ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"865"> & celle de fleut ou de flou, qui signifie la même chose, peut avoir été commune à la langue celtique & à la langue germanique. Cette remarque est de M. Huet, origin. de Caen, pag. 448. (D. J.)

FLEURAISON (Page 6:865)

FLEURAISON, s. m. (Jardinage.) est le tems où les fleurs sont fleuries; ce terme quoique peu usité, est très - expressif. (K)

FLEURÉ (Page 6:865)

FLEURÉ, adj. en termes de Blason, se dit de bandes, bordures, orles, trécheurs, & autres pieces dont les bords sont en forme de fleurs ou de trefles. On dit aussi fleuri; mais c'est seulement des rosiers & autres plantes chargées de fleurs. On dit encore fleureté, fleuronné, & fleur - de - lisé; ce qui veut dire, bordé ou terminé en fleur, comme une croix, un bâton.

Des Cornais en Picardie, d'or au chevron de gueules, au double trécheur fleuré, contre - fleuré de sinople, à l'écusson en coeur d'azur, à la bande d'or.

FLEUREE (Page 6:865)

* FLEUREE, s. f. (Teinture.) écume legere qui se forme ordinairement à la surface de la cuve du bleu, lorsqu'elle est tranquille.

FLEURET (Page 6:865)

FLEURET, s. m. en terme de Danse, est un pas qui est presque semblable à celui de bourrée, parce qu'il n'a qu'un mouvement. Il est de facile exécution, & est composé d'un demi - coupé & de deux pas marchés sur la pointe des piés. On le fait étant posé à la quatrieme position (si c'est le pié gauche que vous avez en - devant); on pose le corps entierement sur ce pié, en approchant le droit à la premiere position sans qu'il touche à terre: alors on plie les deux genoux également, & cela s'appelle plier sous soi. Mais il ne taut passer le pié droit en - devant à la quatrieme position, que lorsque l'on a plié; & du même tems qu'il est passé, on s'éleve sur la pointe: alors on marche deux autres pas tout de suite sur la pointe; savoir l'un du gauche, & l'autre du droit; & à ce dernier on pose le talon en le finissant, afin que le corps soit plus ferme, soit pour en reprendre un autre, ou tel autre pas que la danse que l'on exécute demande.

Le fleuret se fait encore en - arriere & de tous côtés; ce n'est que les positions qui sont différentes: on les observe, soit en tournant, soit en allant de côté.

Fleuret (Page 6:865)

Fleuret, (Eserime.) est une épée à laquelle au lieu de pointe, on met un bouton: c'est avec ces fleurets que les escrimeurs font assaut. Les meilleures lames de fleurets se font en Allemagne à Solingen en Westphalie au duché de Berg. Ces lames sont plates, équarries par les cotés, & garnies d'un bouton par le bout, sur lequel on met de la peau en plusieurs doubles, afin de ne point blesser son adversaire quand on se sert du fleuret, pour s'exercer dans l'art de l'Escrime.

Fleuret (Page 6:865)

* Fleuret, (Manuf. en soie.) espece de fil qui se fait avec la bourre des cocons, & le reste des cocons après qu'on a ôté toute la bonne soie; ou la soie des cocons de rebut. On donne le même nom aux étoffes faites de cette soie, & à la sorte de toile de Bretagne qu'on appelle plancard, & dont on fait un commerce aux Indes.

FLEURETTE (Page 6:865)

FLEURETTE, s. f. (Galanterie.) La fleurette est un jeu de l'esprit; c'est un sujet galant; c'est une jolie chose que dit à une femme aimable l'homme qui veut lui plaire. La fleurette n'a pas un grand éclat: c'est une simple fleur; mais elle est toûjours agréable lorsqu'elle réunit une expression ingénieuse à une idée riante.

Les fleurettes sont une petite branche de la galanterie; peut - être même pourroit - on dire que la fleurette donne une image, foible à la vérité, mais pourtant assez fidelle de ce que l'amour fait sentir, comme de ce que la galanterie fait dire.

