ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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FLECHIR (Page 6:851)

* FLECHIR, v. neut. (Gramin.) il se dit dans les Arts, de tout corps qui, trop foible pour l'effort qu'il a à soûtenir, cede en quelque point à cet effort; ainsi on dit, cette barre de fer a slechi, cette poutre a sléchi. On a transporté cette acception du physique au moral. On a supposé que le ressentiment d'une injure donnoit à l'ame de l inflexibilité; & on a dit qu'on avoit fléchi un homme offensé, quand on lui avoit fait oublier son ressentiment, ou renoncer à la vengeance. Fléchir étoit neutre au physique, il est devenu actif au moral.

FLECHISSEUR (Page 6:851)

FLECHISSEUR, adj pris subst. (Anatom.) est le nom d'un musele qui produit la flexion des os. Je ne ferai ici la description que des muscles auxquels M. Albinus n'a pas donné d'autres noms que ceux de fléchisseurs.

Le court fléchisseur du pouce de la main vient par plusieurs portions tendineuses de diver, os du poignet, du tégument interne du caipe, des têtes voisines des os du métacarpe. Son principe large se porte transversalement dans le creux de la main; il en part des queues, qui s'attachent aux os sésamo&ides qu'on trouve à l'articulation du pouce avec le métacarpe, & à la tête supérieure de la premiere phalange On peut très - bien distinguer dans ce muscle, le thénar, l'hypothénar ou mesothénar, ou l'antithénar. Il fléchit le piemier os du pouce; il fléchit aussi postérieurement l'os du métacarpe qui répond au pouce, & en meme tems il l'approche, l'éloigne ou le meut parallelement à la paume de la main. Il étend le dernier os du pouce, lorsqu'on le retire vers son principe.

Le long fléchisseur du pouce de la main vient du ligament interjetté enue le rayon & le coude, & de la partie interne du rayon qui s'étend depuis l'insertion du biceps jusqu'au pronateur quarré. Il produit vers son milieu un tendon qui, à mesure qu'il grossit, se détourne de la partie inférieure vers le côté postérieur du musele, qui passe sous le ligament interne du carpe & dans le sinus interieur du carpe, conjointement avec les tendons du profond, à l'exemple desquels il se divise comme en deux. Il passe ensuite entre les os sésamo&ides qui sont à l'articulalation du pouce avec le métacarpe; il adhere à la capsule de cette articulation, & s'attache enfin à la partie postérieure & presque moyenne de la derniere phalange. Le long fléchisseur fléchit les deux phalanges du pouce vers la paume de la main.

Le fléchisseur du doigt auriculaire prend son origine de la partie moyenne de l'extrémité du processus recourbé de l'os cunéiforme du carpe, & de la partie externe du ligament du carpe. Il se confond dans son extrémité avec l'abducteur du doigt auriculaire, & a la même insertion à la tête supérieure de la premiere phalange de ce doigt. Je l'ai vû pourtant bien sépare de cet abducteur. Ce muscle manque souvent. Il fléchit la premiere phalange, & par conséquent tout le doigt, en le tournant un peu vers le pouce.

Le long fléchisseur des doigts du pié vient de la partie postérieure du tibia, & de la partie voisine du, ligament qui est entre le tibia & le péroné. Son tendon commence intérieurement presqu'au haut du musele. Il se porte obliquement vers le bord interne de l'extrémité du tibia, & le long de la malléole interne, ensuite sous cette éminence du calcanéum qui soûtient l'astragale. Il est retenu dans ces endroits par un ligament; il se fléchit vers la plante du pié, & parvient au milieu de sa longueur. Là il s'élargit un peu, & se divise en quatre tendons qui aboutissent aux quatre petits orteils, étant assujettis par des ligamens orbiculaires à leurs trois phalanges, après avoir passé par les fissures des tendons du court fléchisseur. Ce musele a une autre tête, qui fait sa dif<cb-> férence la plus marquée du profond de la main, auquel il se rapporte. Cette tête (qui est l'accessoire du long fléchisseur de M. Winslow) vient du calcanéum; elle se porte en - avant dans la moyenne largeur de la plante du pié, jusqu'à ce qu'elle rencontre le tendon précédent, auquel elle s'unit dans sa division. Quelquefois, après cette union, elle se divise en quatre portions tendineuses qui s'inserent diversement dans différens sujets.

