ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"867"> & inconnue à tous les ouvriers qui prétendent que telle ou telle machine est de leur compétence & du ressort de leur art; l'ignorance de chacun de ces ouvriers qui conviennent pour la plûpart de ne pouvoir pas exécuter ce qu'il fait: tout cela, dis - je, a mis M. Seguin à l'abri de leurs poursuites. D'ailleurs tous ses ouvrages étant purement de génie & d'invention, il n'a pû encore apprendre à personne son art dans ce qu'il contient de plus singulier & de plus curieux: ce n'est pas qu'il ne s'y soit prêté de bonne grace à l'égard de plusieurs éleves qui ont travaillé sous ses yeux, mais qui n'ayant qu'une pratique méchanique & d'habitude, sans connoissance des productions de la nature dans leurs différens états, n'ont pû le suivre dans ses découvertes.

Il ne se borne pas à faire des fleurs; il exécute dans une parfaite imitation tout ce qui entre dans la structure d'un parterre & d'un jardin. Il a exécuté d'assez gros troncs d'arbres avec leur écorce, leurs noeuds, & les autres inégalités que la nature peut y produire; des arbres entiers chargés de leurs fruits; d'autres dont les feuilles pâles & mortes semblent toutes prêtes à tomber; des fleurs sur leurs tiges, leurs branches, & leurs feuilles, dont les couleurs & les grandeurs variées par proportion, sont on tout ressemblantes aux naturelles. Il a fait différens morceaux d'architecture en treillage de carton, recouvert d'une verdure découpée très - fine, imitant assez les feuilles minces & étroites du pin, & ornée de fleurs qui en forment le coup - d'oeil. Ces morceaux d'architecture sont destinés à couvrir les tables, où ils représentent ces beaux grillages qu'on voit dans quelques - uns de nos jardins.

Quant aux matériaux qu'il employe, c'est du parchemin dont il fait plus d'usage; il le teint lui - même, n'en trouvant point à Paris de toutes les nuances dont il a besoin pour copier chaque plante dans ses différens verds. Il se sert aussi de toile, de coques de vers à soie, de fil - de - fer pour les queues de ses fleurs, & d'une petite graine pour imiter celles qu'on voit dans le coeur des fleurs naturelles. Cette graine se colle sur de la soie non - filée, qui tient à la queue de la fleur.

Il a imité les fleurs de la Chine avec de la moëlle de sureau, & a donné la premiere idée d'une sorte de fleurs en feuilles d'argent colorées, dont on fait des bouquets pour les femmes, dont on garnit leurs coeffures, & quelquefois les habits de masque.

Il est aisé de s'appercevoir que l'art de faire des fleurs artificielles ainsi exercé, demande quelque talent & une grande exactitude à considérer la nature; car ce n'est pas assez de connoître la grandeur, la couleur, & la découpure d'une fleur, il faut encore faire attention aux divers états par où elle passe, puisque si l'on ne connoît les changemens qui lui arrivent à son commencement, dans le tems de son épanoüissement, lorsqu'elle est épanoüie & brillante, enfin depuis l'instant où elle a commencé de poindre jusqu'à ce qu'elle soit entierement flétrie, il est impossible de la copier au naturel. Il faut étudier jusqu'aux différentes verdures qui se trouvent dans les branches d'une fleur, d'une plante, ou d'un arbre, & les diverses sinuosités que ces branches font ensemble; d'où l'on peut conclure que l'art de bouquetier artificiel demande plus de soin & de talent qu'on ne pense.

Pour ce qui regarde les outils de cet art, il n'y en a point de déterminés, chaque fleuriste en ayant qui lui sont particuliers, & que les autres ne connoissent point. Les plus communs sont les ciseaux, les pinces, les poinçons, dont nous ne donnerons point de figure, le lecteur pouvant les trouver à l'article des arts où ces instrumens sont absolument nécessaires.

Il n'y a point non plus de terme dans cet art qui ait besoin d'une explication particuliere.

FLEURON (Page 6:867)

FLEURON, (Hist. nat.) Voyez Fleur.

