défaut ne viendroit plus de la longueur de la calcination, mais de l'antimoine qui se trouve quelquefois mêlé de fer & d'autres métaux, sur - tout à la base du cône. Voyez Saffran de Mars antimonié

Ce premier inconvénient en entraînoit un second. La matiere calcinée pendant deux, quatre, & même six heures, comme quelques chimistes l'ont demandé, devenoit dure comme une pierre: elle adhéroit si fortement au creuset, qu'il falloit souvent le casser pour l'en tirer: en sorte qu'elle étoit mêlée de quelques morceaux du creuset, ou qu'il en falloit perdre beaucoup pour l'en séparer: & ayec quelques soins qu'on

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