Le court fléchisseur des doigts du pié vient d'auprès de la racine de la grosse tuberosité du calcanéum. Il a des adhérences avec les abducteurs du pouce & du plus petit des orteils, & avec l'aponévroie plantaire. Il se divise vers le milieu de la plante du pié en quatre portions charnues, dont les tendons s'attachent aux quatre orteils après le pouce, conservant une grosseur qui est dans la même proportion que celle de ces doigts. Ces tendons ont une parfaite ressemblance avec ceux du sublime de la main. Ce muscle fléchit en - bas les premieres & les secondes phalanges: il paroît aussi pouvoir courber un peu la plante du pié vers la terre: il contribue un peu avec le long fléchisseur, en arcboutant les orteils contre le sol, à affermir un homme qui se tient debout.

Le long fléchisseur du pouce du pié vient de la surface plane & postérieure du péroné. Il occupe les deux tiers de la longueur de cet os, & atteint presque la malléole. Son tendon descend obliquement vers l'extrémité du tibia; il passe par un sinus qui est dans la partie postérieure de l'astragale, & par une autre qui est au côté interne du calcanéum, un peu au - dessous de la rainure qui reçoit le tendon du long fléchisseur des orteils. Ce tendon s'insere à la partie inférieure de la premiere tête du second os du pouce, après s'être enveloppé d'une gaîne tendineuse, sous le premier os. Quand ce tendon est parvenu à la plante du pié, il laisse échapper une portion grêle, qui s'unit diversement avec les tendons du long fléchisseur des orteils, ou de son accessoire, ou meme avec le premier des lombricaux. J'ai vû ce tendon grêle avoir à - la - fois toutes ces adhérences. On observe ici beaucoup de variétés. Le long fléchisseur du pouce plie vers la terre les articulations de la premiere phalange avec la seconde, & avec le métatarse.

Le court fléchisseur du pouce du pié vient du troisieme os cuné&iforme, auprès de l'os naviculaire, & des ligamens qui vont de l'os cubo&ide au calcanéum, & au troisieme cuné&iforme: il s'insere aux os sésamoides qui sont à l'articulation du pouce avec le métatarse, par ses extrémités tendineuses, qui sont fortement liées à la capsule de cette articulation, & qui adherent à l'adducteur & à l'abducteur du pouce. Ce musele, en tirant les os sésamo&ides, entraîne & fléchit le pouce auquel ils sont attachés: il semble pouvoir aussi un peu écarter les articulations qui sont entre son principe & sa sin.

Le fléchisseur du plus petit des orteils vient de la partie inférieure du cinquieme os du métatarse & du calcanéum, quelquefois de l'aponévrose qui enveloppe l'abducteur du même doigt. On peut le diviser souvent en deux parties, dont l'une adhérente à la capsule de l'articulation de ce doigt avec le métatarse, s'attache à la premiere phalange; l'autre ayant la largeur d'un travers de doigt, s'insere tout auprès, au bord extérieur inférieur du cinquieme os du métatarse.

Borelli, de motu animalium, part. I. prop. cxxjx. a très - bien remarqué que la situation naturelle des articulations est d'être un peu fléchies; Boerhaave & plusieurs autres ont fait la même remarque après lui. Borelli ajoûte, prop. cxxx. contre l'opinion de ceux qui l'avoient précédé, que les fléchisseurs, dans chaque articulation, sont plus courts que les exten<pb-> [p. 852] seurs, mais qu'ils se contractent au même degré.

Il paroît certain que la force tonique des extenseurs est beaucoup plus grande que celle des fléchisseurs, puisqu'on observe que la flexion naturelle des articulations est beaucoup plus voisine de la parfaite extension, que de la plus grande flexion.