Fleuron (Page 6:867)

Fleuron, s. m. en Architecture, feuille ou fleur imaginaire, qui n'est point imitée des naturelles, & qui sert dans les ornemens de sculpture & bois, bronze, pierres, plâtre, & dans la Serrurerie. (P)

Fleuron (Page 6:867)

Fleuron, (Gravure & Imprimerie.) c'est un ornement de fleur, ou un sujet historique, ordinairement gravé en bois ou en cuivre, que l'on met à la fin des articles ou des chapitres où il se trouve du blanc à remplir. Le fleuron est pour ainsi dire la même chose que le cul - de - lampe. Il faut autant que l'on peut éviter de donner aux fleurons une forme quarrée; pour qu'ils ayent de la grace, il faut qu'ils se terminent un peu en pointe au milieu par le bas, & qu'ils soient comme arrondis aux angles par le haut: cependant il y a des places qui ne peuvent être remplies que par des fleurons plus longs que hauts; c'est au graveur de pallier ce défaut par la gravure de son dessein. En général, il faut que les fleurons gravés en bois, sous lesquels on comprend aussi les placards & culs - de - lampes, soient un peu plus bas d'épaisseur que la lettre d'Imprimerie, pour que les bords des ornemens ne se trouvant point soûtenus de filets, ils ne pochent point à l'impression, & ne soient pas si - tôt écrasés par l'effort de la presse. Il est aisé de les faire venir bien, en mettant des hausses sous le fleuron. Voyez Cul - de - lampe & Placards. Article de M. Papillon.

Fleuron (Page 6:867)

Fleuron, terme de Relieurs - Doreurs, par lequel ils expriment un outil de cuivre fondu figuré en fleur, qui est monté sur un manche, & qu'ils font chauffer pour l'appliquer chaud sur l'or qu'ils mettent sur le dos d'un livre. Voyez Dorure.

Fleuron (Page 6:867)

Fleuron, (Jard.) est une feuille imaginaire qui sort ordinairement d'un rinceau ou grand ramage de la broderie d'un parterre, & est composé de plusieurs palmettes, becs de corbin, nilles, &c. (K)

Fleuron (Page 6:867)

Fleuron, (Serrurerie.) est une piece d'ornement qui se met dans les ouvrages de Serrurerie, aux grilles, balcons, & autres ouvrages semblables. Voyez les Planches de Serrurerie; K est un fleuron, MM fleuron, & K revers d'un fleuron.

FLEURTIS (Page 6:867)

FLEURTIS, s. m. pl. ornemens du chant. Voyez Broderie.

FLEUVE, RIVIERE (Page 6:867)

FLEUVE, RIVIERE, synon. Voilà deux synonymes sur la différence desquels on n'est pas encore convenu, si jamais on en peut convenir; car si on prétendoit tirer cette différence de la quantité d'eaux qui coulent dans un même lit, on pourroit répondre qu'il y a d'assez petites rivieres auxquelles on a conservé dans les ouvrages en prose, le nom de fleuve que les poëtes leur ont donné. Si l'on dit que le mot fleuve appartient seulement aux rivieres qui coulent depuis leur source jusqu'à la mer sans changer de nom, le titre de fleuve ne conviendra pas au Rhin, qui n'arrive pas avec son nom jusqu'à l'Océan. Si l'on veut que le mot fleuve soit propre aux rivieres qui se mêlent sans perdre leur nom, au lieu que les autres perdent le leur, on repliquera que dans l'usage ordinaire personne ne s'avise de dire le fleuve de la Seine, le fleuve de la Loire, le fleuve de la Meuse, quoiqu'elles ayent cette condition.

