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Cela posé en général concernant la maniere dont se fait l'écoulement du sang menstruci, il se présente naturellement à observer qu'il est donc précédé & suivi d'un flux de matiere lymphatique que l'on peut regarder comme des fleurs blanches, qui paroissent naturellement avant & après les fleurs rouges; mais comme celles - là subsistent très - peu dans l'état de santé, on ne les distingue pas des regles mêmes, tant que l'écoulement de l'humeur blanche est peu considérable par sa quantité & par sa durée, après celui de l'humeur rouge: ainsi dans le cas contraire, où la pléthore est non - seulement assez considérable, assez subsistante pour donner lieu aux menstrues, mais encore pour empêcher qu'après qu'elles sont fixées, les vaisseaux lymphatiques se resserrent tout de suite assez pour ne plus laisser échapper rien de ce qu'elles contiennent; le flux d'humeurs blanches, qui se fait après celui du sang, n'étant pas d'aussi peu de durée qu'à l'ordinaire, & subsistant au - delà, à proportion de la quantité de fluide surabondant qui don<cb->
Mais cet écoulement étant de trop, respectivement à ce qui se passe en santé, doit donc à cet égard être mis au nombre des lésions de fonctions: c'est la maladie des fleurs blanches. Si la cause qui la produit, c'est - à - dire la surabondance d'humeurs, se renouvelle continuellement au degré suffisant pour retenir les vaisseaux lymphatiques utérins toûjours trop dilatés, les fleurs blanches seront continuelles: si celle - là n'est qu'accidentelle, son effet cessera bientôt avec elle: si elle a lieu souvent par intervalles, les fleurs blanches reviendront aussi de tems en tems; & elles disposeront la partie, dont les vaisseaux souvent forcés perdront peu - à - peu leur ressort, à rendre l'écoulement plus fréquent & ensuite continuel, par l'habitude que contracteront les humeurs à s'y porter, comme dans la partie du corps la plus foible.
Par conséquent cet écoulement devra être attribué au seul vice des solides, au relâchement excessif des vaisseaux utérins, puisqu'on peut concevoir dans ce cas que les fleurs blanches peuvent avoir lieu sans qu'il précede aucune pléthore; & que la portion ordinaire des fluides distribuée à ces vaisseaux suffit pour en fournir la matiere, attendu que la force retentrice leur manque: d'où il s'ensuit souvent que la diminution de la masse des humeurs, qui se fait par cette voie, est suffisante pour en emporter le sur abondant à mesure qu'il se forme; ce qui fait qu'il ne se ramasse point de sang dans la substance de la matrice; & que la matiere des menstrues manquant, elles n'ont pas lieu, & sont suppléées par les fleurs blanches, quant à la diminution du volume des humeurs.
Mais si au vice des solides de cette partie, se joint une dissolution des fluides en général, les fleurs blanches seront bien plus abondantes, attendu que dans ce cas le défaut de consistance des humeurs rendra l'evacuation encore plus facile; elle deviendra véritablement colliquative, & sera suivie de tous les mauvais effets que l'on peut aisément se représenter. C'est par cette raison que, selon l'observation d'Eugalinus, les regles manquent aux femmes scorbutiques, & sont suppléées par des fleurs blanches ordinairement fort abondantes.
Les différentes qualités dominantes de la matiere de ce flux contre nature, doivent être imputées d'abord à la masse des humeurs qui la fournit; mais elle en contracte aussi de particulieres, par le plus ou moins de séjour qu'elle fait dans les cavités des parties où s'en fait l'épanchement: ainsi la chaleur de ces cavités dispose cette matiere retenue à se corrompre, par une sorte de putréfaction qui la rend d'autant plus acre, plus jaune, plus fétide, qu'elle étoit plus bilieuse en sortant des vaisseaux utérins. De cette acrimonie s'ensuit la disposition à procurer des érosions, des exulcérations aux parois de ces cavités. Plus la matiere des fleurs blanches est abondante & continuelle, moins elles séjournent dans ces cavités; moins elle contracte de nouvelles qualités, moins elle est disposée à devenir de mauvaise odeur, & à procurer les symptomes qui viennent d'être mentionnés.
Ces qualités vitieuses de la matiere des fleurs blanches, ne sont donc qu'accidentelles; elles ne doivent
pas la faire regarder comme excrémentitielle, selon
l'idée qu'en avoient les anciens. Cette matiere n'appartient
pas plus au genre d'humeurs de cette derniere
qualité, que le sang menstruel lui - même. Voyez
Tout ce qui peut augmenter la pléthore générale dans les femmes, & sur - tout celle de la matrice en particulier, en y attirant, en y déterminant un plus grand abord d'humeurs: tout ce qui peut affoiblir le ressort des vaisseaux de cette partie, doit être mis au nombre des causes procatartiques des fleurs blanches; comme la vie sédentaire, d'où suit trop peu de dissipation; l'excès d'alimens, la bonne chere, d'où suit une confection trop abondante de bon sang; la transpiration, ou toute autre évacuation ordinaire, supprimée, d'où résulte la surabondance des fluides; le tempérament luxurieux; les fortes passions, effets de l'amour; le coït trop fréquent, ou toute autre irritation des parties génitales, qui, par les tensions spasmodiques qu'ils y causent, gênent le retour du sang, le retiennent dans les vaisseaux utérins, causent la dilatation forcée trop fréquente de ceux - ci, d'où la perte de leur ressort, & les autres effets mentionnés en parlant des causes immédiates de la maladie dont il s'agit; les grossesses multipliées, les fausses - couches répetées, qui contribuent aussi beaucoup, sur - tout dans les personnes cachectiques, à déterminer vers la matrice une trop grande quantité d'humeurs, à affoiblir le ton de ses vaisseaux, par conséquent à établir la disposition aux fleurs blanches, &c.