On n'a pas encore des expériences qui donnent la comparaison des forces musculaires des extenseurs & fléchisseurs en général. Il résulte seulement des calculs de Borelli, lib. cit. cap. x & xj. & des observations de Desaguliers, annotations sur la quatrieme lecture de son cours de philosophie expérimentale, que les fléchisseurs des jambes sont plus foibles que les extenseurs, n'étant pas obligés de transporter le corps dans ses mouvemens ordinaires. (g)

FLEGARD ou FLEGART (Page 6:852)

FLEGARD ou FLEGART, s. m. (Jurisp.) terme usité dans les coûtumes d'Artois, Boulenois, Amiens & quelques autres, pour signifier tous les lieux destinés à l'usage commun & public, qui n'ont pas besoin de haies ni de fossés pour être conservés, tels que les chemins, sentiers, places publiques, communes, &c. à cause que l'usage & la jo&uissance en sont continuellement ouverts à tout le monde. Voyez Artois, art. 5. Saint - Omer, 13. Térouane, 6. Saint - Pol, 31. Montreuil, 41. Sens, 2. Amiens, 74. & 104. Boulenois, 29. 43. 132. 168. (A)

FLENSBOURG (Page 6:852)

FLENSBOURG, (Géogr.) petite ville de Danemarck dans le duché de Sleswick, partie du Jutland, avec une bonne citadelle, & sur le golfe de même nom, Flensburgenwich. Elle est située à six lieues N. de Sleswick, à quatre lieues O. de l'île d'Alsen, & à neuf de l'Odenzée, S. Long. 27. 12. lat. 54. 50. (D. J.)

FLERTOIR (Page 6:852)

FLERTOIR, terme de Ciseleur; c'est un petit marteau dont on se sert pour travailler aux quarrés d'acier qu'on fait pour les monnoies. Il est rond, & a une boîte quarrée qui reçoit le manche, au moyen duquel l'ouvrier qui s'en sert, le tient dans sa main. Voyez nos Planches de Gravûre.

FLESSINGUE (Page 6:852)

FLESSINGUE, (Géogr.) nommée par ceux du pays, Vlissinghen; belle, forte & considérable ville des Provinces - Unies, dans la Zélande & dans l'île de Walcheren, avec un très bon port qui la rend fort commerçante. Elle est à l'embouchure de l'Escaut, appellé Hondt; trois lieues N. E de l'Ecluse, dix N. O. de Gand. Long. 21. 7. lat. 51. 26.

Flessingue a la gloire d'être la patrie de l'amiral Ruyter, le plus grand homme de mer qu'il y ait peut - être jamais eu, & le seul dont je me permettrai de parler. Il avoit commencé par être mousse; il n'en fut que plus respectable: le nom des princes de Nassau n'est pas au - dessus du sien, dit avec raison M. de Voltaire. Le conseil d'Espagne lui donna le titre de duc, dignité frivole pour un républicain; & ses enfans même refuserent ce titre, si brigué dans nos monarchies, mais qui n'est pas préférable au nom de bon citoyen. Ruyter naquit en 1607, & fut blessé mortellement en 1676 d'un coup de canon, dont il mourut quelques jours après.

Flessingue est aussi la patrie d'illustres gens de Lettres, comme de Pierre Cuneus, connu par un excellent livre sur la république des Hébreux; & de Louis de Dieu, savant théologien, dont les ouvrages ont paru à Amsterdam en 1693, in fol. (D. J.)

FLET ou FLETTE (Page 6:852)

FLET ou FLETTE, terme de Riviere; bateau dont on se sert à passer une riviere, ou à faire des voitures de marchandises; elles ont 72 piés de long ou environ.

FLÉTRISSURE (Page 6:852)

FLÉTRISSURE, s. f. (Jurispr.) est l'impression d'une marque qui se fait, en conséquence d'un jugement, par l'exécuteur de la haute justice, sur la peau d'un criminel convaincu d'un crime qui mérite peine afflictive, mais qui ne mérite pas absolument la mort.