M. Sanson va plus loin: il accorde le nom de fleuve aux rivieres qui portent de grands bateaux, & que leurs cours rendent considérables, quoiqu'elles ne portent pas leurs eaux immédiatement à la mer, comme la Save & à la Drave, qui se perdent dans le Danube; le Mein & la Moselle, dans le Rhin, &c. Enfin M. Corneille veut que l'on donne seulement le nom de fleuve aux anciennes rivieres, telles que l'Araxe, l'Ister, &c. Mais y a - t - il de nouvelles rivieres, & ne sont - elles pas toutes également anciennes? Il n'est donc pas possible de fixer la distinction de ces deux mots, fleuve & riviere. Tout ce qu'on peut dire [p. 868] d'après l'usage, c'est, 1°. que fleuve ne s'employe que pour les grandes rivieres; 2°. que le mot riviere n'est pas noble en poésie; 3°. que quand on parle d'une riviere de l'antiquité, on se sert du mot fleuve, de sorte qu'on dit le fleuve Araxe, le fleuve Indus, le fleuve du Gange; 4°. que le nom de riviere se donne tant aux grandes qu'aux petites, puisqu'on dit également la riviere de Loire, & la riviere des Gobelins qui n'est qu'un ruisseau. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fleuve (Page 6:868)

Fleuve, s. m. (Phys. & Geogr.) flumen, se dit d'un amas considérable d'eau qui partant de quelque source, coule dans un lit vaste & profond, pour aller ordinairement se jetter dans la mer.

Si une eau courante n'est pas assez forte pour porter de petits bateaux, on l'appelle en latin rivus, en françois ordinairement ruisseau; si elle est assez forte pour porter bateau, on l'appelle riviere, en latin amnis; enfin si elle peut porter de grands bateaux, on l'appelle en latin flumen, en françois fleuve. La différence de ces dénominations n'est, comme l'on voit, que du plus au moins. Quelques auteurs prétendent que l'on ne doit donner le nom de fleuves qu'aux rivieres qui se déchargent immédiatement dans la mer; & en effet l'usage semble avoir assez généralement établi cette dénomination. D'autres, mais en plus petit nombre, prétendent qu'il n'y a de vrais fleuves que ceux qui ont le même nom depuis leur source jusqu'à leur embouchure. Voy. l'article précéd.

Nous traiterons dans cet article, de l'origine des fleuves, de leur direction, de leurs variations, de leur débordement, de leur cours, &c.

Origine des fleuves. Les ruisseaux ou petites rivieres viennent quelquefois d'une grande quantité de pluies ou de neiges fondues, principalement dans les lieux remplis de montagnes, comme on en voit dans l'Afrique, les Indes, l'île de Sumatra, &c. mais en général les fleuves & les rivieres viennent de sources. Voyez Source. L'origine des sources elles - mêmes vient aussi, soit des vapeurs qui retombent sur le sommet des montagnes, soit des eaux de pluie ou de neige fondue, qui se filtrent à - travers les entrailles de la terre, jusqu'à ce qu'elles trouvent une espece de bassin où elles s'amassent.

M. Halley a fait voir, n. 192. des Transact. philosophiq. que les vapeurs élevées de la surface de la mer, & transportées par le vent sur la terre, sont plus que suffisantes pour former toutes les rivieres. & entretenir les eaux qui sont à la surface de la terre. On sait en effet par différentes expériences (voyez Musschenbr. ess. de Phys. §. 1495.) qu'il s'évapore par an environ 29 pouces d'eau; or cette évaporation est plus que suffisante pour produire la quantité d'eau que les fleuves portent à la mer. M. de Buffon, dans le premier volume de son histoire naturelle, p. 356. trouve par un calcul assez plausible, d'après Jean Keill, que dans l'espace de 812 ans toutes les rivieres ensemble rempliroient l'Océan: d'où il conclut que la quantité d'eau qui s'évapore de la mer, & que les vents transportent sur la terre pour produire les ruisseaux & les fleuves, est d'environ les deux tiers d'une ligne par jour, ou 21 pouces par an; ce qui est encore au - dessous des 29 pouces dont on vient de parler, & confirme ce que nous avançons ici, que les vapeurs de la mer sont plus que suffisantes pour produire les fleuves. Voyez aux art. Pluie & Fontaine, un plus grand détail sur ce sujet.