Il suit de tout ce qui vient d'être dit des différentes causes de cette maladie, que toutes les personnes du sexc, dans quelqu'état qu'elles vivent, mariées ou non - mariées, jeunes ou vieilles, sont susceptibles de contracter les différens vices qui établissent la cause des fleurs blanches. Fernel dit qu'il a vû des filles de sept à huit ans affectées de cette maladie: l'observation commune apprend aussi que des femmes y sont sujettes pendant la grossesse, & d'autres dans l'âge le plus avancé; ainsi elle peut arriver avant le tems des regles, elle en est quelquefois l'annonce: mais elle n'a lieu le plus souvent qu'après que la disposition au flux menstruel est bien établie, & elle succede assez communément à la suppression de ce flux, soit que celle - ci ait lieu par maladie, ou qu'elle soit naturelle par l'effet de l'âge. Les fleurs blanches sont souvent un supplément aux menstrues, nécessaire & même salutaire; mais dans l'un & dans l'autre cas, l'exercice, la vie laborieuse, comme on le voit à l'égard des femmes de campagne, dispense la plûpart de celles qui s'y adonnent encore plus utilement, de ces incommodités dans tout le tems de leur vie.
L'écoulement d'une humeur quelconque qui n'est pas du pus, sur - tout lorsqu'elle est blanchâtre, suffit pour caractériser la maladie des fleurs blanches, dans les personnes à l'égard desquelles il n'y a lieu de soupçonner aucune maladie vénérienne. Il n'y a donc que la gonorrhée, c'est - à - dire la chaudepisse proprement dite, de cause virulente, ou le flux prostatique, avec lequel on puisse les confondre; mais outre que cette sorte de flux vérolique est ordinairement beaucoup moins abondant encore que l'écoulement le moins considérable des fleurs blanches, il y a un moyen de les distinguer sûrement, proposé par Baglivi, prax. medic. lib. II. cap. viij. sect. 3. qui n'étoit pas inconnu à Ambroise Paré, quoique les auteurs intermédiaires n'en fassent pas mention. Voyez les oeuvres d'Amb. Paré, liv. XXIV.
Mais il n'est pas aussi aisé de distinguer le flux catarrheux
du vagin, dont il a été question ci - devant
sous le nom de fausses - fleurs blanches, c'est - à - dire la
gonorrhée simple, qui n'a aussi rien de commun avec
les menstrues, de celui qui est produit par une cause
virulente: on ne peut guere s'assûrer de n'être pas
trompé à cet égard, quand on a affaire avec des personnes
d'une vertu équivoque, dont on peut presque
toûjours suspecter la confession; cependant si on peut
observer la matiere de l'écoulement dans sa source
ou sur le linge, on peut aussi y appliquer la maniere
de faire la différence entre une gonorrhée virulente, à
l'égard des hommes, & ce qui n'est qu'un flux de
l'humeur prostatique. Voyez
On peut juger de l'intensité des causes qui ont donné lieu aux fleurs blanches, par celle des symptomes qui accompagnent ou qui sont les suites de cette affection: ainsi dans celle qui n'est qu'une extension du flux lymphatique, ordinairement, & après les regles, extension qui consiste en ce qu'il dure assez pour être rendu bien sensible pendant un jour ou deux, il ne s'ensuit le plus souvent aucune lésion de fonctions marquée: elle est souvent dans ce cas, comme il a été dit, un supplément avantageux au défaut de l'évacuation naturelle du sang surabondant; ou au moins elle peut durer long - tems, toute la vie, sans qu'on en soit, pour ainsi dire, incommodé, lorsque le sujet est d'ailleurs d'un bon tempérament.
Dans les sujets cachétiques, les fleurs blanches ainsi périodiques & faisant comme partie du flux menstruel, annoncent le peu de consistence de la masse des humeurs, la sérosité surabondante, le sang mal travaillé; ce qui est le plus souvent un effet des vices contractés dans les premieres voies par le défaut de sucs digestifs de bonne qualité, par une suite des obstructions du foie, de la rate, &c. en un mot, par de mauvaises digestions.
Lorsque les fleurs blanches sont continuelles, ou
qu'elles reviennent souvent irrégulierement, elles
sont accompagnées des symptomes de la cachexie,
de la pâleur du visage, quelquefois de la bouffissure
de cette partie, sur - tout aux paupieres, du dégoût,
de l'abattement des forces; parce que cette maladie
est un symptome elle - même du vice dominant dans
les solides & dans les fluides, c'est - à - dire du relâchement
de l'atonie dans ceux - là, & de la cacochymie
dans ceux - ci. Voyez
Lorsque la matiere des fleurs blanches est fort séreuse,
& qu'elle détrempe continuellement la matrice
& le vagin, elles rendent ordinairement les femmes
stériles, parce qu'elles éteignent & noyent, pour
ainsi dire, la liqueur séminale, selon que le dit le judicieux
Hippocrate, Aphor. xlij. sect. 5. Il s'ensuit
aussi très - souvent un relâchement si considérable des
parois de ce canal, que le poids de la matrice qui tend
à la faire tomber vers l'orifice extérieur des parties
génitales, fait replierce canal sur lui - même, & établit
la maladie qu'on appelle chûte de matrice, prolapsus
uteri. Voyez
Si la matiere des fleurs blanches coule moins abondamment,
est d'une qualité bilieuse, séjourne dans
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