ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"881"> unis que ceux du pinceau ordinaire; mais le succès de l'exécution demande le goût secondé des talens. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FLOUETTE (Page 6:881)

FLOUETTE, s. f. (Marine.) voyez Girouette.

FLOUR (Page 6:881)

FLOUR, (Saint - ) Géog. petite ville de France en Auvergne, au pié du mont Cental. Elle n'est point l'Indiciacus des anciens, ni le Russium de Ptolomée; c'est une ville toute nouvelle, créée ville & évêché par Jean XXII. second évêché d'Auvergne, suffragant de Bourges. Voy. Adrien de Valois, notit. Gall. pag. 578. Catel, mém. de l'hist. de Languedoc, liv. II. chap. xij. &c. le P. Odo, jesuite, dans ses antiq. de Notre - Dame du Puis. Saint - Flour est à 18 lieues S. O. de Clermont, 12 N. O. d'Aurillac. Long. 20. 45. 32. lat. 45. 1. 55. (D. J.)

FLUCTUATION (Page 6:881)

FLUCTUATION, s. f. terme de Chirurgie, mouvement qu'on imprime au fluide épanché dans une tumeur, en appliquant dessus un ou deux doigts de chaque main à quelque distance les uns des autres, & les appuyant alternativement; de maniere que les uns pressant un peu, tandis que les autres sont posés legerement, cette pression oblige la colonne de matiere sur laquelle elle se fait, de frapper les doigts qui sont posés legerement; & la sensation qui en résulte, annonce la présence d'un fluide épanché.

Lorsque le foyer d'un abcès est fort profond, la fluctuation ne se fait souvent point sentir. Les signes rationels qui annoncent la formation du pus, & ceux qui indiquent qu'il est formé, peuvent déterminer dans ce cas. Voyez Suppuration & Abcès.

Il survient assez communément un oedeme aux parties extérieures qui recouvrent une suppuration profonde. Lorsque la matiere est sous quelque aponévrose, on sent difficilement la fluctuation, & la douleur continue toûjours, par la tension de cette partie: mais elle change de caractere, elle n'est plus pulsative; ce sont alors les signes rationels qui doivent indiquer à un habile chirurgien le parti qu'il doit prendre: l'expérience est d'un grand secours dans cette circonstance. (Y)

FLUENTE (Page 6:881)

FLUENTE, s. f. (Géom. transc.) M. Newton & les Anglois appellent ainsi ce que M. Leibnitz appelle intégrale. Voyez Intégral & Fluxion.

FLUIDE (Page 6:881)

FLUIDE, adj. pris subst. (Phys. & Hydrodyn.) est un corps dont les parties cedent à la moindre force, & en lui cédant sont aisément mûes entr'elles.

Il faut donc pour constituer la fluidité, que les parties se séparent les unes des autres, & cedent à une impression si petite, qu'elle soit insensible à nos sens; c'est ce que font l'eau, l'huile, le vin, l'air, le mercure. La résistance des parties des fluides dépend de nos sens; c'est pourquoi si nous avions le tact un million de fois plus fin qu'il n'est, pour découvrir cette résistance, il n'y a pas de doute que nous ne dûssions la sentir dans plusieurs cas, où nous ne pouvons à présent la remarquer, & par conséquent nous ne pourrions plus prendre pour fluides un assez grand nombre de corps que nous regardons aujourd'hui comme tels. De plus, pour qu'un corps soit fluide, il faut que chaque parcelle soit si petite, qu'elle échape à nos sens; car tant qu'on peut toucher, sentir ou voir les parties d'un corps séparément, on ne doit pas regarder le corps comme fluide. La farine, par exemple, est composée de petites parties déliées, qui peuvent aisément être séparées les unes des autres par une impression qui n'est nullement sensible: cependant tout homme qui aura une boîte remplie de farine, ne dira jamais qu'il a une boîte pleine de fluide, parce qu'aussi - tôt qu'il y enfonce le doigt, & qu'il commence à froter la farine entre deux doigts, il sent à l'instant les parties dont elle est composée; mais dès que cette farine devient infiniment plus fine, comme cela arrive à l'égard du chyle dans nos intestins, elle se change alors en fluide.