Les fleurettes n'ont pas l'air bien redoutable, & peut - être par - là sont - elles un peu dangereuses: ce ne sont, il est vrai, que les armes les plus legeres de l'amour; mais enfin ce sont ses armes; & l'on sait bien que ce dieu n'en a point qui ne puisse blesser. Article de M. de Margency.

FLEURI (Page 6:865)

FLEURI, adj. (Littér.) qui est en fleur, arbre fleuri, rosier fleuri; on ne dit point des fleurs qu'elles fleurissent, on le dit des plantes & des arbres. Teint fleuri, dont la carnation semble un mélange de blanc & de couleur de rose. On a dit quelquefois, c'est un esprie fleuri, pour signifier un homme qui possede une littérature legere, & dont l'imagination est riante.

Un discours fleuri est rempli de pensées plus agréables que fortes, d'images plus brillantes que sublimes, de termes plus recherchés qu'énergiques: cette métaphore si ordinaire est justement prise des fleurs qui ont de l'éclat sans solidité. Le style fleuri ne messied pas dans ces harangues publiques, qui ne sont que des complimens. Les beautés legeres sont à leur place, quand on n'a rien de solide à dire: mais le style fleuri doit être banni d'un plaidoyer, d'un sermon, de tout livre instructif. En bannissant le style fleuri, on ne doit pas rejetter les images douces & riantes, qui entreroient naturellemens dans le sujet. Quelques fleurs ne sont pas condamnables; mais le style fleuri doit être proscrit dans un sujet solide. Ce style convient aux pieces de pur agrément, aux idyles, aux églogues, aux descriptions des saisons, des jardins; il remplit avec grace une stance de l'ode la plus sublime, pourvû qu'il soit relevé par des stances d'une beauté plus mâle. Il convient peu à la comédie qui étant l'image de la vie commune, doit être généralement dans le style de la conversation ordinaire. Il est encore moins admis dans la tragédie, qui est l'empire des grandes passions & des grands intérêts; & si quelquefois il est reçû dans le genre tragique & dans le comique, ce n'est que dans quelques descriptions où le coeur n'a point de part, & qui amusent l'imagination avant que l'ame soit touchée ou occupée. Le style fleuri nuiroit à l'intérêt dans la tragédie, & affoibliroit le ridicule dans la comédie. Il est très à sa place dans un opéra françois, où d'ordinaire on effleure plus les passions qu'on ne les traite.

Le style fleuri ne doit pas être confondu avec le style doux.

Ce fut dans ces jardins, où par mille détours Inachus prend plaisir à prolonger son cours; Ce fut sur ce charmant rivage Que sa fille volage Me promit de m'aimer toûjours. Le Zéphyr fut témoin, l'onde fut attentive, Quand la nymphe jura de ne changer jamais: Mais le Zéphyr leger, & l'Onde fugitive, Ont bien - tôt emporté les sermens qu'elle a faits.

C'est - là le modele du style fleuri. On pourroit donner pour exemple du style doux, qui n'est pas le doucereux, & qui est moins agréable que le style fleuri, ces vers d'un autre opéra:

Plus j'observe ces lieux, & plus je les admire; Ce fleuve coule lentement, Et s'éloigne à regret d'un séjour si charmant.

Le premier morceau est fleuri, presque toutes les paroles sont des images riantes. Le second est plus dénué de ces fleurs; il n'est que doux. Article de M. de Voltaire.

Fleuri (Page 6:865)

Fleuri, terme de Blason. Voyez Fleuré.

Guillem Montjustin, au comtat d'Avignon, d'argent au rosier de sinople, fleuri & boutonné de gueules à la bordure d'azur, chargée de huit étoiles d'or.

FLEURIR (Page 6:865)

FLEURIR, (Jardinage.) Voyez Fleurs.

FLEURISTE (Page 6:865)

FLEURISTE, s. m. (Agric.) personne qui cultive les fleurs par délassement, par goût, ou par intérêt.