Anciennement chez les Romains on marquoit au front, afin que la marque fût plus apparente & l'ignominie plus grande; mais Constantin ordonna que les lettres dont on marquoit les criminels, ne seroient plus imprimées que sur la main ou sur la jambe.

En France on marque sur l'épaule: autrefois on se servoit pour cela d'une fleur - de - lis. Présentement les voleurs sont marqués d'un V; & ceux qui sont condamnés aux galeres, sont marqués des trois lettres G. A. L. Voyez la loi vij. cod. de poenis; la coûtume de Nivernois, tit. j. art. 15. Melun, art. 1. Auxerre, art. 1. le glossaire de Lauriere, au mot flastrer. (A)

Flétrissure (Page 6:852)

Flétrissure se prend aussi quelquefois pour toute condamnation qui emporte infamie de fait ou de droit, comme le blâme, ou une simple admonition ou injonction d'être plus exact à quelque devoir, &c. (A)

FLETTAN (Page 6:852)

FLETTAN, s. m. (Hist. nat. Icthiolog.) hippoglossus, Rond. Gesn. Ald. poisson de mer plat, plus grand que le turbot, & plus alongé. La partie supérieure du corps est d'un vert foncé ou noirâtre; les écailles sont très - petites, & les yeux se trouvent placés sur le côté droit. Rondelet a vû un flettan long de quatre coudées. La chair de ce poisson est ferme, & ne differe pas beaucoup de celle du turbot. On trouve des flettans dans la Manche. Hist. des poissons, liv. XI. ch. xv. Raii, synop. meth. pisc. Voyez Poisson. (I)

FLETTE (Page 6:852)

FLETTE, (Marine.) On donne ce nom à un petit bateau dont on se sert soit pour passer une riviere, soit pour transporter quelques marchandises, mais en petite quantité. Voyez Flet.

FLEUR (Page 6:852)

FLEUR, s. f. (Bot. histor. anc.) Les anciens n'ont point déterminé fixement ce qu'ils entendoient par le mot de fleur, flos: quelquefois ils ont caractérisé de ce nom les étamines ou filets qui sont au centre de la fleur; & c'est ce qu'il faut savoir pour entendre plusieurs passages de leurs écrits. Par exemple, quand Aurélianus nomme la rose une fleur d'un beau jaune, soûtenue par un calice pourpre, il est clair qu'il entend par le mot de fleur, les étamines qui sont au milieu de la rose, lesquelles sont en effet d'un beau jaune & en grand nombre; & qu'il appelle le calice de la fleur, les feuilles ou pétales pourpres que nous nommons communément la rose même. C'est en suivant la même explication qu'il semble que Virgile peint notre baume sous le nom d'amello; il dit qu'il a une fleur jaune, & des feuilles pourpres pour disque. Or on voit qu'il désigne par le nom de fleur, les étamines ou filets qui sont jaunes dans le baume; & par les feuilles qui l'entourent, il entend le calice de la fleur qui est pourpre ou violet: mais que de graces ne sait - il point mettre dans la peinture de son amello!

Est étiam flos in pratis, cui nomen amello Fecêre agricoloe, facilis quoerentibus herba. Namque uno ingentem tollit de cespite sylvam Aureus ipse: sed in foliis quoe plurima circum Funduntur, violoe sublucet purpura nigroe. Soepe deûm nexis ornatoe torquibus aroe. Asper in ore sapor: tonsis in vallibus illum Pastores, & curva legunt prope flumina melloe. Hujus odorato radices incoque Baccho, Pabulaque in foribus plenis appone canistris. Georg. liv. IV.

Pline en décrivant le narcisse, appelle le calice cette partie jaune qui occupe le centre, & il nomme fleurs les feuilles ou pétales qui l'environnent. On a critiqué Pline d'avoir appellé cette partie de la fleur le calice; mais son dessein n'étoit dans cette occasion, que de comparer la fleur tubuleuse du narcisse pour la ressemblance, avec celle des calices ou ciboires dont les Grecs & les Romains se servoient dans les festins.

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