La cause de la fluidité paroît consister en ce que les parties des fluides ont bien moins d'adhérence entr'elles, que n'en ont celles des corps durs ou solides, & que leur mouvement n'est point empêché par l'inégalité de la surface des parties, comme dans un tas de poussiere, de sable, &c. car les particules dont les fluides sont composés, sont d'ailleurs de la même nature, & ont les mêmes propriétés que les particules des solides: cela s'apperçoit évidemment, quand on convertit les solides en fluides & les fluides en solides; par exemple, lorsqu'on change de l'eau en glace, & qu'on met des métaux en fusion, &c. En effet on ne peut raisonnablement révoquer en doute que les parties élémentaires de tous les corps ne soient de la même nature; savoir, des corpuscules durs, solides, impénétrables, mobiles. Voyez Corps, Matiere & Particule.

Si les parties d'un corps peuvent glisser aisément les unes sur les autres, ou être facilement agitée par la chaleur; ces parties, quoiqu'elles ne soient pas dans un mouvement actuel, pourront cependant constituer un corps fluide. Au reste les particules d'un pareil corps ont quelque adhérence entr'elles, comme il paroît évident par le mercure bien purgé d'air qui se soûtient dans le barometre à la hauteur de 60 ou 70 pouces; par l'eau qui s'éleve dans les tuyaux capillaires, quoiqu'ils soient dans le vuide; & par les gouttes des liqueurs, qui prennent dans le vuide une figure sphérique, comme s'il y avoit entre leurs parties quelque cohésion réciproque, semblable à celle de deux marbres plans & polis. Voyez Barometre & Capillaire. De plus, si les fluides sont composés de parties qui puissent facilement s'embarrasser les unes dans les autres, comme l'huile, ou qu'elles soient susceptibles de s'unir ensemble par le froid, comme l'eau & d'autres fluides, ils se changent aisément en des corps solides; mais si leurs particules sont telles qu'elles ne puissent jamais s'embarrasser les unes dans les autres, comme sont celles de l'air, ni s'unir par le froid, comme celles du mercure, alors elles ne se fixeront jamais en un corps solide. Voyez Glace, &c.

Les fluides sont ou naturels comme l'eau & le mercure, ou animaux comme le sang, le lait, la lymphe, l'ûrine, &c. ou artificiels comme les vins, les esprits, les huiles, &c. Voyez chacun à son article, Eau, Mercure, Sang, Lait, Bile, Vin, Huile , &c.

On peut considérer dans les fluides quatre choses; 1°. leur nature ou ce qui constitue la fluidité, c'est l'objet de l'article Fluidité; 2°. les lois de leur équilibre; 3°. celles de leur mouvement; 4°. celles de leur résistance. Nous allons entrer dans le détail de ces trois derniers objets. Nous donnerons d'abord les principes généraux, tels à - peu - près qu'on les trouve dans les auteurs de Physique, & nous ferons ensuite quelques réflexions sur ces principes.

La théorie de l'équilibre & du mouvement des fluides est une grande partie de la Physique; la pression & la pesanteur des corps plongés dans les fluides, & l'action des fluides sur les corps qui y sont plongés, sont le sujet de l'Hydrostatique. Voyez Hydrostatique.

Les lois hydrostatiques des fluides sont, I. que les parties supérieures de tous les fluides, comme l'eau, &c. pesent sur les inférieures, ou comme parlent quelqués philosophes, que les fluides pesent en eux - mêmes ou sur eux - mêmes.