Cette culture demande un terrein convenable, une parfaite connoissance des terres bonnes à planter & semer toutes sortes de fleurs; des lumieres sur [p. 866] leur nature & leurs caracteres; des outils, de l'invention, un travail assidu, des expériences répétées, & pour tout dire un certain génie propre à ce soin, à cette attache. Aussi voit - on le fleuriste se donner tout entier à cette sorte de plaisir; le soin qu'il prenoit d'abord de ses fleurs par amusement, devient chez lui une passion, & souvent si violente, qu'elle ne le cede à l'amour & à l'ambition que par la petitesse de son objet: enfin son goût dominant ne le porte plus aux fleurs en général, il n'en fait aucun cas, il en voit par - tout, mais il est fou uniquement des fleurs rares, uniques, & qu'il possede.

La Bruyere a si bien peint cette espece de curieux en général, qu'on y reconnoît tous ses confreres en particulier. « Le fleuriste de tout pays, dit - il, a un jardin de fleurs pour lui seul; il y court au lever du soleil, & il en revient à son coucher: vous le voyez planté, & qui a pris racine au milieu de ses tulipes & devant la solitaire. Il ouvre de grands yeux, il frote ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, il ne l'a jamais vûe si belle, il a le coeur épanoüi de joie. Il la quitte pour l'orientale; de - là il va à la veuve, il passe au drap - d'or, de celle - ci à l'agate, d'où il revient enfin à la solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s'assied, où il oublie de dîner; aussi est - elle nuancée, bordée, huilée, à pieces emportées: elle a un beau vase, ou un beau calice; il la contemple, il l'admire. Dieu & la Nature sont en tout cela ce qu'il n'admire point. Il ne va pas plus loin que l'oignon de sa tulipe, qu'il ne livreroit pas pour mille écus, & qu'il donnera pour rien quand les tulipes seront négligées, & que les oeillets auront prévalu. Cet homme raisonnable, qui a une ame, qui a un culte, & une religion, revient chez lui fatigué, affamé, mais fort content de sa journée: il a vû des tulipes ». Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fleuriste artificiel (Page 6:866)

Fleuriste artificiel, est celui qui sait représenter par des fleurs, des feuilles, des plantes artificielles, &c. la nature dans toutes ses productions. On voit assez par - là l'étendue de cet art, & les agrémens qui en résultent pour la société. C'est lui qui perpétue, pour ainsi dire, ce que les belles saisons de l'année produisent de plus agréable. Il peut rendre les fleurs les plus fragiles de tous les tems & de tous les pays. Les femmes ne font point de difficulté de se parer de fleurs artificielles. Les grands les employent à décorer leurs palais, leurs tables & leurs cabinets: nos temples même empruntent du fleuriste artificiel des ornemens, qui ne contribuent pas peu à leur décoration & à leur embellissement. Mais l'art des fleurs artificielles brille sur - tout dans les desserts. Une table couverte avec intelligence de ces fleurs, paroît plûtôt un parterre entier, qu'une table; les fruits réels y sont si bien accompagnés des feuilles & des fleurs qui leur conviennent, qu'on n'y distingue presque pas l'ouvrage de l'art, de celui de la nature, dont l'art approche si difficilement.

Cet art est nouveau en France; il n'y est pas même connu pour être aussi étendu que nous venons de le dire, puisqu'on entend communément par fleuriste artificiel, un petit nombre de gens qui font de ces bouquets grossiers, qui ne ressemblent à rien moins qu'à des bouquets de fleurs, & qui ne sont qu'un assemblage bisarre de plumes mal teintes & mal tournées, de feuilles mal assorties, en un mot qui n'ont de fleurs que le nom: ces sortes de fleurs sont particulierement l'occupation des religieuses qui y amusent leurs loisirs.