Les fleuves sont formés par la réunion de plusieurs rivieres, ou viennent de lacs. Parmi tous les grands fleuves connus, comme le Rhin, l'Elbe, &c. il n'y en a pas un qui vienne d'une seule & unique source. Le Volga, par exemple, est formé de 200 rivieres, dont 32 à 33 considérables, qui s'y jettent avant qu'il aille se jetter lui - même dans la mer Caspienne: le Danube en reçoit à - peu - près aussi 200, dont 30 considérables, en ne comptant que ces dernieres. Le Don en reçoit cinq ou six, le Nieper 19 ou 20, la Duine 11 ou 12: & de même en Asie, le Hoanho reçoit 34 ou 35 rivieres; le Jenisca en reçoit plus de 60, l'Oby autant; le fleuve Amour environ 40; le Kian, ou le fleuve de Nanquin, en reçoit environ 30, le Gange plus de 20, l'Euphrate 10 ou 11, &c. En Afrique, le Sénégal reçoit plus de 10 rivieres. Le Nil ne reçoit aucune riviere qu'à plus de 500 lieues de son embouchure; la derniere qui y tombe est le Moraba, & de cet endroit jusqu'à sa source il reçoit environ 12 ou 13 rivieres. En Amérique, le fleuve des Amazones en reçoit plus de 60, & toutes sort considérables; le fleuve S. Laurent environ 40, en comptant celles qui tombent dans les lacs; le fleuve Mississipi plus de 40, le fleuve de la Plata plus de 50, &c.

Il y a sur la surface de la terre des contrées élevées, qui paroissent être des points de partages marqués par la nature pour la distribution des eaux. Les environs du mont Saint - Gothard sont un de ces points en Europe. Un autre point est le pays entre les provinces de Belozera & de Vologda en Moscovie, d'où descendent des fleuves dont les uns vont à la mer Blanche, d'autres à la mer Noire, & d'autres à la mer Caspienne; en Asie, le pays des Tartares - Mogols, d'où il coule des fleuves dont les uns vont se rendre dans la mer Tranquille, ou mer de la nouvelle Zemble; d'autres au golfe Linchidolin, d'autres à la mer de Corée, d'autres à celle de la Chine; & de même le petit Thibet, dont les eaux coulent vers la mer de la Chine, vers le golfe de Bengale, vers le golfe de Cambaye, & vers le lac Aral; en Amérique, la province de Quito, qui fournit des eaux à la mer du Sud, à la mer du Nord, & au golfe du Mexique. Hist. nat. de M. de Buffon, tom. I. & Varen. Géogr.

Direction des fleuves. On a remarqué que généralement parlant, les plus grandes montagnes occupent le milieu des continens; & que dans l'ancien continent, les plus grandes chaînes de montagnes sont dirigées d'occident en orient. On verra de même que les plus grands fleuves sont dirigés comme les plus grandes montagnes. On trouvera qu'à commencer par l'Espagne, le Vigo, le Douro, le Tage & la Guadiana, vont d'orient en occident, & l'Ebre d'occident en orient; & qu'il n'y a pas une riviere remarquable qui aille du sud au nord, ou du nord au sud.

On verra aussi, en jettant les yeux sur la carte de la France, qu'il n'y a que le Rhône qui soit dirigé du nord au midi; & encore dans près de la moitié de son cours, depuis les montagnes jusqu'à Lyon, est - il dirigé de l'orient vers l'occident: mais qu'au contraire tous les autres grands fleuves, comme la Loire, la Charente, la Garonne, & même la Seine, ont leur direction d'orient en occident.

On verra de même qu'en Allemagne il n'y a que le Rhin qui, comme le Rhône, a la plus grande partie de son cours du midi au nord; mais que les autres grands fleuves, comme le Danube, la Drave, & toutes les grandes rivieres qui tombent dans ces fleuves, vont d'occident en orient se rendre dans la mer Noire.

On trouvera aussi que l'Euphrate est dirigé d'occident en orient, & que presque tous les fleuves de la Chine vont de même d'occident en orient. Il en est ainsi de tous les fleuves de l'intérieur de l'Afrique au - delà de la Barbarie; ils coulent tous d'orient en occident ou d'occident en orient: il n'y a que les rivieres de Barbarie & le Nil qui coulent du midi au nord. A la vérité il y a de grands fleuves en Asie qui coulent en partie du nord au midi, comme le Don, le Volga, &c. mais en prenant la longueur entiere de

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