On a soûtenu dans les écoles un principe tout - à - fait contraire à celui - ci; mais la vérité de cette pression est à - présent démontrée par mille expériences. Il suffira d'en rapporter une bien simple. Une bouteille vuide, bien bouchée, étant plongée dans l'eau, & suspendue au bas d'une balance, qu'on mette des [p. 882] poids dans l'autre plat de la balance, jusqu'à ce qu'elle soit en équilibre; qu'on débouche ensuite la bouteille, & qu'on la remplisse d'eau, elle l'emportera, & fera baisser l'extrémité de la balance où elle est attachée.

Il suit de cette pesanteur que les surfaces des fluides qui sont en repos, sont planes & paralleles à l'horison, ou plûtôt que ce sont des segmens de sphere qui ont le même centre que la terre. Car comme on suppose que les parties des fluides cedent à la moindre force, elles seront mûes par leur pesanteur, jusqu'à ce qu'aucune d'elles ne puisse plus descendre, & quand elles seront parvenues à cet état, le fluide demeurera en repos, à moins qu'il ne soit mis en mouvement par quelque cause extérieure: or il faut pour établir ce repos, que la surface du fluide se dispose comme nous venons de le dire. En effet lorsqu'un corps fluide est disposé de maniere que tous les points de sa surface forment un segment de sphere concentrique à la terre, chaque particule est pressée perpendiculairement à la surface, & n'ayant pas plus de tendance à couler vers un côté que vers un autre, elle doit rester en repos.

II. Si un corps est plongé dans un fluide en tout ou en partie, sa surface intérieure sera pressée de bas en haut par l'eau qui sera au - dessous.

On se convaincra de cette pression des fluides sur la surface inférieure des corps qui y sont plongés, en examinant pourquoi les corps spécifiquement plus legers que les fluides, s'élevent à leur surface: cela vient évidemment de ce qu'il y a une plus forte pression sur la surface inférieure du corps que sur sa surface supérieure, c'est - à - dire de ce que le corps est poussé en en - haut avec plus de force qu'il ne l'est en em - bas par sa pesanteur: en effet le corps qui tend à s'élever à la surface, est continuellement pressé par deux colonnes de fluide; savoir, par une qui agit sur sa partie supérieure, & par une seconde qui agit sur sa partie inférieure. La longueur de ces deux colonnes devant être prise depuis la surface supérieure du fluide, celle qui presse la surface inférieure du corps sera plus longue de toute l'épaisseur du corps, & par conséquent le corps sera poussé en en - haut par le fluide avec une force égale au poids de la quantité de fluide qui seroit contenue dans l'espace que le corps occupe. Donc, si le fluide est plus pesant que le corps, cette derniere force qui tend à pousser le corps en en - haut, l'emportera sur la force de la pesanteur du corps qui tend à le faire descendre, & le corps montera. Voyez Pesanteur spécifique.

Par - là on rend raison pourquoi de très - petits corpuscules, soit qu'ils soient plus pesans ou plus legers que le fluide dans lequel ils sont mêlés, s'y soûtiendront pendant fort long - tems sans qu'ils s'élevent à la surface du fluide, ni sans qu'ils se précipitent au fond. C'est que la différence qui se trouve entre ces deux colonnes est insensible, & que la force qui tend à faire monter le corpuscule, n'est pas assez grande pour surmonter la résistance que font les parties du fluide à leur division.

III. La pression des parties supérieures qui se fait sur celles qui sont au - dessous, s'exerce également de tous côtés, & suivant toutes les directions imaginables, latéralement, horisontalement, obliquement, & perpendiculairement. C'est une vérité d'expérience bien établie par M. Pascal dans son traité de l'équilibre des liqueurs. Voyez la suite de cet article, où cette loi sera developpée: nous ne pouvons la prouver qu'après en avoir déduit les conséquences; car ce sont ces conséquences qu'on démontre par l'expérience, & qui assûrent de la vérité du principe.