Les fleurs artificielles sont plus anciennes à la Chine, où l'on en fait de très - parfaites, mais d'une matiere fort fragile quand elle est seche. On ne sait pas bien d'où les habitans de ce pays la tirent: les uns croyent que c'est la moëlle d'un arbre qui y croît; mais la fermeté qu'acquiert cette matiere lorsqu'on la mouille, laisse soupçonner que c'est plûtôt une composition que les Chinois seuls savent faire. A cela près, cette composition est parfaitement ressemblante à de la moëlle fine & legere; ce qui imite de fort près cette feuille transparente, & couverte d'une poussiere délicate, dont les fleurs sont composées. Ces fleurs ne servent guere que pour orner la toilette des femmes; les précautions souvent même inutiles qu'elles demandent, diminuent de beaucoup l'usage qu'on en pourroit faire.

Cet art n'est pas moins ancien en Italie, où la plus grande partie de la noblesse l'exerce avec honneur. Les fleurs que nous tirons de ce pays se soûtiennent mieux, & sont d'un usage plus fréquent & plus général que celles de la Chine. Ces fleurs sont fabriquées de coques de vers à soie, de plumes, & de toile; la verdure qui les accompagne est d'une toile teinte, gommée, & très - forte. Elles sont supérieures à celles qu'on fait ailleurs, en ce qu'elles sont plus solides, & représentent mieux les naturelles par la tournure & la couleur qu'on sait leur donner. Les fleuristes de Paris, même ceux qui pourroient en faire d'aussi belles, aiment mieux les faire venir de ce pays, parce qu'ils les ont à meilleur compte. Les Italiens se servent de ciseaux pour découper les fleurs, & rarement de fers à découper; ce qui demande beaucoup plus de tems pour leurs ouvrages, & les rend par conséquent plus chers. On ne s'est servi de ces fers qu'au commencement de ce siecle: c'est à un Suisse qu'on en doit l'invention. Ces fers sont fort utiles, & abregent beaucoup les opérations de l'artiste; puisqu'on peut par leur moyen tailler d'un seul coup, & en un instant, plusieurs feuilles qui tiendroient plus d'un jour à découper aux ciseaux. Ces fers sont des emporte - pieces, ou des moules creux & modelés en - dedans sur la feuille naturelle de la fleur qu'ils doivent emporter.

Nous avons dit plus haut que les fleurs qu'on fait ailleurs qu'à la Chine ou en Italie étoient peu estimées: mais il ne faut penser ainsi que de celles qui sont chargées d'ornemens contre nature, & qui sont néanmoins en plus grand nombre que les autres: il ne faut donc pas mépriser celles qui sortent des mains de quelques personnes ingénieuses & adroites qui suivent la nature pas - à - pas, & ne négligent rien pour l'imiter & la représenter dans leurs ouvrages comme dans elle - même.

En 1738, M. Seguin, natif de Mende en Gevaudan, & faisant à Paris une étude exacte & refléchie de Chimie & de Botanique, commença à faire des fleurs artificielles, qui ne le cédoient point en beauté & en perfection à celles d'Italie. Plusieurs autres personnes à son exemple & par émulation, s'y sont appliquées avec une nouvelle attention, mais ne l'ont cependant suivi que de fort loin. Il invente tous ses outils, les forge, les cisele, ou les grave lui - même; ce qui lui a attiré plusieurs procès, & nouvellement encore de la part des Peintres, qui prétendoient qu'il empiétoit sur leur art, en donnant à ses fleurs la couleur des naturelles: mais comme il n'y employe point absolument de pinceau, qu'il peut indifféremment se servir de la premiere chose qu'il rencontre sous sa main, & qu'il peut même les teindre en les plongeant simplement dans la couleur, les Peintres ont été déboutés de leurs demandes, & contraints de le laisser tranquille dans le libre exercice de sa profession.

Il en a été de même de quelques autres contestations qu'il a eu avec diverses communautés qui vouloient le contraindre à prendre leurs lettres de maîtrise, ou de former un corps de jurande particulier avec les autres fleuristes. Sa maniere de travailler différente à l'infini selon les différens ouvrages qu'il fait,

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