Toutes les parties des fluides étant ainsi également pressées de tous côtés, il s'ensuit, 1°. qu'elles doivent être en repos, & non pas dans un mouvement continuel, comme quelques philosophes l'ont supposé: 2°. qu'un corps étant plongé dans un fluide en est pressé latéralement, & que cette pression est en raison de la distance de la surface du fluide au corps plongé: cette pression latérale s'exerce toûjours suivant une ligne perpendiculaire à la surface du fluide; ainsi elle est toujours la même à même hauteur du fluide, soit que la colonne de fluide soit oblique ou non à la surface du corps.

IV. Dans les tubes qui communiquent ensemble, quelle que soit leur grandeur, soit qu'elle soit égale ou inégale, & quelle que soit leur forme, soit qu'elle soit droite, angulaire ou recourbée, un même fluide s'y élevera à la même hauteur, & réciproquement.

V. Si un fluide s'eleve à la même hauteur dans deux tuyaux qui communiquent ensemble, le fluide qui est dans un des tuyaux, est en équilibre avec le fluide qui est dans l'autre.

Car, 1°. si les tuyaux sont de même diametre, & que les colonnes des fluides ayent la même base & la même hauteur, elles seront égales; conséquemment leurs pesanteurs seront aussi égales, & aussi elles agiront l'une sur l'autre avec des forces égales: 2°. si les tuyaux sont inégaux en base & en diametre, supposons que la base de G I (Pl. d'Hydrodyn. fig. 6.) soit quadruple de la base de H K, & que le fluide descende dans le plus large tuyan de la hauteur d'un pouce, comme de L en O, il s'élevera donc de quatre pouces dans l'autre tuyau, comme de M en N. Donc la vîtesse du fluide qui se meut dans le tuyau H K, est à celle du fluide qui se meut dans le tuyau G I, comme la base du tuyau G I est à la base du tuyau H K. Mais puisqu'on suppose que la hauteur des fluides est la même dans les deux tuyaux, la quantité de fluide qui est dans le tuyau G I, sera à celle qui est dans le tuyau H K, comme la base du tuyau G I est à la base du tuyau H K: consequemment les quantités de mouvement de part & d'autre sont égales, puisque les vîtesses sont en raison inverse des masses. Donc il y aura équilibre. Cette démonstration est assez semblable à celle que plusieurs auteurs ont donnée de l'équilibre dans le levier. Sur quoi voyez Levier, & la suite de cet article.

On démontre aisément la même vérité sur deux tubes, dont l'un est incliné, l'autre perpendiculaire. Il suit encore de - là que si des tubes se communiquent, le fluide pesera davantage dans celui où il sera plus élevé.

VI. Dans les tubes qui communiquent, des fluides de différentes pesanteurs spécifiques seront en équilibre si leurs hautéurs sont en raison inverse de leurs pesanteurs spécifiques.

Nous tirons de - là un moyen de déterminer la gravité spécifique des fluides; savoir, en mettant un fluide dans un des tuyaux qui se communiquent comme (A B, fig. 7.) & un autre fluide dans l'autre tuyau C D, & en mesurant les hauteurs B G, H D, auxquelles les fluides s'arrêteront quand ils se seront mis en équilibre; car la pesanteur spécifique du fluide contenu dans le tuyau A B, est à la pesanteur spécifique du fluide du tuyau D C, comme D H est à B G. (Si on craint que les fluides ne se mêlent, on peut remplir la partie horisontale du tuyau B D avec du mercure, pour empêcher le mélange des liqueurs).

Puisque les densités des fluides sont comme leurs pesanteurs spécifiques, leurs densités seront aussi comme les hauteurs des fluides D H & B G. Ainsi nous pouvons encore tirer de - là une méthode pour déterminer les densités des fluides. Voyez Densité.

VII. Les fonds & les côtés des vaisseaux sont pressés de la même maniere, & par la même loi que les fluides qu'ils contiennent. C'est une suite de la premiere & de la seconde loi ci - dessus.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.